Ma mère a eu la
bonne idée de garder la presque totalité des courriers
que j'ai envoyés et cela va bien m'aider dans la rédaction
de l'histoire de cette période de ma vie.
Nous devions être présents à la caserne DUPLEIX
le Samedi 8 Mars pour prendre un train dans la soirée :
direction Marseille. Les trains de militaires sont transformés
en omnibus et s'arrêtent souvent pour laisser passer les
trains de civils. Il nous a fallu 17 heures pour rallier la capitale
des Bouches du Rhône, heureusement nous n'étions
que 5 dans un compartiment de 8 places, mais 5 bidasses enfermés
pendant toute une nuit ça sent ! Ca sent le soldat, ça
sent les pieds, ça sent le suint, ça sent l'aigre,
ça sent pas bon.
A peine installé, un militaire ça mange, ça
boit, ça joue aux cartes, ça retire ses chaussures
et puis ça arrive à dormir. Dans le courant de la
nuit j'étais allé me balader dans le couloir pour
changer d'air, c'était le moment où nous traversions
une gare déserte. J'ai réussi à lire sur
un panneau " MACON ". J'étais loin de me douter
que 8 ans après ce voyage organisé mais involontaire
j'allais vivre dans cette région avec femme et enfants.
A l'arrivée, comme des centaines de milliers de garçons
qui transitèrent par la ville de la " bonne mère
", nous fûmes embarqués en camion pour rejoindre
le camp Sainte Marthe. Très vite nous fûmes installés
dans de vastes chambrées et très vite nous avons
compris qu'il ne fallait pas moisir dans le secteur car des corvées
allaient être distribuées. L'un d'entre nous repéra
au fond d'une cour et derrière un bâtiment une large
brèche dans un mur qui aurait permis le passage d'une escouade
! On s'engouffra à toute allure en escaladant deux ou trois
parpaings. J'ai toujours pensé que la direction du camp
connaissait ce trou mais laissait faire les " évasions
" réalisant ainsi de substantielles économies
sur la nourriture. A peine avions nous retrouvé la liberté
qu'un camion militaire s'arrêta à notre hauteur et
le chauffeur nous proposa de nous descendre en ville. Il nous
débarqua sur le Vieux Port. Malheureusement en sautant
du bahut le bas de ma capote (manteau de soldat) est resté
accroché à une aspérité et j'ai entendu
" crac ". Le haut de la fente était déchiré
horizontalement sur au moins 5 cms. Tout de suite j'ai pensé
à la sanction si je n'arrivais pas à réparer
le vêtement. C'est une brave patronne de bistrot qui me
voyant bien ennuyé sorti de sa boite à ouvrage fil
et aiguille pour recoudre impeccablement la déchirure.
Plus tard, copain avec un magasinier, j'ai pu changer ma capote
accidentée contre une autre pratiquement neuve. Je passe
les détails de notre virée dans les rues chaudes
de Marseille, ils ne furent pas glorieux et ils ressemblent en
tout point à ceux que vécurent nos prédécesseurs
et nos successeurs. Un soldat en goguette ça manque souvent
d'imagination et il ne fait que rééditer les nombreuses
couillonnades qu'il a entendu raconter pas les anciens.
Le lundi 8 mars vers 9/10 heures nous prenons la direction du
port en camion avec notre barda, un lourd barda. Le moral était
au beau fixe, c'était un peu comme si nous partions en
vacances. Il faut dire aussi que nous étions une équipe
de choc très soudée car après avoir été
séparés à la suite de nos " classes
" à Monthléry, nous nous sommes bien vite retrouvés.
Des camions s'échappaient les chansons du moment, je me
souviens particulièrement de " Marjolaine "
"Marjolaine toi si jolie
Marjolaine le printemps fleurit
Marjolaine j'étais soldat
Mais aujourd'hui je reviens près de toi"
Le pauvre Francis Lemarque
aurait été consterné d'entendre sa chanson
complètement matraquée, Dalida aussi. L'inévitable
" Ce n'est qu'un au revoir " était au programme,
mais il y avait aussi par ci par là des tonitruants "
La quille bordel ".
Très vite nous arrivâmes en vue de notre bateau.
Nous espérions le " VILLE d'ALGER ", le "
VILLE d'ORAN " ou le " VILLE de MARSEILLE ", que
nenni, ce fut le " DJEBEL DIRA ". 113 mètres
de long, 15 mètres de large, 16,5 nuds de vitesse
moyenne et lorsqu'il ne transportait pas de militaires il pouvait
accueillir 306 passagers dont 56 en 1ère classe. Mais pour
notre traversée nous étions au moins 500 ! Nous
n'avions rien contre ce navire mais il n'était pas aussi
majestueux que les autres et l'état de la mer nous faisait
craindre le pire, nous n'avions pas tort.
En une demi heure nous étions installés dans des
cabines que nous avions monnayées à l'équipage
contre la somme de 2500 francs de l'époque soit une quarantaine
d'Euros 2005. Nous avions consciencieusement pris la nautamine
que nos mères avaient glissée dans nos poches et
nous pouvions assister aux manuvres de largage des amarres
sereinement.
Pour la majorité d'entre nous c'était une découverte
et malgré le mauvais temps nous nous régalions du
spectacle magnifique qu'offre la sortie du port de Marseille.
Hélas très vite le Château d'If et Notre Dame
de la Garde s'estompèrent dans la grisaille.
Notre rafiot bouge un peu mais c'est très supportable.
Midi sonne, notre cabine nous donne droit à une salle à
manger. Nous sommes en pleine mer et les creux sont de plus en
plus importants et déjà les moins résistants
sont d'une grande pâleur. Il y a à bord des aviateurs
recroquevillés en tas sur le pont, ils sont copieusement
arrosés par des vagues de plus en plus menaçantes,
on ne voit plus que des tas de tissus bleus. Dans les coursives
on commence à glisser sur des vomissures, mais dans notre
bande ça va. 19 heures, il faut penser au dîner,
direction la salle à manger où nous avions été
fort bien traités pour le déjeuner. Dans les assiettes
une excellente soupe de poissons s'offre à nos papilles.
Et là d'un seul coup ça ne va plus du tout, l'effet
de la nautamine est devenu nul !
Je suis le premier à
déguerpir à toute allure, les coursives sont devenues
impraticables, il faut se cramponner aux parois. Catastrophe les
toilettes sont bouchées, trop tard pour remonter sur le
pont et je ne peux qu'en rajouter. 50 ans après j'ai encore
dans le nez les odeurs mélangées de mazout, de vomis,
de soupe de poissons bref les odeurs du Djebel Dira pendant une
tempête.
Presque toute la nuit ce fut un défilé de troufions
malades comme des chiens vers les bastingages. Dans ces cas là,
surtout ne pas aller à l'arrière ni même au
milieu mais bien s'appliquer à aller donner à manger
aux poissons à la proue, tant pis pour ceux qui sont derrière.
Je ne vais pas expliquer pourquoi, c'est facile à comprendre.
Nous n'en pouvions plus, les estomacs et les abdominaux (j'en
avais à l'époque) étaient en marmelade. Nous
sommes arrivés à ALGER à 15 heures soit un
voyage de 29 heures qui ne dure d'habitude qu'une vingtaine d'heures.
La tempête était si importante, avec des creux de
10 mètres, que le commandant préféra passer
par la partie occidentale du golfe du lion.
Et puis, miracle, dès que nous fûmes en vue de la
côte, la mer se calma et nos soucis s'envolèrent.
Nous pouvions en toute quiétude assister à l'approche
du navire vers Alger la Blanche qui ne l'était pas tellement
ce jour là. Il était 15 heures 30 lorsque le Djebel
Dira solidement amarré se vida de ses occupants. Il y avait
sur le quai beaucoup de personnages importants venus nous souhaiter
la bienvenue. Des dames qui arboraient le logo de la croix rouge
nous remirent un petit paquet et une carte postale pour écrire
notre premier courrier algérien. J'avais hérité
d'une carte de AIN TEMOUCHENT riche de 4 vues : l'Ecole d'agriculture
- Place Gambetta -le jardin public et l'Eglise et la Place de
Verdun.
Tout de suite je fus séduit par la beauté d' ALGER,
par son ambiance, ses odeurs et la truculence des Algérois.
La Base de Transit était archi pleine, les couloirs étaient
encombrés par des lits, nous eûmes la chance de dégotter
un petit coin acceptable dans les caves. Nous avons pu sortir
en ville de 18 à 21 heures. Nous étions complètement
éreintés par notre escapade marseillaise et les
méfaits de la tempête, aussi après avoir dîné
copieusement pour nous requinquer nous n'avions qu'une hâte
c'était de rentrer pour chercher un sommeil réparateur.
Le lendemain c'est en pleine forme que nous prenions le train sur le coup de 14 heures 30 en direction d'Orléansville. Ce train de la ligne ALGER-ORAN, on l'appelait l'INOX à cause de son matériau de fabrication et de son aspect. Le FLN s'est appliqué à le faire dérailler de nombreuses fois provoquant ainsi des immobilisations assez longues et surtout beaucoup de victimes. C'était leur " Bataille du rail " à eux !
Le voyage, bien qu'inconfortable,
fut l'occasion de découvrir l'Algérie, nous ne pensions
pas tellement bavarder, nos yeux était écarquillés
et heureux de découvrir la beauté des paysages.
Tout de suite j'ai senti que j'allais l'aimer ce pays. Nous sommes
passés par El Affroun, Blida, Affreville, Duperré,
Oued Fodda, des villes que j'aurais l'occasion de traverser mais
en voiture par la N 4.
Nous étions dans la plaine du CHELIF avec le DAHRA à
droite et l'OUARSENIS, à gauche dans le sens de la marche
du train, qui porte bien son nom puisque en berbère cela
signifie " Rien de plus haut ",
Notre débarquement sur
les quais de la gare de notre destination n'eut rien à
voir avec notre arrivée sur les quais maritimes d'ALGER.
