LE G.T 516 DANS LA GUERRE D'INDOCHINE

 

Insigne créé en 1947

Chef de corps Pellerin

 

Insigne créé en 1952

Chef de corps Pats

 

Insigne créé en 1950

3/516 CTLE

 

LE G.T 516 DANS LA GUERRE D’INDOCHINE

Par l’auteur de «Une fabuleuse épopée, l’Indochine française » et de « Indo-Chine, une histoire coloniale oubliée », Gérard Gilles Epain, s/lieutenant, sursitaire, appelé au GT 516 en Algérie

Préambule

Au terme des six mois de formation à l’Ecole d’Application du Train de Tours, les E.O.R promus se voyaient contraints de choisir, en fonction de leur rang de sortie, une affectation dans les postes disponibles de l’arme. La guerre d’Indochine était finie, c’était des commandements en Algérie, dans des unités et dans des lieux alors inconnus des récipiendaires, qui étaient offerts au choix des nouveaux sous-lieutenants et aspirants, de la promotion Charles Péguy baptisée depuis ce matin de février.
J’avais suivi les affrontements au Tonkin, et je connaissais par mes lectures récentes à l’école, l’existence d’un Groupe de Transport étiqueté 516, qui s’était particulièrement glorifié sur la RC 4. Je remarquais qu’un poste de chef de peloton était vacant dans ce glorieux G.T alors basé dans l’Algérois. Pas d’hésitation. Mon rang de sortie m’autorisa ce choix ; choix que je n’ai pas regretté par la suite et j’y terminais heureusement mon service militaire.
Permettez moi d’apporter à votre site « Le train en AFN », au titre de la mémoire, des informations existentielles sur l’origine et l’aventure Indochinoise de l’unité du Train la plus décorée, le Groupe de Transport 516. Son rôle dans le maintien de l’ordre en Algérie, tout honorable qu’il fut, n’a rien de comparable à son engagement dans la terrible guerre d’Indochine….oubliée par beaucoup.

Sa création et son implication dans la Libération de la France.

Unité relativement jeune, le GT fut créé dans l’urgence et le besoin, le 1er septembre 1944, à Rivoli près d’Oran, avec des tirailleurs algériens extraits d’unités supplétives. Transporté à Marseille il est affecté en soutien à la 1ère Armée du Général de Lattre de Tassigny, avec lequel il servira et fera la campagne de France, les Vosges, l’Alsace et la campagne d’Allemagne.
L’encadrement était métropolitain comme il était d’usage dans la coloniale avec quelques sous-officiers algériens. Il était équipé de matériels et d’équipements en provenance des surplus américains.
Noyé dans la première armée, le groupe du chef d’escadron Brandet y forgera sa devise « Servir » (1). Le 16 août 1945, 3755 missions plus tard et 807 776 kilomètres parcourus, il est rapatrié à Marseille pour y être dissous. Les hommes rejoignent la 3e division d’infanterie algérienne.

Sa renaissance

Dans l’Indochine occupée par les Japonais depuis septembre 1940, les peuples de la colonie de Cochinchine et des quatre protectorats, Annam, Tonkin, Laos et Cambodge s’éveillent à l’indépendance. Le gouvernement provisoire de la France a trop tardé à venir en aide au Gouverneur Général Decoux et aux coloniaux qui ne se sont pas ralliés à de Gaulle, ceci expliquant cela.
Quand Paris se réveille début 1945 à l’envie de récupérer la Perle de l’Empire, il est déjà trop tard. Les mauvaises décisions s’enchaînent, l’histoire s’emballe, le Japon vaincu a remarquablement œuvré contre la France en abolissant les protectorats et en éliminant le 9 mars 1945, les forces françaises d’Indochine. Chinois et Anglais se partagent maintenant l’Indochine sur décision de Roosevelt.
De Gaulle qui préfère revenir à la colonisation d’avant guerre choisira la force à une négociation intelligente pour la reconnaissance d’indépendance partagée avec les cinq pays. Il envoie un corps expéditionnaire commandé par Leclerc qui arrive un mois trop tard à Saïgon. L’absence de la France a été comblée par un gouvernement provisoire révolutionnaire au Viêtnam.

