Créée le 22 mai 1956 à SATHONAY à partir de la 228ème Compagnie de Circulation Routière. Formation organique de la 12ème Division d'Infanterie stationnée à TLEMCEN.
La Compagnie de Circulation Routère 262 s'installe à Tlemcen en juillet 1956. Elle crée une gare routière où transitent 8 000 véhicules par mois. Outre les missions de circulation propre à ce type d'unité la CCR 262 comprend un bureau de renseignements, un foyer de garnison où se rassemblent les isolés en transit. Le peloton opérationnel participe à toutes les opérations dans la zone ouest-oranais.
Rapatriée en métropole, devient 3ème Compagnie du 602ème Groupe de Circulation Routière le 1er novembre 1962 à VINCENNES.
Depuis deux ans, la guerre dAlgérie
sévit, faisant de nombreux morts. Les contingents voient
leur temps de présence sous les drapeaux sallonger
à plus de trente mois. Aussi, fait-on appel aux réservistes
et, le contingent 52/2, dont je fais partie, ny coupe pas.
Je reçois mon ordre dappel sous les drapeaux le 10
mai 1956 et, abandonnant ma place de comptable chez mon employeur,
la société CIBA, je rejoins le camp de Sathonay
le 24. Je suis incorporé dans la 228e compagnie de circulation
routière, dont lactivité est la police (P.M.)
et lencadrement des convois pour les diriger sur les lieux
dopérations. Cette CCR est à constituer. Cest
une compagnie de réserve et les seuls militaires dactive
sont : un sous-lieutenant, deux adjudants, deux chefs et deux
maréchaux des logis. On nous fournit tout le matériel
: chaises pliantes, tables, équipements, armement, véhicules
(jeeps, GMC, motos),etc.. On récupère les véhicules
à la caserne de la Part-Dieu et, ma préférence
va pour les GMC que je convoie à la caserne de Sathonay
et, dans les croisements de rues, priorité ou pas, on force
le passage.
Les derniers jours sont très éprouvants, très
durs car, tous les jours, on annonce des tués dans des
embuscades, des attentats.
Un instituteur nous harangue : « les gars faut refuser
de partir, de se faire tuer pour une cause dont nous navons
que faire « . La réponse ne se fait pas attendre
: » Prenez votre paquetage « et cest
par avion lacheminement direct dans une unité combattante.
Devant une telle décision, on se tait et on subi.
Le 13 juin au matin, un tortillard nous emmène, par la
rive droite du Rhône au lieu dembarquement, le camp
de Sainte Marthe, dans la banlieue marseillaise.
Tout le long de cet interminable parcours,
une surveillance discrète est assurée par la gendarmerie.
Si une tête, coiffée dun képi, apparaît,
elle se fait agonir de tous les noms de la création, en
lui faisant remarquer que cest sa place daller au
casse-pipe.
Le 14, on embarque sur le S/S « Ville de Tunis »,
quant au matériel et les équipements, cest
un rafiot, partant de Port-Vendres, qui les acheminera sur Oran,
notre destination.
A notre arrivée, nous sommes dirigés vers un petit
village de la banlieue : Assi-Ameur. A perte de vue sétendent
des vignes, dont le propriétaire, FOUILLOUX, est en France
et que nous devons surveiller (les vignes), tout en profitant
dans sa villa de sa salle de bains toute en marbre.
La répartition des hommes se fait : une partie loge sous
tente, dans un bois de sapins, une autre dans une ferme et les
secrétaires dans la salle de la mairie. Nous sommes tous
reliés par téléphone.
Larrivée dune centaine dhommes dans ce
petit village est un événement. La seule épicerie-comptoir
du village est tenue par les FUENTES : la mère et le fils.
Cest la panacée, tous ces militaires assoiffés
et, qui vaut cette réflexion de Fernand (le fils) à
sa mère : »moi, cest le bar, toi, cest
lépicerie, alors dégage »
Nous (T.. , N
. et moi) sympathisons avec le couple dinstituteurs,
les PERALDI. Ils nous emmèneront visiter Oran, à
bord de leur voiture et un revolver sur les genoux, pour parer
à toutes éventualités. Nous découvrons
Santa-Cruz, colline qui domine la ville et nous dégustons
les huîtres au Pin de Sucre.
