19 mai 1940

En pleine bataille, le gouvernement remplace le général en chef Gamelin par le général Weygand revenu en catastrophe du Moyen-Orient.  Lorsque le Général Maxime Weygand (73 ans) est appelé au commandement suprême du Grand Quartier Général des troupes françaises le 20 mai 1940, la situation militaire est très mauvaise et il n'est au courant de rien.

Des troupes sont amenées sur la rive gauche de la Somme pour constituer une X° Armée. Objectifs : tenir le fleuve et contre-attaquer des troupes allemandes qui se sont éloignées fortement de leurs bases de départ.

« La bataille dont dépend le sort du pays sera livrée sans esprit de recul sur la position que nous occupons actuellement. Tous les chefs, jusqu'aux chefs de section, doivent être animés du désir farouche de se battre jusqu'à la mort [......] Que la pensée de notre patrie blessée vous inspire l'inébranlable résolution de tenir où vous êtes. Le sort de notre patrie et l'avenir de nos fils dépendent de votre ténacité. » (Général Weygand).  Des phrases patriotiques, mais qui les entend ?

Le plus extraordinaire, c'est que le Grand Quartier Général va trouver des troupes pour constituer un front continu entre la mer et l'Aisne. Les divisions arrivent, parfois de très loin et constituées à la hâte : 3e Division (gl Jeannel), 13e Division Légère (gl Desmazes), 19e Division d'infanterie (gl Toussaint), 7e Division Nord-africaine (gl Barré), 4e Division d'infanterie coloniale (gl de Bazelaire de Ruppiere), 5e Division d'infanterie coloniale (gl Sechet), 3e Division de cavalerie (gl Petiet), 2e Division de cavalerie (gl Berniquet), 5e Division de cavalerie (gl Chanoine), 4e Division cuirassée de réserve (col De Gaulle) , 31e Division alpine (gl Ihler), 40e Division d'infanterie (gl Durand), 51st Division écossaise (gl Fortune), restes de la 1st Division blindée britannique. Troupes disparates à l'armement lourd insuffisant. Reconnaissons leur mérite de parvenir jusqu'aux positions désignées.

Le panzergruppe Guderian a atteint une ligne Cambrai-Péronne-Ham et marche en direction d'Amiens, Albert, Abbeville.

20 mai 

L'Aéronavale a été engagée pour détruire les ponts sur l'Oise. Mais lancée sans couverture de chasseurs et se heurtant à une D.C.A. intense, elle perd 17 appareils et 17 autres sont endommagés. Avec les appareils détruits le 19 au dessus de Maubeuge, l'Aéronavale et la France ont perdu les deux tiers des appareils d'attaque.  

Guderian  fonce en avant de ses positions sur la ligne Cambrai-Péronne. Vers 09H00,  la 1.panzer s'empare d'Amiens. Ses forces suivent  la Somme en direction d'Abbeville. Dans l'après-midi, elles atteignent les environs de cette ville. Dès lors, les troupes françaises de la VII' armée se trouvent séparées de celles du Nord par un vide de 90 kilomètres. A 19H00, la 2.panzer se rue dans Abbeville. Une heure plus tard, l'un de ses bataillons de pointe, atteint la Manche à Noyelles. Depuis le matin, il a parcouru 110 kilomètres. En dix jours, les Allemands ont avancé de plus de 330 kilomètres. Les forces alliées sont coupées en deux. Les Allemands encerclent les armées belges, britanniques et 30 des meilleures divisions françaises autour de Boulogne, Calais et Dunkerque.

Les régiments ont été engagés au fur et à mesure de leur arrivée en ligne. L'infanterie coloniale voisine avec des régiments de forteresse. Les chars toujours utilisés en petits paquets se lancent à la contre-attaque sans infanterie parce que celle ci n'a pu suivre. Des artilleurs se battent tous seuls au coin d'un bois.  La 4.panzer a fait 8 000 prisonniers. 10 divisions d'infanterie, 2 divisions de cavalerie ont disparu, 1 division cuirassée et 2 divisions de forteresse n'existent plus. A la 4e D.C.R. (col De Gaulle) qui s'est retirée en combattant, De Gaulle se présente le 22 mai à son commandant d'armée (gl Frère), il a perdu 73 chars sur 179, 33 automitrailleuses sur 47. Mais la qualité de la cuirasse des chars a permis d'éviter de trop lourdes pertes humaines.

