1808 : France, Espagne.

Les soutiens de famille et les séminaristes sont exemptés du service militaire. LA PAIX ! Un traité de paix a été signé à Tilsit et voici la Grande Armée au repos.

Pas tout à fait, car en Espagne la situation évolue dans un sens que Napoléon n'avait pas prévu. La situation politique est confuse et Napoléon veut intervenir. Les troupes françaises en place depuis des mois sont attaquées. A Valence, c’est la révolte et 300 Français sont massacrés. Commence une guerre cruelle et sans pitié. Une grand partie des Français évacuent Madrid. Ils y reviendront en force. A la suite d’une rixe quelques soldats français ont été assassinés. La vengeance de la troupe est terrible. Le 2 mai 1808 (Dos de mayo) à Madrid, une manifestation de la population se rassemble. Les Français sont 30 000 bien armés, expérimentés. Après que les 2 canons de la Garde aient tiré sur la foule, la cavalerie française, lanciers et mameluks, charge sabre au clair, les têtes volent. Les manifestants tentent de résister. De toutes parts afflue l‘infanterie française, les soldats sont déchaînés. Ils massacrent tous ceux qu’ils rencontrent. Rentrant dans les maisons, ils massacrent femmes et enfants. Les têtes volent, jetées par les fenêtres. Il faut l’intervention des Chasseurs de la Garde pour arrêter le massacre. La répression qui suit est impitoyable. Une commission juge sommairement ceux que l'on a épargné. Une seule peine : la mort. Les pelotons d'exécution ne vont pas cesser de tirer de la nuit. 1 400 Espagnols ont perdu la vie, 170 Français ont été égorgés.

Il y a 80 000 hommes en Espagne, mais à part quelques unités d'élite, les renforts sont en majorité composés de conscrits inexpérimentés.

Le massacre de Madrid et la nomination de Joseph Bonaparte comme roi d'Espagne vont entraîner le soulèvement général de la population espagnole. Des actions de “guérilla” vont se développer et ne cesseront qu’au départ du dernier Français. Les Français fusillent tout Espagnol pris avec une arme, qui va du couteau de poche à l’arme plus conséquente. Les actes de cruauté vont se multiplier. Les blessés sont achevés, cloués aux portes des granges, jetés dans les puits. Les prisonniers hommes et femmes sont massacrés, sciés entre deux planches. Les isolés, les petits convois sont harcelés. Les unités en quête de vivres ou de fourrages sont massacrées.

Les Français souffrent beaucoup de la soif. Ils boivent l’eau des rivières, l’eau des mares et en sont malades. Les Français poursuivent les massacres de civils soupçonnés de complicité avec les partisans. Goya va immortaliser ces scènes d’horreur. Les conscrits engagés dans cette guerre ne s’en remettront jamais.

A Bailen (ou Baylen) le 19 juillet, c’est la première bataille rangée et la première défaite française. Sur les 40 000 Français engagés, 7 000 meurent et 20 000 se rendent. C’est un coup de tonnerre sur l’Europe. Une armée française a été battue en rase campagne par une armée de traine-savates commandée par des curés. Sauf que les Espagnols étaient 38 500 avec 46 canons dont beaucoup de troupes régulières (ils ont perdu 4 100 hommes). Devant Saragosse, l’Armée française entame un siège qui ne dure guère. En août, il est levé.

Le 31 juillet 1808, l’Armée anglaise débarque en Espagne. L'Armée française du Portugal à Vimeiro subit une cuisante défaite. Ses 13 050 hommes font face à 19 000 hommes (17 000 Anglais et 2 000 Portugais). Au soir les Anglo-portugais ont perdu 650 tués et blessés, les Français ont eu 3 000 tués, blessés et prisonniers et ont perdu 13 canons. Par un accord signé à Cintra, le gl Junot capitule avec son armée. Les prisonniers seront déposés par les Anglais en Bretagne à la grande fureur de la population anglaise.

Les prisonniers sont généralement bien traités par les deux camps, seuls exceptions, les marins et ceux faits par les Espagnols. La plupart des officiers prisonniers des Anglais donnent leur parole de ne pas s’évader et circulent presque librement en Angleterre, invités par les familles. Les hommes de troupe sont également bien traités et dès qu’un traité est signé rentrent au pays.