A Assi-Ameur, il y avait un garde champêtre AHMED, armé
dun impressionnant revolver. Il avait averti le secrétaire
de mairie, RODRIGUEZ, « si une nuit, je timplore
de mouvrir ta porte, ne le fais pas » Une nuit,
cela sest produit et le secrétaire a respecté
les consignes et lon a retrouvé AHMED avec le sourire
africain (égorgé).
Pour passer le temps, nous déambulons dans la palmeraie
à la recherches de tortues, ou, nous allons à la
plage des Sablettes, près dArzew, nous rafraîchir
dans la Méditerranée.
Parfois, les obligations nous conduisent à Oran, où
nos jeeps, à la calandre barrée de vert et blanc
nous valent des saluts ou des échappées. Un jour,
étant à bord dun véhicule, nous sommes
arrêtés par un chef (plus galonné que moi)
qui se met au garde à vous tout en me demandant si sa tenue
est correcte, ce qui était le dernier de mes soucis. Sur
nos casques, une bande blanche horizontale en fait le tour, avec,
au centre, linsigne de la division.
Une nuit, un groupe patrouille dans les environs dAssi-Ameur.
On est au courant de cette patrouille, on connaît lheure
de passage, son itinéraire, mais, non. Une sentinelle ,
installée dans la ferme voisine, les aperçoit et,
sans sommations, tire sur leurs copains qui sécrasent
au sol et laissent passer les balles qui sécrasent
contre les murs de la mechta proche. Au bruit de la fusillade,
tout le groupe se réveille, se lève et, sans chercher
à comprendre actionne la mitrailleuse et chacun, son arme
individuelle, qui balaient en face deux, les balles vont
se ficher dans les arbres de la pinède où est installé,
sous tente, un autre groupe. Le téléphone sonne
à la mairie et, au bout du fil, un gars mhurle « dis
leur darrêter, ils nous tirent dessus ».
Mais à lautre bout du fil, personne, tout le monde
est « occupé à repousser lassaillant ».
Pas de victimes.
Le 1er juillet 1956, nous devenons 262e
CCR avec affectation en zone opérationnelle de TLEMCEN
et, qui nous vaut un numéro de S.P. (Secteur Postal) indispensable
pour lacheminement du courrier et éviter dêtre
localisé.
Le 10, cest le départ en colonne. Notre convoi se
compose surtout de jeeps et motos , quelques GMC, sétirant
sur une grande longueur et avec peu dhommes par véhicules.
Ce qui nous vaudra, peut être, davoir échappé
à une embuscade dans la région de Lamoricière.
Après notre passage, des emplacements de tirs ont été
découverts.
Craignant pour leur vie, les copains (quatre) mont demandé
de remplacer le chauffeur attitré du GMC car il navait
aucune confiance en lui. Je métais rendu compte quen
élançant le véhicule et arrêtant laccélération,
il se produisait le même bruit quun mitraillage et,
cest ce que je fis dans les rues de Sidi Bel Abbès,
provoquant laffolement parmi les passants !!
Enfin nous atteignons TLEMCEN qui se situe à plus de 800
mètres daltitude avec, au nord des hauteurs surplombant
la ville. On y fabrique des tapis, des textiles, etc.
TLEMCEN
fut florissante comme capitale dun sultanat arabe de 1282
à 1553, date à laquelle elle passa sous la domination
des Turcs Ottomans. A compter de 1842, elle fut sous domination
française. Subsistent des ruines datant du 14e siècle
et qui ont été construites par un sultan qui assiégeait
la ville.
On sinstalle, une partie dans lécole Henri-Adès
,dautres postes, sous la tente, aux entrées de la
ville. Les salles de classes nous servent de chambres et, les
secrétaires : bureau de la compagnie et chambrée.
Quant à la cuisine, elle est sous un immense marabout dans
la cour de lécole et les jours de sirocco, çà
crisse sous la dent.
Notre commandant de compagnie, le lieutenant SAVOYAT est resté
à ORAN, essayant de se faire réformer. Il est à
la tète dune entreprise de transport à LA
TOUR DU PIN et ce rappel narrange pas ses affaires. Il ny
réussira pas, on a besoin dhommes!!
Je me débrouille pour trouver à boire pour les hommes
qui travaillent en plein soleil, posant des fils de fer barbelés,
montant des murs de protection en pierres.
