DUNKERQUE

La carte avant les combats
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Les armées du nord sont maintenant encerclées à Dunkerque. 240 000 Britanniques et 140 000 Français sont pris au piège. Le B.E.F. compte 9 divisions commandées par lord Gort et le vice-amiral Ramsay, commandant en chef à Douvres. Les troupes françaises (5 divisions) sont commandées par  l'amiral Abrial. Les Allemands comptent les groupes d'armées A et B  commandés par les généraux Von Rundstedt et Von Bock, et la XVIIIe armée du général Küchler, soit 210 000 hommes.  Le 24 mai, Hitler ordonne à  la 1.panzer,  qui se trouve à 17 kms de Dunkerque, de stopper sa progression. Le groupe d'armées B et la Luftwaffe reçoivent l'ordre de s'emparer de Dunkerque.  Le gl Küchler est chargé de prendre Dunkerque. 5 divisions britanniques ont pris position autour de Dunkerque. La 2e et la 5e tiennent une brèche allant de Comines à Ypres et par laquelle passent les 4 autres divisions du B.E.F.. La Ière armée française prévenue trop tard du repli en cours ne peut que replier 5 de ses divisions, les 7 autres nous l'avons vu sont restées à Lille.

Le 26 mai 1940, commence l'évacuation des troupes  bloquées dans la poche de Dunkerque (opération Dynamo).  L'évacuation est dirigée depuis Douvres par l'amiral anglais Ramsay. Les premiers à êtres évacués sont les blessés et les non combattants. Navires de guerre, paquebots de la Manche (les malles), caboteurs, chalutiers, barges de la Tamise, remorqueurs, bateaux de plaisance, pilotés parfois par des “marins du dimanche” sont rassemblés des deux cotés de la Manche et gagnent les plages et le port du camp retranché de Dunkerque. "Tout ce qui flotte en Manche est mobilisé" suivant les termes du contre-amiral qui commande les navires de guerre français.  

Dès le 27 mai, la Luftwaffe pilonne le port et la ville de 07H00 à 19H00 autant que le permettent les lueurs du jour.  Les escadrilles de la R.A.F. et de l'Armée de l'air française se sacrifient pour empêcher le harcèlement des plages par les stukas. En mer, des dizaines de navires de guerre appuient les troupes à terre. La France y engage 2 contre-torpilleurs, 13 torpilleurs, 4 avisos,  20 patrouilleurs et environ 200 navires divers réquisitionnés.   Nous retrouvons les navires qui ont combattu à Boulogne et Calais.  Le soir du 27 mai 1940, 400 000 hommes, soit la quasi-totalité du B.E.F. et un tiers de la Ière armée française attendent d'être évacuées le long des plages de Dunkerque. Afin d'éviter que trop d'hommes soient tués,  les opérations sont effectuées d'abord de nuit et par plusieurs itinéraires différents. 

Les Anglais sont évacués en priorité, mais le 31 mai Churchill donne l'ordre d'évacuer aussi les Français. Les batteries d'artillerie allemandes pilonnent sans cesse les défenseurs. Le 31 mai, les Britanniques perdent Nieuport et dix kilomètres de côte et se replient. Le 1er juin, les troupes françaises sont repoussées à Bergues. Lors de la nuit du 2 au 3 juin,  3 divisions britanniques ont quitté Dunkerque. Le 3 juin, la XVIII° armée allemande repousse les Français jusqu'à l'entrée de la ville. 30 000 soldats de l'arrière-garde française peuvent être évacués durant la nuit du 3 au 4 juin. Un mouvement de panique entraîne des milliers de soldats à se précipiter  vers les navires pour tenter par tous les moyens d' embarquer. Le dernier navire anglais, le destroyer Shikari, appareille à 03H40. Le matin du 4 juin 1940, 40 000 soldats sont fait prisonniers sur les plages de Dunkerque. Dans la seule bataille du nord, la France a perdu un tiers de ses forces. 