Il en va tout autrement pour les prisonniers français faits par les Espagnols (hommes, femmes et enfants). Les prisonniers sont déportés sur l’îlot de Cabrera (près de Majorque) en Méditerranée ou sur les pontons de Cadix où ils vont mourir par centaines, faute de nourriture et de soins. Cabrera est un enfer grillé par le soleil où les prisonniers sont livrés au bon vouloir de leurs gardiens. Ils sont ravitaillés par chaloupe, théoriquement tous les 4 jours. Mais la chaloupe oublie souvent de venir. Il faut l’intervention des Anglais pour que les Espagnols améliorent les conditions de détention et que les survivants soient rapatriés en Angleterre. Pourtant ces Anglais ont inventé le « ponton » où ils gardent prisonniers les marins français. Le ponton, la hantise des marins prisonniers. De très vieux navires à qui l'ont a retiré le gréement servent de prison. Tous les sabords ont été cloués, toutes les ouvertures fermées. Dans une puanteur indescriptible, des centaines d'hommes sont enfermés dans les ponts inférieurs où ils vivent, jours et nuits. De temps en temps, de manière aléatoire, ils prennent quelques minutes l'air sur le pont et de nouveau l'enfermement. Ces vieux navires prennent l'eau et il n'est pas rare de voir la cale totalement inondée. Les hommes vont y demeurer des mois. Des centaines meurent de faim, de froid. Un moyen d'en échapper, s'engager dans la Marine anglaise.

Le 3 novembre 1808, Napoléon arrive en Espagne. Des renforts venus à pied d’Italie et d’Allemagne l'accompagnent. Les Français sont maintenant 200 000.

A Burgos, l’Armée espagnole est rangée en bataille pour couvrir la ville. Dès que la tête de colonne française est à portée de canon, trente pièces, en batterie devant le village de Gamonal, font feu. Soult donne l’ordre d’attaquer, quoique les troupes qui le suivent soient encore éloignées. L’Armée espagnole, composées de gardes wallons et espagnols, défend Gamonal. Les soldats français chargent à la baïonnette et les culbutent.

Les vainqueurs de Baylen subissent un grave revers. Le centre espagnol est en déroute, mais leurs ailes tiennent encore. La cavalerie française, les déborde, les charge, les met en déroute, et entre dans Burgos sur les pas des fuyards. Le château de la ville ne cherche pas à se défendre, et les Français l’occupent. Cette victoire française coûte aux Espagnols 3 000 tués ou blessés, 5 000 prisonniers, dont plusieurs généraux et officiers supérieurs, 12 drapeaux et presque toute l'artillerie. Les habitants de Burgos avaient abandonné leurs maisons pendant le combat . Les Français trouvent des approvisionnements considérables en blé, farine et vin. L’Empereur y établit son quartier général, Burgos devient un centre des opérations en Espagne.

Napoléon prend en personne le commandement de l'Armée d'Espagne le 6 novembre. Burgos est au débouché d'un défilé qui permet de pénétrer en Castille. Les avant-gardes françaises bousculent les Espagnols en avant de la ville et à Espinosa. Puis marchent vers la Madrid par le col de Somosierra. Le 30 novembre au matin, l'Armée française arrive à proximité du col. Un brouillard épais empêche une charge organisée de l'infanterie. Le débouché de l' armée risque de prendre beaucoup de temps. Il semble donc nécessaire de prendre d'autres dispositions. Napoléon donne l'ordre de faire charger le 3e escadron des Chevau-légers polonais. Chargeant sabre au clair les canons espagnols, l'escadron (150 hommes) est presque détruit. Tous les officiers sont tombés. Mais le passage est dégagé et toutes les troupes espagnoles sont en fuite. La charge elle-même, s'est effectuée sur environ deux kilomètres et demi, a duré sept minutes. Il y a 57 tués et blessés polonais. Les Espagnols ont perdu 200 tués et 2 000 prisonniers. Le nombre n'est pas nécessairement une garantie de succès. L'Armée française fait son entrée à Madrid le 4 décembre.

1809 : Espagne.

A Saragosse, le siège reprend du 26 janvier au 20 février 1809. Lannes disposent de 30 000 hommes avec 60 canons. Autour de la ville, tout a été dévasté par les Espagnols. Les Français ne peuvent compter sur aucun approvisionnement. Dans la ville fortifiée, chaque maison a été transformée en citadelle et 100 000 personnes, galvanisées, fanatisées par les prêtres et les moines attendent les Français. La première attaque de front échoue et c’est le Génie qui va mener une guerre de sape. C’est sous terre que va se jouer le sort de Saragosse. Sapeurs du génie, mais aussi fantassins vont travailler à creuser le sol, jour et nuit, officiers compris. Passant sous les murailles, les Français débouchent dans les caves de la ville. Le Génie détruit les maisons une à une pour en déloger les défenseurs. C’est un massacre à la baïonnette, au couteau et au sabre. Le 20 février, après une gigantesque explosion, Saragosse capitule. 54 000 Espagnols sont morts, leurs cadavres jonchent les rues. Les Français ont 4 000 tués et blessés. Le gl Lannes avait promis que les Français après la capitulation épargneraient la population. La promesse est tenue.

