1924 : Maroc.

La guerre a commencé entre Marocains et Espagnols en 1920 dans Le Rif au nord du pays. Les Espagnols qui ont envoyé 100 000 hommes ont essuyé deux lourdes défaites malgré l'emploi d'armes chimiques. Lyautey craint que la situation ne lui échappe dans la partie française du Maroc et il entreprend des actions préventives. Dès 1920, grâce à l'appui de supplétifs, il a réprimé définitivement le soulèvement d'El-Hiba. Il dispose désormais de 86 000 hommes de l'Armée d'Afrique et continue sa stratégie de la "tache d'huile". Des colonnes parties de Meknès, de Marrakech , avec 4 à 8 bataillons soutenus par de la cavalerie et de l'artillerie progressent de 15 kms par jour, établissant un camp à la nuit tombée. Une zone est alors bouclée et l'assaut est donné. Aucune force ne peut résister à ces colonnes. La réduction de la poche de Taza où 5 000 guerriers Beni-Ouaraïn sont bloqués va demander cependant 8 semaines de combat. Le gl Poymirau doit employer ses 20 000 soldats réguliers (20 bataillons d'infanterie, 15 batteries, 12 escadrons de cavalerie et 6 groupes d'aviation) soutenus par des partisans et des goumiers pour en venir à bout. Les Français perdent 150 morts et 420 blessés.

En 1922, le chef berbère Mohamed ben Abd el-Krim el-Khatabbi proclame la république du Rif et défait à deux reprises l'Armée espagnole. En 1924, les Espagnols sont battus de nouveau. Lyautey craint la contagion à la partie française du Maroc alors que Paris lui a enlevé une partie de ses troupes pour les envoyer dans la Ruhr. Paris cède et il obtient des renforts qui arrivent en janvier 1925  (36 bataillons et 15 batteries d'artillerie) venant de France et d'Algérie.

En avril 1925, Abd el-Krim passe à l'attaque de la zone contrôlée par les Français avec 30 000 hommes dotés d'armes modernes et d'artillerie prises aux Espagnols. Des postes français isolés sont submergés. Des postes encerclés manquant d'eau sont ravitaillés par des avions qui larguent des blocs de glace. 9 postes sont submergés, 41 sont évacués.

Ainsi se passe l'attaque du poste de Bibane tenu par 2 Européens et 25 Tirailleurs sénégalais. Le 24 avril 1925 à l'aube, la ligne téléphonique avec le PC de la compagnie est coupée et les attaques commencent. Jusqu'au 13 mai, jour et nuit, les attaques se succèdent sur le poste. Tous les assauts sont repoussés. Lorsque le temps le permet, le chef de poste, le sergent Bernez-Cambot (blessé), par message optique, informe son commandant de compagnie de la situation. Le 13 mai, un groupe mobile parvient à débloquer le poste après une première tentative avortée. Bernez-Cambot refuse d'être évacué et les Tirailleurs refusent de partir. Le groupe mobile repart et les attaques reprennent. Le 25 mai, le poste de Bibane reçoit le renfort de ceux du poste voisin qui vient d'être évacué. Ils sont maintenant 7 Européens et 48 Tirailleurs. Les attaques reprennent. Le 5 juin, Bernez-Cambot signale "le poste est fichu". C'est le massacre. Une fourmilière humaine submerge le poste. Lorsque le 16 septembre suivant, le 66ème Tirailleurs Marocains entre dans le poste, tous les défenseurs sont à leur poste figés dans la mort. Le 15 juin, c'est le poste de Beni-Derkoul qui est submergé. Ses défenseurs du 5e Tirailleurs sénégalais (s/lt Pol Lapeyre) se font sauter avec le poste plutôt que de se rendre. Le poste d'Ain-bou-Aïssa est encerclé lui aussi à partir du 15 juin. Un obus rifain touche le dépot de munitions et le poste explose. A la nuit, quelques tirailleurs du 12e Tirailleurs sénégalais (lt Heuze) parviennent à s'extraire des ruines et à gagner un autre poste.

Les Français disposent maintenant de 90 000 hommes, avec des chars, de l’aviation, de l’artillerie. Suivant la tactique habituelle des colonnes, les Français partent à la rescousse des postes isolés. La progression est très difficile, l'armée est encombrée de tout son train logistique. Adb-el-Krim attaque partout, à l'ouest où il est bloqué, vers le sud et l'est. La voie ferrée Algérie-Maroc est menacée. Lyautey réclame une nouvelle fois des renforts. Il est remplacé par Pétain.

Le 19 août, les effectifs passent à 150 000 hommes avec l'arrivée de nouveaux bataillons et de batteries d'artillerie. Des métropolitains (11e Division) dans ces nouvelles unités, mais aussi des Tirailleurs marocains retirés de la Ruhr, des Tirailleurs sénégalais. Pendant que les Espagnols effectuent un débarquement naval, les Français passent à l'attaque avec 6 divisions (35e, 128e, 2e, 3e, 11e et 1ère division de marche) soit 72 bataillons de toutes origines (Tirailleurs marocains, Tirailleurs algériens, Coloniaux). Ils sont appuyés par de l'artillerie de 155mm, des avions, des chars Renault, des automitrailleuses. Il y a même un B.M.C.. La pacification commence par la construction de routes pour faire passer les chars et l’artillerie. Toutes les zones conquises par Abd-el-Krim sont fouillées, nettoyées avant l'hiver. Si bien que 40 000 Français rembarquent.

