LES CONSEQUENCES

THE CONSEQUENCES

L'organisation du raid, sa préparation, le lieu du débarquement, les transmissions, le matériel, l'absence de bombardement préalable, l'absence de commandement unique, sont immédiatement mis en cause. Un seul homme va endosser toutes les erreurs, le général canadien ROBERTS. Il est mis à l'écart. Il ne participera pas à la campagne de France. Jamais, il ne se déchargera sur les véritables instigateurs du raid, Churchill et Montgomery ou sur l'air-marschall Harris pour l'absence de bombardement préventif. Il assumera tout, alors que dès le début il était opposé à bien des options.

Les conséquences directes sont : la remise à plat des débarquements en Europe occupée, et la nomination du général Eisenhower au poste de Commandant Suprême des Opérations sur le front Ouest. L'attaque frontale d'un port est abandonnée. L'opération Torch de Novembre 1942,(le débarquement en Afrique du Nord) est quant à elle trop avancée pour l'abandonner. Elle sera un succès, l'opposition n'étant en aucune façon comparable.

Le raid de Dieppe va être disséqué, toutes les erreurs sont analysées pour aboutir au projet Overlord que nous connaissons. Les options non retenues pour Jubilee et que Roberts n'avait pu défendre sont reprises : lâchers de parachutistes, bombardements massifs préventifs tant aériens que navals, débarquement important de blindés. La Résistance française est mise à contribution. Les services de renseignements alliés renforcés. Des reconnaissances plus sérieuses effectuées au point d'analyser la consistance du sable des plages de Basse-Normandie. Des centaines de nouveaux matériels sont mis à l'essai, ils feront une apparition remarquable dans la bataille de Normandie.

Au Canada, le choc passé, la polémique va naitre. La population demande des comptes au gouvernement fédéral. Car au delà des chiffres, 1000 morts, ce sont des milliers de personnes qui sont concernées. Comment des soldats ont-ils pu être employé dans une telle opération suicide. Comment les Anglais ont-ils pu envoyer des Canadiens en opérations sans l'accord du Gouvernement Canadien (l'Etat Major Canadien avait donné son feu vert). Pourquoi avoir méprisé l'avis des opposants au raid ? Alors la presse et la radio vont transformer les victimes en héros. 60 ans après la question reste posée :"ce raid avait-il lieu d'être ?"

Les Allemands saluant les morts canadiens

Pour les Allemands, Dieppe sera une victoire qui les confortera dans l'idée qu'il faut empêcher tout débarquement dès les plages. Un formidable effort va mobiliser des milliers d'esclaves et d'ouvriers requis dans la construction du Mur de l'Atlantique. Les ports sont fortement fortifiés car les Allemands estiment qu'il faut aux Alliés un port pour assurer la logistique. On sait que les alliés amèneront le port avec eux. La perte d'un port sera pour les Allemands une hantise, si bien que des troupes seront maintenues sur place au moment du 6 juin 1944 par crainte d'un second débarquement à proximité d'un port. Les Alliés frapperont ailleurs, dans une zone moins défendue. Et puis les Allemands oublieront cette victoire submergés par la vague qui va déferler à partir du 6 juin 1944 sur le front de l'ouest.

Quand au gouvernement de Vichy, il se conforte dans sa conviction que seule la collaboration est la bonne voie pour la France, la forteresse Europe étant devenue imprenable. L'occupation totale du territoire en novembre 1942 montrera que toute la doctrine de collaboration n'est qu'illusion. Dans la population française, au delà de la déception du moment, un formidable espoir va naître. Les Alliés peuvent débarquer et comme le disait un Canadien prisonnier à la population dieppoise, "nous reviendrons et plus fort encore".

Le premier septembre 1944, les hommes de la Deuxième Division Canadienne auront l'honneur de revenir à Dieppe.

Pourville 1944