Le 25 décembre, l'Armée anglaise va être enveloppée et, vraisemblablement, prise ou anéantie ; mais la fortune nous refuse ce succès. L'Anglais, (30 000 hommes) se dérobe et file vers La Corogne. C'est une fuite désordonnée. Il ne se contente pas de faire sauter les ponts derrière lui, il sème les routes de bagages abandonnés, et les soldats pillent et brûlent les maisons.
À partir d'Astorga, c'est Soult qui dirige la poursuite. Il laisse échapper des occasions de battre les troupes en fuite ; mais il les atteint à La Corogne et leur livre bataille. Il en coûte aux Anglais deux généraux tués, et 1 200 hommes tués ou blessés. Le reste se rembarque précipitamment, abandonnant un matériel considérable, et laissant les blessés et les malades à la générosité de Soult.

1809 : Océan Atlantique, île d'Aix.

Le 21 février 1809, huit vaisseaux et deux frégates venus de Brest et d'autres venus de Lorient et de Rochefort, doivent se rendre de Rochefort aux Antilles, y déposer des secours en hommes, en munitions, en vivres, puis revenir à Toulon.
Le 22, quand les vaisseaux de Brest se présentent devant Lorient, ceux de ce port se sont pas prêts. La division de Rochefort n'est pas plus en état de prendre la mer que celle de Lorient avec la moitié seulement des équipages à bord des vaisseaux : la Ville-de-Varsovie, le Patriote, le Jemmapes, le Calcutta, et des frégates la Pallas et l'Elbe. Sans les attendre, l'amiral continue sa route vers la Charente, où il arrive sans encombre le 24. A 07H00, l'escadre de Brest arrive à l'île de Ré. La flotte anglaise apparaît suivant la Calypso, l'Italienne, et la Cybèle de la division de Lorient qui ont pu enfin sortir. Menacées par les Anglais, nos frégates manoeuvrent mal et s'échouent. Le vaisseau Jean-Bart, de la division de Brest, se perd le 26 février sur la pointe des Palles. Un différend apparaît entre les divers commandants de divisions, le ministre change le commandant en chef.
Quand la flotte anglaise parait en vue de l'île d'Aix, elle compte douze ou treize vaisseaux, dix frégates, cinq corvettes et six bâtiments de transports. Le 22 mars, de nouveaux bâtiments viennent grossir la flotte anglaise, et parmi eux des brûlots. Le 3 avril, la flotte anglaise reçoit de nouveaux transports et d'autres brûlots. Le 8, les forces anglaises réunissent soixante bâtiments. Le 10, on en compte soixante-douze puis soixante dix-sept, à savoir 11 vaisseaux de ligne portant 872 canons ; 7 frégates, 250 canons; 3 corvettes, 54 canons; 8 bricks, 84 canons; 2 bombardes, 16 canons; 1 goélette, 10 canons ; 2 cotres, 20 canons. Auxquels il faut ajouter : 40 transports ou brûlots et 3 navires machines infernales. Les Français sont beaucoup moins nombreux, surtout en petites unités, soit : 11 vaisseaux de ligne portant 852 canons; 4 frégates portant 184 canons : c'est-à-dire 15 unités, 1036 canons. Nos vaisseaux sont encombrés des fournitures destinées aux Antilles. Ils se sont amarrés les uns aux autres pour tenir deux lignes continues.

Le 11 avril, 17H30, les Anglais approchent 30 brûlots destinés à enflammer et faire sauter les navires français. Les équipages

français coupent leurs amarres et tentent d'échapper à ces menaces mortelles. Une grande pagaille se déclenche. Les navires français partent dans tous les sens. Les navires s'abordent, se touchent, s'évitent de peu dans la nuit qui tombe, s'échouent. Les Anglais n'ont toujours pas risqué un homme.