Pas un chat, personne pour accueillir notre détachement
d'une soixantaine de bonshommes. Le responsable, un brigadier-chef
qui devait accomplir ce jour là sa première mission,
était bien ennuyé. Il réussit à intercepter
un capitaine qui passait par là tout à fait par
hasard. Il tombait des nues mais apparemment très satisfait
de recevoir des " renforts ", il s'empressa de donner
3 ou 4 coups de fil qui permirent de débloquer une situation
un tantinet ridicule. Enfin nous fûmes hébergés
à la caserne LASALLE 59ème Compagnie de Quartier
Général. Visiblement " on " ne nous attendait
pas, c'était paraît-il des aviateurs qui étaient
attendus.
Nous avons appris assez vite que nous devions être mutés
dans un Régiment d'Infanterie, le 22ème ou le 131ème,
ce n'était pas vraiment une bonne nouvelle. Mais grâce
à quelques rigollots de la bande, je pense en particulier
à Jacques FIX l'Arpajonnais, nous entendions plus d'éclats
de rire que de jérémiades et le moral restait bon.
Notre casernement se résumait à une paillasse posée
à même le sol, elle portait bien son nom, c'était
un grand sac rempli de paille. Ca sentait bon, mais ça
piquait les fesses ! Apparemment " on " ne savait pas
trop quoi faire de nous, aussi de temps en temps 2 ou 3 d'entre
nous étaient désignés pour aller patrouiller
en ville. Il s'agissait de parcourir la rue d'Isly, l'artère
principale, dans les deux sens de 8 heures à 11 heures
et de 13 à 16 heures : ce n'était pas très
folichon mais cela avait l'avantage de nous familiariser avec
l'environnement.
C'est le Samedi 15 Mars 1958 que s'est dessiné mon avenir
algérien. Assez tôt dans la matinée nous apprenions
que la 59ème compagnie de QG qui régissait le personnel
de l'état-major de la 9ème Division d'Infanterie
avait besoin, pour compléter les effectifs de 4 secrétaires
dactylos, d'un mécanicien et d'un coiffeur. Nous étions
une dizaine à convoiter la place de secrétaire,
il fallut passer un concours de dactylograhie (temps, présentation
etc
). Je me suis présenté avec beaucoup de
culot, mes connaissances en frappe étant assez limitées.
Je ne suis pas allé très vite mais j'ai soigné
la présentation, et coup de théâtre je suis
arrivé 1er devant GICQUEL, un pro de la machine à
écrire. Cette première place me valut le privilège
de choisir mon affectation. Les postes à pourvoir étaient
: secrétaire au 5ème bureau (action psychologique)
- secrétaire au 2ème bureau (renseignements) - secrétaire
au bureau du Chef d'Etat-Major et enfin secrétaire au Cabinet
du Général Commandant la 9ème DI et la Zone
Ouest de l'Algérois. Les 4 postes étaient certes
intéressants mais bien évidemment c'est celui de
secrétaire au cabinet du Général qui eut
ma préférence. Mon copain PASSONI, mécanicien
de métier se retrouva, bien content, au garage de la Cie
de QG et GICQUEL fut nommé au secrétariat du Chef
d'Etat-Major.
La petite bande qui s'était constituée depuis MONTHLERY,
DUPLEIX et les INVALIDES avait volée en éclat :
FIX était affecté à MARBOT au 2/131ème
RI, MANCHON à MILIANA au 3/131ème RI etc
.
Très vite je fus installé
dans un bureau qui était aussi une chambre à l'usage
du secrétaire de permanence. Le secrétaire en place,
MARTIN, que je devais remplacer puisqu'il était libérable
me présenta le travail et les membres du secrétariat.
Je vais essayer de ne pas en oublier : Chef du Secrétariat
- Adjudant-Chef DUPRAT qu'on appelait " Mon lieutenant "
comme le veut la tradition dans la cavalerie et il y tenait !
Adjoints - Maréchal des Logis Chef GALLAIS et le MDL LOPEZ,
un pied noir d'ORLEANSVILLE. Loulou LERAY , le motard estafette,
PIATIER, DORCHNER et FOURNIER, les chauffeurs. La dactylo, oui
il y avait une dactylo, je n'ai donc eu à me servir d'une
machine que très épisodiquement, Melle FACKLER vieille
fille d'une cinquantaine d'années très revêche.
Le patron était le Général RENAUD, un brave
homme rondouillard, que je n'ai pas connu longtemps, il fut remplacé
par le Général Jean GRACIEUX le 1er Avril 1958.
Jean GRACIEUX était l'un des quatre généraux
parachutistes que comptait l'Armée à cette époque.
Il est né le 16 juillet 1908 à REALMONT dans le
TARN et il est décédé le 25 avril 1974 à
l'hôpital de la Salpêtrière à PARIS.
C'était un roc, une force de la nature, un visage buriné
à l'image de ses compatriotes du LAURAGAIS , mais un visage
illuminé en permanence par un sourire réconfortant,
reposant. C'était un homme animé d'une grande sagesse
et d'une diplomatie digne d'un représentant du quai d'Orsay.
La porte de mon bureau était ouverte en permanence et le
matin en passant devant il me faisait un petit signe de la main
(c'était un coucou ce n'était pas un salut) et lançait
à la cantonade : " Salut Brun, t'as bien dormi, t'es
en forme, on va avoir du travail aujourd'hui ". Du travail
on en avait tous les jours et je ne m'en plaignais pas. Et souvent
le soir en partant il passait son nez à la porte "
T'as fini Brun, je m'en vais, je t'emmène ? " Je ne
me le faisais pas dire deux fois, j'étais heureux de rentrer
dans la 403. Nous habitions au même endroit, à "
la Maison du Général ", une vieille grande
bâtisse de trois étages où logeaient les officiers
supérieurs de l'Etat-major.
50 ans après, je vais faire travailler mes méninges
pour tenter de reconstituer la composition du Cabinet
ADJOINTS : Colonel LE PORZ un artilleur et le Colonel de BELLENET
ADJOINT ET COMMANDANT DU SECTEUR D'ORLEANSVILLE, il y avait 6
secteurs dans la ZOA : Colonel MOREL futur Inspecteur de la Légion
Etrangère.
CHEF DE CABINET: le brave Colonel GOIRAN, un nicéen érudit
qui fut l'un des organisateurs des nuits de l'Armée. A
ma libération il me demanda de lui expédier, le
catalogue de l'exposition de l'Art Précolombien qui se
tenait au Musée de l'Homme. Ce que je fis bien sûr
pour son grand plaisir.
AIDE DE CAMP : Capitaine Pierre HEUX, j'ai connu deux autres aides
de camp : le lieutenant de DINECHIN, c'était après
lui et le capitaine de LESTANG c'était avant. Je les ai
connus très peu de temps et je n'ai jamais eu avec eux
la sympathie et je peux dire la complicité que j'avais
avec Pierre HEUX . C'était un Normand né à
ROUEN le 16 Novembre 1928, il finit sa carrière avec le
grade de Général de Brigade, il est décédé
en 1995.
CHEF D'ETAT MAJOR : Colonel MARQUEZ Peu causant, toujours soucieux,
j'ai eu à faire avec lui une fois : (voir plus loin) ,
puis le Colonel CECCALDI, artilleur qui fit parler de lui à
KOUFRA et en Janvier 1960 au cours des barricades. Il commanda
par intérim pendant un temps la 10ème DP.
SOUS-CHEF D'ETAT MAJOR : Lieutenant-Colonel FOURNIER-FOCH, petit-fils
du Maréchal. Il est décédé dans sa
94ème année le 16 janvier 2006 à CORDON (74)
entre SALANCHES et MEGEVE
Et puis en vrac toute une équipe de colonels, commandant
de régiments et de secteurs : Colonels LALLEMAND et ESTEULLE
(22ème RI - TENES) - BRITSCH - BARADA - MEYER - MAINIERE
de SCHAEKEN (131ème RI - TENIET EL HAAD) Le Colonel de
SCHAEKEN qui portait monocle ne se déplaçait jamais
en opération sans une espèce de petite guérite
qui lui servait de WC : les pilotes des gros hélicoptères
SIKORSKY se faisaient un malin plaisir de rester en stationnaire
au dessus de l'édicule jusqu'à ce qu'il se renverse
à la grande fureur du colon, il fut malheureusement tué
au cours d'une opération à BOU CAID , Commandants
PEPIN LE HALLEUR et PAUCOT
Et enfin notre assistante sociale bien-aimée Simone GUILLE,
qui fut un court moment de SAILLY pour devenir HEUX pour toujours.
J'allais oublier l'ordonnance du Général, il y eut
ANTOGNARELLI puis un drôle de bonhomme sympathique qui avait
fait les 400 coups, le Caporal-Chef de la Légion Charles
HYBS . GRACIEUX le traînait dans ses bagages depuis l'Indochine
: il se serait fait découper en rondelles pour son patron.
Mon travail était assez
varié : enregistrement du courrier, ça c'est classique,
présentation des courriers à la signature, tous
les matins faire un résumé de ce qu'on appelait
les BRQ (Bulletin de renseignements quotidiens) qui arrivaient
des 6 secteurs, balader les journalistes (j'aimais bien), donner
un coup de main au mess les jours de grandes occasions (ça
aussi j'aimais bien !) etc
.
Le cabinet s'était aussi le bureau des décorations,
les dossiers arrivaient sur mon bureau et je devais mettre de
l'ordre dans la présentation : c'était un rituel
qui avait dû être mis en place par le prédécesseur
du prédécesseur de mon prédécesseur
et il n'y avait pas de raison pour que je change quoi que ce soit
. En haut à gauche de la demande j'épinglais un
papier d'un huitième de page qui donnait l'état
civil du bonhomme et en 4 ou 5 petites lignes je devais résumer
le motif de la proposition. En bas et à droite j'inscrivais
au crayon papier un O (oui) ou un N (non) . Les motifs du "
NON " étaient variés cela allait de la demande
déjà formulée, au motif manquant de précisions
ou bien encore s'il s'agissait d'une demande concernant un accrochage,
il fallait que cet engagement ait été signalé
dans un BRQ. C'est ainsi qu'un beau jour j'ai rencontré
un gros problème avec un capitaine du service du matériel,
c'était un vieux capitaine. Il était proposé
par je ne sais plus qui pour une Croix de la Valeur Militaire.