(1) Mais quid des citations, du fanion et de l’insigne de ce premier 516 ?

La reconquête militaire débute au Sud, en Cochinchine puis en Annam, au Laos puis au Tonkin avec une volonté de Leclerc de faire cesser l’affrontement fratricide avec les viêtnamiens et l’espoir qui naît quand il signe avec Hô Chi Minh, les accords du 6 mars 1946.
Le Haut commissaire d’Argenlieu, homme de paille du général de Gaulle, sabordera les accords Leclerc-Ho Chi Minh et la France d’une quatrième république déliquescente va s’engager, en novembre 1946, dans un terrible conflit qui durera huit longues années entraînant la mort de 100 000 soldats et partisans du côté franco indochinois et sans doute cinq fois plus du côté des communistes.
Pour mener à bien cette nouvelle guerre fratricide et assurément évitable, la France avait besoin de moyens et de beaucoup de soldats. Elle fera appel uniquement aux volontaires métropolitains, africains, nord-africains et en 1947, à la Légion.
Dix huit mois après sa dissolution, le 16 février 1947, le GT 516, est reconstitué à Alger pour aller servir en Extrême-Orient où le corps expéditionnaire commandé par Valluy est déjà en infériorité numérique et manque de tout. Deux compagnies, l’une constituée d’Algériens, l’autre de Marocains prélevés à la 9e DIC sont mises sur pied. Les nouveaux tringlots, ignares, ne peuvent être instruits que théoriquement car ils ne disposeront pas de véhicules en Afrique du nord.
Le 20 février, parvenu à Marseille, l’encadrement du groupe devra puiser dans les stocks de matériels divers et variés abandonnés par les troupes US pour s’équiper de GMC déjà usés par les campagnes de France et d’Allemagne. Deux maigres compagnies de transport et une compagnie des services, hors rang, sont constituées.
Le commandement du GT est confié au chef d’escadron Pellerin.
L’acheminement vers la Cochinchine débute le 6 mars pour un peloton précurseur de la 2/516 qui embarque sur l’Ile de France. Le reste du groupement embarquera le 3 avril 1947 pour Saïgon sur le Champollion et l’Abbeville. Après 28 jours de voyage, le groupe 516 découvre le Nha Bê et Saïgon. Il sera instruit au Cap St Jacques (Vung Tau) et participe rapidement à des missions locales de convoyage.
Affecté au Tonkin où les affrontements sont déjà vifs, le GT arrive le 15 juin à Haïphong, en pleine mousson et s’installe dans les hangars de La Cotonnière. Les missions de transport vont se succéder localement vers Moncay, en zone côtière, dans le calme relatif de l’été 1947. Les grandes opérations sont programmées pour l’automne, en période sèche. C’est un état-major de novices en Indochine qui entoure Valluy, le successeur de Leclerc qui a été limogé. Les matériels et équipements sont inadaptés à la mousson et les hommes ignares pour contrer la guerre révolutionnaire. Valluy va se battre comme il l’a fait heureusement en Europe, mais… par beau temps. Il perd ainsi six mois et va laisser le terrain au viêtminh qui se renforce et se regroupe dans les sanctuaires que sont les calcaires de la moyenne région, le Viêt Bac et le Dong Trieu à l’est.
Le GT aguerri sillonne RC (routes coloniales) et RP (routes provinciales), du secteur maritime à Langson, depuis sa base de Khé Tu (Hoành Bô) à une encablure de la baie de Ha Long. A l’usage, la compagnie chargée de l’administration et du soutien est trop excentrée à Khé Tu. Elle va se fondre dans les deux compagnies opérationnelles qui deviennent autonomes et quasiment nomades tant les missions se succèdent maintenant à cadence rapide.

Le GT 516 dans la guerre. La reconquête du Tonkin.

