LE CANADA EN GUERRE

Par deux fois, nos cousins du Canada ont traversé un océan pour redonner la liberté à la vieille Europe.

Français, n'oubliez jamais !

1914-1918

L'armée canadienne est une armée de volontaires. Soldats professionnels encadrant des volontaires pour une période donnée (en l'occurrence la durée de la guerre). Lorsque la guerre éclate fin août 1914, le Canada dispose d'une modeste armée de terre de sensiblement 3 000 hommes et 60 000 miliciens. La marine n'est pas non plus mieux dotée. Il n'empêche que le Premier Ministre du Canada propose immédiatement son aide à la Grande Bretagne, qui bien entendu accepte. Un appel est lancé aux volontaires.

Archives du Canada

En quelques semaines, 32 000 hommes sont recrutés. Le recrutement est très variable suivant les Provinces car il existe un conflit latent entre anglophones et francophones. Deux mois plus tard après un entraînement rapide, le premier contingent débarque en Grande Bretagne. En décembre 1914, un détachement du Princess Patricia's Canadian Light Infantry débarque en France avec la 27ème Brigade Britannique et fait ainsi connaissance avec les tranchées. L'entraînement se poursuit dans les boues de l'hiver. En février 1915, la Première Division Canadienne est en France et prend en charge tout un secteur du front dans la région d'Armentières.

 

Dès lors, les troupes canadiennes ne vont plus cesser de se renforcer et seront de tous les combats de Belgique (Ypres 1915), de la Somme (1916 où 24 000 Canadiens sont tués), de la crête de Vimy (avril1917). En 1917, le gouvernement canadien décrète la levée de conscrits malgré les problèmes que ne va manquer de soulever cette mesure impopulaire.

S'il fallait ne retenir qu'un épisode de l'action des Canadiens sur le front français c'est incontestablement la bataille de la crête de Vimy devant laquelle tous les assauts franco-anglais ont échoués au prix de 100 000 morts et blessés. Ces combats vont montrer la valeur de combattants des Canadiens.

Le 9 avril 1917, derrière un barrage d'artillerie de 1 000 canons, 4 divisions canadiennes partent à l'assaut de la crête. La discipline est telle que les officiers ayant été tués, l'assaut continue. Attaquant les nids de mitrailleuse à la baïonnette 15 000 Canadiens submergent les défenses allemandes, obligeant les défenseurs survivants à se rendre. Il faudra néanmoins 3 jours de combats acharnés pour prendre les 9 kilomètres de la crête. Au soir du dernier jour, 3 598 Canadiens ont été tués et 7 000 sont blessés. Les historiens diront de cette bataille que c'est la véritable création de la Nation Canadienne.

Il ne saurait être question d'oublier, les aviateurs canadiens qui ont combattu dans le ciel de France. Ne pas oublier non plus les marins canadiens qui ont escorté tout au long de la guerre les navires marchands armés par des équipages canadiens livrant en Grande Bretagne et en France des tonnes de munitions et équipements.

A la fin de la guerre, l'Armée Canadienne compte 600 000 soldats.

60 000 d'entre eux ont été tués.

Vimy

1939-1945

La conscription n'existe plus au Canada et ce n'est qu'en août 1942 qu'elle sera rétablie après référendum. Les conscrits doivent être employés au Canada et ne seront envoyés hors du territoire national que s'ils sont volontaires. Cependant fin 1944, la pénurie en hommes commence à se faire sentir sur le front et 13 000 conscrits sont envoyés en Europe. 2 500 rejoindront les unités combattantes.

Dès la déclaration de guerre de la Grande Bretagne et de la France à l'Allemagne, appel aux volontaires est fait dans tous les territoires du Commonwealth. La ruée sur les centres de recrutement est immédiate. Venu du coeur des villes industrielles ou du fond des forêts des milliers d'hommes s'engagent dans la Marine, l'Aviation ou l'Armée de Terre.

Recruter des volontaires se révèle un succès mais les combats se déroulent ailleurs sur la planète et il faut les transporter. La Marine Royale Canadienne, au début de la guerre compte moins de 2 000 hommes. Elle peut cependant compter sur un corps de réservistes d'expérience. Le nombre de navires de guerre et même marchands est très limité. Pourtant dès le 16 septembre 1939, un premier convoi (HX1) prend la mer depuis Halifax. Le système de la navigation en convois des navires de commerce, protégés par des bâtiments de guerre a fait ses preuves entre 1914 et 1918. Il est repris dès 1939. Les quelques navires de guerre "légers" de la Marine Canadienne entrent en action dans l'Atlantique Nord, une des mers les plus difficiles (et froide) du monde.