Les 12e (gl Janssen) et 68e Divisions d'infanterie (gl Beaufrere), notamment, se sont sacrifiées, sans espoir de s'échapper, en tenant les flancs du réduit. Ils ont permis l'embarquement de leurs camarades et de 200 000 Britanniques (en tout certainement 365 000 combattants sur l'Angleterre, 4 000 à Cherbourg et au Havre). Le 5 juin, les ultimes défenseurs se rendent et prennent le chemin de l'Allemagne avec les isolés ramassés sur la route. Les marines anglaises et françaises ont perdu un grand nombre de navires. Les Britanniques ont perdu 6 destroyers, 1 canonnière, 1 garde-côte, 5 dragueurs, 5 patrouilleurs, 6 malles, 82 embarcations diverses et 23 destroyers sont endommagés. Les Français ont perdu les contre-torpilleurs Jaguar et Chacal, les torpilleurs l'Adroit, Bourrasque, Foudroyant, Sirocco, Cyclone 1 ravitailleur et le chasseur 9.

Les historiens parlent du miracle de Dunkerque. Parlons plutôt du sacrifice des marins, aviateurs et soldats qui ont tenus devant un adversaire résolu. Certes, l'erreur de stratégie qu'aurait commise le haut commandement allemand en arrêtant ses blindés aux abords du périmètre et en laissant la Luftwaffe seule s'opposer au début du rembarquement a son importance. Les alliés ont perdus 177 avions et les hommes qui ont pu regagner l'Angleterre ont tout abandonné sur place. Rares sont ceux qui ont ramené leur fusil. Tout le matériel lourd (100 chars et 320 canons, 85 000 véhicules et de plus d'un demi-million de tonnes de munitions et d'équipement) est saisi par les Allemands. Ce matériel va être utilisé dans la défense de l'Europe occupée. Nombre de pièces d'artillerie notamment serviront dans le Mur de l'atlantique. 

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Ceux qui se sont embarqués en unités constituées, sous le commandement de leurs chefs, après un bref passage en Angleterre vont débarquer à Brest, Cherbourg et Nantes et se retrouver en Normandie ou en Bretagne pour continuer le combat, sans le matériel lourd abandonné en route. Pour les isolés, la très grande majorité demandera à retourner en France.

4 juin

Les Alliés tentent de percer les lignes allemandes encerclant Dunkerque depuis la ligne de la Somme. La reconnaissance a été mal faite. Les premiers engagements sont encourageants. Les Alliés font même des prisonniers. Mais faute d'une action d'envergure, ce ne sont que des succès limités. Rapidement, le commandement allié s'aperçoit qu'il n'y a aucun espoir de rallier les divisions encerclées à Dunkerque. Les forces allemandes sont trop bien positionnées et les pertes sont trop importantes.

5 juin 1940

Dunkerque étant tombé, 7 Armées allemandes (143 divisions des IV°, XVIII°, VI°, IX°, II°, XII°, XVI° Armées) attaquent les troupes alliées sur la Somme et sur l'Aisne. Objectifs : la Seine mais aussi Le Havre, Rouen, Beauvais, Soissons, Reims, Épernay, Bar le Duc. Si possible la VII° Armée allemande partie d'Allemagne attaquera sur Colmar et Épinal.

Les 5 armées alliées reconstituées en toute hâte; X° (11 divisions), VII° (10 divisions), VI° (7 divisions), IV° (4 divisions), II°(10 divisions) sont à bout de forces. Des unités sont en route, dispersées. Il reste 3 Divisions légères mécanisées et 3 divisions cuirassées. 17 divisions sont sur la ligne Maginot.

carte de la bataille de la somme
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Von Reichenau porte son attaque sur Reims. Les villes tombent les unes après les autres. Saint Dizier, Sens, Troyes sont occupés. Le 16 juin les Allemands sont à Besançon. La VIII° armée (gl Laure) renforcée de soldats polonais n'a rien pu faire.