Après l’échec du modus vivendi, les reprises difficiles des villes de Haïphong en novembre, Hanoï et Langson en décembre 1946, puis Nam Dinh, ont permis de refouler les guérilleros du viêtminh dans le delta et surtout dans les caches de la moyenne région. En haute région, au pays Thaïs et Méos, nos amis des minorités ethniques résistent et chassent sans fin les intrusions des Kinhs communistes qui veulent s’implanter chez eux.
Les axes principaux de circulation que sont Haïphong-Hanoï, la RC 5, Moncay-Langson-Dong Dang, la RC 4, Hanoï- Langson, la RC 1 et la RC 18 Moncay à Bac Ninh deviennent à l’été 1947, les terrains cruels des jeux du GT 516 qui transporte les hommes et ravitaille les postes disséminés dans le pays reconquis aux communistes, encore une peau de chagrin.
A l’automne 1947, la grande bagarre de reconquête et de pacification du Tonkin commence avec le Général en chef Salan.
« Le mandarin » appelé au secours du boute feu Valluy en perdition, organise, dirige et lance le 7 octobre, l’opération Léa. Le GT 516 est de la fête avec le groupement B, comme Beaufre, chargé de récupérer l’intégralité de la RC 4 jusqu’à Cao Bang et de boucler la zone frontière. Succès total.
Du 19 novembre au 14 décembre Salan lance l’opération Ceinture complémentaire qui libère un quadrilatère stratégique Tuyên Quang- Thaï Nguyên- Phu Lang- Vietri et la RC 3 qui relie Hanoï à Cao Bang via Bac Khan. Le GT 516 toujours avec le groupement Beaufre a été mis à forte contribution sur la RC 4, la future voie sacrée du Tonkin.
Dix tringlots tués et autant de blessés soldent les deux opérations. Quarante pour cent du matériel a été mis hors service. Les pièces de rechange n’arrivent qu’avec parcimonie. Les mécanos désossent et reconstituent Dodges et GMC à Langson, ville garnison, qui est devenue leur base d’entretien.

Le 24 janvier 1948, le GT 516 est cité à l’ordre de la division et reçoit la croix de guerre des Théatres d’Opérations Extérieures (TOE) avec étoile d’argent pour son engagement ininterrompu sur la RC4 de Langson à Cao Bang et sur la RC 3 de Cao Bang à Bac Khan depuis l’automne 1947.
Mais après la reconquête des axes de circulation utiles, il convient maintenant de les défendre. La politique de l’état-major général, faute de moyens aériens, se polarisera sur les seuls moyens de transports terrestres, même dans des secteurs au relief particulièrement difficiles au long de la frontière chinoise. La bataille des convois en zone frontière commence en 1948, quand Mao concrétise sa victoire sur Tchang Kaï-chek. Il va peser et apporter un soutien inépuisable aux bataillons viêtminh qui se constituent, se forment et s’entraînent chez lui tout au long de la frontière.

La bataille des convois.