Quand le jour se lève, Le Foudroyant et le Cassard, sont intacts. Ils ont dû jeter à la mer une partie de leur artillerie, mais leurs couleurs flottent encore à l'embouchure de la Charente. Le Régulus flotte toujours. La Ville-de-Varsovie, l'Aquilon, le Calcutta, le Tonnerre, sont échoués. Le Tourville, l'Hortense et la Pallas, le Tourville, l'Elbe le Patriote sont dispersés. L'Indienne est engagée parmi les roches.
La flotte anglaise s'avance contre quatre de nos navires, qui sont couchés sur le flanc et empêchés de se servir d'une bonne partie de ce qui leur reste de canons. Le Calcutta est attaqué le premier. Il réussit à soutenir le combat, pendant deux heures. A bord du Calcutta envahi par l'eau, l'équipage s'était remis au travail. Quand trois frégates et deux bombardes anglaises, puis bientôt deux vaisseaux attaquent. Le Calcutta pris par le courant s'échoue de nouveau, non loin de l'épave du Jean-Bart.Vers quatre heures, le commandant décide d'évacuer, mais comme il ne faut pas que le vaisseau reste aux mains de l'ennemi, le commandant en second y met le feu. L'équipage, empilé dans des embarcations, se range le long du bord de l'Océan. La Ville-de-Varsovie et l'Aquilon sont attaqués et doivent capituler et les équipages sont prisonniers. Les deux navires abandonnés partent à la dérive. Les Anglais vont les incendier. A bord du Tourville, le commandant décide qu'il ne reste plus de chance de salut pour le vaisseau, le fait incendier. La Ville-de-Varsovie, l'Aquilon, et le Tonnerre en flammes éclairent la nuit du 12 au 13 avril .
La bataille nous coûte, en pertes matérielles, quatre vaisseaux, une frégate, et des masses d'artillerie, de munitions et d'approvisionnements de toutes sortes. Il reste sept vaisseaux, quatre frégates. Nos forts et batteries n'ont été l'objet d'aucune agression, et le port et l'Arsenal de Rochefort n'ont rien vu, même pas le haut des mats des vaisseaux ennemis.
La flotte française a perdu quatre vaisseaux et une frégate et les navires survivants ont du dû jeter à la mer une partie de leur artillerie : l'Océan, 47 canons ; le Foudroyant, 62 ; le Cassard, 42. ; le Régulus, 66.; le Tourville, 27; le Jemmapes, 13.; le Patriote, 63 ; le Pallas, 25 ; l'Elbe, 19 ; l'Hortense, 20 : soit 385 canons. Cette défaite ne va pas réhabiliter la Marine aux yeux de l'Empereur.

1809 : Martinique.

Le 30 janvier 1809, les Anglais avec 12 000 hommes attaquent la Martinique où sont retranchés 6 000 soldats dont 1 500 fantassins de la ligne et 300 marins des compagnies de débarquement. Les autres sont des gardes nationaux à la qualité guerrière limitée. Les Anglais déclarent que ceux qui seront pris les armes à la main verront leurs biens confisqués. Ce qui provoque des désertions en masse dans la Garde nationale. Lorsque les Anglais parviennent à Fort-de-France le 2 février, ses défenseurs se sont réfugiés au fort Desaix. Les Français ne sont alors plus que 1500, tous les autres ont déserté.

Le 19 février, l' assaut général est donné après un violent tir d'artillerie qui met 98 des 113 canons du fort hors d'usage. L'assaut est repoussé par les défenseurs. Le 24 février, après 22 jours de résistance, Villaret de Joyeuse, sans aucun espoir d'être secouru et avec la moitié de sa garnison hors de combat, négocie une capitulation honorable. Les Anglais lui accordent "les honneurs de la guerre" mais la garnison est prisonnière.

1809 : Réunion, Île Maurice.

Le 25 septembre 1809, la position de Saint Paul se rend après plusieurs mois de blocus. Après un retour des Français, le blocus reprend en 1810 devant Saint Denis. Les Français sont 500 qui s’opposent pendant 2 jours aux 4 000 Anglais débarqués.

En août, les Anglais s’attaquent à l’Île de France (Île Maurice). Ils sont 18 000 qui attaquent les 1 800 Français.

L’amiral Duperré réussit à envoyer par le fond une partie de la flotte anglaise (c’est la seule victoire navale gravée sur l’Arc de Triomphe). Le 2 décembre, les Français capitulent après de violents combats désespérés. Duperré réussit à rejoindre la France avec son navire malgré le blocus anglais.

1809 : Campagne d'Autriche.

Pendant ce temps à l’est de la France, la guerre reprend. L’Autriche a mobilisé 500 000 hommes. Les meilleures troupes françaises sont en Espagne et l’Empereur ne peut compter que sur les conscrits de la classe 1810 et quelques vétérans. 80 000 hommes des classes précédentes sont rappelés pour une nouvelle campagne. Seuls ces vétérans sont des soldats expérimentés. La France peut aligner ainsi 300 000 hommes (dont 200 000 Français). Les autres sont des Wurtembergeois et des Bavarois.