Sur la Somme, les troupes françaises rameutées de tout le front subissent l'attaque des 9.panzer, 10.panzer, 13.infanteriedivision,  9.infanteriedivision et du régiment Grossdeutschland. Ces troupes allemandes doivent effectuer une attaque en tenaille avec le 16.panzer-korps. Les Français ne disposent face à ce déferlement que des 16e (gl Mordant) et 24e divisions d'infanterie (gl Voirin) et de la 4e division d'infanterie coloniale (gl de Bazelaire de Ruppiere).  Le commandement français (gl Gransart) a disposé ses troupes en hérissons dans les villages attendant le passage des panzers pour s'attaquer à l'infanterie allemande. Les panzers attaquent droit sur les villages de Dury et Saint-Fuscien. Les antichars français détruisent une dizaine de panzers pendant que les mitrailleuses couchent les fantassins par dizaines. Dédaignant ces points d'appuis, les panzers foncent dans la campagne. Les Français doivent lâcher du terrain et se replier quand ils s'aperçoivent que les fantassins allemands se replient aussi laissant le champ libre aux panzers.

Dans la IV° Armée allemande, c'est à une véritable course que se livrent les unités blindées. Ignorant les unités alliées disposées généralement aux entrées de village, Rommel (7.Panzer) et von Hartlieb (5.Panzer) foncent dans la nuit, à travers la campagne, avec leurs éléments les plus légers. Les régiments blindés suivront.

6 juin

Les combats sur la Somme ont repris. Les Allemands attaquent avec tous leurs moyens, blindés, aviation, infanterie, artillerie. Les Français sont encerclés, bousculés. Les Tirailleurs du 53e Sénégalais font face à toute la 7.panzer de Rommel. Durant deux jours les Allemands sont bloqués. Mais le XV° corps blindé allemand perce partout la X° armée française.  

Ordre de retraite générale de toutes les armées françaises à l'ouest. Objectif : se positionner au delà de la Seine où doivent arriver des renforts venus de Bretagne (les rescapés de Dunkerque). Toutes les unités ne reçoivent pas cet ordre et certaines restent sur place. Elles vont tenir des heures entières.

Dans la course à la Seine, la 7.Panzer atteint Elbeuf le 9 juin à 03H00. Elle n'atteindra pas à temps le dernier pont intact qui lui permettrait de traverser immédiatement .Ce dernier pont saute à 100 mètres devant ses éléments de reconnaissance. Le même jour, la 5.Panzer atteint Rouen. Tous les ponts sur la Seine ont été détruits, les bacs coulés. Si les Allemands doivent patienter pour que leur Génie construise des moyens de franchissement, toute une partie des armées alliées est maintenant coincée en Seine-Inférieure. Les communications avec le Grand Quartier Général sont coupées. Le gl Ilher qui commande le IX° corps ne peut plus joindre son commandant d'armée le gl Altmayer. Seul le gl Fortune qui commande la 51st Highland Écossaise dispose encore d'une liaison avec .... Londres.

La VII° armée française tente de s'opposer aux XIV° et XVI° corps blindés allemands. Elle ne résiste que peu de temps.

Le nouveau Panzergruppe Guderian composé des XXXIX ° et XXXXI° corps blindés allemands s'est rassemblé au sud-ouest de Charleville. Son objectif : la frontière suisse. .

Weygand lance des ordres du jour optimistes : "L'offensive ennemie est déclenchée maintenant sur tout le front. L'ordre demeure pour chacun de se battre sans esprit de recul. L'ennemi a subi des pertes considérables. Il sera bientôt au bout de son effort. Nous sommes au dernier quart d'heure. Tenez bon ! ". Mais qui entend ces proclamations ?

C'est aussi à la VI° Armée française que le front est percée sur le Chemin des Dames. Les unités blindées allemandes capturent sur leur route des milliers de prisonniers, si hébétés, si abattus, qu'il n'y a même pas lieu de les garder. Les soldats français sont désarmés et abandonnés au bord d'un champ, sans gardien, à charge pour l'infanterie allemande de s'en occuper. Ils passeront parfois des jours, sans vivre, ni abri, à attendre le départ pour un frontstalag puis l'Allemagne.

D'autres unités, s'appuyant sur les cours d'eau, s'efforcent de retarder l'inévitable. Des divisions enlevées aux frontières de l'est se retrouvent au contact de l'ennemi après un long voyage en train. En Picardie, puis en Normandie, avec un courage inouï, les troupes coloniales, les chasseurs alpins, les cavaliers, les régiments régionaux, les bataillons de douaniers, des gendarmes, vont combattre les panzerdivisionen sans appui aérien, avec un matériel périmé, la plupart du temps hippomobile. Ils sont submergés, écrasés.