Le motif disait qu'il s'était particulièrement distingué
lors d'une action rebelle perpétrée à la
sortie de Oued Fodda, les fellaghas étant dissimulés
à la sortie du petit pont du chemin de fer. Manque de pot
pour lui, c'était un dimanche, nous revenions de la piscine
avec la 203 du colonel MARQUEZ et nous le suivions, il était
lui aussi dans une 203 accompagné par 2 ou 3 personnes.
Je l'avais remarqué à la piscine. Nous avons été,
c'est vrai, dans la ligne de mire de 3 ou 4 zigotos mais en fait
de s'être " particulièrement distingué
", il avait fait comme nous. Grâce au sang froid et
à la dextérité de nos chauffeurs respectifs
nous nous sommes débinés à toute allure en
tirant pour la forme 2 ou 3 coups de 9 mm par les fenêtres
des voitures qui étaient grandes ouvertes (il n'y avait
pas de " clim " à l'époque !). Aucun impacts
de balle sur les voitures, nos lascars étaient particulièrement
maladroits : seule une grosse trouille nous a accompagnés
pendant quelques kilomètres. En voyant la demande j'ai
pensé aux copains qui étaient autrement exposés
que nous et qui, eux, méritaient des kilos de médailles,
aussi c'est tout naturellement que j'inscrivis un petit "
N " sans me douter du foin que cela allait faire. Il fallut
que j'explique au Colonel GOIRAN , Chef du Cabinet, les raisons
de mon " N " et bien sûr il le confirma. Environ
15 jours après je fus surpris de voir débarquer
le courageux capitaine qui m'indiqua qu'il avait rendez-vous avec
le général, il n'avait pas l'air content. Je le
conduisis chez GOIRAN comme le voulait le protocole. Au bout d'un
quart d'heure le général me demandait de venir dans
son bureau, il me fit asseoir : à mes côtés
piaffait le " héros de Oued Fodda ". Il me fit
raconter en détail notre mésaventure et bien sûr
le capitaine contesta, affirmant qu'il avait fait fuir "
les assaillants " et il crût bon d'ajouter qu'il donnait
sa parole d'officier ! GRACIEUX un petit sourire en coin me demanda
: " qu'est-ce que t'en penses Brun " et moi comme un
ballot j'en rajoutais une couche en affirmant que les choses s'étaient
passées comme je les avait décrites et que moi je
lui donnais " ma parole de français moyen ".
Le Gégène me parut atterré et il me congédia
en se retenant pour ne pas pouffer. Dès le départ
du glorieux capitaine, GOIRAN vint me voir dans mon bureau et,
bien embêté me dit que le Général aimerait
bien que je revois mon jugement. En effet, l'objet de mon ressentiment
allait bientôt partir en retraite, on m'expliqua qu'il avait
reçu la médaille militaire lorsqu'il était
sous-off, mais que depuis aucune barrette n'était venue
orner son blouson si ce n'est des commémoratives . Alors,
comme c'était un brave type ce serait bien qu'il parte
avec au moins la CVM. Moi aussi je suis un brave type alors j'ai
pu dire que je n'avais pas vu grand chose du fameux accrochage.
GOIRAN était bien content et il a pu effacer le "
N " écrit au crayon. En partant le soir, GRACIEUX
en passant devant mon bureau me déclara avec un large sourire
" T'es drôlement gonflé Brun, le coup de la
parole d'un français moyen on ne me l'avait jamais fait
"
J'ai méchamment payé
mon coup d'éclat. Quelques temps après, alors que
nous étions en voiture le Général me fit
remarquer que mon insigne de manche était vierge de tout
galon. Je devais avoir 25 mois de présence sous les drapeaux.
Il demanda au capitaine HEUX de voir avec le colonel GOIRAN pour
qu'il fasse une demande de " BRIGADIER-CHEF " au moins,
afin que j'ai une chance d'obtenir les galons de " BRIGADIER
" auprès du capitaine P
., le Commandant de la
59ème Compagnie de QG dont je dépendais. Merci mon
Général, mais P
. était un grand copain
de mon acolyte en embuscade ! La réponse ne tarda pas à
arriver : les effectifs de la compagnie en Brigadiers et Brigadiers-Chefs
étaient plus que complets, il n'était donc pas possible,
avec regrets, de donner une suite favorable à la demande,
mais le 2ème classe BRUN sera nommé prochainement
à l'emploi de 1ère classe. Je pus donc coudre mon
galon rouge à compter du 1er Mars 1959 soit à 1
mois et 3 semaines de la " quille " ! Ce n'était
pas très glorieux !
Je n'avais jamais rien fait auparavant pour tenter d'échapper
à ma condition de 2ème classe. J'aurais pu tenter
la démarche, j'aurais gagné trois sous de plus,
mais il arrivait très souvent de voir des galonnés
tout frais se retrouver sur un " piton " dans le très
peu accueillant massif de l'OUARSENIS. Les bidasses du TRAIN étaient
particulièrement visés, parce que soupçonnés
d'être pistonnés (parfois à juste raison !),
et très vite, la sympathique fente verte de leur calot
se retrouvait transformée en rouge de l'INFANTERIE. J'étais
trop bien là où j'étais et je ne voulais
en aucun cas prendre de risques.
Puisque j'évoque les
sous je vais rafraîchir des mémoires en rappelant
quelques chiffres.
Tous les 15 du mois nous touchions 535 francs soit en pouvoir
d'achat équivalent en 2005 : 8 euros
A la fin du mois nous recevions 5200 francs soit : 78 euros
Un paquet de cigarettes " TROUPE " coûtait 20
francs soit : 0euros30, elles n'étaient pas chères
mais elles n'étaient pas bonnes non plus. On s'offrait
un extra de temps en temps avec un paquet de BASTOS (27 cigarettes
par paquet) à 84 francs (1euros 25)
Par manque de prudence, par négligence, par bêtise
surtout je me suis fait voler dans les vestiaires de la piscine
de Oued Fodda la bagatelle de 10.000 francs (150 euros) : ce fut
une catastrophe : cela représentait deux mois de paye !Le
sommeil fut long à venir et le moral était bien
bas. C'était le 26 juillet et ô miracle le 28 juillet
je recevais de mon employeur " les vins KIRAVI " un
mandat de
.10.000 francs ! Le moral revenait
au beau fixe, mais il n'empêche que j'ai pensé pendant
longtemps au magot que j'aurais pu serrer dans ma bourse si une
racaille ne m'avait dévalisé.
Il fallait débourser entre 45 et 50 francs (60 à
70 centimes d'euros) pour siroter une bouteille de bière,
d'orangina ou de riclès.
Les distractions à Orléansville n'étaient
pas nombreuses, il y avait un cinéma en ville et nous avions
parfois des projections dans la caserne, toutefois de temps en
temps notre grande sortie, c'était un petit restaurant
situé dans les faubourgs " Chez mamie ". C'était
le rendez-vous des bidasses en goguette, la patronne était
sympa, la serveuse aussi et l'assiette certes modeste (uf
sur le plat, jambon, frites et une orange délicieuse) nous
changeait de l'ordinaire et ça sentait bon le civil : cela
nous coûtait 350 francs (5euros25).
Notre grand plaisir était de nous installer à la
terrasse de la " Rotonde " qui restait ouverte jusqu'à
21 heures en période normale et 22 heures pendant le ramadan.
Nous en avons siroté des " orangina citron "
en refaisant le monde !
A Noël les Orléansvillois ou plutôt quelques
Orléansvillois avaient la gentillesse d'inviter à
leur table un ou deux soldats. Moi, je n'ai pas eu cette chance
mais grâce à Madame Guille j'ai hérité
avec ses deux secrétaires (DUCHESNE et FAVRE) d'un BON
pour dîner au célèbre hôtel BAUDOIN
tout neuf car il fut entièrement détruit par le
tremblement de terre de 1954 : ce fut très agréable,
c'était mon premier contact avec un grand hôtel.
Il y avait ce jour là un jeune chanteur : Charles AZNAVOUR
!
Le dimanche notre active assistante
sociale s'ingéniait pour nous trouver une activité
ou une ballade, celle que nous préférions, et de
loin, était nos escapades à TENES pour faire trempette
dans la grande bleue.
Le colonel CECCALDI (" l'artilleur de KOUFRA ") et le
débonnaire GOIRAN étaient de temps en temps du voyage.
HEUX ne devait pas aimer l'eau car je ne me souviens pas qu'il
fit partie du groupe. Si nous partions le matin le cuistot nous
préparait un repas froid digne des meilleurs traiteurs
: c'était de grands moments conviviaux faits de grande
rigolade et je réalise maintenant combien ces officiers
qui avaient fait les 400 coups savaient aussi se montrer très
sympas avec la " troupe ".
Les choses auraient pu très mal tournées lors d'un
après midi baigné de toute la lumière d'un
soleil méditerranéen en pleine forme. Alors que
vautré sur un matelas pneumatique et que je me laissais
aller au gré des vaguelettes un tac-a-tac rageur et obstiné
qui sortait tout droit des entrailles d'une 12,7 me fit chavirer.
Sortant la tête de l'eau, je pus voir les impacts qui soulevait
le sable de la plage, effaré mais sain et sauf, j'ai pensé
que nous allions relever des blessés ou des tués.
Un grand silence succéda au vacarme, je sortis de l'eau
pour rejoindre les deux copains, ce jour là nous n'avions
pas " d'accompagnateurs ". Miracle personne sur la plage
n'avait été atteints. Très vite les jeeps
et les half-tracks du 22ème RI s'étaient mis en
route pour poursuivre les zigotos qui s'étaient installés
sur la colline qui surplombe la plage. Nous aussi très
vite nous ramassâmes nos petites affaires pour déguerpir.
