LE CENTRE DE SELECTION DE CAMBRAI

Une feuille de route, reçue par la poste vous indique le train à prendre, les heures de rendez vous, vous convoque pour un séjour de 3 jours (pour ma part du 7 mars au 9 mars 1963), au quartier Mortier de Cambrai. Cette démarche constitue une seconde étape dans la sélection des futurs soldats et surtout permet à l'armée de ventiler ses recrues dans les différentes armes et unités, en fonction des besoins.

Une batterie de tests, d'examens médicaux, d’entretiens avec des officiers orienteurs fixe votre sort. A l'issue de ces tests, quelques uns sont encore réformés.

J'ai été alors choqué par le nombre élevé de jeunes qui ne pouvaient effectuer les tests faute de savoir lire et écrire. Plus tard en régiment, quelques uns étaient encore contraints de se faire lire le courrier reçu de leurs parents ou amis. A l'occasion de ces épreuves de sélection , les gouvernants peuvent détecter le niveau d'instructions des garçons. Se sera une surprise constante. Malgré les efforts de scolarisation, le pourcentage d'analphabètes variera peu.

Cette caserne Mortier donne un aperçu lamentable des conditions de vie dans l'armée. Cette caserne sale, mal entretenue voit défiler des centaines de jeunes gens par semaine, et l'entretien est superficiel. Les conditions d’hébergement y sont indignes : nourriture infecte, draps humides, encadrement mal embouché. Heureusement cela ne dure que 3 jours.

Une phrase inscrite sur un mur m'a alors surprit, elle était de l'ordre de “ vous êtes le rempart du monde libre contre le communisme”.

L'officier orienteur vous demande votre choix d'affectation ; pour ma part, j'indique la marine et le train (comme tout le monde), et les blindés.

Notre entourage, employeurs surtout, est très étonné de notre jeune âge pour subir cette sélection, restant sur l'âge traditionnel de départ à l'armée fixé à 20 ans. Il faut se rappeler cependant que les années 1942, 1943, 1944 avaient vu peu de naissances du fait que 2 millions d'hommes en âge d'avoir des enfants étaient prisonniers en Allemagne. C'est ce que nous appelions les classes creuses. L'armée est donc amenée à incorporer des hommes de plus en plus jeunes. A mon incorporation, j'ai seulement 19 ans et 4 mois.

Une nouvelle attente commence.