Depuis Haïphong et Khé Tu, la zone d’action du G T 516 se situe dans le secteur maritime et sur la RC 4 jusqu’à la grande garnison de Cao Bang.
Dès le 1er janvier 1948, un convoi de rapatriables venant de Cao Bang acheminés par le GT 516 tombe dans une cruelle embuscade au tunnel du col de Nguon Kim. Parmi les 22 morts et les 40 blessés, les tringlots auront 12 tués et 22 blessés.
A force d’embuscades et de dégagements après embuscades, l’organisation de la défense des itinéraires et des convois se rôde et s’améliore sensiblement. Les patrouilles d’ouverture de route et l’accompagnement des convois par des blindés légers redonnent un peu le moral aux convois tringlots malmenés qui auront 21 tués sur cette route en 1948 et 256 citations individuelles.
Le chef d’escadron Pellerin qui commandait le Train en zone frontière est remplacé le 21 mars par son collègue Nouque-Larrouy.
Le général Salan commandant en chef des armées est remplacé le 15 mai par Blaizot. Celui-ci ne s’entend pas avec le Haut-commissaire Pignon. L’effort de guerre au Tonkin n’était pas la priorité de Pignon qui préférait sauvegarder les intérêts des planteurs de Cochinchine dans une guerre statique des postes. Le Tonkin et la RC 4 sont dans une situation de plus en plus exposée face au danger chinois.
Les longs convois sont maintenus en zone frontière et deviennent une proie facile pour les viêts.
Si les attaques sont souvent déjouées, les pertes nombreuses incombent maintenant aux patrouilleurs et aux détachements protecteurs des convois. L’état-major s’entête. Il invente et installe les fameux PK, les postes kilométriques servant de sonnettes d’alarme le long de la route dans les secteurs les plus cruciaux. En octobre, l’arrivée du 3/3e REI, retiré de la RC3 devenue intenable et abandonnée aux viêts jusqu’à Bac Khan, sécurise la RC4 où tous les ouvrages d’art ont été détruits et les saignées en touches de piano sur la route se renouvellent chaque nuit rendant les temps de trajet et l’exposition aux attaques totalement démentiels.
En 1949, le conflit s’intensifie encore, la guérilla a fait place à des affrontements de bataillons. Le GT 516 participe à toutes les missions de transport générées par les opérations en zone frontière.
La 1/516 qui servait de vivier en hommes et matériels est dissoute administrativement en février, puis sera recréée en octobre. Elle est remplacée sur le terrain par une compagnie de transport légionnaire la 2/503 CTLE qui devient en janvier 1950, la 3/516, compagnie d’élite forte de deux cents légionnaires.
Le général Carpentier succède à Blaizot. Il décide en septembre 1949, au vu des pertes en hommes et matériels sur la RC4 que Cao Bang et Dong Khé seront désormais ravitaillés par voie aérienne. Il oublie le rapport du général Revers qui en avril 1949 était venu en inspection et avait proposé l’évacuation des postes les plus exposés de la zone frontière. Ce qui avait été entériné.
En décembre, les troupes nationalistes chinoises battues et repoussées arrivent de Chine par milliers à Dong Dang. Une fois désarmés, huit cent mille chinois sont acheminés vers Tiên Yên et Haïphong. Beaucoup le sont par les tringlots du GT 516.
En 1950 le conflit d’indépendance est devenu un conflit mondial lié à la guerre froide.
En avril et mai 1950, les 2e et 3e/516 sont appelées dans le massif du Dong Trieu pour l’opération
« Parpaing ».
Les attaques viêtminh se multiplient sur les convois. Le 4 mars au nord de Khé Tu, le 25 avril à Lung Phaï, le 3 juin vers Na Cham et le 3 septembre à nouveau au col de Lung Phaï, qui sera la plus tragique attaque avec 52 véhicules détruits sur trois kilomètres. Le 16 septembre un peloton de la 3/516 est attaqué avant Na Cham. Le 2 octobre, c’est entre Na Cham et Lung Vaï que la première rame du convoi fractionné en rames de dix véhicules circulant à dix minutes d’intervalle tombe dans l’embuscade qui détruira deux blindés de protection et six GMC. Un tué et deux disparus seront comptabilisés pour le GT 516 parmi les soixante quatre soldats tués et disparus.
Dong Khé pris, puis repris, tombe définitivement aux mains viêts le 18 septembre.
Début octobre, le généchef Carpentier s’affole et décide d’évacuer en hâte Cao Bang. Les opérations « Tiznit et Thérèse », opérations de rétraction délicates, sont montées sans précautions ni intelligence par le colonel Constans, chef de la zone frontière depuis son repaire de Langson.
Il va contribuer largement à la tragédie qui s’en suivra, la perte en douze jours de sept bataillons et la première grande défaite du corps expéditionnaire en Indochine. Le 18 octobre, pris de panique, il ordonne l’évacuation de Langson, garnison assurément imprenable et nullement menacée.
Abandonnant un butin incroyable, de quoi équiper deux divisions viêtminh en armement et impedimenta, Langson est livrée au vietminh comme That Khé, Na Cham et Dong Dang sans que ces garnisons ne soient menacées sur l’heure d’une offensive générale du viêtminh, tout heureux de récupérer sans combat des villes stratégiques et une prise de guerre incroyable.
Le GT 516 sera de tous les convois de rétraction. Ses véhicules seront partout sous les déluges de la mousson et les attaques communistes. Il faudra ensuite une douzaine de jours aux trois compagnies pour réussir à se regrouper à leur ancienne base de Khê Tu.
Après avoir contribué à la conquête avec Salan de la RC 4, après avoir lutté pour s’y maintenir, le GT 516 contraint et forcé par la stratégie Carpentier, la quitte pour de nouvelles missions qui seront désormais dans la peau de chagrin que constitue le delta du fleuve Rouge, encore tenu par les Français.
La 1 / 516 revient à Khê Tu, l’état-major et la 2/516 s’installe à Haïphong, la 3/516 à Khê Sat et à Nam Dinh.
Cité une nouvelle fois à l’ordre de la division pour les 211 missions accomplies en zones particulièrement difficiles et dangereuses depuis le 1er janvier 1950, le GT sera aussi distingué… pour sa contribution à l’évacuation des postes avancés….y compris Langson.
Cette seconde citation comporte l’attribution de la croix de guerre des TOE avec étoile d’argent.

