La durée du service actif est ramenée à 1 an.
Lors d'incidents dans une usine, le pouvoir n'hésite pas à faire intervenir des Tirailleurs sénégalais puis à les faire travailler sur le port. C'est aussi une démonstration de force envers l'Italie pour affirmer la présence française.
Le lundi de Pâques 1947 à Casablanca, des Tirailleurs sénégalais se répandent dans la Médina et y massacrent 7 personnes suivant le bilan officiel, plus sûrement une centaine. Les Marocains déplorent que ni les officiers français, ni la police ne soient intervenus. L'antagonisme ethnique dont la France a joué pour maintenir la paix dans son Empire y voit là son prolongement. Mais à part des incidents à Oujda toujours en 1947 où 40 personnes sont tués, le pays reste calme pendant 3 ans sous le commandement du Gouverneur, le général Juin.
La situation se dégrade en 1950 puis 1951 quand le général Juin expulse de son conseil de gouvernement les nationalistes marocains. L'action est accompagnée d'un déploiement de troupes dans Rabat. En 1952, 25 000 partisans berbères du pacha de Marrakech, plutot favorable à la France, descendent des montagnes et marchent sur Fès et Rabat et occupent le résidence générale et le palais du Sultan. Le Sultan du Maroc accepte finalement la co-souveraineté sur le pays mais refusera de signer le moindre document. Les Berbères qui lui étaient opposés se rapprochent finalement de lui. Juin part en métropole pour recevoir son bâton de Maréchal et le général Guillaume le remplace.
17 et 18 décembre 1951, des émeutiers (3 000 à 6 000) déclenchent des incidents à Casablanca. La police (2 000 hommes) et la troupe interviennent (3 000 Spahis et Tirailleurs marocains, Légionnaires et Chasseurs d'Afrique), bilan 60 morts et 306 blessés. D'autres émeutes éclatent à Rabat. Le 17 août, nouvelle émeute : 88 civils sont tués par les émeutiers.
A la place du sultan, les Français verraient bien un homme de paille du Glaoui, le pacha de Marrakech. Mouley Ben Arafa est nommé Sultan par les Français et Mohamed ben Youssef et son fils sont envoyés en exil, en Corse d'abord puis à Madagascar. Le peuple marocain est abasourdi et fin 1953, les attentats, les actions terroristes reprennent. Les incendies de propriété et de récoltes appartenant à des Européens, les sabotages de voies ferrées, deviennent fréquents. Plus grave, sont les désertions de Goumiers qui privent l'armée française des meilleurs soldats qui soient. Un civil Lacoste remplace Guillaume. Puis Grandval remplace Lacoste. Puis Boyer de la Tour remplace Grandval.
En 1955, les attentats contre les Français continuent. Les émeutes se succèdent, à Marrakech, à Meknès, à Casablanca. Le 20 août, le drame éclate à Oued-Zem : 77 civils français tués. Des scènes dhorreur se déroulent à Kénitra, Khouribgha, Aït-Amar. Les troupes françaises vont user de représailles. La Légion appuyée par les chars des Chasseurs d'Afrique et par l'aviation interviennent énergiquement, le chiffre officiel des insurgés tués est de 700 morts.
Nouvelle insurrection en octobre 1955. Des combats se déroulent dans le Rif et dans le Moyen Atlas. L'arrivée de la 4e Division d'infanterie motorisée porte les effectifs des Français à 106 000 hommes. Mais les unités marocaines désertent en grand nombre et les Tirailleurs algériens refusent de partir en opération. Boyer de la Tour est remplacé par Dubois. De changements de politique en atermoiements, le gouvernement français accepte le retour du sultan. Le Glaoui se rallie au sultan.
15 000 soldats français (gl Agostini) tentent de s'opposer à une Armée de Libération dans le nord du pays. Les Goumiers et les Tirailleurs qui restaient, désertent, il ne reste plus que la Légion pour cette opération qui sera la dernière au Maroc.
Lindépendance du Maroc est proclamée le 20 mars 1956. Mohamed ben Youssef prend le titre de Mohamed V, roi du Maroc. Des Tirailleurs marocains sont autorisés à rester dans l'Armée française pour y attendre la fin de leur contrat. Ils se joignent aux autres troupes françaises autorisées à rester au Maroc jusqu'en 1960.