Soudain , on frappe à la porte du préau bar, je
vais ouvrir et apparaît le colonel MARTINEZ, la bedaine
rondouillarde. Je laccueille « mes respects,
mon colonel » et il hurle « Et alors quoi
? Jen ai pas assez sur les épaules «
Un gars lance « à vos rangs, fixe ».
Il demande le commandant de compagnie et, seul se présente
le sous-lieutenant MERET qui se fait vertement recevoir, traité
dofficier dopérette, ne « lui manquant
plus quune plume au c.. « (formule employée
dans la jargon militaire).
Un poste, celui de MANSOURAH, se trouve
proche de lhôpital militaire et subit le va-et-vient
des hélicoptères : les SIKORSKI pour le transport
des troupes participant aux opérations journalières,
les BELL pour le transport des blessés.
Nous sentons que linsécurité règne,
nous devons sortir en ville et en véhicule, quà
trois au minimum et armés, chargeur engagé. Tlemcen
est barricadée, des barbelés partout, du grillage
au devanture des commerces, des CRS jalonnent les rues. Ah ! Ils
sont sympa et nous saluent. Pourquoi ? Enfin , je crois comprendre.
Ils fouillent le chargement des ânes, des voitures.
Pour les gardes de nuit, étant peu nombreux, je prends
la garde en tant que sentinelle. Notre école donne sur
le cimetière de Sidi Yaquoub. Aussi, toute la nuit çà
bouge !! Et, souvent un coup de feu est tiré sur un chien,
un âne ou rien. Aux entrées de la ville, il faut
fouiller sur le corps les arrivants par les cars. Pour les fatmas,
cest la « poêle à frire »
qui explore les formes arrondis des moukères. Aussitôt
après, désinfection des mains obligent.
En fin de mois, et armés jusquaux dents, on porte
une partie de la paie dans les postes, le reste, leur étant
viré en France.
Ladjudant REICHARD Charles, un vieux dans le métier,
est un adepte de la bouteille, il a fallu lui installer une tente
dans la cour, car il fait sur lui lorsquil a bu. Aux repas,
aucun officier ne veut se mettre près de lui, car cest
une infection.
On adopte un chiot, qui, ayant soif, voit un quart où traîne
une goutte de rouge, la lape et le voilà comme le juteux,
doù son nom : Charles.
Profitant des WC extérieurs, nous avons installé
une douche, très appréciée lors des tempêtes
de sirocco, qui soufflait trois jours, amenant du sable rouge
de Mauritanie et qui sinfiltre de partout. Pendant linstallation,
un chef (réserviste) et notre lieutenant, enfin arrivé,
sont sur le toit. Un MDL (dactive), une tête brûlée
met en joue notre chef, après avoir engagé une balle
dans le canon du PM (pistolet mitrailleur). A ce moment, le lieutenant
SAVOYAT se met entre les deux et lui dit : »maintenant
tirez ». Moment de suspens qui, durera on ne sait.
Enfin, il renonce, repose le PM. On a essayé de le faire
affecter à une unité combattante, sans succès.
Ce même individu, rentrant un jour dans la salle de classe
qui servait de bureau et de dortoir, dit à son homologue,
le MDL GONIN : »je louvre ». Dans
sa main une grenade. Moment dangoisse qui durera une éternité.
Venir ici pour se voir « éclater »
contre un mur, à cause dun fou. A force de palabres,
on réussit à sen libérer et, une fois
dehors, il jette sa grenade qui explose.
Nous recevons un nouveau commandant de compagnie, le capitaine
VECCHIALI, un corse (évidemment) et qui exige de ne plus
voir un « bouc » à la compagnie.
Le 27 août cest le dernier jour. Le lendemain, un
seul subsiste : le MDL DELMAS (un séminariste) qui se fait
rappeler à lordre mais qui répond : »mon
capitaine, au lieu de vous occuper des « boucs »
de la compagnie, vous devriez mieux vous renseigner si chaque
homme à un lit pour dormir ». Silence, et pas
de sanctions.
Septembre 1956. Nous devons libérer lécole
et nous sommes transférés à la caserne BEDEAU
où stationnent les chars du RCA.
