PUYS

Nom de code : Plage bleue

Bien souvent appelée à tort PUITS dans les plans

Puys en 2003

La flotte des LCP et Landing-craft sous la direction du MGB 316 (capitaine de corvette GOULDING) vient de se lancer vers les plages et déjà les 554 hommes du Royal Régiment of Canada sont en retard.L'objectif du bataillon est cependant clair, franchir la plage avant l'aube, se diriger vers l'ouest pour neutraliser les batteries de la falaise à l'est de Dieppe pouvant tirer sur les forces des plages rouge et blanche et rejoindre leurs camarades débarqués à Dieppe.

Jamais les Royal ne pourront atteindre le sommet de la falaise. Erreur des services de renseignements ou oubli, les Royal vont avoir à traverser une plage de très gros galets et se présenter face à un mur de 100 mètres de long et de trois mètres de haut barrant toute la plage. Le mur est surmonté d'un réseau de barbelés. Deux escaliers, un au centre et l'autre à l'ouest permettent en temps de paix de sortir de la grève, escaliers obstrués par un réseau de barbelés.

 

Les marins vont commettre une bévue, plutôt que de foncer droit sur la plage, les transports vont bifurquer à l'ouest, longer la falaise pour se présenter au dernier moment devant Puys. Les Allemands du haut de la falaise vont voir défiler sous leurs yeux les transports. Pourtant jusqu'à 100 mètres de la plage tout est calme. Mais les LCP ont 16 minutes de retard et le jour est levé. Il est 5H07 et l'enfer se déchaîne. Camouflés dans les falaises, les villas, les blockhaus , les Allemands ouvrent le feu. Le major Scholfield est l'un des premiers à sortir et à mourir. Des soldats sortent des 7 landing-crafts. Moins de 20 arrivent au pied du mur. Tous les défenseurs sont à leur poste et chaque balle porte. Une mitrailleuse dans une cuve de béton tient la plage en enfilade. Aucun système de transmission ne fonctionne et Roberts ne connait rien de la situation alors qu'il aurait pu arrêter la seconde vague.

A 5H30 une deuxième vague de landing-crafts aborde la plage. Des hommes tentent de s'approcher des blockhaus pour les neutraliser. Ils sont abattus l'un après l'autre. Alors va naître une polémique qui n'est pas encore close. Selon des officiers de marine, il aurait fallu obliger les Royal à débarquer sous la menace des armes. Aucun des rares officiers canadiens survivants n' a confirmé ces propos.

Une troisième vague est prévue, elle débarque à 5H45. La folie continue. Quelques Royal arrivent à franchir le mur et errent dans le hameau. Les destroyers tentent par leur feu de museler les défenses allemandes. Ils prennent des risques en s'approchant au plus près de la côte, mais rien n'atténue le déluge de feu. Pourtant à un moment le feu cesse. Abasourdis de voir des hommes se jeter dans l'enfer, les Allemands (commandés par Richard Schnosengerg) cessent de tirer.

Roberts dispose pour prendre ses décisions d'informations contradictoires. A 5H30, message signalant "pas de débarquement", A 6H20, message "tous débarquements effectués sauf plage bleue, durs combats en cours". A 6H55 nouveau message "débarquement effectué à plage bleue peu de pertes". A 7H40 "Doug débarqué avec 3 compagnies pratiquement indemnes". Aucun appui aérien n'est donc demandé pour Puys.

Sur la plage c'est le sauve qui peut, un dernier landing-craft échoué est pris d'assaut. Quelques rescapés parviennent à gagner le large, le dernier sera recueilli en mer 2H30 plus tard. D'autres landing-crafts tentent de s'approcher sous le feu des Allemands. C'est trop tard.

Le lieutenant-colonel Catto à la tête d'un petit groupe a réussi pourtant à sortir de la plage, à prendre d'assaut plusieurs maisons. Ces isolés n'entendent plus aucun bruit venant de la plage et se trouvent bien seuls. Ils atteignent la route qui relie Dieppe à Puys, tentent d'attaquer une batterie de 88 qui les repoussent. Le groupe va rester caché jusqu'à 16 heures20, moment où le lieutenant- colonel Catto se rend après avoir fait le coup de feu comme un simple soldat. Ce furent certainement les derniers soldats du raid à se rendre. Les premiers navires alliés arrivent en vue des cotes anglaises.

Sur les 554 hommes qui descendirent sur la plage, 225 furent tués, 65 seulement revinrent en Angleterre dont 32 indemnes.Le régiment eut ce jour là 94,5 % de pertes.

Les Américains ont baptisé la plage d'Omaha du 6 juin 1944 "Omaha la Sanglante", Puys a été oublié.

Le blockhaus qui causa tant de morts est désormais le monument à la mémoire des soldats du Royal Regiment of Canada venus des vastes plaines du Canada mourir sur une plage normande.