Pendant près de 6 ans, inlassablement marins civils et militaires embarqueront à bord des centaines de convoi qui vont traverser l'océan sous la menace constante des sous-marins allemands (les U-Boat). Partant de Halifax, Saint-Jean de Terre-Neuve, Sydney, New-York, les marins canadiens vont armer les navires qui sortent par dizaines des chantiers navals. Ils combattent les sous-marins allemands qui entrent dans le Golfe du Saint-Laurent, qui menacent les cotes canadiennes et américaines. Ils escortent les convois en route vers l'URSS à travers l'Océan Arctique. Ils transportent et escortent les 165 millions de tonnes de matériel et d'approvisionnement qui gagnent l'Angleterre. Ils appuient du feu de leurs canons les troupes débarquant le 6 juin. Dans les derniers mois de la guerre, 95 000 hommes et femmes servent dans la Marine Royale du Canada. A la paix retrouvé : 2 000 militaires sont morts au combat. 1 200 marins du commerce les ont accompagné dans la mort. Ils reposent pour toujours au fond de l'océan.

1940 : Les aviateurs canadiens vont, eux, s'illustrer au cours de la bataille aérienne d'Angleterre. Dès la défaite de la France, l'aviation allemande s'attaque à l'Angleterre pour préparer une invasion terrestre. Une centaine de pilotes canadiens rejoignent les volontaires d'autres pays et les pilotes anglais pour s'opposer aux vagues de chasseurs et de bombardiers allemands. La Luftwaffe perd de nombreux appareils (et pilotes) et Adolf renonce à son invasion. Dès lors ,les aviateurs canadiens, qu'ils embarquent à bord de bombardiers, chasseurs, avions de reconnaissance, patrouilleurs maritimes, avions de transport ne vont plus cesser de voler dans le ciel de l'Europe. Une armée de mécanos les soutient. De 1939 à 1945, l'Aviation Royale du Canada enrôle 250 000 hommes et femmes et devient la quatrième force aérienne mondiale.

Un premier contingent canadien de l'armée de terre est envoyé à Hong-Kong mi-novembre 1941 (Royal-Rifles de Québec et de Winnipeg) pour défendre l'île des convoitises japonaises. Lors de l'attaque japonaise de décembre 1941, ces maigres troupes ne peuvent rien et 2 100 soldats canadiens sont fait prisonniers. Ils resteront dans les camps de travail japonais pendant 44 mois, victimes du travail forcé et de mauvais traitements. 550 soldats canadiens ne reviendront jamais de Hong-Kong.

L'année 1942 verra les troupes canadiennes fournir le gros des troupes engagées dans le raid anglo-canadien sur Dieppe (pour revenir à l'accueil de ce site).

Après l'échec de Dieppe, les Canadiens regroupés au sein de la Première Armée Canadienne reprennent l'entraînement. La 1ère Division d'infanterie Canadienne et la 1ère Brigade Blindée Canadienne débarquent en Sicile le 10 juillet 1943. Puis second débarquement en Italie continentale le 3 septembre 1943.

Les fantassins En Italie (Archives du Canada)

Si les forces italiennes n'opposent qu'une faible résistance, les Allemands eux vont lutter pied à pied, n'abandonnant une ligne de défense que pour se retrancher dans une autre. Au début 1944, la 1ère Brigade Blindée Canadienne reçoit le renfort de la 5ème Division Blindée arrivant d'Angleterre. De durs combats en combats féroces, les forces alliées remontent la botte et le 4 juin prennent Rome au moment où les Canadiens du 1er Corps Canadien sont au repos. Les Canadiens reprennent le combat en août pendant que leurs camarades ont débarqué en Normandie. Camarades, qu'ils vont rejoindre en avril 1945, sur le front nord-ouest de l'Europe. 92 757 Canadiens ont combattu en Italie, 5 399 ont été tués, 20 000 sont blessés. Pour la composition du 1er Corps Canadien en Italie voir http://www.junobeach.org/f/2/can-eve-rod-ita-uni-f.htm

Les divisions de la Première Armée Canadienne vont combattre en Normandie, en Belgique, en Hollande dans les campagnes de 1944 et 1945. Le 6 juin 1944, le 1er Bataillon de parachutistes, la 3ème Division d'infanterie et la 4ème Division Blindée participent à l'opération Overlord. Les premiers à toucher la terre de France sont les parachutistes qui dans la nuit avec leurs camarades anglais de la 6ème Airborne Britannique sautent sur la Normandie. A l'aube, sur les plages de Courseulles et Bernières baptisées du nom de code "Juno" les fantassins de la 9ème Brigade sont de la première vague. Ils vont recevoir le renfort des autres brigades et de la 4ème Division Blindée. Au soir du D-DAY ils tiennent la plage.

