LA GUERRE

4 septembre 1939 : Front du Nord-est.

Des éléments de la III° Armée française avancent au sud de Saarbrücken jusqu’à la ligne de défense allemande, la ligne Siegfried. L'opération ne fait fuir que quelques ouvriers allemands qui travaillent sur les fortifications.

7 et 8 septembre 1939 : Front du Nord-est.

Les troupes françaises continuent leur avance en Allemagne. Après leurs groupes de reconnaissance, des éléments de 8 divisions des III°, V° et IV° Armées soutenus par cinq bataillons de chars et de l'artillerie pénètrent en Allemagne face à Sarrelouis,  Zweibrücken et  Sarrebruck.  Nos troupes occupent rapidement 40 villages en Sarre sans rencontrer beaucoup de résistance. L'Armée allemande engagée en Pologne a évacué le secteur. Quelques engagements se déroulent cependant dans la forêt de Warndt. La Werhmacht transporte en toute hâte 6 divisions retirées de Pologne alors que la défaite de la  Pologne est déjà consommée. Le 12 septembre, Gamelin donne l'ordre aux troupes françaises de stopper leur avance. Le 21, il donne l'ordre de repli derrière la ligne Maginot.  Lorsque les Français repasse la frontière, ils ont perdu 27 tués, 22 blessés, 28 disparus, pour rien.  27 avions ont été perdus.

17 septembre : L'URSS envahit la Pologne par l'Est

26 septembre : Création de la Croix de Guerre. Les conditions de son attribution seront confirmées en 1941 puis en 1944.

27 septembre : Pologne.

L'Armée polonaise capitule. Rien n'a été fait pour lui venir véritablement en aide.

16 octobre 1939 : Sur tout le front français.

Les premières troupes britanniques débarquent en France. Rapidement, elles comptent 10 divisions (lord Gort). La R.A.F. déploie ses escadrilles qui commencent leurs missions de reconnaissance. La marine française commence sont travail de protection des transports des Britanniques comme elle couvre le transfert sur la métropole des troupes d'Afrique du Nord. La marine commence aussi sa participation à la protection des convois sur la route de l'Atlantique. Les U.S.A. qui avaient déclaré l'embargo sur les livraisons d'armes et de munitions à destination de l'Europe changent de position et reprennent leurs livraisons aux Alliés.

C'est dans le ciel de France que se poursuivent les combats. En quatre semaines, les pilotes français abattent 32 appareils ennemis (au prix de 6 pilotes tués au combat). En mai 1940, la chasse française aura abattu 72 appareils ennemis mais perdu 82 tués. Elle compte aussi 387 appareils détruits et 527 endommagés toutes causes confondues. 

En octobre, sur le front du nord-est, les Alliés peuvent aligner 130 divisions. En face, les Allemands se sont renforcés et sur leurs 157 divisions, ils alignent 134 divisions à l'ouest. Pendant des mois, rien ne se passe. L'Armée française retranchée dans et autour de ses lignes de fortifications s'ennuie, s'encroûte, ne s'entraîne plus. Les troupes s'installent dans une “drôle de guerre” qui, à la longue, finit par saper le moral des plus endurcis. Le commandement multiplie les corvées puis se lasse aussi. Les seules distractions sont la radio, le théâtre aux armées et les parties de cartes interminables. Les hommes de la ligne Maginot sortent si peu de leurs ouvrages que les médecins organisent des séances de solarium pour recréer une impression de lumière.

   Attente 

Des soldats s'emploient dans les fermes du voisinage pour passer le temps. Fermes bien souvent vidées de leurs habitants. Tous les villages en avant de la ligne Maginot jusqu’à la frontière ont été évacués (530 000 Alsaciens et Mosellans ont été invités autoritairement à partir). Des troupiers mal commandés, indisciplinés, vont se livrer au pillage des villages abandonnés. Une telle masse d'hommes inoccupés génère obligatoirement ce type d'individus, si l'encadrement n'y prend garde.

La température, en cet hiver 39-40, descend parfois jusqu’à moins 20 degrés dans l'Est de la France. Le vin gèle dans les tonneaux . Dans les journaux de l'époque, on voyait des photos, montrant à côté d'une cuisine roulante, des soldats débitant à la hache des blocs de vin prés d'un tonneau éclaté.