Nos baignades à TENES n'eurent plus jamais les mêmes
saveurs, à partir de ce jour nous surveillions de très
près les environs ! Au retour ce fut une halte réparatrice
au II/2ème R.IMA au " Trois Palmiers " (3 ou
5 ?) dont dépendait Loulou LERAY
Tous les prétextes étaient
bons pour prendre une voiture et effectuer les trois heures de
route qui nous séparaient de la " capitale ".
Soit le Colonel GOIRAN me chargeait d'aller récupérer
un billet d'avion (pour sa cousine !?) , soit le Bachaga BOUALEM
nous demandait de livrer un sanglier ou d'autres gibiers chez
SALAN ou chez ALLARD etc.. etc
Ces livraisons étaient
toutefois toujours accompagnés d'un motif sérieux
et officiel. Nous nous dépêchions de rentrer le soir
pour ne pas nous trouver en pleine nuit dans la traversée
du Col du KANTEK. Lorsque nous rentrions d'ALGER avec le Général,
il y avait un cérémonial auquel nous nous prêtions
bien volontiers. A la sortie d' AFFREVILLE les gendarmes, prévenus
de notre passage, nous arrêtaient et imposaient au général,
qui était comme toujours au volant, une escorte de halfs
tracks : deux devant, et deux derrière la 403. Il acceptait
cette disposition que je jugeais plutôt rassurante et qui
me plaisait bien, mais au bout de 2 ou 3 kms lassé par
la lenteur des engins, il doublait l'escorte au grand désespoir
de la maréchaussée ! C'est ce moment que choisissait
le capitaine HEUX pour sortir de la boite à gants un révolver
à barillet, DORCHNER armait sa MAT 49 et moi le 9 mm qui
ne me quittait pas pendant nos escapades. Le Général
se tournait vers nous et avec un large sourire nous gratifiait
d'un " Bande de trouillards ".
Il y avait une réelle complicité entre le Général,
Pierre HEUX, Madame GUILLE et moi. J'avais su mettre à
profit le désintérêt du Sous-Chef du Secrétariat
pour son boulot : il arrivait à 11 heures repartait à
midi et l'après midi il faisait rarement surface avant
16 heures ! Il avait fait venir sa femme et ses deux enfants et
trouvait normal de leur consacrer beaucoup de temps. Quant au
Chef, l'adjudant-chef de l'ABC, il s'était transformé
en planton à la " Maison du Général
" loin du tumulte. Si bien que doucement mais sûrement
j'avais réussi à me rendre indispensable, il faut
croire aussi que je devais leur être sympathique.
HEUX, qui n'était pas vraiment un homme de bureau se pointa
un beau soir avec trois gros parapheurs sous le bras, je les reconnus,
c'étaient ceux que j'avais préparés pour
la signature par ampliation des ordres généraux
de décorations ou témoignages de satisfaction .
Après les avoir déposés sur ma table il me
dit, sans rire, que sa signature était très facile
à imiter et que je pouvais très bien lui rendre
le service de signer à sa place tous ces diplômes
parce qu'il avait autre chose de plus important à faire
: il y en avait une centaine ! Il a bien fallu que je m'y colle,
le capitaine y a pris goût puisque et c'est sans vergogne
qu'il m'amenait tous les 15 jours environ mon lot de signatures.
J'étais devenu un " faussaire " officiel !
Alors que le général était en opération
quelque part dans les Monts de l'Ouarsenis, je vis débarquer
dans mon bureau les colonels GOIRAN, MOREL et MARQUEZ . C'est
ce dernier qui m'interpella : " Il paraît BRUN que
vous imitez très bien les signatures " J'étais
inquiet, où voulait-il en venir ? Il y avait un document
très urgent à signer par GRACIEUX destiné
au Général SALAN. A l'époque nous n'avions
pas les moyen de transmission dont le XXIème siècle
est riche et c'est GRACIEUX lui-même qui leur a dit par
radio " Faites le signer à BRUN c'est un as de la
falsification ! " Je n'étais pas vraiment à
l'aise car si la signature de HEUX était très facile
à imiter, celle du patron c'était autre chose. Ces
messieurs ont mis une feuille blanche sous mon nez pour que je
m'entraîne, j'étais gêné car au lieu
de me laisser tout seul ils m'entouraient et observaient mes essais
d'un oeil critique. Au bout d'une dizaine de signatures, MARQUEZ,
qui devait en avoir assez déclara " Ca y est vous
êtes au point " et je me suis exécuté
en m'appliquant. Je n'étais pas trop mécontent de
mon uvre, les autres non plus, ils avaient l'air ravi, ils
partirent à toute allure avec le précieux papier
serré dans un parapheur . Et moi je suis allé boire
une bière, sans savoir ce que j'avais signé, j'avais
eu chaud !
Fin Avril début Mai
quelques manifs secouèrent (pas très fort) quelques
villes et quelques endroits du bled, laissant présager
un mouvement de grande envergure. J'emprunte au Colonel TRINQUIER
son analyse sur le pourquoi des évènements du 13
mai :
" La menace d'abandon de l Algérie par un gouvernement
usé et sans volonté a provoqué un violent
sursaut populaire. L'imminence du danger a réveillé
les énergies des hommes les plus menacés. Le peuple
algérien a entraîné son armée qui s'est
révolté contre l'Etat. L'ensemble du peuple français,
lassé d'un système qui ne correspondait plus à
rien, a finalement suivi. "
Très tôt le matin
du 16 Mai la 403 filait sur Alger. A l'arrière il y avait
DORCHNER, le chauffeur, et moi, à l'avant le capitaine
de LESTANG (Pierre HEUX disparaissait de temps en temps) et au
volant, comme d'habitude, le général. Dans la malle
la dépouille d'un sanglier offert par le bachaga BOUALEM
au général ALLARD laissait dégager un léger
fumet ! Dans une autre voiture suivait le Colonel MOREL et je
ne sais plus qui. DUPERRE, les lacets du Col du KANTEK, AFFREVILLE,
EL AFFROUN furent franchis à toute allure. Cette fois il
n'était pas question de halte casse-croûte, tout
juste un arrêt pipi permettant d'arriver l'esprit clair
et la vessie dégagée à la caserne Pélissier
siège du Corps d'Armée. Pendant que Jean GRACIEUX
et le capitaine disparaissaient dans les bureaux, nous nous appliquâmes
avec DOCHNER à décharger notre bestiole dans les
cuisines. Alors que nous avions terminé notre " mission
sanglier " et que nous nous apprêtions à rejoindre
le parking des voitures officielles pour récupérer
nos passagers nous les vîmes installés dans une 403
arborant les 4 étoiles du général ALLARD
traverser la cour à toute allure. Nous nous sommes sentis
comme des orphelins abandonnés ! Pressentant se préparer
un grand moment, je rageais de me sentir coincer dans un milieu
hostile que je connaissais mal. C'est ce jour là que le
général SALAN au cours de son intervention sur le
balcon du Gouvernement Général (GG) lança
un " Vive de Gaulle " ovationné par la foule
agglutinée sur le forum. J'ai cru comprendre au cours du
voyage retour que ce " Vive de gaulle " lui fut imposé
par DELBECQUE et de SERIGNY contre l'avis de Madame SALAN qui
tirait son général de mari par un bras en criant
" Non Raoul n'y va pas, Non Raoul n'y va pas " mais
les deux autres étaient plus costauds et Raoul y est allé
! Je n'ai jamais lu dans un des nombreux bouquins rangés
dans ma bibliothèque cette version.
Nous revenions à Orléansville avec dans la serviette
du général sa nomination aux fonctions de Commandant
Civil et Militaire de la Zone Ouest de l'Algérois.
A peine étions nous arrivés en fin de soirée
que " la miss " fut sortie de sa torpeur pour taper
une lettre au Préfet Chevrier lui signifiant sa mise à
disposition au général SALAN à ALGER. (j'ai
malheureusement égaré ce courrier que j'avais gardé
pendant de longues années) - Ce n'est que le lendemain
que je fus chargé de remettre en main propre le pli au
Préfet. Lorsque j'arrivais à la Préfecture
le 17 Mai sur le tansad de la moto de Loulou LERAY le Général
était en train d'haranguer la foule pour calmer les esprits
surchauffés par la présence des CRS en grande tenue
de " manif ".
"J'ai reçu du Général SALAN les pouvoirs
civils et militaires pour le maintien de l'ordre. Je vous demande
de me faire confiance et de m'obéir. En ce qui concerne
Monsieur le Préfet, il va demain à ALGER se mettre
à la disposition du Général SALAN. "
Les manifestants furent satisfaits et pour bien marquer leur approbation
ils s'emparèrent de GRACIEUX pour le déposer sur
des épaules solides : il était hilare. Je profitais
de ce moment pour pénétrer dans le hall de la préfecture
sous la protection des Colonels MOREL et Le PORZ qui connaissaient
l'objet de ma présence. Il fallut que j'escalade des chaises
et des meubles passablement esquintés qui jonchaient le
sol. Un commandant qui me reconnut m'aida à franchir quelques
barrages de CRS qui était là pour protéger
leur patron. Enfin je pus accéder au bureau du Préfet
CHEVRIER. C'était l'affolement, les autorités civiles
présentes étaient vertes et le représentant
de l'état très en colère, il cherchait son
Chef de Cabinet et son épouse. Dès qu'il m'a vu
il s'est précipité sur moi et m'a arraché
des mains la précieuse correspondance. Je me suis tourné
vers mon cicérone pour qu'il me signe un document pour
me décharger, mais au lieu de se dépêcher
il prenait tout son temps, il cherchait un stylo, ce qui permis
au Préfet de lire le courrier. Quel sale temps ! J'ai cru
qu'il allait tout casser. Il hurlait en me regardant comme si
j'étais responsable de la situation, en clair, il m'engueulait
! Je n'en menais pas large et il criait tellement que je ne comprenais
rien à ses vociférations, je n'avais qu'une idée
en tête : me sauver. Ce que je fis à toute allure
dès que j'eus récupéré la décharge.