21 mai

Le Corps expéditionnaire britannique et deux divisions françaises tentent de briser l'encerclement au sud d'Arras. Les Allemands sont surpris et bousculés. Mais ils réagissent très vite avec 3 panzerdivisionen et l'offensive est brisée au prix de très lourdes pertes. La poche de Calais-Dunkerque est désormais bien fermée. Les évacuations de blessés commencent à Dunkerque sous les attaques des stukas.

23 mai

Les divisions amenées sur la Somme attaquent en direction d’Amiens. Après la perte de plusieurs chars du 7e Cuirs, l'attaque est suspendue. Elle reprendra le 27 mai avec Abbeville comme second objectif. Les blindés français et anglais se heurtent à une forte opposition d’anti-chars allemands. L'attaque est suspendue.

La bataille de Stonne reprend. Les Français ont reçu le renfort de la 1ère brigade de cavalerie (1er Hussards, 8e Chasseurs à cheval ayant abandonné leurs chevaux), de la 36e division d'infanterie (gl Aublet) et de la 6e d'infanterie coloniale (gl Carles) mais ont perdu les divisions légères de cavalerie parties sur la Somme. Les Allemands ont également changé leur dispositif. Le Grossdeutschland est parti en avant mais est arrivé aussi tout le 6.arméekorps (16, 24. et 36.infanteriedivisionen). Les Allemands attaquent à 04H30, avec leurs 3 divisions. Les Français sont submergés, mais réussissent à tenir des positions toute la journée. Ils se permettent de contre-attaquer la crête de Tannay avec le 93e groupe de reconnaissance divisionnaire, le 1er Hussards et le 16e bataillon de chasseurs portés, officiers en tête,  baïonnettes au canon.  Ils sont stoppés à moins de 100 mètres du sommet. Les pertes sont terribles. Dans la nuit, les survivants reçoivent du corps d'armée l'ordre de se replier sous la protection des Spahis et du 16e chasseurs. 

24 mai

Boulogne encerclé est évacué par les Britanniques sans que les Français en soient informés. Les Français tentent, sans succès, de colmater les brèches nouvellement créées. Dans la nuit du 24 au 25, des éléments tentent de rejoindre Saint-Omer par petits groupes. Succès pour quelques uns, échec pour d'autres. Attaquée à bout portant par les 88mm allemands, la citadelle de Boulogne tombe le 25 mai laissant 2 000 prisonniers . Les défenseurs ont tenu 4 jours immobilisant toute la 2.panzer. La garnison obtient des Allemands les "Honneurs de la guerre". En mer, le contre-torpilleur Chacal qui a tenté de soutenir les troupes encerclées avec sa maigre artillerie a été coulé.  Le destroyer français Orage est lui aussi coulé. Les autres navires Sirocco, Mistral, Léopard, Bourrasque, Frondeur, Orage, Fougueux et Cyclone avec le HMS Vimy ont tenté vainement d'apporter leur soutien. Les escadrilles de l'aéronavale ont perdu 3 avions sur 4. Pourtant bien des survivants de ces combats auront eu l'impression de ne pas avoir été soutenu par l'aviation alliée.

Calais subit d’importants bombardements. Le centre-ville est en flammes. Les Alliés se réfugient de bastion en bastion devant les attaques massives d'artillerie et d'aviation. Dans la citadelle, attaquée par la 10.panzer, les derniers défenseurs se regroupent. Le 26 mai au soir, la citadelle tombe aux mains des Allemands. Jusqu'à la dernière minute, des soldats ont pu s'embarquer au port et ils gagnent l'Angleterre.