Dans les jours suivants débarquent en Normandie les autres unités de la 1ère Armée Canadienne. Voici les survivants de Dieppe avec leurs camarades plus jeunes. pour étoffer cette 1ère Armée. Le commandement allié va lui adjoindre la 1ère Division Polonaise. Cet ensemble va combattre dans le bocage normand où le courage des fantassins va suppléer au matériel inefficace sur ce terrain. La prise de Caen va marquer une étape décisive mais surtout la destruction de 2 armées allemandes dans la poche de Falaise va permettre aux alliés de "foncer sur la Seine".

Bataille de Normandie

Le commandement allié va confier à la 2ème Division Canadienne le soin de délivrer Dieppe. Mission plus symbolique que militaire car la ville n'est pas défendue. Le 1er septembre 1944, les Fusiliers Mont-Royal, les Royal Régiment of Canada, les Royal Hamilton, les Essex Scottish, les Black Watch, les Calgary, les Queens'Own Cameron, les South Saskatchevan, les Toronto Scotish reviennent 2 ans après le raid manqué dans une ville meurtrie.

Le moment de joie est de courte durée car, après un défilé de toutes les unités, la poursuite des troupes allemandes en déroute continue. Entrée en Belgique, entrée aux Pays Bas, entrée en Allemagne. La reddition des troupes allemandes du nord-ouest le 4 mai 1945 marque la fin de la guerre en Europe pour les Canadiens.

A la fin de la guerre les Canadiens ont engagés en Europe : 780 000 soldats, ils comptent 37 476 tués.

L'EFFORT ECONOMIQUE

Il est bien évident qu'il faut retenir de ces deux guerres le rôle humain que les Canadiens ont tenu dans les combats. Il serait bon cependant de ne pas oublier l'effort économique que les Canadiens vont supporter entre 1940 et 1950. Les Français confondent trop souvent Amérique du Nord et Etats-Unis. Dans les diverses aides reçues des alliés, chacune des 2 nations nord-américaines va apporter sa contribution.

Si la guerre de 1914-1918 avait vu l'armée canadienne dépendre, principalement, pour ses armements des armées britanniques et françaises, il en va tout autrement lors du 2ème conflit mondial. Le Canada, à l'instar des Etats-Unis va devenir un des arsenaux du monde libre. Un accord est signé en 1940 entre les U.S.A et le Canada sur une contribution militaire réciproque et une harmonisation des productions entre les 2 pays. Pendant cinq ans, les usines canadiennes tournent à plein régime, produisant navires, canons, chars, munitions, pièces détachées, équipements divers. L'agriculture n'est pas en reste produisant des quantités de vivres pour les armées alliées. Fromages, viandes, beurre, lait concentré, oeufs en poudre, légumes déshydratés, franchissent l'Atlantique au prix de gros efforts des agriculteurs dont nombre de fils sont aux armées. .

Les chantiers navals Archives du CanadaUsine d'aviation

Les usines d'aviation qui emploient 116 000 ouvriers passent leur production de 40 avions par an (avant la guerre) à 16 500 pour la durée de la guerre, non comprises les pièces détachées. Les bombardiers Lancaster qui survolent l'Europe sortent des usines de l'Ontario.

Les usines d'armement produisent en 4 ans : 815 000 véhicules dont 45 700 blindés. Mais aussi sortent du Canada des mitrailleuses, des fusils, des canons antichar et antiaérien, bien plus qu'il n'est nécessaire aux forces armées canadiennes. La production de munitions devient la quatrième du monde.

Les chantiers navals où travaillent 126 000 hommes et femmes produisent tous les types de navires, de la barge de débarquement au destroyer et au navire anti-sous-marins. Plus de 4 000 navires de guerre sont ainsi construits sans compter les cargos standardisés.

Le tout dans une industrie planifiée où les salaires sont limités, où il est interdit de changer librement d'emploi. L'impôt sur le revenu a été augmenté et le rationnement des denrées alimentaires est instauré.

34 000 prisonniers de guerre allemands (octobre 1944) participent à l'effort de guerre en travaillant comme bûcherons et ouvriers agricoles.

L'effort se poursuit après la fin de la guerre. L'Europe est en ruines et le Canada va participer activement à son relèvement.

http://www.civilization.ca/cwm/newspapers/canadawar/agriculture_