La crise rebondit en 1958 avec la demande d'aide à la France et à l'Espagne formulée par le roi du Maroc. Le royaume est menacé par une Armée de Libération du Sahara. L'Espagne envoie 9 000 hommes et 60 avions. La France intervient avec 5 000 hommes et 70 avions qui opèrent à partir de Tindouf en Algérie, Fort Trinquet et Fort Gouraud en Mauritanie. La remise en ordre opérée, le Maroc demande le retrait immédiat de toutes les troupes françaises. L'évacuation presque totale sera effective en 1961.
Le 5 août, des émeutes éclatent à Sfax. LArmée française intervient et rétabli lordre au prix dune trentaine de morts parmi les émeutiers. Cest le début dun conflit qui va emmener la Tunisie vers son indépendance. Des Tirailleurs tunisiens, des Spahis, des marsouins, la Légion venus de métropole et d'Algérie, appuyés par des blindés, la police locale et la gendarmerie tentent de s'opposer aux multiples actes de sabotage, aux assassinats organisés par les nationalistes tunisiens. La calme revient.
En 1954, le gl Boyer de la Tour du Moulin confronté à une nouvelle vague d'incidents, juge ses forces insuffisantes (6 bataillons d'infanterie, 2 escadrons de spahis, une compagnie méhariste et un millier de gendarmes). Aux grèves répondent le couvre-feu. Aux actions terroristes répondent l'arrivée de renforts supplémentaires. 4 500 hommes de renfort venus de métropole, d'Algérie et du Sénégal débarquent : des éléments des 11e et 14e Divisions d'infanterie, Tirailleurs marocains, Zouaves, Parachutistes, Gendarmes mobiles. 50 groupes de combats composés d'Européens de Tunisie sont formés. Au 1er janvier 1955, il y a 41 000 soldats en Tunisie. De compromis en concessions, de répression en négociation, la situation s'apaise. L'amnistie promise aux "rebelles" porte ses fruits. En juin 1955, l'autonomie de la Tunisie est proclamée, mais la France garde la haute main sur la défense. Ce n'est pas suffisant, de nouveaux incidents éclatent. Dans la région de Matmata, il faut l'intervention de l'artillerie et de l'aviation pour venir à bout des groupes de rebelles. Les négociations aboutissent enfin malgré la situation compliquée par linstallation sur le sol tunisien de bandes de rebelles algériens et la présence dune importante base navale française à Bizerte.
Le 30 mars 1956, la France accorde son indépendance à la Tunisie. La France y conserve la base navale de Bizerte, les bases de Gafsa, El Aouina, Gabès, Sfax et Remada. . Une partie des troupes (10 000 hommes) est envoyée en Algérie.
Les forces françaises dAlgérie usant du droit de poursuite font quelques incursions dans le territoire tunisien, ce qui mécontente les dirigeants tunisiens notamment le Président Bourguiba qui discours après discours réclame le départ total des Français. Les incidents de frontière deviennent monnaie courante. La Tunisie abrite sur son sol des bandes du F.L.N. qui tirent par dessus la frontière sur les postes français. La mort de 15 soldats français, le 11 janvier 1958, déclenche les représailles de lArmée française sur le village de Sakiet Sidi Youssef (voir au chapitre suivant) une des bases de l'A.L.N.. La Tunisie demande le départ immédiat des soldats français stationnés sur son sol. Les garnisons françaises sont bloquées dans leurs postes quil faut ravitailler par hélicoptère. De Gaulle cède sur les bases sauf Bizerte que la France entend conserver.
Le 18 juillet 1961, loccupation, pourtant négociée, de la base de Bizerte ulcère de plus en plus le pouvoir tunisien. Un incident est inévitable. Les soldats tunisiens et la population (11 000 personnes) marchent sur la base. Des coups de feu sont tirés sur les soldats français du 8e R.I.A.. La riposte est très ferme, les parachutistes français du 2e R.P.I.Ma largués et aérotransportés sur la base (ils viennent dAlgérie) la dégagent. Le porte-avions Arromanches en rade lâche ses avions, pendant que 3 navires de guerre entrent dans le goulet. Le 3e R.P.I.Ma puis le 3e R.E.I débarquent à leur tour. Renforts qui permettent à lArmée française de contre-attaquer. Les combats de rue sont violents et vont durer 3 jours. 24 morts et 100 blessés dans les troupes françaises, au moins 500 morts, 1 200 blessés et 578 prisonniers tunisiens. Les deux camps restent sur leurs positions initiales.