En février 1926, 6 nouvelles divisions repartent à l'attaque (128e, 4e, 2e, 1ère, 3e et la Division marocaine, avec des Goumiers). La guerre est marquée le 27 mai 1926 par la reddition d’Abd-el-Krim dans Targuist.  Les pertes françaises entre avril 1925 et mai 1926 s'élèvent à 2 162 morts et disparus. Des combats sporadiques vont continuer encore quelques mois. Le commandement est divisé sur le bilan à tirer de cette guerre. Nous y trouvons la plupart des futurs généraux du désastre de 1940. Ils sont cependant unanimes à reconnaître que l'emploi des conscrits dans la Coloniale blanche est un erreur à ne pas refaire.

L'Armée française est maintenue autour de 120 000 hommes qui continuent à construire de nouveaux postes. Leur garnison est au minimum désormais d'une compagnie appuyée par une section de mitrailleuses et de 2 à 4 tubes de 75 mm. Elles vont tenir le terrain.

1925 : Allemagne.

Évacuation d’une partie de la Ruhr sous la pression de l’Angleterre. Le reste des troupes partira de Rhénanie en 1930, au moment où l’Allemagne commence un réarmement que l’Europe entière va bientôt regretter.

1925 : Sahara.

2 avril 1925. Le groupe nomade d'Atar (cpt de Girval) est attaqué en Mauritanie par un rezzou. Il est fréquent que nos troupes soient attaquées au cours de leur déplacement dans le désert. Ce jour là,ce sont 350 fusils qui attaquent les 150 hommes (deux officiers, 4 sous/officiers, 111 Tirailleurs, 32 gardes et 13 partisans) du cpt de Girval. Pendant 48 heures, l'ennemi lance attaques sur attaques. Le 4 avril, après une dernière tentative repoussée à la baïonnette, l'ennemi se retire laissant 60 cadavres sur le terrain. De Girval est mort ainsi que 17 de ses hommes. Une mission de plus.

1925 : France.

Une circulaire officialise les insignes métalliques de régiments. Ce qui n’était alors qu’un passe-temps des tranchées va devenir très officiel. Cette tradition se perpétue.

1926 : France.

19 décembre : Création de la Croix du Combattant. Elle peut concerner les Combattants de la Grance Guerre mais aussi ceux de conflits antérieurs. Les conditions d'attribution sont telles que bon nombre d'anciens rappelés de la guerre 1914-1918 en sont exclus.

1927 : France.

De vives discussions ont lieu au sein de l’armée sur les tenues de défilés. Chaque arme souhaite conserver une particularité qui lui rappelle son passé. Il est accordé des dérogations pour les tenues de parades. Des unités comme les Chasseurs Alpins obtiennent de conserver l’uniforme bleu, les troupes coloniales, leur large ceinture rouge. Pendant ce temps, l’Allemagne travaille à son réarmement.

1928 : Afrique centrale.

La forte incorporation de travailleurs forcés pour la construction du chemin de fer entraîne une révolte au Moyen-Congo et en Oubangui-Chari (aujourd’hui République Centrafricaine). 50 000 combattants s’opposent aux troupes françaises fortes d’environ 1 000 hommes, en majorité des Tirailleurs sénégalais. Il faut envoyer d'A.O.F. des renforts en tirailleurs. Il y a des milliers de morts parmi les révoltés.

1928 : Sahara.

Le retour des Français dans la région nord de la Mauritanie soulève une vive résistance. Les postes français sont attaqués par des groupes de 200 à 300 guerriers insaisissables. A chaque fois, quelques soldats français sont tués avant que les assaillants ne décrochent. Mais dès 1929, une surveillance aérienne permet de mieux cerner les dessins des rebelles. Il faudra attendre cependant 1936 pour que l'appui des avions et de la radio permette à la région d'être pacifiée.

1929 : France.

Création de l’ Armée de l’air qui cesse désormais de dépendre des autres armées. La Marine exige et obtient de conserver ses propres avions, ce qui sera l’Aéronautique Navale. L’Armée de terre obtient également de conserver des moyens aériens, ce qui deviendra l’A.L.A.T. (Aviation légère de l’Armée de terre).

1929 : Suisse.

En juillet, une signature passe presque inaperçue. Une nouvelle Convention de Genève est signée par la plupart des pays occidentaux. Elle impose aux pays en guerre des règles sur le traitement des prisonniers de guerre. Le sort de milliers d’hommes dans les années à venir va en dépendre même si ces règles seront interprétées suivant les circonstances.

1930 : Indochine.

9-10 février, rébellion du 4e Tirailleurs Tonkinois à Yen Bay à 150 kms d'Hanoi.  Plusieurs officiers et sous-officiers français sont tués ou blessés. Les troupes venues d'Hanoi rétablissent l'ordre. 13 septembre 1930, suite à de mauvaises récoltes, des paysans se soulèvent dans le Nghê-Tinh (une région pauvre comprenant le Nghê-An et le Ha-Tinh). Ils attaquent les centres administratifs, libèrent des prisonniers, détruisent les débits d'alcool de la Régie, dénoncent la fiscalité coloniale et l'exploitation des indigènes par les propriétaires fonciers. Des militants communistes mettent en place ce qu'on a appelé « les soviets du Nghê-Tinh ». Le pouvoir colonial réprime sans pitié. Dans le Nghê-Tinh, 3 000 paysans sont tués, il y a 3 à 4 000 arrestations et près de 3 000 condamnations. Au total,  toutes provinces confondues, 9 000 à 10 000 arrestations, plusieurs milliers de morts, des milliers de condamnations. Les autorités n’ont pas hésité à faire donner l’infanterie et l’artillerie coloniale, la Légion et l’aviation.


1939, Chasseur alpin


1923



1931