Lorsque mon motard Loulou me vit arriver il me demanda si j'allais
bien, il paraît que j'étais plutôt pâlot.
Mes mains et mes jambes étaient atteintes d'un tremblement
qui dura jusqu'à notre retour au bureau. Il y eut ensuite
des échanges de courriers désagréables !!
(voir en annexe)
Convoqué par le général Salan auquel ont
été confiés par le gouvernement Pflimlin
les pouvoirs civils et militaires pour le maintien de l'ordre
en Algérie, Raymond Chevrier se rend à Alger le
18 mai 1958. Avant d'avoir été reçu par le
général Salan, il est arrêté, conduit
au P.C. du secteur d'Alger Sahel et mis au secret. Il est assigné
à résidence à Aïn Taya, sur la côte
algéroise, à une vingtaine de kilomètres
d'Alger. Le 3 juin, Raymond Chevrier, toujours assigné
à résidence, écrit au général
Salan une lettre de quatre pages dans laquelle il justifie ses
prises de position et demande au général Salan de
lui permettre de rejoindre la métropole.
Dans le rapport du 9 juin 1958 au général de Gaulle,
président du Conseil, le général Salan justifie
la mesure prise à l'égard de Raymond Chevrier en
ces termes : " Attitude rigide et maladroite ne reconnaissant
pas la délégation de pouvoirs donnés au général
Salan. Attitude maladroite vis à vis des Comités
de Salut Public, refusant tout contact et ordonnant aux sous-préfets
de ne pas les recevoir ", avec comme commentaire : "
A été dirigé sur la métropole, remis
à la disposition du ministre de l'Intérieur. A été
remplacé provisoirement par le général Gracieux
qui a délégué à M. Rouaze, secrétaire
général de la Préfecture, les pouvoirs nécessaires
à l'administration du département. " (extraits
du site " les amis du général salan ")
Préfet de l'Allier en 1959, il est placé en position
hors cadre en 1963 et en congé spécial en 1964 ;
il est à la retraite en 1969. De 1966 à sa mort,
en 1976, il est administrateur ou directeur de diverses sociétés
financières, immobilières ou d'économie mixte.
Raymond Chevrier est l'auteur de plusieurs ouvrages
Le 27 Mai le Président du Conseil Pierre PFIMLIN démissionnait.
A la fin du mois, le 28 ou le 29 le moral dans l'entourage de
GRACIEUX n'était pas au beau fixe. Un de ses meilleurs
amis le lieutenant-colonel JEANPIERRE, patron du 1er Régiment
étranger parachutiste, s'était fait tué dans
un hélicoptère par le FLN alors qu'il survolait
une opération dans le Djebel MERMERA (CONSTANTINOIS). J'appris
qu'il avait été blessé dans la casbah pendant
la bataille d'Alger en 1957. Il avait succédé au
colonel BROTHIER au 1er REP et c'est ce dernier qui prit les rênes
du régiment en catastrophe pour le remplacer.
Au cours des mois de Mai et
Juin 58 une autre activité vint enrichir mon emploi du
temps. Nous étions envahis par des journalistes. Après
leur entretien avec les patrons je devais les balader dans un
rayon d'une cinquantaine de kilomètres autour d'Orléansville.
J'aimais bien cette occupation, elle me permettait de prendre
l'air et de découvrir des endroits que je ne connaissais
pas. J'utilisais une voiture du cabinet ou bien la Panhard aux
deux bleus de HEUX dont les pneus étaient en très
mauvais état. Et, un jour alors que mon passager (Paris-Match)
était pressé, ce fut le pneu arrière droit
qui rendit l'âme, j'envisageais d'aller chercher du "
secours " dans un poste situé à 200 mètres
mais j'étais tombé sur un as du démontage
car en moins de temps qu'il faut pour le dire la roue de secours
avait remplacé la roue défaillante. Il n'était
pas très content de s'être sali les mains !
Il ne se passait pas une semaine sans que nous ayons des visites
importantes et à chaque fois c'était le branle bas
de combat dans l'Etat-major et à la popotte. Nous eûmes
le Général Paul ELY Chef d'Etat-major des Forces
Armées, cette visite me laissa un mauvais souvenir. Je
venais d'acheter le fameux appareil Focca-Sport II, en vente dans
toutes les casernes, et GRACIEUX me demanda de faire des photos
de l'illustre personnage pendant sa tournée. Hélas
j'étais un photographe débutant et il n'y en eut
que deux ou trois d'acceptables, j'étais très vexé.
Heureusement il y avait un photographe professionnel dans le sillage
du visiteur.
Nous eûmes les visites de SALAN, ALLARD ,MASSU, Robert BURON
Ministre des Travaux publics, des Transports et du Tourisme qui
était venu inaugurer la piste " Lamartine-Mechta Bel-Has
" (47 kms) en Août 58, ( il était rentré
tellement crotté à Orléansville que je fus
chargé de lui trouver un pantalon de rechange !) et puis
Georges BIDAULT qui avait été pressenti par le Président
COTY pour succéder à Félix GAILLARD mais
son parti, le MRP, ne lui ayant pas accordé son soutien,
il apporta le sien au général de GAULLE. Ce qu'il
regretta plus tard ! Le Commandant MAHDI du Comité de Salut
Public d'Alger vint également nous visiter.
Le 22 Juin le Colonel GOIRAN m'annonça que le général
avait nommé le Colonel LE PORZ Directeur du cabinet civil
à la Préfecture, il avait aussi été
désigné Président du Comité de Salut
Public Départemental, charge qu'il partageait avec le bachaga
BOUALEM. Un mois plus tard ce fut mon tour d'être installé
dans un bureau de la " Préf ". C'est ainsi que
je me retrouvais au service de la réforme agraire. J'étais
devenu fonctionnaire ! Horaire : 7 heures, midi - 16 heures, 18
heures30. Mon travail consistait a comptabiliser les veaux, les
vaches, les cochons, les friches ( !!!!), les orangeraies, les
champs de céréales, enfin tout ce qui ressemble
à de l'agriculture. Le personnel était sympa et
m'avait adopté assez vite. Toutefois personne n'était
dupe et je sais qu'on me surnommait "Mata Hari ". C'était
un peu, très vrai, car je devais passer le soir chez le
Colonel GOIRAN pour lui brosser le portrait du moral et l'état
d'esprit des civils que je côtoyais dans la journée.
Cette aventure préfectorale ne dura que trois semaines
et je fus bien content de retrouver mon bureau au PC.
Dans la continuité du
bouillonnement de Mai et Juin, le 14 juillet 1958 fut grandiose.
Le matin visite chez les paras du Commando GUILLAUME à
MOUAFEKIA, l'aérodrome d' ORLEANSVILLE. J.GRACIEUX ne put
résister au plaisir de se payer un petit saut en parachute
qu'il effectua avec le Commandant CHAUME, un béret vert
de la 11ème demi-brigade de parachutiste de choc. Succès
assuré ! Une ovation salua l'arrivée sur le plancher
des vaches des deux " vétérans " heureux
comme des gosses. A midi nous fûmes une demi-douzaine à
être invités à déjeuner au mess dans
une petite pièce contiguë à la cuisine où
officiait une brigade de cuisiniers experts ! Les " patrons
" se réconfortaient avec le même menu dans une
autre pièce. Lorsque nous sortîmes au grand jour
nous avions un peu chaud aux oreilles, le " Mascara "
blanc et rouge avait laissé des traces. Avant le défilé
de 16 heures une petite sieste s'imposait !
Après avoir salué les troupes qui transpiraient
à grosse gouttes sous les casques lourds, GRACIEUX imagina
une ballade en voitures dans la ville et les faubourgs. Il ouvrait
le convoi au volant de la 403 toutes étoiles dehors avec
à son bord les colonels LE PORZ et MOREL ainsi que le chauffeur
PIATIER confortablement installé à l'arrière,
suivait la 203 de GOIRAN avec le Capitaine de LESTANG et le 2ème
classe BRUN ( !) placé à côté du chauffeur
FOURNIER, et enfin la voiture du Colonel CECCALDI devenu Chef
d'Etat-Major avec je ne sais plus qui. Le cortège escorté
par des motards traversa l'agglomération sous les vivats
et les bravos d'une foule mêlée de pieds noirs et
d'algériens (FSNA - Français de souche nord-africaine,
comme on disait à l'époque dans les rapports). J'étais
heureux et je profitais pleinement de l'instant. Le jeune banlieusard
découvrait un monde et c'est peut être ce moment
qui lui donna des idées plus tard !
Le soir avec mon copain PIATIER nous rejoignîmes les paras
du commando GUILLAUME au bal où nous avons plus bu que
danser. Pour rentrer sous le coup de deux heures du matin il fallut
ruser pour échapper à la vigilance de la Police
Militaire.
Pour un beau 14 Juillet, ce fut un beau 14 juillet !
Au début du mois d'août une bonne nouvelle arrivait dans les casernes : la solde des ADL (maintenus au-delà de la durée légale) allait être augmentée avec un effet rétroactif à partir du 1er Mai. Cela concernait le personnel maintenu sous les drapeaux au-delà de 24 mois. 13.000 francs soit 198 euros en pouvoir d'achat 2005 pour les 2ème classe et 45.000 francs soit 688 euros pour les sergents. Je n'étais pas concerné avec mes 19 petits mois, je ne savais pas qu'il me restait 9 mois à tirer. Autre mesure, les régiments opérationnels toucheront une prime de bivouac et enfin les permissionnaires seront transportés gratuitement jusqu'à leur destination. De Gaulle Président du Conseil depuis le 1er Juin soignait sa popularité !