La base navale sera restituée à la Tunisie en octobre 1963, sans combat, après le départ des derniers militaires français.
A Madagascar, des troubles éclatent dans la nuit du 29 au 30 mars. La garnison de Moramanga composée de Tirailleurs sénégalais est attaquée. En fait, les 2 000 insurgés ne disposent que de peu darmes, uniquement celles amenées par des Tirailleurs malgaches déserteurs. L'attaque est repoussée.
Le gouvernement va envoyer des renforts qui ne cessent daffluer dans lîle, malgré les besoins de la guerre dIndochine (6e Régiment d'infanterie coloniale, 2/4e R.E.I., un escadron du 2e R.E.C., des Tirailleurs algériens, des Tirailleurs marocains). A la saison sèche, les Français sont 18 000 soldats et marins. Rapidement, ils sont 30 000 (gl Garbay) et les guérilléros sont refoulés, traqués au milieu dune population qui ne peut les nourrir. Tous meurent littéralement de faim et la répression continue. Les opérations militaires tournent rapidement à la guerre raciale entre arabes et malgaches. Il n'est fait aucun quartier, hommes, femmes et enfants sont torturés, massacrés. Cette insurrection séteint en décembre 1948 avec la capture des chefs de la rébellion. La répression féroce a fait des dizaines de milliers de victimes, 11 000 suivant les autorités, 89 000 morts plus certainement (les Malgaches avancent le chiffre de 200 000). Les Français ont perdu 200 morts civils et 350 militaires. Aucune médaille commémorative, aucune décoration ne sera attribué pour la participation à cette campagne.
Létat de siège ne sera levé quen 1956 et lindépendance accordée le 26 juin 1960. Les derniers paras du 2e Régiment de Parachutistes coloniaux stationneront à Tananarive jusqu'en 1962.
5 décembre 1947, rappel de 30 000 hommes de la classe 1946 (libérés en novembre 47, leur service dun an terminé) .
Du 4 octobre au 18 novembre, intervention de larmée (Parachutistes coloniaux ?) pour dégager les puits de mines bloqués par les mineurs en grève.
Le 23 mai 1949, un nouvel Etat, la République fédérale d'Allemagne est créé à l'ouest tandis qu'à l'est, le 7 octobre 1949, la République démocratique allemande voit le jour. Seule la ville de Berlin restera occupée jusqu'à la période récente qui a vu la réunification des deux Allemagnes. Les administrateurs civils rentrent en France. LAllemagne prend son destin en main malgré sa séparation en 2 états. Les troupes françaises restent pour assurer « la défense du monde occidental face à lArmée Rouge ». Les unités sont redistribuées sur le territoire allemand, de nouvelles casernes sont créées ou réhabilitées. Une grande fraction des appelés fera désormais une partie de son service en Allemagne. Ces appelés si pauvres quils ne peuvent même pas se payer une bière dans un café allemand, dautant que le miracle économique entraîne une hausse des prix. Pour des milliers dentre eux, ce sera une halte sur le chemin de lAlgérie.
La durée du service militaire est portée à 18 mois par la loi du 30 novembre. Création des centres de sélection qui doivent permettre en 3 jours de tests aux autorités militaires de mieux connaître les recrues.
La guerre de Corée voit des Français sincorporer aux forces de lO.N.U.. Il sagit de professionnels et réservistes volontaires regroupés au sein du Bataillon Français de lO.N.U. sous commandement américain (2e Division dInfanterie Américaine). Certains officiers n'ont pas hésités à rendre leurs galons pour être envoyés en Corée. Il y a avec eux, des Africains du sud, des Australiens, des Belges, des Canadiens, des Colombiens, des Américains, des Éthiopiens, des Anglais, des Grecs, des Néo-Zélandais, des Néerlandais, des Philippins, des Coréens, des Thaïlandais, des Turcs. A la fin de la guerre en 1953, les soldats français repartent en Indochine. Face aux centaines de milliers de soldats chinois et nord-coréens, les 3 421 soldats qui se sont succédés en Corée ont eu 288 tués (et 8 disparus) et 1 350 des leurs ont été blessés .
