Rapatriement
Dès que la date approximative du retour en France est connue, les préparatifs commencent. Tout d'abord enlever tout ce qui est récupérable pour l'expédier en métropole. En premier, récupérer la structure métallique des hangars qu'il faut libérer de leurs locataires. Pour les reloger, tous les locaux disponibles et non indispensables sont occupés. Un peloton occupe la chapelle, un peloton occupe la salle de réunion, les services se logent dans leurs bureaux ou leurs magasins. Et les effectifs diminuent toujours avec le départ des "anciens".
Des camions de poutrelles, des camions de lits superposés, des camions d'armoires, des camions d'habillement, des camions de matériel divers prennent le chemin d'Alger. Les soldats mangent les stocks de vivres (fayots, patates et pâtes). Les hommes vont camper sur des lits Picot, ranger leurs affaires dans des caisses récupérées, improviser. Quand à leur tour les lits Picot vont partir, les soldats dormiront sur un matelas par terre enroulés dans leur unique couverture et les nuits sont encore fraîches.
Pour agrémenter les temps libres, le commandement réintroduit le sport et l'ordre serré. Voilà bien des mois que personne n'a plus marché au pas en groupe , Quand au sport, il va se limiter à des tours du périmètre intérieur du camp.
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Nos moutons et nos cochons ont moins de chance que
les camions et les hommes. Ils ne sont pas du voyage en Allemagne
et terminent dans les gamelles.
16 mai 1964
Prise d'armes pour marquer le départ du GT et son adieu à l'Algérie. Toutes les "huiles" encore présentes en Algérie se sont déplacées. Voilà l'explication de la reprise de l'ordre serré (celui qui reconnaitra l'auteur du site dans les photos aura droit à .... son estime).
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Le départ
Les deux compagnies du Groupe de Transport 535 vont se séparer. La 2ème compagnie avec son peloton de semi-remorques gagne Angers pour y constituer le Groupe de Transport 538 en cours de formation. La 1ère compagnie gagne l'Allemagne pour y constituer un nouveau Groupe de Transport 535.
Le 17 mai, les véhicules sont acheminés sur Alger. Ils seront embarqués à bord d'un cargo de la compagnie Schiaffino. Pratiquement tout les gars disponible accompagnent les camions. Au retour, voilà les tringlots du GT 535 devenus des "biffins".
Le 19 mai 1964 au soir, vieilles planches, papiers, cartons, sont enflammés en de multiples brasiers sur les emplacements libres du camp. Les habitants du coin ont du penser que nous brûlions le camp. Lorsque le dernier feu s'éteint les hommes partent se coucher, enroulés dans leur couverture, sur leur matelas, pour une ultime nuit en Algérie. La nuit est agitée pour bien des hommes.
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20 MAI 1964 :
Les sentinelles descendent
de leurs miradors à la relève de midi, mais personne
ne monte par les échelles de fer pour les remplacer. A
12H30, rassemblement général devant le mât
des couleurs pour une ultime cérémonie. Le drapeau
qui flotte depuis des dizaines années au dessus du camp
est replié. Le Chef d'escadron l'emporte. Embarquement
des hommes dans les camions d'un autre groupe de transport (GT
520 à confirmer ?).
La première compagnie du GT
535 quitte le camp de Baraki le 20 mai 1964 à 13 heures.
A la porte du camp, des soldats de l'A.L.N. attendent pour prendre
possession du camp. Ils sont hués par les partants. A 14
heures, les hommes embarquent sur le Kairouan. A 18 heures, le
paquebot quitte le quai. L'histoire algérienne du GT 535
est terminée. (A bord du Kairouan entre autres unités
: une compagnie du Quartier Général de Rocher Noir,
une compagnie du GT 520, etc ).
Sur les transistors les chansons du moment sont "La vie va commercer" de Johnny et "Tombe la neige" d'Adamo. Tout un programme
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Deux jours |
de campagne en mer |
1964.
Au moment où s'embarque le GT 535, la
20ème Division d'Infanterie (général Jean-Louis
du Temple de Rougemont) n'a plus que quelques jours à vivre.
Elle est dissoute en mer le 15 juin 1964 à bord du paquebot
"Président-Cazalet".
L'Etat major interarmées
du général de Camas, dernier Commandant en chef
des Troupes Françaises en Algérie est également
à bord.
La 4ème Division d'infanterie
d'Oran vivra quelques jours de plus, elle est dissoute en mer
le 20 juin 1964.
Il reste dans le sud saharien, le Commandement des Armes spéciales qui met au point le programme nucléaire de la France et les missiles pour transporter les têtes nucléaires, des garnisons à Bou Sfer, Mers el Kébir. Des appelés continuent à être envoyés dans ces cantonnements.
Le GT 535 n'est pas le dernier groupe de transport à revenir, le 3ème Groupe Saharien de Transport revient en métropole le 13 mai 1967. Le 31 janvier 1968, c'est au tour du 503ème Peloton de Transport de rentrer en France. Avec ces dernières unités disparaît l'Armée d'Afrique. 138 ans ont passé depuis le débarquement de Sidi-Ferruch.
Le Père Charles de Foucauld, dans sa solitude du désert, avait écrit en 1912 : LHistoire apprend quil est plus facile de fonder des colonies que de les conserver. Selon la conduite de la France, lAfrique du Nord en deviendra un prolongement ou sera, dans cinquante ans, totalement perdue pour elle. Vision prophétique de 1912 dun ancien officier des Chasseurs d'Afrique retiré au désert pour vivre sa foi.
La commune de Baraki est revenue dans l 'actualité internationale par suite de la guerre civile qui déchire l'Algérie des années 1990-2000.
15/02/96 : Baraki. Douze soldats, installés à un barrage de contrôle, aux abords de la mosquée Bachir El Ibrahimi, sont tués par lexplosion dun camion piégé. 12/09/96 : Baraki. Lexplosion dune voiture piégée, aux abords dun barrage militaire, fait deux morts et vingt-huit blessés. Dans la nuit du 22 au 23 septembre 1997, plus de 200 hommes, femmes et enfants ont été tués à Baraki.