LE SOUVENIR

Hymne Canadien

Les Dieppois, réputés distants ou réservés, sont fidèles en amitié. Ils ont tissé au cours des siècles une relation franco-canadienne solide symbolisée par le monument érigé en 1924 dans le square du Canada et renforcée par le sacrifice des Canadiens tombés au matin du 19 août 1942. Ils ne sauraient laisser passer un anniversaire sans qu'une cérémonie se déroule à la mémoire de ceux venus combattre sur nos plages.

Chaque soirée du 18 août est marquée par une veillée au cimetière des Canadiens où sont inhumées les victimes de ce 19 août mais également des alliés tombés au cours des combats de 1940 et de 1944. Chaque matinée du 19 août est célébrée sur chaque plage par un dépôt de gerbes aux divers monuments commémorant le sacrifice de ces hommes.

 

1992 . La cérémonie commémorant le 50 ème anniversaire a vu le défilé des survivants de ce débarquement. Pour beaucoup d'entre eux certainement la dernière occasion de se recueillir sur les plages qui ont vu le sacrifice de tant de leurs camarades. Entre deux haies de spectateurs sur plusieurs rangs, ces vétérans de 70 ans et plus venus de l'autre côté de la terre ont été acclamés, ovationnés comme jamais ils ne l'avaient rêvé. Emus jusqu'aux larmes, ils ont parcouru les rues d'une ville qu'ils n'avaient pu qu'entrevoir en ce matin sanglant. Beaucoup se sont recueillis sur la terre de leurs ancêtres partis il y a bien des siècles coloniser une terre vierge : le Canada.

   1992

2002 . Les cérémonies ont connu un engouement populaire, rarement égalé jusque là, dans une ville de Dieppe pavoisée depuis des semaines aux couleurs des Alliés. La cérémonie officielle au Square du Canada a rassemblé des milliers d'anonymes au coté des représentations officielles. Le défilé en ville entre la plage et la mairie de Dieppe, s'est déroulé entre deux haies de spectateurs sur quatre rangs. Les vétérans et les troupes acclamés dans un même hommage. Les vétérans atteignant maintenant 80 ans et plus ont parcouru, toujours aussi émus, les 1500 mètres du parcours pour beaucoup d'un pas encore alerte, d'autres étaient contraints à circuler en fauteuil roulant. Les arrêts furent nombreux, les vétérans serrant les mains, embrassant les enfants, se laissant prendre en photo. Sur les visages des Dieppois bien des larmes ont coulé à leur passage.

 

19 août 2002

 

D'autres anciens les avaient rejoints, vétérans du débarquement du 6 juin, vétérans des Forces Françaises Libres. Canadiens anglophones et francophones unis dans un même souvenir. Pendant plusieurs jours, les Dieppois les ont vus, côtoyés et accompagnés, allant de monument en monument revoir les lieux de leur combat. Hébergés quelquefois chez des particuliers avec leurs enfants, ils ont raconté, raconté encore leur journée du 19 août 1942. Puisse après le décès du dernier d'entre eux, les Dieppois ne pas oublier.

                                   

Au coeur de l'église Saint Jacques des vitraux rappellent les liens qui unissent Dieppois et Canadiens

Le Canada a laissé son empreinte sur la ville de Dieppe. Lorsque vous arrivez de Rouen ou de Paris, vous empruntez l'Avenue des Canadiens, à votre droite, des voies du centre commercial portent le nom de Rue de Montréal, Rue du Saint Laurent, vous passez le Rond-point des Canadiens et gagnez la ville. Sur la plage de nombreux monuments ou plaques commémorent le raid, une rue de la plage porte le nom de Dollard Ménard, vos pas vous guident vers le square du Canada. Vous empruntez la rue du 19 août 1942 et vous passez devant un petit monument rappelant la mort de 2 soldats canadiens. Vous aurez plus de mal à trouver les Rue du Québec et Rue des Acadiens. Le souvenir du Commandant Fayolle des FAFL est également célébré : une rue porte son nom. Dans les villages environnants de nombreuses rues et places portent des noms rappelant le souvenir de ceux tombés en 1942 mais aussi ceux de 1944.

 LES MONUMENTS DU SOUVENIR

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Mais en dehors de Dieppe et de sa proche région, qui se souvient de Dieppe ? Les Britanniques, ils ont connus tant de guerres et tant de victoires qu'ils ne vont pas célébrer une défaite subie par d'autres. Les Français qui oublient bien vite ce qui n'est pas réalisé par des Français. Les Américains, s'ils avaient été plus nombreux, les choses auraient été différentes, voyez le 6 juin. Les Allemands, ils ont trop perdus d'hommes ailleurs et les Canadiens leur refusent l'accès des lieux les jours de commémoration. Les Canadiens, dans les programmes scolaires, rien sur DIeppe et puis les vétérans ont été muets tant d'années sur ce sujet. Alors il ne reste que les Dieppois, de souche ou d'adoption, pour maintenir le souvenir.