AVANT PROPOS

Ces pages n'ont pas été écrites par un historien. Elles constituent un très modeste hommage à tous ceux qui ont revêtu l’uniforme de l’Armée française, au cours de deux siècles de service militaire obligatoire. Ces soldats de circonstances, qu’ils soient conscrits, recrues, appelés, rappelés, maintenus, du contingent, réservistes, mobilisés (peu importe le vocable), ont inscrit les pages les plus glorieuses et les plus tragiques de notre histoire. Vous n'y trouverez pas le nom de tous les généraux, ce n’est pas mon propos. Les noms de généraux qui figurent sont généralement indispensables à la compréhension du texte car souvent les divisions et brigades sont connues sous le nom de leur commandant. Qui seraient-ils  d’ailleurs ces généraux sans le courage des hommes qu’ils ont commandés ?

Cet écrit comporte certainement des erreurs et vous voudrez bien m’en excuser. Un historien pourra me reprocher d’avoir fait figurer dans ces pages une bataille ou une campagne qui n’impliquait aucun conscrit. Quelle est la différence entre le conscrit qui tire un mauvais numéro et le paysan français qui s’engage  afin de fuir la misère de son village natal ? Quelle différence entre le paysan sénégalais raflé dans son village pour être tirailleur, un berger kabyle tiré de son douar pour être un goumier et l’ouvrier d’usine rappelé en 1914, en 1939, en 1956 ? Et un jeune appelé du contingent qui se porte volontaire pour une mission à l’étranger cesse-t-il d’être un appelé ? Un jeune Français qui s'engage pour 5 ans à la Légion afin de se faire oublier devient-il vraiment un guerrier professionnel ?  

Gardons nous d’oublier dans cet hommage les milliers d’Alsaciens et de Lorrains contraints de servir sous un uniforme étranger.

J’ai fait partie de ces soldats involontaires, comme mes grands pères, mon père, mes oncles, mes copains, mes cousins, mes voisins, mes camarades d’école, mon gendre, mes neveux. Les hasards de la naissance ont fait que je n’ai participé à aucun conflit, ni tiré sur personne, mais nous avons été des millions dans ce cas.

Jean Delamare


Je hais la guerre mais j’aime ceux qui l’ont faite.

(Roland Dorgelès, combattant 1914-1918, auteur de “ Les croix de bois” et “Ce que j’ai appris de la guerre”)

Contre toute logique, le jeune français, râleur, gueulard, crasseux, frondeur, et ayant une éducation antinationale, fera toujours admirablement son devoir pour peu qu’on lui en donne les moyens : c’est à dire un encadrement valable, l’équipement nécessaire et une mission adaptée à ses possibilités.

(Colonel Pouget, commandant le 228ème Bataillon d’infanterie puis le 584ème Bataillon du Train. Algérie)

Quand le bruit des armes s’est tu depuis longtemps, quand les plaies se sont lentement refermées, non sans laisser de profondes cicatrices, alors vient le temps de la mémoire et de la reconnaissance.

(Jacques Chirac, Président de la République, S/lieutenant du contingent au 11ème R.C.A., Algérie)

Lorsque l’oubli se creuse au long des tombes closes, je veillerai, du moins je n’oublierai jamais.

Capitaine de Borelli (Légion Étrangère)

Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre

(Winston Churchill).

Frères d'armes

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