Attente

Le moral des troupes est au plus bas. La propagande pacifiste et la position ambiguë des partis de gauche n'y sont pas étrangers “On ne va pas mourir pour Dantzig”. Si l'on ajoute à l'ennui, la carence de l'équipement et du gîte, on comprend la lassitude qui pèse sur toute l'armée. Ceux qui étaient encore pleins de résolutions à la mobilisation de 1939 sont gagnés par l'ennui. L'hiver de plus est très froid. Un comble avec le pinard qui gèle. Le seul moment agréable, c'est l'arrivée du courrier. Ce courrier que les autorités s'efforcent de faire arriver le plus vite possible.

Le music-hall se déplace aux armées, le commandement organise des rencontres sportives, renoue avec le système des permissions après 4 mois de présence au front. Rien n'y fait. Les paysans mobilisés enragent de ne rien faire alors que leurs femmes et parents doivent effectuer les durs travaux des champs, sans les chevaux , eux aussi mobilisés. 


Les artistes de music hall.

Le gouvernement tente d' intéresser la population de l'arriéré au soutien des soldats. Toutes les publicités commerciales tournent autour des soldats. Les enfants des écoles parrainent des mobilisés. La guerre introduit cependant des clivages entre les mobilisés au front et les mobilisés sur place. Les affectés spéciaux mobilisés sur leurs lieux de travail qui continuent à recevoir leur salaire, il est vrai pour une journée de travail qui passe de 8 à 10 heures, voire 12.heures.

Quelques patrouilles de corps francs, à l'initiative souvent locale, maintiennent le contact avec l'ennemi. Ces corps francs uniquement composés de volontaires ont été décidés dès septembre 1939. Ces unités ont des effectifs peu nombreux, une section au plus une compagnie, commandée par un sous-officier, au mieux par un officier subalterne. Ces corps francs existent aussi bien dans l'infanterie que dans la cavalerie, l'infanterie de forteresse ou l'aviation.  Pendant la drôle de guerre, ces petites unités seront les seules à combattre en "tâtant" quotidiennement les lignes allemandes. . Ce sont les corps francs  qui vont recevoir le premier choc lors de l'offensive allemande.  

Le reste de l'armée attend. Antoine de Saint-Exupéry, qui disparaîtra au cours de la guerre, écrit : ” A peine avions-nous déclaré la guerre qu'on attendit que l'on voulût bien nous anéantir”. Comment est-il équipé ce troupier de 1939, lorsqu'il a reçu tout son barda ?

A première vue, plus que le fils de celui de 1918, c'est plutôt sa copie, quand il a reçu tout son équipement, ce qui n'est pas toujours le cas.

Ne nous trompons pas, les splendides photos souvenirs où le soldat figure en magnifique tenue claire ajustée, tous ces photos  retouchées ne sont généralement qu'un cache misère.

La mobilisation de septembre 1939 voit la France incapable d'habiller et d'équiper ses soldats d'effets modernes. On va jusqu'à reprendre dans les musées des armes, des casques et des canons pour équiper les régiments de seconde ligne. Le soldat porte le casque "Adrian" du modèle standard, ou du nouveau modèle 1926, ou d'un modèle antérieur, peint en kaki sombre ; la capote kaki pour troupes à pied modèle 1920/35 en drap kaki avec boutons peints en kaki mat ; chemise et cravate modèle 1935 en toile kaki ; bretelles et ceintures en cuir fauve ; pantalon pour troupes à pied modèle 1938 (pantalon golf) en drap kaki; ban des molletières modèle 1918 en tissu kaki ; les brodequins modèle 1917 noirs, avec semelles à clous. Son équipement comprend un sac supérieur modèle 1935 en toile kaki avec bretelles, lanières et renfort des coutures de cuir fauve. Ce sac contient le paquetage de combat. Le bidon modèle 1935 recouvert de feutre kaki est attaché au ceinturon. Le soldat porte en plus, la musette en toile kaki avec bretelles, lanières et renfort des coutures en cuir fauve, la musette du masque à gaz ANP31 en toile kaki à courroies en tissus, le sac inférieur (appelé aussi sac d'allégement), qui contient les effets de rechanges, en toile kaki avec courroies en cuir fauve, le ceinturon modèle 1937/14 et deux cartouchières modèle 1937 symétriques, en cuir fauve : chaque cartouchière comprend une petite poche pour 3 lames chargeurs et une grande poche pour 6 lames chargeurs ou des ustensiles.


1939, Infanterie

La tenue de campagne standard comprend, durant l'hiver 1939-1940, des effets contre le froid : la chape ou peau de mouton, les bottes de tranchées, des lainages (fournis par les familles). Pendant la Campagne de Norvège 1940,  un nouvel uniforme équipera les unités participantes. Ce qui améliore l'allure du fantassin. Cette tenue est composée d'un blouson de toile kaki boutonné à mi-hauteur, une salopette kaki, des guêtres de toiles et des chaussures en dotation dans les troupes de montagnes, une canadienne en peau de mouton et lainages par temps froid. Pendant la Campagne franco-italienne 1940, ce seront les tenues des troupes de montagne, notamment celles des Chasseurs Alpins qui y participent en majorité.