1951. Le roi Jean et la réorganisation du GT 516

Dès son arrivée le 17 décembre 1950, le général de Lattre purge le corps expéditionnaire de tous les acteurs de la défaite et reprend fermement les combattants en main. « Désormais, mes petits, vous serez commandés ». Avec Salan comme patron opérationnel de ses troupes, il reconstruit, réorganise et renforce les unités avec maintenant l’aide logistique des Etats-Unis. Le matériel arrive, même du matériel inadéquat au terrain d’Indochine !
Le GT 516, qui s’est couvert de gloire n’a rien à craindre des foudres « delattriennes ». La 1/516 est honorée et devient la 2/CTQG, compagnie de transport du quartier général, installée à Sept Pagodes le 15 février 1951.
La 2/516 se renforce d’un peloton fluvial de 8 LCM avec servants indochinois. Elle est basée à la verrerie de Haïphong. La 3 /516 est toujours à Khê Sat.
En octobre, la 1/516 renaît avec le quatrième peloton de la 2/516.
Durant l’année 1951, les missions s’enchaînent au gré des opérations. Ce sera Vinh Yên, le Dong Trieu, Méduse, Reptile, la bataille du Day, Citron, Mandarine, Amande, Tulipe, Lotus et la reprise de Hoa Binh.
Une troisième citation à l’ordre de l’armée avec attribution de la croix de guerre des TOE et étoile de vermeil vient récompenser le GT 516.

De 1952 à la fin de 1953, c’est l’action ininterrompue dans le delta.

Le GT participe à la bataille de Hoa Binh et son évacuation fin février, la bataille de la RC6 et de la rivière Noire. Les opérations terrestres et fluviales se succèdent sans fin, Amphibie, Mercure, Dromadaire, Boléro, Lorraine et Bretagne en 1952.
De Lattre avait exigé le jaunissement de l’armée et l’engagement de Bao Daï dans le conflit qui était désormais vietnamien depuis l’indépendance. Des renforts viêtnamiens viendront tardivement.
Le GT 516 composé surtout de conducteurs maghrébins possède maintenant sa 3e compagnie constituée de trois pelotons de viêtnamiens fidèles à Bao Daï.
Durant le premier semestre 1953, l’activité du GT 516 restera en priorité dans le delta du fleuve Rouge. Aux opérations Artois, Normandie, Nice et Corse et Hautes Alpes s’ajouteront Brochet, Claude, Mouette, Buffle et Gerfaut.
Le 28 mai 1953, Navarre succède à Salan, mis à l’index par Coste Floret pour son immobilisme. Il avait succédé au général de Lattre parti en France pour mourir et ne cessait de réclamer des renforts.
Les structures du groupe vont se modifier avec le nouvel arrivant. La 1/516 est dissoute le 31 juillet. Le peloton fluvial de la 2/516 rejoint le GT 515 et la 3/516 récupère un peloton fluvial, le 1er septembre. Enfin la 3/516 perd ses légionnaires rappelés au 3è REI, remplacés par des viêtnamiens.
Le 516 est cité une quatrième fois à l’ordre de l’armée avec palme, le 15 juillet et la 3/516 CTLE avait été citée le 31 janvier, à l’ordre du corps d’armée avec attribution de la croix de guerre des TOE avec étoile de vermeil.

