3 juillet 1940 : Opération Catapult.
Angleterre, le 03 juillet 1940 à 03H45. Les Anglais s'emparent par la force de tous les bâtiments français réfugiés dans les ports anglais. A Portsmouth, les cuirassés Paris et Courbet, cinq torpilleurs, un vieil aviso et deux sous-marins cotiers. A Plymouth, le contre-torpilleur Triomphant, trois torpilleurs et le croiseur sous-marin Surcouf. A Falmouth, deux avisos, un bateau-cible, un vieil aviso et un patrouilleur. A Cowes, une douzaine de chasseurs de sous-marins. En plus, quelques batiments de patrouille et le sous-marin Rubis déjà engagé aux cotés des Britanniques. Le tout est capturé après un ordre de W. Churchill. Minutieusement préparée l'opération effectuée avec des marins en armes et des Marines ne rencontre que peu de résistance sauf sur les sous-marins Mistral et Surcouf où l'on déplore un mort français et trois morts anglais. Les marins français considérés comme prisonniers de guerre sont conduits à Liverpool et dans l'île de Man. Ils seront rapatriés ensuite mais garderons au coeur une vive blessure. Le Triomphant et le Surcouf présentent un réel potentiel militaire.
Le 10 juillet, certains de ses navires seront rendu aux Forces Navales Françaises Libres. Les équipages auront le choix entre l'incorporation dans les F.N.F.L. ou d'être rapatriés en France.
Mers el-Kébir : s'il fallait démontrer jusqu'où peut mener le respect aveugle des ordres, le désastre de Mers el-Kébir en est un exemple. Chacun des deux camps va aller jusqu'au bout de son aveuglement. Dans le port militaire de Mers el-Kébir se sont réfugiés après leur évasion de France de nombreux bâtiments de l'escadre de l'Atlantique. 4 gros navires, la Bretagne, le Dunkerque, la Provence, le Strasbourg ; les destroyers Kersaint, Lynx, Terrible, Mogador, Volta, Tigre ; les petits destroyers, Bordelais, Boulonnais, Brestois, Casque, Le Corsaire, Tornade, La Poursuivante, Tramontane, Trombe, Typhon ; le porte-aéronefs Commandant Teste ; les sous-marins Danae, Ariane, Diane, Euryduce et une foule de petits navires. Le tout est sous le commandement du vice-amiral Gensoul. La Marine est en train de procéder au désarmement de la force de raid de l'Atlantique. Les machines sont éteintes. Déjà, les réservistes d'Afrique du Nord ont été démobilisés et sont rentrés chez eux. Les réservistes de la métropole commencent leurs formalités et le vice-amiral leur accorde de nombreuses permissions sur place pour les faire tenir tranquille. Pique-niques, excursions, compétitions de voile doivent les occuper.
Le 3 juillet, la force anglaise H, composée du croiseur de bataille Hood, des cuirassés Resolution et Valiant et du porte-avions Ark Royal et de plusieurs contre-torpilleurs, apparaît à l'aube devant la rade de Mers el-Kébir. L'amiral Somerville envoie un émissaire à Gensoul qui présente un ultimatum à l'amiral français. Il a 6 heures pour choisir entre : 1 - Conduire ces bâtiments dans un port Britannique et continuer la guerre aux côté de la Grande-Bretagne ; 2 - Conduire ces bâtiments dans un port Britannique dont les équipages seraient ultérieurement rapatriés ; 3 - Démilitariser ces navires suivant les instructions britanniques ; 4 - Saborder ces navires. Conditions inacceptables selon l'amiral français. Il donne l'ordre d'allumer les chaudières. A 09H50, du Foxhound est envoyé le message : "je regrette de vous informer que conformément à mes ordres, je ne vous permettrai pas de sortit du port, à moins que les termes du gouvernement de Sa Majesté soient acceptés". Gensoul essaie de joindre l'amiral Darlan en France occupée. Hélas, le paragraphe trois des propositions anglaises ne sera pas communiqué. Vers midi, Sommerville fait miner les entrées du port de Mers-el-Kébir. Et les heures passent. Nouvelle tentative de négociation par le commandant anglais Holland qui une nouvelle fois effectue la navette entre les flottes française et anglaise.
