TRISTE VICTOIRE

238 000 morts militaires et résistants français manquent à l’appel és,

n’oublions pas ’y ajouter les 40 000 Alsaciens et Lorrains (morts et disparus).

De 380 000 à 412 000 civils ont été tués dont 180 000 à 220 000 déportés.

Les prisonniers de guerre de 1940 commencent à rentrer chez eux, ils sont près d' Un million. Marqués au dos de leurs uniformes rapés des initiales K.G. (Kriegsgefangene). Ils laissent derrière eux en Allemagne, Pologne et Russie : 37 000 morts. L'évacuation des stalags, a commencé en septembre 1944 par ceux de Rhénanie, suivie en janvier 1945 par la Poméranie, puis les autres camps.

C'est aussi le retour des déportés. Entre les trains de prisonniers, d’autres trains rapatrient les survivants des camps de la mort. De plus chanceux rentrent par avions directement sur Paris-Le Bourget. Les autorités françaises veulent faire vite. En mars 1945 : 20 000 rapatriés, en avril : 313 000, en mai : 900 000, en juin : 276 000, malgré la pénurie de transport. Rendons un hommage à Henri Frenay, à ses équipes et aux milliers de bénévoles qui réussissent ce rapatriement alors que la France est dévastée.

La France incrédule va découvrir avec horreur les atrocités des camps de concentration. Des centaines de trains bourrés de prisonniers libérés, des centaines de convois spéciaux des survivants de Ravensbrück, Dora, Buchenvald et tant d’autres camps vont se succéder en direction de la France. Des hotels sont réquisitionnés à Paris. La sécurité militaire exerce un controle rigoureux des libérés, car il s'agit de contrôler les arrivants, de vérifier soigneusement leur identité. Il apparait que d'anciens miliciens, des engagés à la Légion des Volontaires Français contre le Bolchevisme ou dans la Waffen S.S., voire des travailleurs volontaires se glissent dans le flot des gens à rapatrier. Les éléments douteux sont gardés pour un examen approfondi de leur situation. La comparution devant les tribunaux répressifs attend les individus coupables de collaboration avec l'ennemi.

Les déportés du S.T.O. auront le sentiment qu'on les oublie un peu et qu'on ne les prend pas en considération. 700 000 ont été déportés, 15 000 d'entre eux ont été fusillés, pendus ou décapités par les nazis. Il faudra du temps pour que les associations de résistants-déportés éportés.

Mais tous les prisonniers qui rentrent n’ont pas tous l’air si affamés qu’on le pensait, certains se sont plutôt bien débrouillés. Quand en 1943, le Reich a décidé de les libérer sur place pour les obliger à travailler pour l’Allemagne, on a vu des milliers de K.G. prendre la place au travail des Allemands mobilisés, parfois leur lit avec la fermière. Certains sont en bonne forme  et découvrent un monde qu’ils ne soupçonnaient pas. Un monde de misère, de ruines où il va falloir réapprendre à vivre. Ils vont découvrir Oradour, Vassieux, Tulle et tant d'autres villages aujourd'hui oubliés : Dun-les-Places, Maillé, Etobon, Buchères. 10 000 anciens prisonniers de guerre ne rentreront jamais, faisant souche en Allemagne. Parmi ceux qui rentreront plus tard, les “Malgré Nous” libérés en décembre 1945 des camps d’internement soviétiques. Ils ont perdus entre mai et décembre 1945 : 2 000 des leurs, internés au camp de Tambov. A la fin de l'été 1945, on comptera 910 000 prisonniers rapatriés. Il en arrivera d'autres, libérés et pris en charge par les Russes mais bien plus tard, après maintes tribulations et embarquements aux ports d'Odessa ou de Mourmansk.


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D’autres convois amènent des prisonniers de guerre allemands pour travailler à la reconstruction de la France (ils sont 1 000 000 en tout, dont 640 000 cédés par les Américains et 25 000 par les Britanniques). Ils seront encore 300 000 en 1946 occupés dans l'agriculture et au déminage. Entre temps, ils seront passés du statut de prisonniers à celui de travailleurs libres et payés (mal). Sans argent, ils mettront du temps à rentrer chez eux. Les derniers seront libérés par les Français en 1949. Mais quelques uns resteront

Les déportés, les prisonniers et les soldats démobilisés qui rentrent vont trouver un pays en ruines, paralysé, divisé, traumatisé.