Trouvant que mon collègue TOUCHE et moi nétions
jamais volontaires, le capitaine nous désigne pour aller,
une nuit en embuscade dans les environs de TLEMCEN. Nous voilà
partis dans la nuit noire jusquà lendroit désigné.
Rien. Retour à la caserne après une longue attente,
épiant chaque bruit.
8 Septembre 1956 - nous avions installé un filet de volley-ball
et alors que nous jouions, je saute, mon voisin le sous lieutenant
GOUJON (de ST JUST DAVRAY) sapproche de moi, me déséquilibre
et clac, je me pète la cheville. En ambulance, je suis
dirigé sur lhôpital du MECHOUAR où le
toubib diagnostique une entorse grave. Jai droit à
une piqûre de Scopof, fait par une infirmière armée
dun trocart. Les légionnaires, qui avaient été
blessés lors dopérations, apprenant que jétais
de la PM voulaient sen prendre à moi. Jai réussi
à les en dissuader, car cétaient les gars
dactive qui sévissaient en ville, collant des rapports.
A lhôpital , jai rencontré un gars écoeuré
par larmée. Conduisant une jeep, ayant à ses
cotés un officier, suivi dun GMC dans lequel avaient
pris place plusieurs truffions. Ils tombent dans une embuscade
montée par les fellaghas. Se cramponnant à son volant
de sa jeep et se collant contre, il accélère et
fonce jusquà la caserne toute proche, averti de lincident.
Lofficier est blessé. Arrivé , il insiste
pour revenir avec le détachement sur les lieux de lattentat.
Résultat : lofficier est en convalescence en France,
a été décoré - lui : rien, si ce nest
la convalescence à TLEMCEN.
Souvent, à la nuit tombée, des armes automatiques
crépitent dans notre direction du haut des falaises.
Parfois, nous sommes requis pour aller tendre une embuscade ou
effectuer une patrouille dans les environs de la ville. Une nuit,
sétant égarée, une patrouille entendit
le bruit des chenilles des chars des zouaves et, comme ils ne
devaient pas être sur cette portion de route, ils se sont
allongés dans le fossé, sans bouger, sans oser lever
la tète car les zouaves tiraient à vue sur tout
ce qui nétait pas signalé dans le secteur.
Moment dintense émotion !!
Parfois, une patrouille en jeep est organisée dans la ville,
de jour comme de nuit. Grâce à la radio nous les
suivons dans leur périgrénation, prêts à
intervenir en cas daccroc. Matériel obsolète
et, de temps à autre, les ondes ne passent pas et, dès
le silence, cest linquiétude.
Un jour, lors dune patrouille dans une forêt voisine,
lengin semi blindé tombe en panne. Heureusement,
le sous-lieutenant GOUJON, agent Citroën à St Just
dAvray, par un montage à la Dubout, a réussi
à remettre lengin en route, les sauvant très
certainement dune attaque nocturne dans ce secteur insécurisé.
Un dimanche, entre copains, nous décidons daller
au restaurant. Aux fenêtres, des grillages pour arrêter
une éventuelle attaque à la grenade. Nous pensions
être tranquilles et voilà que tout lÉtat
Major de la subdivision débarque, sous la direction de
son chef, le général LE PULHOC. Le repas a été
sage et sans chansons.
Parfois, deux motards, sans protection, sont envoyés dans
le djebel pour repérer le tracé dune éventuelle
opération. Il y avait toujours des volontaires pour ce
genre déquipée.
Lors de la surveillance en ville, une patrouille a ramené
un GMC muni dune tourelle de 12,7 (une mitrailleuse). Les
gars lavaient laissé sans surveillance pour aller
au café prendre un verre !
Une autre fois, cest une 2 CV appartenant au 2e bureau.
Le capitaine, à qui était affecté le véhicule,
est venu la récupérer, sans espoir : »
vous aurez de mes nouvelles », on attend encore.
Tous les bruits étaient interprétés : le
gars qui secouait une couverture, cétait des coups
de feu!!
Létat dinsécurité nous laissait
imaginer chaque bruit comme étant un tir, une attaque.
Le soir, on repérait dans quelle Chambre le juteux jouait
aux cartes ou biberonnait, on soufflait dans des sacs en papier
pour, ensuite les faire « exploser » dans
nos mains, ce que le juteux interprétait comme un attentat
: « éteignez les lumières »
disait-il. Et nous, on riait en douce de lavoir berné.