Dans le courant de l'après-midi, un compromis est sur le point d'être trouvé, après que Somerville ait prolongé son délai. Mais l'adjoint de Darlan (commandant suprême de la Marine française) bloqué dans un bureau de poste à Nérac fait savoir par radio à Gensoul que les escadres françaises de Toulon et d'Alger se portent à son secours. Les Britanniques captent ce message et Londres (W.Churchill) ordonne à Somerville d'intervenir. A 16H53, le 3 juillet 1940, la force H fait feu sur la flotte française. Le cuirassé Resolution tire le premier ses obus de 380mm, les autres ensuite. Les navires français dont les machines ne permettent pas encore de se déplacer sont très mal positionnés. Amarrés cote à cote, les gros navires ne peuvent riposter que de leurs tourelles arrières. Le Dunkerque réussi à encadrer le Hood, les gerbes d'eau blessent deux marins anglais. Mais il est touché par trois obus de 380. Le cuirassé Provence, touché par un 380 fait eau et doit s'échouer. La partie arrière du contre-torpilleur Mogador est détruite. Le cuirassé Bretagne prend feu, après avoir été touché par une salve de 380 mm. Ravagé par l'incendie, il explose à 17H09, chavire et coule, 977 marins meurent en quelques secondes. Le croiseur de bataille Strasbourg parvient à sortir de la rade et rejoindra Toulon le lendemain. Il a été précédé par le Volta, le Terrible, le Lynx, le Tigre et le Kersaint. La "bataille" a duré 20 minutes. Le Hood se lance à la poursuite du Dunkerque. L'Ark-Royal lance ses avions qui par deux fois bombarde le Dunkerque qui ne subit pas de dégât. A 20H20, les Anglais abandonnent la poursuite devant la menace des navires qui sortent d'Alger.
Sommerville est sommé de terminer le travail. Il obtient de l'Amirauté de n'envoyer que les avions de l'Ark-Royal. Ceux-ci reviennent le 6 juillet, les avions torpilleurs de l'Ark Royal bombardent le Dunkerque, faisant exploser le patrouilleur Terre-Neuve. Le Dunkerque malgré une brêche de 40m dans sa coque, parviendra à rejoindre Toulon en février 1942.
1 297 marins français ont péri des suites de cette journée du 4 juillet. Ils sont enterrés au cimetière de Mers el-Kébir (saccagés depuis par les Algériens). Sommerville refusera de voir personne pendant des jours, enfermé dans son bureau à Gibraltar. Le commandant Holland démissionne de la Marine et passe dans la Home-Guard.
En représailles, Darlan ordonne un raid de bombardement sur Gibraltar en septembre. Le bombardement ne causera aucun dégât.
Le Hood connaitra un sort tragique coulé par le cuirassé Bismark, 1416 de ses marins mourront. L'Ark-Royal participera à la mise à mort du Bismark quelques jours plus tard.
A Alexandrie, l'amiral Godfroy, commandant la force X, accepte une entrevue avec l'amiral Cunningham sur le Warspite et donne son accord pour désarmer ses navires sur place. Le vieux cuirassé Lorraine, les croiseurs Duquesne, Tourville, Suffren, Duguay-Trouin et 4 torpilleurs sont sauvés. Et avec eux leurs équipages. Les mêmes conditions avaient été imposées à Godfroy qu'à Gensoul. Les résultats en ont été totalement différents. La nette différence, c'est que les deux amiraux se sont rencontrés en personne sans intermédiaire et que leurs discussions ont permis un accord le 7 juillet. Les Français enlèvent les culasses des canons, qu'ils entreposent à terre et débarquent le mazout. Les navires sont intacts. En 1943, la force X reprendra la mer et combattra aux cotés des forces alliées.