Le premier choc a lieu à Thann le 19 avril où le III° Corps de Davout balaie les Autrichiens. Seconde bataille à Abensberg les 19 et 20 avril, les 80 000 Autrichiens y perdent 2 800 tués et blessés et 4 000 prisonniers, les 90 000 Français perdent 2 000 tués et blessés. Les Autrichiens reculent jusqu’à Landshut, où ils sont de nouveau battus le 21 avril. Le même jour à Schiesling , ils sont battus de nouveau. Mais ces combats limités ne sont qu'un prélude à la rencontre d'Eckmühl du 22 avril 1809.

Les Autrichiens ont distribué leurs troupes en trois colonnes. La première de 24 000 hommes. La seconde de 12 000 hommes, avec l’archiduc-généralissime à sa tête. La troisième de 40 000 hommes, en face du maréchal Davout. Cette troisième colonne doit rester immobile et défendre contre les français la route de Landshut à Ratisbonne, tandis que les deux premières colonnes font leur effort sur Abach.
L’offensive se déclenche par la droite autrichienne, forte de 36 000 hommes. Jusqu’à 08H00, un épais brouillard enveloppe le champ de bataille. Dès que le brouillard disparaîtra, on se prépare de part et d’autre, les uns à la défense, les autres à l’attaque. Le maréchal Davout a disposé ses troupes et attend. Avant midi pas un coup de fusil ou de canon ne retentit.
Vers midi d’importantes colonnes de troupes apparaissent venant de Landshut. Ce sont les vainqueurs de Landshut qui apparaissent, avec Napoléon lui-même. La rencontre des avant-gardes annonce le commencement du combat. Les Wurtembergeoissont en tête des troupes françaises, enlèvent Lintach. Au premier coup de canon tiré par l’avant-garde, Davout a lancé en avant deux divisions françaises. Une fusillade meurtrière assaille la division Saint-Hilaire, mais ce sont des vétérans que le feu n'effraie plus. Le 10e léger, perd en un instant 500 hommes morts ou blessés. Les vieux soldats français ne se découragent pas. Ils pénétrèrent dans un village barricadé, y tuent à coups de baïonnettes tout ceux qui résistent, et font plusieurs centaines de prisonniers autrichiens.
Pendant ce temps, la division Friant refoule des régiments autrichiens positionnés devant elle. Après un feu de tirailleurs très meurtrier, les 48e et 111e de ligne, composé de vétérans, se jettent à la baïonnette, tête baissée, dans les bois occupées par les Autrichiens, et renversent leurs lignes de défense. La cavalerie des Bavarois, appuyée par les Cuirassiers français, chargent dans la prairie la cavalerie autrichienne. Les fantassins wurtembergeois vont sur Eckmühl pour l’enlever à l’infanterie autrichienne. Assaillis par une grêle de balles parties des murailles du château, ils ne se découragent pas, et revenant à la charge, ils l’emportent. Napoléon, ordonne l’attaque décisive.

Ce sont les cavaliers bavarois et wurtembergeois qui chargent les premiers et qui rencontrent la cavalerie légère des Autrichiens .
Celle-ci culbute les cavaliers bavarois et wurtembergeois. Les cuirassiers français, venant à leur secours, gravissent la pente au galop, renversent les cavaliers autrichiens, et parviennent au sommet de la chaussée à l’instant même où l’infanterie française apparaît. Cette infanterie française, à l’arrivée des cuirassiers français gravissant la chaussée au galop et enfonçant les cavaliers autrichiens se met à crier : “ Vive les cuirassiers!”. La cavalerie autrichienne, accumulée sur la chaussée, fait de nouveaux efforts contre la masse des cuirassiers français, charge, est chargée à son tour, et finit par céder le terrain .
Il est 19H00, la nuit approche, et derrière les Bavarois et Wurtembergeois, débouchent les dix régiments de cuirassiers français, faisant retentir la terre sous le pas de leurs chevaux. La masse des cavaliers autrichiens s’ébranle la première aux dernières lueurs du jour. Les cuirassiers autrichiens fondent au galop sur les cuirassiers français. Ceux-ci, attendent avec sang-froid leurs adversaires, font une décharge de toutes leurs armes à feu, puis une partie d’entre eux, s’élance à son tour. Ils prennent de flanc les cuirassiers autrichiens, les renversent, et les poursuivent.
Toute la cavalerie autrichienne dispersée, s’enfuit. Une foule de combats singuliers s’engagent alors à la clarté de la lune, et au milieu de l’obscurité qui commence. On n’entend plus que le cliquetis des sabres sur les cuirasses, le cri des combattants, le pas des chevaux.
Cependant avec la nuit, il devient prudent d’arrêter le combat. Cette journée du 22, dite bataille d’Eckmühl, a coûté à la Grande Armée environ 7 950 hommes hors de combats. Elle a coûté aux Autrichiens environ 35 200 morts, blessés et prisonniers, 64 canons

Le 3 mai 1809, bataille d’Ebelsberg, les combats se déroulent dans une ville en flammes où les blessés se sont entassés. On se bat dans les fossés du château, on se bat dans le lit de la rivière, on se bat rue par rue, on se bat maison par maison. Les soldats marchent dans une boue gluante faite du corps des chevaux et du corps des hommes tombés devant eux. Dans cette journée, les pertes sont considérables des deux cotés au regard des troupes engagées. Les Autrichiens ont avoué 566 morts, 1731 blessés et 2 216 prisonniers, soit 4 513 hommes hors de combat. Les Français ont 2 800 soldats hors de combat, dont 1 880 blessés.