- Un pays en ruines : 2 600 000 logement sont détruits ou très sévèrement endommagés, 10 000 ponts sont détruits, 20 000 kilomètres de voies ferrées ont disparu, le réseau routier a gravement souffert, 90 000 kilomètres du réseau téléphonique ont disparu, les ports sont détruits ou minés, des usines entières ont été déménagées. Les mines qui parsèment les plages, la mer et les zones de combat provoqueront encore des milliers de victimes pendant les 50 ans à venir. Par contre, les milliers de blockhaus construits pour constituer le mur de l’Atlantique, le mur du sud, la ligne Maginot et la ligne Siegfried sont en place pour des siècles. Beaucoup de réfugiés vivront encore plusieurs dizaines d’années dans des baraquements provisoires ou des

- Un pays paralysé car les destructions empêchent la circulation des trains, la circulation des camions. Le ravitaillement n’arrive pas où on en a besoin. Les restrictions persistent et les tickets de rationnement ont encore de beaux jours à vivre. Les transports de voyageurs sont difficiles. Le pays ne se relèvera qu’avec l’aide du Plan Marshall et de beaucoup d'efforts.

- Un pays divisé par les règlements de comptes qui vont déchirer les familles. Collaborateurs, profiteurs, sont poursuivis. Un pays divisé par les idéologies politiques et la guerre froide qui s’installe entre les Alliés. Il faut également désarmer les "milices patriotiques" qui tiennent

- Un pays traumatisé par la défaite de 1940. 

Les victoires sur l'Allemagne nazie et le Japon impérialiste mettent  fin à une guerre qui a duré 2 194 jours,  qui s’est déroulée sur toute la planète, qui a fait entre 38 et 55 millions de morts, 3 millions de disparus. Deux millions et demi de réfugiés errent sur les routes

L’Europe mettra plusieurs dizaines d’années à réparer ses infrastructures. En Europe de l’Est, les forces soviétiques commencent une annexion des territoires conquis. Des gouvernements à leur solde se mettent en place. L’Europe va se trouver divisée ’installe pour 44 ans.

La France participe au Tribunal de Nuremberg qui juge les criminels de guerre nazis et juge chez elle tous ceux qui sont soupçonnés de collaboration

Dès le 9 mai 1945, des forces françaises commencent l’occupation d’une partie de l’Allemagne, de l’Autriche et de Berlin (partagés en 4 zones).  Lorsque l'occupation  cessera officiellement, des troupes françaises continueront à stationner ’O.T.A.N..

Des participants de ce dernier conflit vivent encore parmi nous, ce sont nos parents et grands-parents. Ils ont laissé leur jeunesse, leurs espoirs, leurs illusions

Le 12 mai 1945, les autorités françaises organisent une cérémonie militaire en forêt de Compiègne, dans la clairière de Rethondes, destinée à effacer le souvenir humiliant de l'armistice de juin 1940. En présence du Commissaire de la République, du gl Priou commandant la deuxième région militaire et du gl américain Gallagher, lecture est donnée, face au monument du Maréchal Foch, de l'acte de capitulation de l'Allemagne, Un défilé de troupes françaises et américaines cloture cette érémonie.

Le 21 octobre 1945, une autre manifestation se déroule dans la clairière de Rethondes, à peine dégagée des ronces et des buissons. Le gl Koening passe en revue des détachement des troupes américaines et françaises, manière d'effacer encore une fois le souvenir l'armistice de 1940. Le wagon de 1918 a disparu. La plaque rappelant le 11 novembre 1918 a été détruite. Veille sur les lieux la statue du maréchal éenlever.

Le 11 novembre 1945, une nouvelle cérémonie se déroule dans la clairière nettoyée par des prisonniers allemands. "Ici, le 11 novembre 1918 succomba le criminel orgueil de l'Empire allemand vaincu par les peuples libres qu'il prétendait asservir" proclamait la plaque détruite, elle

Les fils des vaincus de 1940 et des vainqueurs de 1945, dans moins de 10 ans, prendront eux aussi le train et le bateau pour une guerre qui sera pudiquement baptisée : Opérations de sécurité et de maintien de l’ordre en Algérie. Ces fils à qui un père a manqué pendant des années, et qui, enfants ont été mal nourris, mal habillés, mal chauffés. Lorsqu’ils prennent le bateau pour Alger ou Oran, il y a à peine 5 ans qu’ils mangent àleur faim.


La fin d'une Guerre



La Quatrième République