Corée - hiver 1950-1951
Des incidents opposent lArmée française à des manifestants le 22 janvier à Bouaflé en Côte dIvoire. Des coups de feu sont tirés : 3 manifestants tués et 2 officiers français blessés. Nouveaux incidents le 29 janvier à Dimbokro, toujours en Côte dIvoire, larmée française ouvre le feu : 13 morts, 60 blessés. Cest le début des luttes, heureusement plus souvent politiques que militaires qui vont amener les états dAfrique Noire à obtenir leur indépendance.
Seule exception, le Cameroun qui est le théâtre dune guérilla un peu oubliée à partir de 1955. Cette année 1955 voit du 20 au 30 mai des émeutes éclater à Yaoundé. Le sang coule. Officiellement, les troubles font 25 morts, en réalité certainement 125 et des centaines de blessés. En 1957, puis en 1959, attentats et émeutes reprennent, notamment à Douala. Lorsque lIndépendance du Cameroun est proclamée en 1960, la répression a fait 350 morts environ.
Dans les autres pays, les sages de lAfrique, Houphouët-Boigny et Léopold Senghor et dautres, souvent ministres de la République Française obtiennent lIndépendance de leur pays en 1960, dans lassociation avec la France, sans incident. Mauritanie, Soudan (Mali), Sénégal, Côte dIvoire, Haute-Volta (Burkina Fasso), Togo, Dahomey, Tchad, Oubangui-Chari (République Centrafricaine), Gabon, Moyen-Congo (Congo Brazzaville) deviennent des pays indépendants mais maintiennent leur liens avec la France. Depuis cette indépendance, des troupes françaises stationnent en Afrique et sont garantes de la sécurité de ces pays. En Guinée, le référendum a rejeté lassociation avec la France. Tous les fonctionnaires et tous les militaires quittent immédiatement le pays, au grand regret des dirigeants locaux qui navaient pas envisagé un départ aussi rapide.
Une loi damnistie est votée en faveur des incorporés de force dans la Wehrmacht, quelquait été leur conduite pendant la guerre. Lopinion publique sémeut de lamnistie ainsi accordée aux Waffen SS Alsaciens de la Division Das Reich participants actifs des massacres de Tulle et dOradour sur Glane.
1er novembre, jour de Toussaint, début des incidents qui vont conduire à des "Opérations de sécurité et de maintien de l'Ordre".
1er janvier. Entre en application une directive du gouvernement . Distribution obligatoire d'1/8ème de litre de lait par soldat, servi avec le café du matin. Cette mesure tombera d'elle même dans l'oubli. Les "gus" sur leur piton en Algérie ne verront jamais une goutte de lait.
Les autorités françaises et les derniers soldats quittent les comptoirs de lInde. Les habitants de ces comptoirs peuvent opter pour la nationalité française, parmi eux des anciens combattants de 1914-1918 et 1939-1945.
Suppression du conseil de révision. Une vieille tradition française vient de disparaître dans lindifférence générale. Les soucis sont ailleurs, de lautre côté de la Méditerranée.
Le service militaire devient possible sous deux formes : de défense ou militaire. Où est la différence ?
A loccasion de lindépendance de divers pays dAfrique, la France va se montrer, une fois de plus, indigne de ses anciens combattants. Une poignée de députés, la veille de Noël 1960, va voter le gel des retraites et des pensions des anciens combattants africains. Avec les inflations successives, les subsides reçues de la France pour ces survivants noirs ou arabes sont devenus ridicules. En 1989, un capitaine de tirailleurs sénégalais sil est Africain touche moins quun caporal chef français. En 2007, la situation devait évoluer en faveur dun réévaluation de ces pensions. Mais quels sont les Français qui sen soucient ? En 2006, rien nest acquis.