Dieppe, Rouen, Compiègne sont atteints par les divisions blindées allemandes le 9 juin. Les personnels administratifs ont sauvé ce qu'ils pouvaient, mais un important matériel est abandonné. Ces personnels : secrétaires, gardes-magasins, cuisiniers, conducteurs, ne s'enfuient pas de leur propre initiative. S'ils déménagent, c'est souvent sur ordre. Ils partent pour faire 25 km le premier jour, sac au dos, au milieu des réfugiés. A la fin de l'étape, il manque 60 % de l'effectif qui s'est égaré en route.

Au prix d'énormes sacrifices, des Britanniques et quelques Français, parviennent encore à s'embarquer au petit port de Saint Valéry en Caux, dont le village est rasé. Weygand espérait reproduire l'opération de Dunkerque. Sa méconnaissance de la situation  et des lieux coûte aux Alliés :  46 000 prisonniers dont 12 généraux. 

A Fécamp, le chasseur 44 réussit à prendre la large, son pont de 37m chargé de 167 ouvriers des chantiers.

Le Grand Quartier Général pour éviter les pertes civiles, prescrit de ne plus défendre les villes de plus de 20 000 habitants . Elle sont déclarées villes ouvertes.

Des divisions constituées à la hâte vont être jetées dans la bataille, comme une 23e division d'infanterie improvisée avec des éléments venant de diverses régions de France. L'infanterie vient de Rivesaltes, l'artillerie de Fontainebleau, les antichars de Nemours, les sapeurs d'Angers, les transmissions de Montargis. Ces hommes vont parfois mettre 60 heures par des voies ferrés coupées pour rejoindre ce qu'il faut encore appeler le front. Il manque des canons antichars, des mortiers, des véhicules, et plus encore les régiments ne sont pas à plein effectif. Des aspirants ont été nommés rapidement pour grossir les rangs des officiers. Les trains ne vont pas tous jusqu'en première ligne, et c'est à pied que les troupes rejoignent leurs emplacements qui changent d'heure en heure, pour y découvrir les Allemands arrivés bien avant eux. Des unités échappées de Dunkerque, de Normandie, qui avaient rejoints le sud de la France remontent au nord vers la Loire. Leurs hommes ne feront que grossir le nombre des prisonniers.

La routine militaire continue son travail. Les 8 et 9 juin, 100 000 recrues de la classe 1940 sont appelés sous les drapeaux. Ceux des régions méridionales ont le temps de rejoindre leurs dépôts, mais les autres des régions déjà occupées sont sur les routes pour échapper à l'envahisseur. Les autorités ont ordonné aux civils masculins de plus de 16 ans et aux non mobilisés de fuir pour échapper à une éventuelle capture.

9 juin

L'attaque de la XII° armée allemande sur Rethel échoue face à la détermination de la 14e D.I.(gl de Lattre de Tassigny). Les Allemands n'ont pu conquérir qu'une petit tête de pont de 1 kilomètre de profondeur sur la Marne. Le panzergruppe Guderian va s'y engouffrer.

10 juin

Alors que les éléments motorisés allemands franchissent la Seine, l'Italie déclare la guerre à la France et son armée va tenter de franchir les Alpes. "Le coup de poignard dans le dos" ne sera jamais pardonné et les Italiens vont le payer très cher en vies humaines lors de la reconquête.

Les Allemands franchissent l'Aisne à l'ouest de Chateau-Porcien et se heurte à une vive opposition sur la Suippe. On se bat de nouveau sur les champs de bataille de la Grande Guerre. L'offensive allemande continue vers Chalons sur Marne et Vitry le François. La rupture du front français est en cours.

12 juin

Le Grand Quartier Général ordonne la retraite générale. Il y a bien des jours qu'aucune troupe ne reçoit plus d'ordre précis et lorsque des ordres arrivent, ils sont déjà dépassés. Des divisions entières ont disparu des effectifs. Un corps d'armée est passé en Suisse pour y être désarmé et interné. Tour à tour les III°, V° et VIII° armées françaises sont prisonnières. La VII° armée (gl Frère) commence sa retraite vers la Loire. Il reste 30 divisions françaises à opposer aux Allemands. 11 n'ont plus que 50% de leurs effectifs, 13 n'ont plus que 25% et les autres ne figurent plus que sur le papier.  Seules des divisions des Alpes sont encore intactes bien que diminuées.