Le mois de septembre fut principalement
consacré à l'organisation du référendum
sur l'adoption de la constitution qui eut lieu le 28. C'est à
nouveau l'effervescence avec les visites de journalistes français
et étrangers ainsi que des hommes politiques (G.BIDAULT
encore lui, et bien d'autres). Le jour venu, le capitaine HEUX
étant à ALGER m'avait installé dans son bureau
et je n'en finissais pas d'introduire chez GRACIEUX, le Maire,
le Président de la délégation spéciale
ou bien le Président du Comité de Salut Public.
Les officiers de l'état-major et d'ailleurs étaient
mobilisés pour tenter de faire respecter l'ordre à
l'entrée des bureaux de vote. Tout le monde voulait voter
! Au moment de passer devant l'urne les préposés
au bureau s'apercevaient que beaucoup n'étaient pas inscrits
sur les listes. En effet au moment des inscriptions le FLN avait
tellement apeuré les populations que celles-ci n'avaient
pas osées faire la démarche nécessaire. Mais
le jour du scrutin les militaires avaient mis le paquet pour assurer
la protection, ce qui avait considérablement encouragé
les arabes à voter. La loi prévoyait que les retardataires
pouvaient se faire inscrire sur décision du juge de paix
de la ville. Ca marchait assez bien dans beaucoup d'endroits,
manque de pot celui d'ORLEANSVILLE était plutôt réfractaire
à cette mesure, il a fallu que la Délégation
Générale du Gouvernement lui en donne l'ordre !
L'heure de clôture du scrutin et celui du couvre-feu furent
repoussés mais beaucoup furent découragés
par la longueur des files d'attente et rentrèrent à
la maison.
Les " OUI " obtinrent un score à la soviétique
: 98,4% ! L'ensemble du peuple français vota " OUI
" à 85,14% et la métropole à 79,25%
- seule la Guinée vota " NON "
C'est la visite de de GAULLE
qui m'a laissé le souvenir le plus précis. Cela
se passait le 2 octobre, la veille du fameux discours de CONSTANTINE
qui détaillait le plan de développement de l'Algérie
dit " PLAN DE CONSTANTINE ", il était Président
du Conseil depuis le 1er Juin. Tout le gratin du département
était arrivé la veille dans l'espoir de l'approcher,
de lui parler. Certes il y eut un meeting grandiose mais le moment
le plus important, le plus confidentiel, se tint au mess des officiers.
Il y avait le ministre des armées, Pierre GUILLAUMAT, le
secrétaire général aux affaires algériennes,
René BROUILLET, le général MARTIN, chef d'Etat-major
particulier de de GAULLE, le général SALAN et son
chef d' Etat-major le Général DULAC (c'était
lui que SALAN envoya à la Boisserie le 29 mai pour rendre
compte de la situation en ALGERIE), le Général ALLARD,
le Général MASSU, le fameux colonel BONNEVAL aide
de camp, les 6 colonels, commandants de secteurs et les 6 sous-préfets
(il n'y avait pas de préfet, il avait été
viré en mai) et puis bien sûr les officiers de l'état-major
de GRACIEUX et enfin un auditeur qui n'était pas invité
mais qui avait réussi à se faire tout petit et se
planquait derrière une plante verte , le secrétaire
de 2ème classe Michel BRUN. C'est Jean GRACIEUX qui ouvrit
le bal en exposant la situation dans la ZONE . Apparemment de
GAULLE ne prêtait pas vraiment attention à l'exposé
de mon patron, il était plus intéressé par
les pales du ventilateur qui tournait au dessus de sa tête.
BONNEVAL pensa qu'il était gêné par le souffle
et faisait des grands gestes pour qu'on arrête le ventilo.
Manque de pot l'interrupteur était justement à côté
de moi et il fallut bien que je me révèle pour arrêter
l'engin. Mais, pas du tout, le grand homme voulait de l'air au
contraire et il fit signe, l'air courroucé, à BONNEVAL
de remettre le ventilateur en marche ! Ce que je fis prestement
!!! Ce fut une scène grotesque et j'eus l'impression que
tout le monde me regardait ce qui était faux, car HEUX
reconnu plus tard, qu'il n'avait pas remarqué ma présence
en me traitant d'espion !
GRACIEUX, qui n'était pas vraiment un orateur, finit tant
bien que mal son speech et le tour des questions arriva. A la
3ème ou 4ème interrogation l'homme dont j'étais
si fier perdit un peu les pédales et là j'assistais
à une scène irréelle.
SALAN, ALLARD, et MASSU voulurent venir à l'aide de leur
ami mais ils parlaient tous les trois à la fois et c'était
incompréhensible. Alors, de GAULLE fit un signe de la main
un tantinet dédaigneux accompagné d'un " pschitt
" autoritaire à SALAN puis à MASSU pour qu'ils
se taisent et de l'autre main se tournant vers ALLARD il lui dit
: " ALLARD, je vous écoute ". J'étais
choqué par ce manque de courtoisie, de respect. Enfin,
de GAULLE c'était de GAULLE !!!
Dès que tout fut terminé ce fut la ruée vers
le buffet et surtout vers les boissons. Chacun espérait
être présenté au " grand homme "
mais l'instant de récréation fut court car il fallait
se diriger vers la grande place d'Orléansville où
une foule énorme attendait, " bercée "
par de la musique militaire et l'air du film " le pont de
la rivière kwaï ", devant une estrade montée
très haut afin que le général fut vu de tout
le monde.
Son apparition provoqua un
indescriptible mouvement de foule accompagné d'innombrable
" Vive de Gaulle ". Le discours ne fut pas très
long et il se termina par de vibrants " vive l'Algérie
française " " vive la France ". Trois ans
plus tard les algérois sur leurs barricades avaient compris
à leur tour que ce n'était plus à l'ordre
du jour. La place se vida comme par enchantement, les camions
remplis de braves paysans braillards reprirent la route de TENES,
CHERCHELL, DUPERRE , TENIET EL HAAD et MILIANA -
Les hélicoptères et un DC3, riches de leurs précieuses
cargaisons de galonnés, d'étoilés et de journalistes
disparurent très vite derrière les montagnes et
la ville retrouva son calme. Quelques " traignaux ",
comme on dit en beaujolais, se retrouvèrent au mess pour
siroter quelques bières bien méritées. Il
n'y eut aucune allusion à la prestation moyenne de Jean
GRACIEUX, mais il avait sa mine des mauvais jours, il était
renfrogné et ne portait qu'un intérêt moyen
aux conversations animées tenues autour de lui.
Courant Octobre les militaires ne sont pas mécontents " d'être démissionnés " des Comités de Salut Public. Ce n'était pas leur job et ils n'étaient pas vraiment à l'aise dans le milieu de civils qui ne pensaient qu'à leur futur statut de député. Dans le département de véritables personnalités surent tirer leur épingle du jeu. Il y en avait surtout deux qui se détachaient du lot : le bachaga BOUALEM et Etienne ARNULF de DUPERRE né à FLATTERS (entre ORLEANSVILLE et TENES) le 11 mars 1920, décédé en métropole la 4 juillet 1973
BOUALEM Benaïssa Saïd
: Bâchaga
Né 2 octobre 1906 à Souk-Ahras(Bône) ancien
officier d'active (capitaine ), ancien caïd des services
civils : Bâchaga. Il est le prototype des Chefs traditionnels
sur lequel se basait la pacification de l'Algérie, depuis
1830
Soldat, Officier, il participe à la campagne de 39/40 puis
est nommé Caïd, puis Bachaga dans le fief des Beni
Boudouane, dans les montagnes de l' Ouarsenis, auprès d'un
minuscule centre nommé Lamartine, dont il était
le maire.
Le premier a avoir organisé une harka de supplétifs
musulmans dans les Beni-Boudiane pour défendre le territoire
(Orléanvillois) pour lutter contre le F.L.N. qui essayait
d'étendre la rebellion (dont le succès est nul)
21.07.1956 : son frère est assassiné par le F.L.N
28.11.1958 : un de ses fils est assassiné
26.10.1958 : il obtient le ralliement des Beni Felkai, près
de chez lui
30.11.1958 Elu député gaulliste (U.N.R) d'Orléansville.
08.12.1958 : Il est élu Vice-Président de l'Assemblée,
poste qu'il occupe avec panache, toujours en costume traditionnel
23.04.1959 : Réélu maire de Lamartine. 20.091959
: quitte l'U.N.R (Gaulliste) et rejoint le groupe unité
de la République animé par Soustelle.
10.04.1960 : un autre de ses fils, un de ses gendres ont été
assassinés.
Commandeur de la légion d'Honneur, croix de guerre 39-45(3
citations), croix de la valeur militaire (2 citations), croix
du combattant, officier du Nichan Iftikhar, etc.., vice-président
de l'assemblée nationale a dirigé les débats
jusqu'au dernier moment, jusqu'à ce que les députés
d'Algérie soient destitués de leurs mandats après
le référendum gaullien.(extrait de geneawiki)
Je les ai bien connus tous les deux et ils me firent le plaisir
de m'inviter au restaurant de l'Assemblée Nationale qui
se tenait à l'époque rue Aristide Briand, petite
rue qui va de la Place du Palais Bourbon à la Seine, l'immeuble
de la rue de l'Université n'était pas encore construit.
Au menu il y avait un superbe couscous. Le premier de ses fils
assassiné était ABDELKADER, grand copain de DORCHNER,
j'ai donc eu plusieurs fois l'occasion d'aller à LAMARTINE
et d'y boire le thé servi par le Bachaga, les femmes ne
devaient pas apparaître. Devant son père ABDELKADER
buvait du thé, mais nous trinquions avec des canettes de
bière, lorsque l'ancien n'était pas dans les parages
!
