Un peu plus de 10 ans, c'est la durée d'existence des Centres d'Instruction du Train. 10 ans, c'est court dans la longue histoire de l'Armée Française. Mais pendant ces 10 ans, des milliers de jeunes de 19 et 20 ans ont transité quelques mois dans ces centres d'instruction.
En 1956, la guerre d'Algérie réclame des hommes, toujours plus d'hommes. Les unités sur le terrain ne peuvent en même temps être opérationnelles et former les recrues. L'Etat-major des Armées va créer dans les différentes armes des Centres d'Instruction où tous les deux mois, les trains vont déverser leurs lots de "bleusailles".
Ces bleus, la conscription les a touché à l'usine, au bureau, à la Fac ou à la ferme pour les envoyer dans une caserne de métropole, d'Allemagne ou d'Afrique du Nord. Pour une grande partie, c'est la première fois qu'il quitte le logis familial en dehors des 3 jours passés au Centre de Sélection.
Pour l'Arme du Train, il faut des chauffeurs, des mécaniciens, des radios, des secrétaires, des combattants. Les Centres d'Instruction vont y pourvoir. Les Tringlots vont apprendre à conduire, à se déplacer en convoi, à réparer des Jeeps, des camions de toutes sortes, apprendre à se servir de postes de radio, apprendre à se servir d'un fusil, d'un P.M., d'une mitrailleuse, d'un lance-roquettes. Apprendre à "gicler" d'un camion en quelques secondes. Apprendre la discipline, obéir aux ordres sans broncher, marcher des heures, se réveiller à des heures impossibles, veiller seul dans la nuit, manger des choses "douteuses".
Pour les former, des cadres, venus d'unités opérationnelles ou des laissés pour compte dont personne n'a voulu *. Les cadres de métier étant en nombre insuffisant, des appelés forment d'autres appelés.
Puis le temps passé à l'instruction étant jugé suffisant, direction une unité de métropole et pour le plus grand nombre, direction Marseille ou Port-Vendres. Une journée de bateau et les voilà à Alger ou Oran. Nouveau transfert vers une unité de transport, de circulation routière, un état-major ou un Bataillon de marche. Vont les rejoindre des aspirants ou sous-lieutenants formés à L'Ecole d'Application du Train, à peine plus agés que le "commun" des appelés, car souvent sursitaires pour quelques années. Ces jeunes officiers vont se trouver à la tête de pelotons ou adjoints aux commandants de compagnie et commander une bande de gamins.
Dans les unités opérationnelles, c'est une autre ambiance, une autre vie dont les témoins nous ont rapporté leurs souvenirs sur le site du Train en algérie
* J'assume ma phrase. Nous avons tous connus ces brigadiers après 15 ans de service.