Cherbourg est menacé par la 7.panzerdivision de Rommel qui à marche forcée veut empêcher les Britanniques de rembarquer. Les forces que le vice-amiral Le Bigot oppose à Rommel sont bien trop faibles. Il aurait besoin de deux divisions pour barrer le bas du département de la Manche entre les marais de Carentan et Lessay. Il ne les a pas. Il ne peut compter sur les Britanniques qui n'ont qu'une obsession, faire retraite et rembarquer. Le Bigot répartit ses défenseurs dans une douzaine de points d'appui extérieurs et attend. Rommel attaque le 18 juin à l'aube. L'avance de Rommel est trop lente à son goût, il lui faut détruire les points de résistance un à un. L'artillerie des forts de Cherbourg est efficace et retarde l'avance des panzers. Nouvelle directive, contourner les défenses de Cherbourg et prendre le port sous le tir de l'artillerie. Les batteries et les forts tombent les uns après les autres. Rommel refoule dans la ville, les civils qui fuient les combats. Toutes ses pièce spilonnent le fort de Querqueville et l'Arsenal où sont retranchés les derniers défenseurs. Une troupe hétéroclite armée de vieux fusils Gras. Le vieux cuirassé Courbet balaie la cote de son artillerie, mais il est bien seul. Lorsque Rommel s'empare du port il est vide. 36 000 hommes du  Corps expéditionnaire britannique ont embarqué à Cherbourg.  La résistance de quelques unités a permis à quelques navires de guerre de s'échapper (sous-marins Minerve, Junon, Orion). 

14 Juin : Paris est occupé. Le gl Dentz après avoir fait partir les défenseurs de la ville a déclaré "Paris ville ouverte". La ville tombe sans combat.

La flotte de Toulon bombarde les cotes italiennes d'une distance de 14 000 mètres. 4 croiseurs et une division de contre-torpilleurs n'obtiennent que des résultats négligeables. Les obus se perdent dans un ravin perdu.  Le contre-torpilleur Albatros encaisse un obus de 152. Mais cette opération manquée dissuade la Marine italienne de faire sortir ses grands navires. Seuls les sous-marins italiens vont continuer leurs opérations. Ils ne réussissent qu'à couler 2 cargos. 21 juin, la Marine fait une démonstration de force en Méditerrannée. Le Lorraine bombarde Bardia en Cyrénaïque et l'aéronavale bombarde Livorune et Trapani sans grands dégats. Le 22, une autre action est prévue, mais l'armistice est signé.

Les Allemands sont à Saint-Dizier. Les Français des 3e Division Cuirassée (gl Brocard), 3e D.I.N.A. (gl Chapouilly puis Mast ( 23/05)) , 6e D.I.C. (gl Carles puis Chaulard ( 06/06) puis Gibert ( 11/06)) sont épuisés et se rendent .

15 juin : Les Allemands sont à Langres. Un de leur groupement marche vers Dijon, d'autres marchent vers Pontalier, Dôle.

16 juin : Les Allemands sont à Besançon et ont fait des milliers de prisonniers.

Démission du président du Conseil Paul Reynaud, formation d'un gouvernement présidé par le maréchal Philippe Pétain. Point n'est besoin de solliciter Le Maréchal, il a déjà dans sa poche, la composition de so gouvernement.

17 juin : Guderian atteint la frontière suisse vers Pontarlier. Ils commencent à réduire les poches de résistance du Jura et remontent vers la VII° Armée allemande qui a passé le Rhin et qui vient d'Alsace. A Belfort-ville, des milliers de soldats français attendent qu'on les fasse prisonniers. Seuls les forts de Belfort, comme en 1870, résistent. Les fusiliers allemands montent à l'assaut du fort principal appuyé par un 88mm. Le fort conquis, on passe au suivant. Belfort succombe pour la première fois de son histoire. Le panzergruppe Guderian depuis le passage de l'Aisne a fait 250 000 prisonniers.