A Dakar, le cuirassé Richelieu (cdt Mazin), est basé là depuis le 18 juin. Il participe à la protection des convois et le 28 juillet rejoint les environs de Dakar. Ses approvisionnements en munitions sont des plus réduits. Le 3 juillet, l'information arrive de l'attaque de Mers-el-Kébir. Le Richelieu se prépare à combattre. Le Dorsetshire qui le surveille ne va pas prendre le risque d'attaquer. Mazin fait disposer en protection de ses flancs des cargos anglais. L'amiral anglais Onslow va tenter une maneouvre inhabituelle, faire déposer par des nageurs, sur la coque du Richelieu des charges explosives. Les charges sont déposées mais les mises à feu ne fonctionnent pas. Reste l'attaque aérienne. Le porte-avions Hermes lache ses Sworfish qui placent une tropille. Une brêche de 9,35m sur 8,50m a été faite. Il n'y a pas de victimes. Décision est prise d'échouer le navire pour réparer. Il partira le 30 janvier 1943 pour les chantiers américains de Brooklyn avant de rejoindre les forces alliées. L'Hermes et le Dorsetshire seront coulés par les Japonais en avril 1942 au large de Ceylan.
Des navires échappent à l'opération Catapult. Le croiseur Emile-Bertin après avoir transporté le chargement d'or de la Banque de France est aux Antilles. L'ont rejoint le porte-avions Béarn, avec lui aussi de l'or et ses avions encore en caisse, la Jeanne-d'Arc avec également 14 avions en caisse, deux ou trois pétroliers. Sagement, le seul croiseur-léger Dunedin ne se risque pas à attaquer dans la zone d'influence américaine et se contente de surveiller les navires français. Ensuite, la relève sera assuré par les Américains jusqu'à ce que ces navires français rejoignent les chantiers américains de Philadelphie et les forces alliées. L'Emile-Bertin sera du débarquement en Italie et du débarquement de Provence. Le Béarn fera la campagne d'Indochine. L'anglais Dunedin sera coulé par un U-Boat en 1941.
En décembre 1940, traumatisés par les événements liés à Catapult, 21 000 marins de la Royale, 2 000 marins du commerce, 7 000 hommes de troupe et 200 civils venus d'Angleterre reviennent dans la zone libre. Ils n'ont pas voulu se ranger dans les Forces Françaises Libres. 400 d'entre eux meurent dans la Manche au cours de la traversée qui les ramènent chez eux, victime du torpillage de leur paquebot, le Meknès. Torpillage opéré par un sous-marin, allemand. Pour expliquer le torpillage, le gouvernement allemand établira que le départ du paquebot n'avait pas été officiellement notifié par les autorités britanniques.
L'anglophobie latente de l'armée et de la population française atteint un sommet. Tous les différends avec les Anglais ressurgissent : La Guerre de Cent ans, Jeanne d'Arc, Waterloo, Trafalgar, Fachoda, la pêrte des Indes et du Canada, et maintenant Mers el Kébir et Dakar. On va rappeler les émeutes d'Irlande de 1920, la guerre des Boers en Afrique du Sud. L'élite française va parier sur la victoire totale de l'Allemagne.
Les combattants volontaires de la France Libre vont continuer les combats aux quatre coins du monde. Il faudrait s'interroger sur le statut réel des Tirailleurs Sénégalais et des Tirailleurs Nord-Africains qui, au sein des Forces Françaises Libres, vont combattre au Tchad, en Erythrée, en Egypte, en Syrie,au Liban.
Pendant que ces hommes sont absents de chez eux, les familles tentent de survivre dans un pays où le rationnement s'installe. Quelques courageux gagnent le maquis ou l'Angleterre pour continuer la lutte contre l'occupant et pour combattre au coté des alliés. Ils sont encore peu nombreux.
Prisonniers de
guerre français
En France métropolitaine, le gouvernement de Vichy peut disposer d'une armée dite d'armistice de 100 000 hommes. L'armée est réduite à 95 000 soldats faute de candidats ; Garde mobile : 180 officiers, 6 000 hommes ; autres unités : 3 584 officiers, 84 516 hommes. Pas de motorisation, sauf 8 automitrailleuses par régiment de cavalerie, pas d'artillerie sauf des 75 attelés, puis, ultérieurement, des batteries de D.C.A. contre les raids anglais. Pas d'aviation jusqu'en juillet 1941 (ensuite, autorisation de fabriquer 600 avions en zone sud, à condition de fabriquer 3 000 avions pour les Allemands en zone nord). Il faudra s'en contenter. Les derniers appelés ne seront libérés qu'en 1942, ils sont encore 25 000. La Marine conserve un effectif de 54 500 hommes. 90 000 marins ont été démobilisés.