Les chambrées étaient composées de lits superposés
et nous devions cadenasser les fusils car, dans des crises de
cafard, certains voulaient tout tuer.
Pour ma part, je logeais seul dans une pièce de la caserne
et, par sécurité, je posais une chaise derrière
la porte. En ouvrant, le bruit de la chaise traînant sur
le sol, me réveillerait et méviterait leffet
de surprise.
La région étant accidentéE, les tunnels du
chemin de fer étaient surveillés par des aviateurs,
négligents, qui, une nuit, durant leur sommeil ont été
égorgés. Nous étions, en moyenne, piquet
dhonneur pour un enterrement journalier.
Dans le poste de Mansourah, un rappelé, séminariste
de profession, nettoie son PM MAT 49, engage un chargeur, manuvre
la culasse et le chargeur se vide, éclatant la cheville
du gars assis en face de lui. Heureusement, lhôpital
militaire est proche, on lévacue. Le médecin
colonel ne sembarrasse pas, son diagnostic »
on coupe la jambe au niveau du genou« . Par chance,
un rappelé, chirurgien dans le civil, insiste pour que
lon essaie de recoller les os et, si pas de résultat,
on coupe.
Les bleus sont arrivés et inexpérimentés.
Lun deux, en possession dun pistolet automatique
personnel ne trouve pas plus simple pour vider le chargeur, de
le faire en faisant naviguer la culasse davant en arrière.
Une balle est percutée et va se loger dans le gras de la
cuisse de son copain assis en face de lui. Un autre, chargeur
engagé sur un pistolet mitrailleur MAT 49, tape la crosse
sur une table et vide le chargeur, heureusement dans le plafond
de la chambre.
La relève étant arrivée, cela soulage pour
les renforts de nuit des gardes. Une nuit, je suis adjoint au
chef de poste, le MDL VIAL (de Grenoble) et je dois faire une
ronde accompagné d une sentinelle. Au poste dessence
allongé sur un muret, le gars dort. Je le réveille
et le sermonne : » on a beau être dans une caserne
entourée de murs, les fellaghas peuvent très bien
sintroduire, jeter une grenade dans une chambrée ».
Plus loin, cest le garage et confortablement installé
dans une jeep, le col de la capote relevé, la sentinelle
dort, le fusil posé à coté. On ne fait pas
de bruit, pas un mot, je mempare du fusil et, de retour
au poste de police : »tiens, voilà tes sentinelles
« dis-je au chef de poste en lui remettant le fusil Garant.
Mon copain sénerve, demande de relever la sentinelle
et lexplication est plutôt explosive. Le bleu en question
est fils de commandant ! Plus tard, poursuivant mon inspection,
je grimpe sur le toit du poste où est installée
une mitrailleuse 12,7 avec deux hommes, eh bien ! Je les trouve
en train de dormir du sommeil du juste, sans se soucier du risque
encouru par les autres. Nous ne voulions pas être méchant,
mais là, nous avons dressé un rapport. Ils risquaient
le tribunal militaire avec une forte peine de prison.
Une fin daprès midi de novembre, arrive lordre de libération des hommes mariés. Départ prévu pour le lendemain. Comme toujours, les délais de larmée sont très réduits et il faut établir la paie, mettre à jour les livrets individuels, rendre une partie du paquetage ce qui sera fait jusquà une heure avancée de la nuit.
21 Novembre 1956 - Quelques jours plus tard, cest le tour
des quelques célibataires, dont je fais partie. On nous
achemine par le train jusquà ORAN et nous embarquons
sur le S/S PASTEUR, transport de troupes, qui faisait auparavant
la navette avec lIndochine. Nous sommes 3 500 à bord,
cest la caserne en pire. Exercices de tous genre, notamment
sauvetage. A Marseille, un train spécial nous attend, la
Croix Rouge nous remet à chacun un en cas pour le voyage
de retour.
Cest la quille et on est content den revenir entier.
Concernant l'écusson de la 262e CCR, c'est nous mêmes, les rappelés qui l'avons conçu. Les sept branches, pour rappeler la présence de la Légion dans la division d'infanterie dont nous faisions partie.
Ce texte a été écrit
par René Jonac, contingent 52/2, rappelé sous les
drapeaux en 1956 à la CCR 262. Tous droits réservés.
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