L'encerclement de Dunkerque se poursuit. Les Allemands attaquent le camp retranché avec leurs panzerdivisionen (1.Pz, 2.Pz, 4.Pz, 5.pz, 6.Pz, 7.Pz, 8.Pz) et leurs 7 Divisions d‘Infanterie (267e, 20e, 11e, etc.). Mais la résistance des troupes franco-britanniques est très forte. La défense acharnée de Boulogne et de Calais leur a permis de renforcer les défenses.

25 mai

Une quinzaine de généraux sont limogés.

26 mai

La France se réfugie dans la prière et le gouvernement fait circuler dans Paris les reliques de Sainte Geneviève. Plus que des prières, c'est du manque d'ordres dont souffrent ceux qui résistent.

27 mai

La 4e Division cuirassée de réserve (col de Gaulle) attaque pour réduire la poche d'Abbeville. Elle a reçu 100 chars neufs ce qui porte son effectif théorique à 150 blindés des 3e Cuirs, 7e Dragons, 44e Bataillon de chars de combat (B.C.C.), 47e B.C.C.. 6 groupes d'artillerie les épaulent ainsi que 6 bataillons d'infanterie du 22e d'infanterie coloniale. Avec eux, vont se battre les Anglais de la 2nd Armoured Brigade. Plus loin, la 5e Division Légère de Cavalerie attaque également. L'attaque démarre à 18H00 sous l‘appui de l‘artillerie. Les Allemands sont bousculés et périssent sous les chenilles des blindés. Les Français font 300 prisonniers. L'attaque repart le 28 mai à 04H00. Les Allemands se replient en désordre. L'attaque s'arrête à 17H00, les objectifs atteints. Personne n'est capable de donner les ordres qui permettraient d'exploiter cette victoire.

Dans le saillant de Lille, les troupes alliés s'organisent pour tenter de bloquer les Allemands et les empêcher de fermer la poche de Dunkerque. Il y a là des troupes parmi les meilleures divisions de l'Armée française, les 1ère (gl. De Camas), 12e (gl Janssen), 15e (gl Juin) et 25e D.I.M. (gl Molinié), la 1ère Division Marocaine (gl Mellier), les 1ère (gl Tarrit), 2e (gl Dame) et 5e Divisions Nord-africaines (gl Agliany) , 4e (gl Musse), 32e (gl Lucas) et 43e Division d'infanterie (gl Vernillat). Tous les soldats ont encore un moral élevé, même si certaines divisions ont perdu la moitié de leurs effectifs, même si les munitions sont en grande partie épuisées, même si le matériel est fatigué par les durs combats des jours précédents. Les soldats des 27e R.I., 29e R.A., 7e Tirailleurs, 38e R.I. vont résister trois jours à des attaques incessantes. Très rapidement, ces défenseurs de Lille sont coupés des débris des divisions qui gagnent Dunkerque. Une tentative de sortie échoue. Il ne reste plus qu'à combattre sur place les 7 à 10 divisions allemandes (dont 3 blindées) qui "grignotent" les points d'appui. Le 1er juin, les munitions sont épuisées et les défenseurs de Lille se rendent. Ils reçoivent des Allemands les "Honneurs de la guerre". Pendant 3 jours, ils ont immobilisés des divisions allemandes qui ont peut être manqué à Dunkerque. Churchill reconnaîtra que le sacrifice des défenseurs de Lille à certainement permis l'embarquement des 340 000 soldats de Dunkerque. 

28 mai

L’ Armée belge et ses  600 000 hommes submergés, capitule. Le Roi est prisonnier. Une garnison belge enfermée dans le fort de Pépinster refuse de se rendre. Elle tiendra 31 heures de plus.

9 Juin :

La XII° armée allemande du gl List fait mouvement au sud de Charleville. Guderian, qui a reçu le commandement d'un Panzergruppe avec 4 panzerdivisionnen et 2 divisions mécanisées, a pour mission de franchir l'Aisne et de pousser vers le sud. La 14e Division d'infanterie française (gl De Lattre de Tassigny) qui résiste depuis le 16 mai cède le 10 juin. Dans leur avance, les Allemands prennent Bar sur Aube, Langres, Bar le Duc, Vesoul, Bourbonne, Besançon, Pontarlier.


Début Mai



Juin 1940