Le 23 avril, la prise de Ratisbonne ralentit à peine l'avance de l'Armée française qui entre à Vienne le 13 mai 1809. Ratisbonne n'aurait été qu'un incident mineur si ce n'était là que Napoléon reçu sa première et dernière blessure. Une légère entaille au talon d'Achille.

Les Autrichiens ne désarment pas et marchent de nouveau sur l’Armée française avec 90 000 hommes.

L'Armée autrichienne a pris position sur le plateau de Wagram, au nord-est de Vienne par delà le Danube. Napoléon arrive sur le fleuve : "nous traverserons ici". Ici, c'est un peu en aval de Vienne où le fleuve à quatre kilomètres de large. Mais il y a, au milieu du fleuve, l'île de Lobau, quatre kilomètres sur six, et, entre elle et la rive droite, d'autres îles plus petites. Finalement, il s'agit de franchir deux bras, l'un de 480 mètres, l'autre de 240 mètres. L'île est boisée, travailler à son aménagement sera masqué aux yeux des Autrichiens. Les pontonniers se mettent au travail le 19 mai. Ce sont des soldats d'expérience, ils ont à leur actif de nombreux ponts. Dans la nuit du 20, le grand pont est terminé et les troupes commencent à passer de la rive droite sur l'île Lobau. A 03H00, c'est le petit pont sur l'autre bras du fleuve qui est terminé. Une division de cavalerie traverse.

A mille mètres du fleuve, les villages d'Aspern et d'Essling. Le 21 mai, les Autrichiens descendent du plateau de Wagram vers Essling. L'artillerie autrichienne ouvre le feu. A ce moment seulement 20 000 soldats français ont traversé le fleuve. Les Autrichiens progressent avec 103 bataillons, 148 escadrons de cavalerie et plus de 300 canons. Les Français sont à un contre quatre. Leurs officiers crient sans arrêt de serrer les rangs, à mesure que les boulets ouvrent des sillons dans les hommes au coude à coude.
Des renforts arrivent mais au compte goutte, compte tenu de l'étroitesse des ponts. Les pontonniers, de l'eau jusqu'au cou, réparent sans arrêt les dégâts causés par ce passage continu. Aspern est pris et repris six fois. Les deux villages brûlent. Il est 21H00, les deux armées sont face à face. Si près, que l'on dira que les soldats pouvaient voir les traits du visage de leurs ennemis. Le débit des ponts est toujours aussi faible. Les files de blessés qui tentent de repasser le Danube retardent encore le trafic.

Le 22 mai au jour, 34 000 soldats français ont traversé. Les Autrichiens sont toujours 90 000 avec leurs 288 canons, moins leurs pertes de la veille. Une brume épaisse noie la campagne, mais soudain elle se dissipe. L'artillerie donne de nouveau. Les Autrichiens s'acharnent contre Aspern : quatre attaques sont repoussées.

Napoléon va tenter d'enfoncer le centre ennemi très étiré. Les Français passent à l'attaque. Les bataillons s'avancent en rangs serrés, les uns devant des autres, des charges de cavalerie les contournent. C'est une boucherie. Le cri "Serrez les rangs!" est mille fois répétés. Cependant les Autrichiens, de loin toujours les plus nombreux, reculent. Pourquoi ? Personne ne pourra l'expliquer. Vers le milieu de la matinée, voilà que la progression française se ralentit et que l'armée entière commence à reculer. Pourquoi ?

Napoléon apprend aussi une terrible nouvelle : le grand pont s'est rompu. Les Autrichiens ont jeté dans le fleuve des troncs d'arbres, des bateaux chargés de pierres, des brûlots et sous leurs assauts répétés s'est ouverte une brèche large de trois cents mètres. Plus rien ne passe et il est exclu que le pont puisse être réparé avant quarante-huit heures . Ses soldats sur la rive droite, sont isolés, 48 000 hommes environ, plus de renforts, plus de munitions. Napoléon prend la seule décision raisonnable : la retraite.
On peut craindre que les Autrichiens, après avoir repris Essling, coupent la retraite aux Français en arrivant avant eux au petit pont qui relie la rive gauche à l'île de Lobau. La brigade des Fusiliers de la Garde reprend Essling totalement en flammes et le tient jusqu'à ce que, l'armée s'étant repliée, Napoléon donne l'ordre d'évacuer ce village. Cependant, sur la rive évacuée, gisent 18 000 Français morts ou mourants. Les Autrichiens ont perdu 27 000 hommes.