Les derniers combats et le repli du Tonkin.

De janvier à mars 1954, le groupe transporte, hommes, engins et impedimenta dans le delta puis l’approvisionnement des avitailleurs vers Diên Biên Phu jusqu’à la chute du camp retranché. Isabelle, le dernier bastion, se rend le 8 mai à 1 heure du matin.
Après la chute de DBP, le GT 516 sera chargé de l’évacuations des dépôts stratégiques prescrits par Cogny, puis à l’évacuation des forces françaises, vietnamiennes et des civils du delta vers Hanoï puis vers Haïphong, une fois sécurisé l’axe stratégique de repli qui est la RC 5.
Le second semestre 1954 sera occupé à rapatrier les unités, les catholiques, les minoritaires et les partisans qui fuyaient le communisme. En septembre, le peloton fluvial a mission de récupérer les 10754 prisonniers de l’union française, les survivants rescapés du goulag libérés parcimonieusement à Vietri (1).
Le 24 janvier 1955 le GT 516 fait ses adieux au Tonkin. Embarqué pour Saïgon, il s’installe à Baria tout près de Vung Tau, le Cap St Jacques, où les hommes vont souffler et se reposer…au soleil.
Les dernières missions locales assurées, véhicules remis en état, le groupe est rapatrié en Afrique du Nord, sa terre d’origine et celle de beaucoup de ses hommes survivants.

(1) Sur 46383 prisonniers du corps expéditionnaire et des forces indochinoises, les communistes ne libèreront que 10754 soldats, tous les autres ne reviendront pas des camps de la mort lente.

Du 22 au 28 septembre les matériels sont embarqués sur le Montbéliard, l’Atlantique et le St Nazaire. Le 28, les hommes montent à bord de l’Athos II à destination d’Alger.
Le 19 octobre, alors que le groupe est encore en mer, il reçoit une ultime citation, la seconde à l’ordre de l’armée, croix de guerre des TOE avec palme, elle couvre les années 1953 et 1954.
La fourragère spéciale aux couleurs du ruban de la croix de guerre des TOE, ultime récompense acquise au Vietnam par le GT 516, ne lui parviendra que le 25 juillet 1956 clôturant les honneurs.

Gloria victis.

C’en était bien fini de la guerre d’Indochine pour la France malmenée. La guerre américaine du Viêtnam se profilait déjà avec une réserve insoupçonnée d’horreurs et nos chers politiciens allaient nous offrir un bis repetita en Algérie comme si leurs erreurs passées avaient été gommées comme par miracle !
Après un bref séjour dans l’Algérois, le GT 516 rejoint le Maroc par la voie ferrée. En novembre 1955 il s’installe au camp Lyautey d’Ain el Harouda près de Casablanca.

En août 1958, il est rappelé aux missions du maintien de l’ordre en Algérie et ses compagnies sont dispatchées dans des fermes européennes de la plaine de la Mitidja.

Ce texte a été écrit par Gérard Gilles Epain, chef de peloton à la 1/516 en 1962. Tous droits réservés.

 

Courrier pour Gérard Gilles Epain

Revenir à la page sur le GT 516

  Le Train en Algérie

 
 Tringlots en Algérie

Le Train de la Libération

 Unités du Train en Afrique du Nord