Fin Octobre , en discutant avec le colonel GOIRAN, il me fit remarquer qu'il lui semblait que j'accusais physiquement le coup après les mois mouvementés que nous venions de vivre, j'avais effectivement beaucoup maigri, il suggéra une permission en Métropole. Je lui rappelais que je n'étais en AFN que depuis début mars et que je ne pouvais prétendre à une perm' de 8 jours. Il prit l'engagement d'établir une 'vraie-fausse " permission, à moi de me débrouiller pour le transport. Facile ! Mon copain MENU toujours présent au bureau des transports au Corps d'Armée m'envoya un titre de transport AGER-ORLY aller-retour moyennant la somme de 7500 francs soit en valeur 2005, 108 euros. J'avais les sous, tout fut réglé rapidement, je m'envolais à bord d'un DC 4 Super Constellation (SUPER G) le 8 novembre. C'était mon premier voyage en avion, j'ai ainsi pu passer mon 22ème anniversaire à la maison. Je n'avais pas prévenu mes parents et se sont nos amis TRIQUET qui vinrent me chercher à ORLY. Le retour s'effectua dans un modeste DC 4 au milieu d'un orage mémorable. Décidément j'étais marqué par le destin pour traverser la grande bleue au milieu des éléments déchaînés ! Ce petit séjour chez mes parents me requinqua et c'est avec plaisir que j'avais retrouvé la cuisine familiale et ..mon lit !
A mon retour à ORLEANSVILLE,
Madame GUILLE me réserva un accueil triomphal, c'était
le retour de l'enfant prodigue ! Ce n'était qu'une occasion
de plus pour faire la fête !!!
C'est à ce moment qu'elle nous appris son mariage et qu'elle
était maintenant Comtesse de SAILLY ! Nous étions
tous un peu déconcertés d'autant que l'évènement
avait eu lieu en juillet. Le secret avait été bien
gardé et nous en voulions un peu à ce Monsieur de
SAILLY qui allait certainement nous priver de la présence
de notre idole ! J'ai eu l'occasion de le rencontrer une fois,
il ressemblait étrangement au capitaine HEUX. Cette union
restera pour moi un mystère que je n'ai jamais cherché
à percer. En janvier 1960 je recevais une lettre qu'elle
signait " Simone de Sailly ", elle me faisait part de
sa lassitude vis-à-vis d'un métier qu'elle n'aimait
plus, elle vivait à ALGER en spectatrice et se reposait.
La conclusion de sa lettre en ajoutait un peu plus au mystère
de son mariage. " Si Dieu le veut, après un repos,
pendant lequel je n'écris pas mes mémoires, j'essaierai
de recommencer quelque chose de neuf, de pur, de bien avec Pierre
H.HEUX. " C'est ce qu'elle fit.
Lorsque nous devions passer une nuit à ALGER nous déposions
le général Rue Meissonnier et nous trouvions l'hospitalité
à l'antenne des Troupes Aéroportées du Général
GILLES : on ne dormait pas beaucoup !
C'était l'époque
des " Hula-hoop " qui tournaient autour des tailles,
la championne incontestable était notre assistante sociale
préférée ! Elle en faisait tourner trois
à la fois. Le plus imaginatif ( !) était Jean GRACIEUX
qui le faisait tourner autour de son cou au grand désespoir
du sévère Colonel LE PORZ qui préférait
tourner la tête pour ne pas voir son patron faire le clown
!
J'étais privé d'exercice car un méchant kyste
qui s'était installé sur le coup de pied droit avait
dû être éliminé à coup de bistouri
le 22 décembre. Ce fut fait en catimini par un jeune chirurgien,
copain de HEUX, car j'étais trop prêt de la quille,
(on croyait mais elle ne fut là que trois mois et demi
après !) j'aurais dû attendre ma libération
pour être opéré dans le civil. Ben oui quoi,
ça fait des frais !!! Ce fut un secret de polichinelle
car bientôt tout le cabinet savait que j'étais planqué
dans une chambre de la popote du Général. Toute
la journée c'était un véritable défilé
de galonnés ou de copains qui venaient prendre de mes nouvelles,
on me gavait de Makrout aux amandes, de cornes de gazelles, de
baklaoua ou autres délicieuses pâtisseries algériennes.
Au bout de quelques jours il fallut retirer les fils, cela se
passa dans une salle de soin où attendait un gars sur un
billard. Il était salement touché, son mollet avait
été emporté par une décharge de chevrotines.
Il plaisantait, il n'arrêtait pas de parler et au lieu de
regarder le scialytique au dessus de ma tête j'ai voulu
regarder son mollet qu'un infirmier préparait pour être
opéré et
.je suis tombé
dans les pommes. J'ai été réveillé
à coups de paires de claques généreusement
distribuées par un infirmier malabar. J'ai été
copieusement mis en boite, le blessé était mort
de rire : " t'en fais pas, c'est rien, je vais être
rapatrié et pour moi la galère n'aura duré
que 6 mois !!! ". Oui c'est vrai il a été rapatrié
mais dans quel état !
C'est à la fin décembre que nous avons eu droit
à un mini tremblement de terre, c'était un Dimanche
matin, il n'y eut aucun dégât, nous n'avons ressenti
qu'une grande trouille. On m'a rapporté que le curé
qui était en pleine messe adjurait ses ouailles de ne pas
partir, ils étaient dans la maison de Dieu donc
.ils
ne risquaient rien.
Début janvier 1959,
la mauvaise nouvelle arriva. Le Général MASSU avait
quitté le commandement de la 10ème DP et était
devenu Commandant du Corps d'Armée d'ALGER en décembre
58. C'est Jean GRACIEUX qui prenait le Commandement de la 10ème
DP à partir du 1er Février. Il emmenait dans ses
bagages HEUX, CECCALDI et deux ou trois autres officiers de la
9ème DI. Je devais faire partie du " convoi "
avec Loulou LERAY mais je devais être libéré
assez vite (croyais-t-on) et ma mutation n'était pas possible.
Son remplaçant à ORLEANSVILLE fut le Général
du PASSAGE. Ce n'était pas du tout le même style,
je ne l'ai pas beaucoup connu, j'étais devenu un peu tire
au flanc.
Le départ de GRACIEUX se fit en douceur. Après une
permission d'une quinzaine de jours en Métropole, il s'installa
dans la zone avec sa division pour diriger une opération
de grande envergure, il débarquait souvent au PC de la
9ème pour faire le point et moi j'en profitais pour faire
le " porte-sac " entre le PC opérationnel dans
l'OUARSENIS et ORLEANSVILLE. J'avais crée un nouveau poste
et personne n'y trouvait à redire d'autant plus que mon
remplaçant était arrivé, pour une fois le
bureau des effectifs avait été plus vite que la
musique
Février fut riche en évènement.
Le nouveau Ministre de l'Information, Roger FREY (futur Président
du Conseil Constitutionnel) nous rendit visite. J'en garde le
souvenir d'un homme distingué et courtois. Toutefois il
n'a pas laissé que des bons souvenirs lors de son long
passage au ministère de l'intérieur, son préfet
de police non plus : c'était PAPON !
Le colonel BROTHIER, passa à ORLEANSVILLE à cette
époque. BROTHIER succéda au commandement du 1er
REP au Colonel JEANPIERRE, de 56 à 57 puis laissa la place
à nouveau au colonel JEANPIERRE de 57 au 29 mai 1958 pour
retourner dès le 1er juin aux commandes du régiment
jusqu'en 1959 pour la raison que l'on sait. Ce n'était
pas vraiment une visite de courtoisie, j'ai cru comprendre qu'il
venait râler auprès de GRACIEUX sur la tournure que
prenait l'opération en cours dans l'OUARSENIS.
Le 10 février le FLN fait exploser une bombe à la
poste - bilan : 1 mort, 17 blessés, le lendemain c'est
une grenade qui est jetée dans le grand garage d'ORLEANSVILLE
des dégâts bien sûr mais pas de blessé.
Le couvre feu est institué et nous n'avons plus le droit
de sortir seul en ville
Le Général du PASSAGE débarque le 18 février
très discrètement, apparemment il avait l'air étonné
de se retrouver dans un milieu qui lui paraissait hostile, je
n'ai jamais su d'où il venait et quel fut son parcours
après, il me semble me souvenir qu'il appartenait à
l'ABC avec tout ce que cela comporte de rigidité ( ?) et
le gilet de couleur.
Le 20 février visite du Général MASSU et
du Préfet CHAPEL ;
Le 27 février cérémonie de passation des
pouvoirs entre le général GRACIEUX et le général
du PASSAGE. Le " tout ALGER " est présent ainsi
qu'un détachement des régiments de la 9ème
DI, ça fait du beau monde !
Le général m'emmena
à MOLIERE pas très loin de BOU CAID en jeep sous
une forte pluie, c'est lui qui conduisait (comme d'hab !) et il
n'a jamais voulu mettre la bâche. J'étais assis derrière
lui et avec mon voisin (je ne sais plus qui) nous nous amusions
de voir les gouttes d'eau dégouliner du lobe de ses oreilles.
On s'amuse comme on peut ! Je ne regrettais pas d'avoir mis ce
jour là un casque . Pendant l'ascension j'étais
intrigué par l'attitude d'un gars couché sur l'aile
gauche du camion qui nous précédait. Mon voisin
m'expliqua que c'était un personnage précieux car
mieux qu'une " poêle à frire " (détecteur
de métaux) il relevait la moindre anomalie sur la route
qui pouvait laisser supposer la présence d'une mine. Il
fit stopper le convoi deux fois, ce furent deux fausses alertes
mais pendant qu'il était à plat ventre au milieu
de la route occupé à gratter la terre, je n'en menais
pas large.
Cela me rappelle une histoire qui fit le tour de la popote :
" Par téléphone, un officier d'Etat-Major demandait
au Colonel de ne pas oublier les " poêles à
frire " - N
Non, nous prendrons des rations ! "
Le Colonel MOREL, d'ordinaire assez froid et distant avait bien
compris lui aussi, que je pouvais être plus utile ailleurs
qu'à ORLEANSVILLE, c'est ainsi qu'il me proposa une visite
à AIN SOUR, petite bourgade située au-dessus de
MILIANA dans les Monts du ZACCAR. Quel paysage ! C'était
un endroit pas très fréquentable mais la beauté
des lieux faisait oublier un éventuel danger. Faut dire
qu'avec MOREL nous n'étions pas seuls, il y avait du monde
derrière et devant.
