POUR RÉFLÉCHIR

Ils avaient de 19 à 48 ans (parfois plus), l’âge des amours, l’âge des premiers enfants, l’âge du premier métier, l’âge des études et des diplômes. Ces hommes partis en guerre en chantant au son des fifres et des tambours, combien sont-ils à être morts au combat ? Combien sont-ils à être morts de maladie ? Combien furent-ils tout simplement à effectuer leur service militaire ?

Quelques chiffres

Conflit

Mobilisés

Morts et disparus

Révolution et Empire

2 800 000

1 550 000

Algérie 1830

?

10 000

Crimée 1854-1855

310 000

93 615

Italie 1859

120 000

22 000

Chine, Cochinchine, Mexique 1861-1867

?

65 000

Contre la Prusse 1870

2 000 000

156 000

Commune de Paris (troupes régulières)

?

880

Aux colonies XIX° siècle

?

112 000

1914-1918

8 410 000

1 357 800

1939-1945

4 300 000

211 000 (morts au combat)

Indochine 1945-1954

?

92 800

Tunisie-Maroc 1952-1962

?

?

Algérie 1954-1962 et Suez 1956

2 250 000 + supplétifs

24 620 + harkis et supplétifs

Algérie 1962-1964

?

39

Source Quid 2002

Dans les guerres de 1914/1918 et 1939/1945, et lors des conflits coloniaux, des millions d’hommes de tous âges ont du quitter immédiatement famille et travail afin d’être jetés dans un conflit que des hommes politiques avaient décidé, mais auxquels ils étaient bien peu à participer en première ligne. En 1914, ils sont cependant 220 parlementaires à partager leur temps entre le front et les Chambres. Pour le député de Nancy en exercice, le colonel Driant, mort au combat au Bois des Caures en 1916, pour un ancien ministre, Léo Lagrange, mort au combat en 1940, combien en âge de porter les armes sont restés en arrière ?

Au cours des deux siècles, la durée de service a énormément variée en fonction des besoins en hommes, de 10 mois à 7 ans, marquant ainsi une grande injustice contraire aux idéaux d’égalité de ceux qui avaient institué le service obligatoire pour tous. Beaucoup trop de jeunes gens ont bénéficié de combines pour y échapper. Cette obligation a enlevé de leur foyer des jeunes hommes non seulement sur tout le territoire métropolitain mais également dans les colonies pour les jeter dans des casernes souvent sales, vétustes, ou des navires surpeuplés, et les confier à des militaires professionnels, à charge pour ces derniers de les instruire.

Cette instruction militaire permettait, en cas de conflit, d’armer très rapidement un grand nombre de gens qu’il suffisait de former au dernier moment, aux nouvelles armes. A l’issue de ce service obligatoire, chacun était reversé dans les forces de réserve, puis de défense, jusqu’à un âge avancé tenant compte cependant, de la situation familiale. Ainsi a-t-on pu rappeler sous les drapeaux des hommes de plus de 40 ans pendant la guerre de 1914/1918. Les sous-officiers et officiers étaient maintenus dans la réserve pour une durée supérieure aux hommes de rang. Ces officiers et sous-officiers qui sans cesse se remettaient en cause en accomplissant des périodes de réserve prises sur leur temps libre. Officiers qui se verront chargés de missions importantes au cours des deux grands conflits, et qui accompliront leur devoir parfois mieux que des militaires professionnels.

Pendant longtemps, ces périodes de réserve obligatoires étaient une coupure dans une vie de travail commencée à 12 ans et les 28 jours étaient attendus. Ces périodes sont devenues ensuite volontaires.


Les réservistes


l'abolition



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