LA GUERRE D’ALGÉRIE

La guerre est un acte de violence destiné à contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté ; il n’y a pas de limite à la manifestation de la violence. Comme l’usage de la violence n’exclut pas la coopération de l’intelligence, celui qui en use sans pitié prendra l’avantage sur son adversaire ’agit pas de même (Clausewitz).

1954

Lorsque débutent les événements d’Algérie le 1er novembre 1954, l’Armée française est présente en Algérie avec 80 000 hommes, dont 50 000 pour l'armée de terre, appelés et engagés, Arabes, Kabyles, Pieds noirs, métropolitains et Tirailleurs Sénégalais. 6 000 hommes seulement sont réellement opérationnels. C'est une armée lourde totalement dépendante des voies de communication. C'est une armée inadaptée à la guérilla. Alors que les combats ont fait rage en Indochine, c'est une armée qui somnole au soleil d'Afrique.

En cette Toussaint Rouge, des attentats réveillent le pays. Dans les premières victimes, figurent des appelés, Pierre Audat, mort à 20 ans au 9e Bataillon de Chasseurs d'Afrique à Batna, Eugène Cochet, mort à 21 ans devant la caserne du II4e Régiment d’Artillerie à Batna (il semble qu'il n'était pas armé), André Marquey tué au 12e Régiment d’Artillerie à Khenchela et un officier de carrière le lieutenant Roland Darneau du 9e Escadron de Spahis algériens mort également à Khenchela. Pour les appelés, ces premiers morts sont une surprise et une incompréhension totale. Nous sommes en temps de paix et les armes des hommes de garde ne sont pas chargées.

Les gouvernants, Pierre Mendés France, Président du conseil et François Mitterrand, Ministre de l’Intérieur n’ont rien préparé, alors que le feu couve depuis 1830 et que depuis quelques mois leurs conseillers et les services de renseignement les ont alerté. Le général Duval avait prévenu au lendemain : "la paix pour 10 ans"

Ce ne sont tout d’abord que de petites opérations menées par un millier de rebelles contre des objectifs civils et militaires dispersés sur un vaste territoire. Très vite, le manque d'hommes est évident et des renforts sont envoyés de métropole. Tout d’abord, 10 bataillons d’active de la 11e Division d’Infanterie arrivent avec dans leurs effectifs de nombreux appelés. Puis 3 compagnies de C.R.S, puis 3 bataillons de parachutistes de la 25e Division Parachutiste (2 000 hommes), qui arrivent par avions. Les appelés présents sur le terrain sont maintenus sous les drapeaux. Les plus anciens seront libéré le 31 mars 1955. Pour y parvenir, alors que le service est encore de 18 mois, les dirigeants politiques (toutes tendances politiques confondues) ressortent une vieille loi de 1872. De prolongations en prolongations, la durée du service passe à 24 mois, puis à 27 mois (29 mois pour les cadres). Des interprétations de la loi permettent de maintenir sous les drapeaux jusqu’à 30 mois un appelé, 33 mois un gradé.

Dès le 29 novembre, les opérations militaires commencent. Ainsi le 18e Régiment de Parachutistes Coloniaux (R.P.C.) entre en campagne dès son arrivée. Fin décembre, c’est l’opération « Aloès ». La liste des  "Morts pour la France" commence à s‘allonger.

1955

Au 1er janvier 1955, les soldats français sont 40 000 opérationnels. Les autres sont à l’instruction, en permissions, libérables ou dans les états-majors. Les attentats sont désormais quotidiens, frappant civils et militaires. Le commandement en Algérie renouvelle sa demande de renforts. Demandes qui ne cesseront plus de toute la guerre. A la hâte, vont être créés des bataillons réduits extrêmement mobiles organisés en contre guérilla.

C’est une guerre étrange où chaque accrochage entraîne une enquête de gendarmerie, une guerre où les morts donnent lieu à autopsie, une guerre où l‘on doit faire les sommations avant de tirer, une guerre où un soldat blessé peut porter plainte contre ceux qui ont tiré sur lui. Fin janvier, il y a 173 000 hommes dans les 3 pays du Maghreb. Le 26 mai, le gouvernement signe l’ordre de mettre en route la 2e Division Motorisée depuis ses garnisons de Colmar, Strasbourg et Nancy. Vont débarquer les 26e, 151e, 152e et 153e Régiment d’Infanterie Motorisée, un groupe d’artillerie antiaérienne, le 16e Dragons et les unités de soutien, Train, Service de Santé, Transmissions. Toutes unités à majorité d’appelés (la division toutefois ne sera au complet qu’à partir de 1956). La 27e Division d’Infanterie Alpine arrive plus rapidement avec la reconstitution sur place de plusieurs unités. Sa reconstitution s’opère à partir du Ier août.

Mais il faut des hommes, beaucoup d’hommes. D’autant que des unités partent d’Algérie pour le Maroc ou la Tunisie où les attentats continuent également. La 14e Division passe du Maroc en Algérie.

Le 20 août 1955, le F.L.N. (Front de Libération Nationale) mobilise les foules musulmanes des villes et villages du Nord-Constantinois en 45 endroits. Le but : massacrer le plus de Français possible pour entraîner des représailles de la part de l‘armée et enclencher le cycle attentat-répression. Encadrés par des réguliers de l‘A.L.N (Armée de Libération Nationale), la foule se déchaîne, massacre tous les européens rencontrés. A Kenifra, Oued-Zen, El-Halia, Aïn-Abid, c’est l’enfer. Femmes, enfants, bébés et vieillards européens sont massacrés à la hache, au couteau, à la serpe, à coup de gourdins. L’armée intervient avec un peu de retard. Au soir, 171 Européens ont été tués. L’Armée française, mais aussi des milices locales vont se venger. 1 273 Musulmans sont abattus. La coupure entre Musulmans et Européens voulue par le F.L.N. vient de se créer, rien ne sera plus comme avant le 20 août 1955.

Le 24 août, pendant que 50 % des Français sont en vacances, le gouvernement ressort une loi de 1928, et avec le consentement de l’Assemblée Nationale, prévoit de rappeler 50 000 hommes des classes 1952, 1953 et 1954 pour une durée limitée à 6 mois. Ceux des classes 1953 et 1954 encore sous les drapeaux sont maintenus. Décisions qui doivent permettre de disposer de 65 000 à 90 000 hommes par contingent. L’Armée française redéploie ses effectifs de métropole et d'Allemagne. Il y a désormais en Algérie les 27e Division Alpine, la 2e Division Mécanisée, la 14e Division d’Infanterie, la 19e Division d’Infanterie, la 25e Division Aéroportée et de nombreuses unités non endivisionnées. Sont rappelés sous les drapeaux, 7 000 Pieds noirs  disponibles et 6 000 Pieds noirs  réservistes . Ces derniers sont organisés en Unité Territoriale (U.T.) destinées à maintenir l’ordre en ville.

Le terrorisme s’exporte en métropole avec des manifestations, des attentats attribués au F.L.N. Des affrontements se déroulent contre le service d’ordre à Paris, Saint-Étienne, Douai. Des policiers sont blessés ou tués.

Si l’A.L.N. fait la guerre à l’Armée française, elle ne fait pas de quartier aux Tirailleurs algériens qui sont impitoyablement massacré, 16 tirailleurs sont tués au nord de Taza le 7 mai 1956.


La quatrième République



1956