Les armées vont se retrouver à Wagram. Dans la nuit du 5 au 6 juillet, Napoléon prescrit à tous ses corps d'armée de bivouaquer . Il n’y a aucun bois dans la plaine, et on ne peut faire de feu. Et bien qu'on soit en juillet, la nuit est froide. Chacun couche dans son manteau . Pas de possibilité de faire la soupe et les soldats se nourrissent de biscuits et d’eau de vie. Personne ne proteste car Napoléon est à peine mieux servi avec le feu de quelques bottes de paille. Et tous savent qu'il vient de passer 3 jours et 3 nuits à cheval.

A 04H00, le 6 juillet, la canonnade commence à gauche des Autrichiens et ceux-ci descendent des hauteurs de Neusiedel. Ils se portent en deux colonnes sur Grosshofen et Glinzendorf, qu’ils attaquent vigoureusement. Grosshofen est fortement défendu et nos soldats bien retranchés, font feu et causent infiniment de pertes aux attaquants. Les Autrichiens, repoussés de face, mitraillés de flanc, se replie sur Russbach . Les mêmes ennuis attend la colonne qui attaque Ginzendorf, elle se replie également.

Napoléon qui a, comme d'habitude, étudié le terrain y voie une occasion propice. Prendre les hauteurs du plateau de Wagram. Les ordres sont prêts mais de graves événements, se sont passés au centre et à gauche de la ligne française. Bernadotte, qui avait été, la veille, obligé d’évacuer le village de Wagram, et de se retirer sur Aderklaa, se trouve encore le matin dans cette position, et est ainsi en pointe au sein de la ligne tenue par les Autrichiens . Il voit déboucher à sa droite et à sa gauche, l'ennemi qui descend du plateau. Il choisit de se replier.
Au même instant les quatre faibles divisions de Masséna, présentant tout au plus 18 000 hommes contre 60 000 Autrichiens ont été obligées de se retirer pour tenir une ligne moins étendue. Voyant Bernadotte en difficulté, Masséna envoie deux régiments, qui foncent tête baissée. Malgré l’obstacle des murs de jardin et les maisons, le 24e léger et le 4e de ligne, enlèvent le village. Au lieu de s’y arrêter et de s’y établir solidement, ces deux régiments, sur leur élan, débouchent au delà, et viennent se placer à découvert, dans la position que Bernadotte n’avait pas voulu conserver. Attaqués sur leur droite et sur leur gauche, les deux régiments sont contraints de se retirer.

A 09H00, Napoléon est rassuré sur sa droite. Il part au galop, suivi de son état-major, pour aller réparer la situation sur sa gauche. Les Autrichiens avancent toujours, ils ont pris le village d'Aderklaa et semblent déjà victorieux. Napoléon ne songe qu’à arrêter sur-le-champ les Autrichiens par une intervention de ses réserves.

Il a doté la Garde d'une importante réserve d’artillerie, et dispose d'une réserve de quatorze régiments de Cuirassiers. Il ordonne que s'avance toute l’artillerie de la Garde, en y ajoutant les pièces qui pourraient être libres ailleurs. Il ordonne que trois divisions de l’Armée d’Italie, les fusiliers et les grenadiers à cheval de la Garde, et six régiments de cuirassiers arrivent au plus vite. A peine donnés, ces ordres sont obéis à l’instant même.

Arrivent au galop, et en faisant trembler la terre, les 60 canons de la Garde, suivis de 40 canons français et bavarois. Au signal, commence la plus terrible canonnade de la campagne. Les 100 bouches à feu tirent sur la double ligne autrichienne, la criblent de boulets, et détruisent son artillerie.
Mais il ne suffit pas de l’artillerie pour briser le centre de l’armée autrichienne. Il faut des baïonnettes, celles de l’Armée d’Italie, accourent au pas accéléré. Se déploie sur une seule ligne une partie de la division Broussier, et une brigade de la division Seras. Se rangent en colonnes serrées sur les ailes de cette ligne, à gauche le reste de la division Broussier, à droite la division Lamarque, ce qui forme un carré long, fermé avec les vingt-quatre escadrons des cuirassiers. Derrière les fusiliers et les tirailleurs de la Garde Impériale, au nombre de huit bataillons, s'y ajoute la cavalerie de la Garde.
Tout à coup, la cavalerie lourde autrichienne s'avance, pour percer cette infanterie qui avance sur le centre de l’armée autrichienne . Le carré long s'arrête et les deux colonnes qui en formaient les côtés opposent à l’ennemi trois lignes de feu . Le sol retentit sous le galop des cuirassiers autrichiens. Ils sont accueillis par de telles décharges qu’ils s’arrêtent, refluent sur leur infanterie que leur fuite jette dans un véritable désordre. Au tour des Français de charger, mais le temps de se mettre en place et le désordre de l’infanterie autrichienne est en partie réparé. Les cuirassiers français chargent et enfoncent une partie de l’infanterie autrichienne .