Le gouvernement français demande à l'Allemagne les conditions d'un armistice. Le maréchal Pétain parle à la radio: «C'est le coeur serré que je vous dis aujourd'hui qu'il faut cesser le combat». Les Allemands au contact de certaines troupes françaises vont se servir de cette proclamation pour exiger la reddition. Le gl Doumenc, major-général des troupes françaises est contraint de rappeler aux soldats "aucun armiistice n'est signé. Le drapeau blanc ne couvre que les parlementaires". Darlan de son côté le rappelle également "ordre de continuer toutes opérations de guerre aéronavales avec la plus farouche énergie." Cette simple phase de Pétain suffit cependant à quelques chefs d'unité pour faire mettre bas les armes.

C'est le jour où arrivent à Brest et Lorient, ceux de la campagne de Norvège. Ils ont pour mission de tenir le Réduit Breton sur une ligne Pontorson-Saint-Aubin. Embarqués par chemin de fer, les Alpins, les Légionnaires et les Polonais rejoignent leurs emplacements. Ils sont sans le matériel lourd coulé au fond du fjord de Narvik ou le matériel de remplacement encore en route dans un deuxième convoi qui n'arrivera jamais. Les Canadiens sur lesquels les vainqueurs de Narvik devaient s'appuyer sont partis. Les emplacements n'existent pas. Le Réduit Breton n'existe plus. On va se contenter de protéger Brest. La brigade polonaise envoyée en éclaireur, reflue vers Brest et rembarque. Les trains qui transportent les Chasseurs et les Légionnaires roulent parallèlement aux convois allemands qui déferlent; Lorsque les trains arrivent à Brest le 18 juin, la plupart des bateaux qui devaient les embarquer sont partis. Quatre bataillons parviennent à embarquer sur le Meknès qui rejoint l'Angleterre. Les autres roulent vers Concarneau, embarquent sur des bateaux de pêche qui longeant les côtes les déposent en zone encore libre. Ils sont envoyés à Grenoble pour être démobilisés.

18 juin : Caen, Cherbourg, Nevers, et Colmar sont occupés.

19 juin : jonction des troupes allemandes venues d'Alsace et celles venues du Jura.

A Brest, les marins de l'amiral Traub, parviennent à faire partir le Richelieu en fin d'essai, 15 sous-marins, deux contre-torpilleurs, des torpilleurs (Fougueux, Frondeur), le ravitailleur Jules-Verne, les croiseurs auxiliaires El-Djezaïr, El-Kantara, El-Mansour, Ville-d'Alger et Ville-d'Oran. En tout 70 navires de guerre et 76 navires de commerce bondés de militaires et de civils de tous ages. La poussière navale emmène les hommes de l'aéronavale, des batteries cotières, de la D.C.A. et les élèves de Navale. Certains appareillages ont été bien difficiles. Le vieux cuirassé Paris file péniblement 7 noeuds, le grand submersible Surcouf effectue la traversée sur ses moteurs électriques sans ses diesels démontés. Le gl Béthouart réussit à faire embarquer 6 000 de ses hommes.  Il a fallu se résoudre à détruire tout ce qui ne pouvait être emporté. Les navires hors d'état de flotter ont été sabordés (Cyclone, Etourdi, Pasteur, Agosta, Ouessant, Achille). Les magasins, les dépôts de carburant sont en flammes. Une défense du port a bien été tenté (gl Charbonneau) mais il aurait fallu 45 bataillons dont ne disposent plus les Français. Quelques points de résistance sont établis à Landivisiau, Landernau, Guipavas, fort mal vus par les autorités civiles locales. Après quelques escarmouches et le rejet d'une première offre de reddition, l'amiral Traub donne l'ordre d'arrêter. Lorsque les Allemands pénétrent dans le port, il est vide.

A Lorient , le paquebot de Grasse, le contre-torpilleur le Triomphant , les torpilleurs Epée, Mameluk, Bouclier, et une cinquantaine de navires légers s'échappent. L'amiral de Penfentenyo organise la défense mais la garnison doit se rendre le 21 juin sous la pression des autorités civiles qui déploient des draps blancs.