L'Armée d'Afrique verra les troupes indigènes ou métropolitaines porter l'uniforme rappelant le "poilu" de 1917. Ce sont elles qui accueilleront souvent durement les Anglais, les Américains et les F.F.L. lors du débarquement en Afrique du Nord en 1942. Les Forces Françaises de la Libération après 1943 seront équipées à l'américaine avec port d'insignes nationaux. Le casque Adrian, le képi ou le bonnet de police resteront une caractéristique des troupes françaises. Les Goumiers seront souvent équipés de la "salade" anglaise. Ces troupes participeront à la Campagne de Tunisie, au débarquement de Sicile, à la Campagne d'Italie, au débarquement de Provence, à la Campagne de Libération et à la Campagne d'Allemagne.

Le fantassin de 1939 est toujours armé du Lebel modèle 1893 (qu’il surnomme la canne à pêche). Quelques troupes ont reçu le MAS 1936. L'armement lourd de l'infanterie est déjà très ancien, tel les mitrailleuses Saint Etienne et Hotchkiss datent de la Grande Guerre. Les plus mal lotis sont les Régiments de Volontaires Étrangers qui se baptiseront les "régiments ficelles" tellement ils sont obligés de s'équiper de bric et de broc.

Chez les nazis, on profite du répit laissé par les forces alliées pour renforcer ses moyens. On ne refera pas l'histoire, mais si les alliés avaient attaqué pendant que l'armée allemande balayait en 5 semaines l'armée polonaise ! Quelle leçon le Grand Quartier Général français tire t’il de cette victoire allemande ? Rien, l'Armée française reste l'arme au pied. Tout au plus renforce taon encore la ligne Maginot.

Seule la Marine participe activement au conflit. Avec la marine anglaise, elle recherche les grands navires et les sous-marins allemands qui ont quittés les ports de la mer du Nord et de la mer Baltique. Les "raiders" allemands ont pris la mer bien avant le début des hostilités et dès la déclaration de guerre coulent les navires de commerce alliés. La marine française prête son concours à la marine britannique pour chercher ces navires pirates. Les cuirassés Dunkerque et Strasbourg, le porte-avions Béarn, les croiseurs Foch, Dupleix, Gloire, Georges Leygues et Montcalm sont ainsi à la poursuite du Graf Spee qu'ils ne trouveront pas.

La marine continue son escorte les convois qui amènent des colonies les troupes qui montent au front en France, les convois de vivres qui viennent des États-Unis et des colonies. Elle escorte les convois anglais qui traversent sans cesse la Manche pour amener des troupes. Pour renforcer cette marine, on arme de petits cargos et des chalutiers, bateaux pour lesquels il faut trouver des équipages. Solution facile, l'équipage est souvent mobilisé avec son navire sous le commandement d'un jeune officier réserviste. Si les fantassins ne s'entraînent  plus, ce n'est pas le cas des marins que le commandement s'efforce de perfectionner.  

Le danger est constant, les sous-marins peuvent frapper à tout instant. Des milliers de mines magnétiques ont été lâchés et c'est plutôt une surprise désagréable d'autant que la France manque de navires adaptés . Les autorités arment en toute hâte des chalutiers en bois pour chasser ces mines. 

En Méditerranée, des actions sont menées contre la Marine italienne qui se garde bien de sortir de ses ports. On bombarde donc les ports, Gênes notamment. Les dégâts sont insignifiants.

31 janvier 1940, une action est envisagée en Finlande pour soulager ce pays face à l'agression soviétique. Une brigade est constituée avec les 5e et 27e demi-brigades de Chasseurs. Les plans sont ébauchés, les équipements rassemblés. Le 6 février, le rassemblement commence dans la région de Belley. Le 5 février, le débarquement en Finlande est annulé, remplacé par un débarquement en Norvège à Narvik pour aller ensuite en Finlande. Nouvel objectif, nouveaux équipements qui font défaut et nouvelle organisation. Sont joints aux Chasseurs, les Légionnaires de la 13e D.B.L.E.. Le 13 mars, l'U.R.S.S. et la Finlande signe un traité de paix. L'objectif Finlande est abandonné. L'objectif Narvik est maintenu mais entre temps les Allemands ont débarqué en Norvège.


Mobilisation



Avril 1940