Le centre de l' ennemi, ébranlé par le feu des 100 canons, percé par les cuirassiers, bat en retraite. Sa droite suit le mouvement. Si le maréchal Davout, enlève la position de Neusiedel, c’en est fait des Autrichiens.
La confiance que Napoléon a mise dans le maréchal Davout et de ses soldats, est pleinement justifiée. Les généraux Montbrun et Grouchy, l’un avec la cavalerie légère, l’autre avec les dragons d’Italie, ont préparé le passage du Russbach sur notre extrême droite, soit pour eux, soit pour l’infanterie. Les divisions Morand et Friant franchissent ce ruisseau à la suite de la cavalerie, et avec les divisions Gudin et Puthod. montent vers de la position de Neusiedel. La division Puthod se jette dans Neusiedel, pénètre dans les rues de ce village, en chasse les troupes autrichiennes. Le 85eme de ligne de la division Gudin accueilli par la plus violente fusillade est presque arrêté dans son mouvement . Les autres régiments de Gudin se hâtent de venir à son secours. La division tout entière lutte avec les Autrichiens qui sont peu à peu repoussé, tandis que les divisions Friant et Morand gagnent du terrain sur les arrières du plateau.
"La bataille est gagnée" s’écrie Napoléon. Il ordonne au corps d’Oudinot de marcher sur Baumersdorf et Wagram, et d’enlever cette partie des hauteurs. Les troupes d’Oudinot s’élancent, prennent Baumersdorf, le traversent, et arrivent sur le plateau pour rejoindre les divisions Gudin, Friant et Morand.
La division Tharreau se dirige sur Wagram, charge à la baïonnette plusieurs bataillons autrichiens, fait prisonnier deux bataillons, enlève le village, et y recueille de nombreux autres prisonniers. La division Grandjean, repousse l’infanterie autrichienne. Le 10e léger se jette sur un bataillon autrichien et le fait prisonnier. MacDonald, en s’approchant de Süssenbrunn, rencontre de l’infanterie autrichienne qui tient encore. Il emporte le village, et faisant charger par sa cavalerie légère, enlève d’un seul coup : 4 000 à 5 000 prisonniers .
Il est 15H00 : l’archiduc Charles qui commande les troupes autrichiennes donne l’ordre de la retraite . 120 000 Français poursuivent 80 000 Autrichiens, livrant çà et là de petits combats de détails, et recueillant des prisonniers, des canons, des drapeaux. Il est 16H00. La bataille dure depuis 12 heures d'horloge. 30 000 Français sont encore et réserve et n'ont pas combattu.
Les 180 000 Autrichiens ont perdu 41 700 soldats dont 5 700 tués, 18 000 blessés et 18 000 prisonniers . Les Français disposaient de 160 000 hommes, ils ont perdu 30 000 hommes tués ou blessés .  

Les armées françaises composées pour moitié de vétérans mais aussi de nombreux conscrits, peu entraînés, ont fait preuve d’un courage extraordinaires aux journées d’Eckmühl, d’Essling et de Wagram .
La victoire de Wagram sera complétée par celle de Znaim les 10 et 11 juillet 1809. Vaincue à Wagram mais non détruite, l’armée de l’archiduc Charles se replie vers la Moravie. Napoléon ordonne à Marmont de lui couper la retraite sur la rivière Thaya, à Znaim. Mais les Français arrivent devant la ville le 10 juillet au soir, alors que les Autrichiens y sont déjà. Marmont attaque pour enrayer la retraite ennemie alors qu'il n'a que 10 000 hommes. Le 11 au matin, Masséna arrive à son secours alors qu’il est en position difficile. L’archiduc Charles propose alors un armistice que Napoléon accepte. Il sait que son armée est trop affaiblie pour livrer une seconde bataille comme à Wagram. De plus, il a d'autres soucis en tête, assurer sa descendance.


1807



1810