20 Juin :  Lyon est occupé. En application des ordres, la ville n'a pas été défendue.

A Saint-Nazaire, le capitaine de vaisseau Ronarch et son équipage parviennent à faire partir le Jean-Bart (sister-ship du Richelieu) au prix d'un travail de dragage considérable. Les 2 800 à 3 500 ouvriers ont travaillé jusqu'à la dernière minute pour permettre l'appareillage. Ils n'ont pas pu installer toutes l'artillerie. Pris en remorque par 5 remorqueurs, le lourd navire louvoie dans les bancs de sable. Les attaques aériennes de la Luftwaffe ne causent que des dégâts mineurs. Arrivé dans l'estuaire et ravitaillé en mazout, le navire prend le large vers Casablanca à 24 noeuds.

A Bordeaux, le torpilleur en construction Lansquenet appareille, peint encore au minium, son artillerie démontée sur le pont. Il fait route sur le Maroc. Quelques milliers de Polonais parviennent encore à embarquer au Verdon et à SaintJean de Luz.

Cette action marque la fin des évacuations de navires sur l'Atlantique. 42 000 marins et soldats sont parvenus à échapper à la capture. 

Sous les attaques aériennes continuelles des Stukas, l’ Armée française est en déroute. Encore que beaucoup de ces hommes qui s'enfuient devant l'avance allemande, le fassent sur ordre de leurs supérieurs, dans l'hypothèse de reconstituer une ligne de défense plus en arrière. Le réduit breton fait partie de ces utopies. La plupart du temps, les soldats n'ont pas reçu de vivres. Ils en sont réduits à en acheter aux commerçants des villages traversés (parfois fort cher), à bénéficier des aumônes des habitants rencontrés, à piller les véhicules anglais rencontrés et à piller quelques maisons abandonnées. Tout le monde marche vers le sud, sans but précis. Soldats isolés mêlés aux 10 millions de civils français, belges, hollandais qui sont sur les routes.

Des officiers qui ont connu les hécatombes de 1914-1918 se refusent à connaître une nouvelle fois la même situation et demandent à leurs hommes de se rendre, parfois après avoir pris soin de détruire le matériel, parfois non et le matériel sera récupéré par l'ennemi.

Mais des unités résistent toujours. Un régiment de réservistes du Gers tient tête 48 heures à une panzerdivision. A Toul, un régiment de réservistes tient pendant 5 jours. 

Sur la Loire, du 19 au 21 juin, le sacrifice des élèves officiers de l’ École de Cavalerie et du Train de Saumur (col Michon) va devenir le symbole de la résistance de ceux qui refusent la défaite. Ils sont 2 400 hommes dont 600 cadets avec un armement dérisoire,  qui vont recevoir le renfort de 200 Tirailleurs algériens, de quelques cavaliers du 19e Dragons, d'une compagnie du Train, et d'un bataillon de l'Ecole de Saint-Maixent. Ils doivent tenir 40 kilomètres de front. Le 19 juin, les panzers de la 1.cavaleriedivision  arrivent précédés par un intense bombardement. Les Français avec leurs 25 antichars d'instruction tirent. 7 panzers et 2 véhicules sont détruits. Tous les ponts sautent. Les Allemands entassés dans des embarcations d'assaut parviennent à prendre pied sur la rive sud sous la couverture de leur puissante artillerie. A la nuit, les Allemands n'ont pas encore totalement passé le fleuve. Saumur voit s'ériger des barricades derrière lesquelles se retranchent des défenseurs de moins en moins nombreux. Le gl Pichon qui commande la défense de la Loire ne veut plus sacrifier ses jeunes hommes et donne l'ordre à Michon de faire replier ses cadets. Les survivants des défenseurs de Saumur se replient en abandonnant leurs positions que les Allemands n'ont pu conquérir. Le 22 juin, sur le chemin du repli, des isolés parviendront encore à tuer au revolver les équipages de 2 panzers qui ont laissé imprudemment les capots ouverts. Weygant désavouera le gl Pichon pour avoir défendu les ponts sur la Loire.

Les rescapés de la campagne de Norvège arrivent en Angleterre. Ils sont 6 000. Décision est prise de les transporter au Maroc. 300 Légionnaires espagnols refusent et resteront en Angleterre. Puis c'est toute la 13e demi-brigade de Légion qui restera en Angleterre.


Mai 1940



Le désastre