BARAKI

Second séjour

 

19 décembre 1963
Nous sommes de retour à notre unité après la formation de Brigadier. Etre reçu, ne veux pas dire nommé, nous sommes donc toujours des conducteurs et comme tels toujours soumis aux corvées.

Au cours d'un bref entretien avec mon capitaine, il m'informe que je suis inscrit avec 3 autres pour la formation de sous-officier qui commence le 6 janvier à Blida. Malgré mes protestations et comme il est plus fort que moi, je préfère m'incliner.

En attendant, je me vois confier le camion d'un garçon parti en permission en France. A longueur de journée, je brique ce camion dans l'attente d'une revue. Je dois traquer le moindre grain de poussière, la moindre trace de graisse, dessus, dessous, sur le moteur. Je passe le dessous du camion à l'essence. Les gardes s'intercalent entre les travaux d'entretien. La grande peur est d'être de garde la nuit de Noël.

La discipline, qui était très légère, s'est renforcée pendant notre absence, les missions à l'extérieur ayant diminuées pour le moment. La prison est pleine. Un contingent de 40 bleus est arrivé. Ce sera le dernier contingent muté dans le Train en Algérie.

L'approche de Noël entraîne un afflux de mandats et de colis.

24 décembre 1963
Même si à la maison, la soirée de Noël a souvent été perturbée par le travail de Papa, ça fait tout drôle d'être aussi loin. La fête s'est très bien passée, un menu amélioré le soir du réveillon, avec pour terminer, du mousseux, un café et un cigare. Le midi de Noël, un autre repas, avec dinde, le tout bien arrosé, si bien que Robert est obligé de me coucher, en milieu d'après midi.

26 au 31 décembre 1963
Le travail reprend. Avec la technique particulière de nettoyage des camions, nous sentons l'essence à 100 mètres. Ecole de conduite à l'extérieur pour une reprise en main. Nous avons reçu des cailloux lancés par les gamins.

31 décembre 1963
Nouveau réveillon, précédé par une séance de théâtre amateur. La qualité du menu est identique à celle de Noël.

1er janvier 1964
Nous venons de terminer l'année de notre incorporation, commence celle de notre libération. Menus toujours aussi copieux, compte tenu du budget accordé par l'intendance, les cuistots ont faits des miracles.

J'ai l'air d'insister sur la nourriture. Dans notre vie de soldat, c'est un élément essentiel du moral et de la bonne entente régnant dans une unité.

3 janvier 1964
Je restitue le camion à son chauffeur habituel, la revue s'est très bien passée. Je refais mon paquetage pour repartir à Blida.