Les objectifs sont très ambitieux. Les South Saskatchewan sous le commandement de "Cec" Merritt doivent débarquer, prendre la plage et le hameau, monter sur le plateau, détruire un radar Freya, une batterie côtière, rejoindre les Royal Hamilton et les chars du Calgary venus de Dieppe, établir un périmètre de sécurité pour les Cameron qui eux doivent poursuivre sur l'est de la plage, atteindre le terrain d'aviation, prendre le QG allemand supposé être à Arques (il est en réalité à Envermeu). Et bien entendu, missions accomplies, tout le monde rembarque à Pourville. Les inconnus que nous avons vu se préparer au voyage figurent dans les premières vagues.
Les South Saskatchewan descendent dans les péniches de débarquement à 3 heures, direction la plage. Pourville n'est en fait qu'une longue digue de 800 mètres coupée en son centre par l'embouchure de la Scie (fleuve côtier). Un mur de 2,40 mètres de haut protège la digue des assauts de la mer. Une route Dieppe-Hautot court sur la digue. Derrière la digue, le terrain est marécageux et les Allemands l'ont transformé en un vaste lac. Au dessus de la Scie, la route passe sur un pont routier. Les quelques habitations sont regroupés à l'ouest de la plage au pied de la montée vers le village d'Hautot Sur Mer (dont dépend Pourville).
Les South Saskatchewan doivent débarquer à gauche et à droite de la plage. L'approche se passe sans incident, sous la direction du capitaine de corvette PRIOR, aucun mouvement sur la plage ou les hauteurs. L'atterrissage serait parfait sauf que toutes les embarcations sont sur la partie ouest de la plage au delà de la rivière. Les compagnies désignées pour rejoindre Dieppe doivent emprunter le pont. A 4H50, tout le monde est à terre. La fusillade se déchaîne. Les habitations de l'ouest sont rapidement conquises, des prisonniers emmenés vers la plage. Les Allemands embusqués tirent sur la plage et plus encore sur ce pont. Deux compagnies qui tentent de le franchir sont décimées. Des hommes se jettent à l'eau pour franchir la rivière et commencent à progresser. Les autres sont bloqués derrière le pont. Le lieutenant-colonel Merritt s'avance, se poste au milieu du pont et exhortent ses hommes à le suivre. A plusieurs reprises, dédaignant le feu, il vient chercher des hommes et des armes sur la rive ouest pour les emmener sur la rive est (le pont porte aujourd'hui son nom). D'assauts en assauts, les South Saskatchewan progressent , atteignent le plateau, atteignent lea abords du radar qui ne sera jamais pris. D'autres dans la vallée parcourent plusieurs centaines de mètres, atteignent des habitations, font quelques prisonniers.
Les Cameron sous les ordres d'Alfred Gostling, le cornemuseur Alex Graham en tête, débarquent à 5H50 des LCP conduits par le capitaine de frégate McCLINTOCK. La plage est toujours sous le feu de mitrailleuses. A la suite des South Saskatchewan, ils progressent vers l'est. Des armes automatiques les clouent au sol. Le lieutenant-colonel Gostling est tué dans les premiers. Suivant la rivière, ils continuent cependant à progresser en direction de la ferme des Quatre-vents, lieu de rendez-vous avec les Calgary. Personne n'est au rendez vous et les Allemands sont toujours aussi déterminés.
Des renforts allemands apparaissent. Désormais, il n'y a plus de South Saskatchewan et de Cameron. Les deux unités mêlées luttent coude à coude pour survivre. La progression est stoppée. A 9H45 l'ordre de repli est donné, embarquement à 11 heures. Les Canadiens se replient vers la plage, se réfugient derrière le mur. Des embarcations s'approchent et tentent de les embarquer. Un furieux barrage se déclenche, mortiers, mitrailleuses, fusils, artillerie lourde. Le nombre des tués encore relativement faible va s'alourdir rapidement. Des bateaux sont détruits. Des soldats sont contraint de passer d'un bateau à l'autre. Des prisonniers allemands qui transportent les blessés sont tués aussi. Merritt dans son PC tente de refouler l'ennemi qui avance désormais. On se bat au corps à corps. De la mer les destroyers tentent de contenir les Allemands. Sur la plage de Pourville, les South Saskatchewan et les Cameron réunis font acte d'héroïsme, contre-attaquent sans cesse pour couvrir l'embarquement. Vers 12h15, Merritt n'a plus que 180 hommes auprès de lui. Combien ont pu rembarquer, il l'ignore. Vers 14 heures, des Spitfires se trompant de cibles mitraillent les Canadiens. Merritt et les derniers survivants n'ont plus de munitions, mais il reste un flacon de whisky et ce sont des hommes rieurs que les Allemands découvrent abrités derrière le mur. Ils ont tenus 9 heures dans l'enfer.
Des 1026 hommes qui ont été débarqués à Pourville, 151 sont tués, 266 sont prisonniers et dans ceux qui rentrent en Angleterre 269 sont blessés.
Le South Saskatchewan Regiment sera de retour à Pourville le 1er septembre 1944.
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