Le Colonel ESTEULLE, dont je ne me souviens pas exactement les
fonctions, était un homme, calme, posé, d'une grande
décontraction, m'emmena à LAVARANDE et nous fîmes
un autre jour une incursion dans la ZONE EST de l'ORANAIS à
INKERMAN.
C'est ainsi que semaine après semaine je pus me balader
dans une grande partie du CHELIF. J'étais devenu une espèce
de secrétaire particulier des officiers du cabinet. Mon
rôle consistait à préparer le dossier de l'unité
que nous allions visiter, cela m'obligeait à contacter
les chefs des différents bureaux de l'état-major
(personnels, matériel, action psychologique etc..) selon
l'objet de notre déplacement pour rassembler les documents
nécessaires.
Excellent souvenir du spectacle superbe d'une fantasia, d'un concours
hippique à Sainte Margueritte pas très loin de BOUFARIk
à l'occasion de l'AID ES SEGHIR, les moutons avaient passé
un mauvais quart d'heure, en méchoui ils furent délicieux.
Le 15 MARS le 1er bureau de l'Etat-Major de l'Armée nous
adresse le message suivant :
.MODALITES LIBERATION AUTRES CATEGORIES PERSONNELS DE CETTE FRACTION CONTINGENT SERONT PRECISEES ULTERIEUREMENT - STOP - |
Il s'agissait bien de mon contingent,
mais je n'étais arrivé qu'en février 58,
il va bien falloir que j'attende un peu. Pas très longtemps
en vérité car c'est le 20 AVRIL à 12 heures
30 que nous embarquions sur le VILLE de MARSEILLE.
Ce petit délai me permit d'aller faire un petit tour à
HYDRA au PC de la 10ème DP. Je fus reçu comme un
prince le Capitaine HEUX me fit visiter le site et m'invita à
déjeuner.
Voilà c'est terminé, je crois avoir tout raconté.
Pendant ces 28 mois j'ai mis à profit les conseils que
m'avaient donnés Claude BOUYER, le directeur technique
des VINS KIRAVI. Il m'avait dit : " Ne pars pas à
reculons, ce service il faut le faire et tu auras forcément
quelque chose à apprendre ". Et bien OUI, j'ai appris,
j'ai beaucoup appris et ce que j'ai appris ça m'a fait
grandir.
Cette guerre s'est mal finie. Il n' y a pas eu de victoire. Les
Régiments n'ont pas défilé à ALGER
sous les acclamations d'une foule unanime, nos héros sont
rentrés maussades, et lorsqu'ils disent d'un combat "
nous y étions ", il n'y a pas d'écho
..
Chaque génération
de militaires, chaque guerre a son vocabulaire, je vais essayer
de rappeler quelques mots ou expressions les plus utilisés
pendant cette période 1956-1962.
- paras - accrochage - ça accroche - on décroche
- ratissage - bouclage fellouze - rebelles - HLL - fellaghas -
FLN - prisonniers - maintien de l'ordre - forces de l'ordre -
raid - ventilateur - hélico - poêle à frire
- thalweg - opération - opérationnel - BRQ - RCP
- RCC -RIMA - RAMA etc
commando - les unités - embuscade
- convoi - escorte - tenue camouflée - paras - pataugas
- pacification - ralliement - médailles - l'interrogatoire
- le renseignement - gégène - les grottes - les
mechtas - djebel - oued - propagande - action psychologique -
loi-cadre - Ca été un beans ! - Y a qu'à
- pas de problème - coup de pot - coup de manque de pot
- piton - BMC - ralliement - désertion - SAS - pied noir
- barricades - PC - ordre général N° -
Que sont-ils devenus ? Je suis allé à la pêche sur internet et au Service Historique de la défense :
Général de Division GRACIEUX : né le 16 juillet 1908 à REALMONT (TARN)
Décédé le 23 Avril 1974 à l'hôpital
de la Salpêtrière
Service funèbre à Saint Louis des Invalides le 27
Avril
Grand Officier de la Légion d'Honneur
De février 1959 à fin janvier 1960, à la
suite du général Massu, il commande la 10ème
division parachutiste. Au moment de l'affaire des Barricades,
du 25 janvier au 1er février 1960, il est commandant de
la zone Alger-Sahel. Inspecteur des troupes aéroportées
en avril 1960, il est promu général de division
en avril 1961, juste avant d'être mis en disponibilité,
en mai 1961, en raison de ses sympathies pour la cause de l'Algérie
Française, puis placé en 2ème section en
1963. Il assure alors, comme bénévole, le secrétariat
général de la Chambre syndicale de la mécanique
de haute précision (c'est au siège de la Chambre,
Avenue de Breteuil, que je l'ai rencontré pour la dernière
fois en 1966 avant mon installation à MACON). Le 20 juin
1965, il succède au colonel Trinquier comme président
de l'Union Nationale des Parachutistes où il est secondé
par les colonels Buchoud et Trinquier, par le commandant Cabiro,
vice-présidents, et par Jean Rosier, secrétaire
général. Il s'occupe particulièrement du
reclassement professionnel des officiers " dégagés
" des cadres ou condamnés à la suite des événements
d'Algérie. (extrait du site www.salan.asso.fr)
Capitaine HEUX :
né le 16 Novembre 1928 à ROUEN
Décédé en 1995
Général de Brigade le 1er Août 1984
Commandeur de la Légion d'Honneur
Il fut après les capitaines CORNILL et HENTIC l'un des
protagonistes de l'Affaire KOBUS (BELHADJ DJILLALI A.E.K. BEN
MOHAMED) à partir du 28 mars 1957 jusqu'en avril 58 (assassinat
de KOBUS). Pierre HEUX fut blessé au cours d'un accrochage
le 22 sept.1957.
Après la 9ème
DI il sert comme aide de camp du général GRACIEUX
Commandant de la 10ème DP
Aout 1960 - bureau Etudes-Liaisons puis 3ème bureau à
l'EM du Commandant en chef des Forces en Algérie
Octobre 1961 - 11ème bataillon parachutiste de choc 'adjoint
au Chef de Corps)
Novembre 1963 - Ecole d'Application de l'ABC (stagiaire puis rédacteur)
Octobre 1966 - 13ème régiment de Dragons Parachutistes
Juillet 1969 - Etat-major des Armées
Juillet 1973 à Août 1975 - Officier instructeur à
FORT-KNOX (USA)
Septembre 1975 - Commandant du 13è Dragons Para
Septembre 1977 - Sous Chef puis Chef d'Etat-Major de la 4ème
Division Blindée et 61ème Division militaire territoriale
Septembre 1980 - Chef du secteur Monde Soviétique au Secrétariat
Général de la DN
Septembre 1982 - Adjoint du général Commandant le
1er Corps d'Armée et la 6ème RM -
Après ?????????????????
Colonel CECCALDI
Né le 4 janvier 1913 à CHAMBERET - (CORREZE)
Compagnon de la Libération - Grand Officier de la Légion
d'Honneur
Héros de la guerre 39/45 son seul canon de 75 lui vaudra
le surnom " d'Artilleur de KOUFRA - Son nom figure dans l'historique
de 4 régiments , de la Croix de la Libération ainsi
que sur un canon de 155 au 3ème RAMA. Après la 9ème
DI il sert comme adjoint du Général GRACIEUX à
la 10ème DP c'est à ce titre qu'il prit une part
active aux " journées des Barricades " en janvier
1960. Il assura l'intérim de la Division en mai 1960 -
Après, je pense qu'il demanda sa mise en disponibilité
! Décédé le 23 JUIN 2007 à TOULON
Colonel MOREL
Né le 6 décembre 1908 à Granges sur Vologne
(VOSGES)
Décédé le 9 Mai 1974 à Granges sur
Vologne - Inhumé à Puyloubier (13)
Compagnon de le libération - Grand Officier de la Légion
d'Honneur
Lui aussi c'est une " pointure " ! Il termine la guerre
de 39/45 avec 6 blessures et 6 citations - (Alger en 39 - Narvik
- Angleterre - Dakar - Keren - Palestine - Bir Hakeim - El Alamein
- Tunisie - Italie - Indochine puis Algérie) -
Il commanda la 13ème Demi-Brigade de la Légion Etrangère
en avril 1949
Après ORLEANSVILLE il est nommé en 1960 Inspecteur
de la Légion Etrangère et reçoit deux étoiles
- 1962/1964 - Adjoint au général commandant la 3ème
division en Allemagne - 1964/1966 - Commandant de la subdivision
des Alpes Maritimes et 3ème étoile - 1966/1968 -
Commandant de la 64ème Division Militaire à DIJON
Colonel GOIRAN - Officier de la Légion d'Honneur
- Croix de guerre 39/45
Né le 12 Octobre 1903 à NICE - Décédé
le 4 Août 1986 à NICE
MAROC - puis longues affectations dans différents états-majors
- Allemagne - INDOCHINE - ALGÉRIE - Termine sa carrière
avec le grade de Colonel à l'Etat-Major du Groupe de Subdivision
de CHAMBERY désigné pour l'encadrement des cadres
effectuant un stage d'information en ALGÉRIE ;
Il fut chargé de l'organisation matérielle des Nuits
de l'Armée en 1953
Colonel LE PORZ -
Grand Officier de la Légion d'Honneur - 6 citations - 1
blessure en 1940 et 1944 - CCV 39/45
AOF - CHINE - MAROC - INDOCHINE - TONKIN - ALGÉRIE - REGION
SAHARIENNES -
Termine Sa carrière avec le grade de Général
de Division - Conseiller pour l'Outre Mer auprès du Général
CEM de l'Armée de terre.
Toute reproduction totale ou partielle du texte est soumis à l'autorisation préalable de Michel Brun appelé du contingent à la 59ème Compagnie de Quartier Général en 1958-1959.
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