10 juillet 1940
Le maréchal Pétain obtient des députés et sénateurs réunis à Vichy les pleins pouvoirs. Le voici Chef de l'État, chef du gouvernement, chef de l'armée d'armistice, et.....père de la Nation.
Juillet 1940 : les Chantiers de jeunesse.
Les jeunes recrues que nous avons vu libérées de toutes obligations militaires, Vichy va les mobiliser dans les Chantiers de Jeunesse dans la zone libre et en Afrique du Nord.
2 juillet 1940. Le gl Paul de la Porte du Theil, est convoqué au Ministère de la Guerre. On l'informe de ce qu'une partie des contingents 1939 et 1940, appelés dans les dépôts du 8 au 10 juin, soit dans les tous derniers jours de la débâcle, se trouvent depuis complètement abandonnés et livrés à eux-mêmes. Il s'agit de les regrouper et de reprendre en main ces hommes qui n'ont reçu aucune instruction militaire. On lui laisse toute initiative concernant la méthode et les moyens à employer.
Deux jours plus tard, le gl de la Porte du Theil présente son plan. On regroupe ces hommes, puis on procéde à leur articulation en unités de 200 hommes environ. On les fait "camper en pleine nature, au milieu des bois, à l'abri de toute cause de trouble ou dagitation et on les occupe à de grands travaux d'intérêt général.
Ce plan est accepté et l'État-major de l'Armée met au point un décret qui prévoit la création d'un service national au profit des jeunes. Ce service national sera rattaché au Ministère de la Jeunesse et de la Famille pour éviter toute ambiguïté. Après de nombreuses péripéties le projet est adopté. Le 30 juillet, un décret est publié stipulant que les hommes incorporés en juin 1940 et relevés de leurs obligations militaires sont aussitôt versés pour une durée de 6 mois dans des groupements constitués sous lautorité du Ministre de la Jeunesse et de la Famille.
Dans cet organisme à la discipline militaire, sous commandement de militaires, les jeunes sont constitués en compagnies de 150 à 200. On part de zéro, les hommes arrivent avec un paquetage sommaire et une toile de tente. On commence par vivre sous la tente. C'est la fin de lété, mais l'hiver 1940-41 est rude et les conditions de vie sont particulièrement sévères. Mal équipés, mal habillés d'un uniforme kaki teint en vert forestier, ils sont 90 000 à rejoindre les groupements situés souvent en pleine forêt et appelés : Chantiers de Jeunesse.
Dans chaque campement, la journée commence par le lever des couleurs selon le cérémonial militaire. La journée est partagée en deux parts égales, d'un côté, le travail de chantier, de l'autre, l'éducation physique et l'instruction technique. Pour les illettrés et ceux qui n'ont pas leur certificat d'études, des cours de rattrapage sont organisés.
Le travail est considéré avant tout comme un outil éducatif. Il s'agit de produire en commun quelque chose d'utile au pays sans entrer dans des considérations de rentabilité : fourniture de bois de chauffage, de charbon de bois, construction de pistes et de chemins, initiation au travail du bois et du fer, à la maçonnerie. En février 1941, les jeunes du premier contingent rentrent chez eux.
Les Chantiers d'Afrique du Nord disparaissent les premiers. Le 8 novembre 1942, les alliés débarquent en A.F.N. Suivant le plan convenu, les Américains installent leur P.C. à la direction des Chantiers de Jeunesse. Le central de la Grande Poste et celui des Américains sont tenus par les jeunes des Chantiers. Ce sont encore eux qui, le 9 novembre, accueillent le gl Giraud arrivant de France, assurent sa protection et l'installent au Palais dÉté. Le délégué général des Chantiers en Afrique du Nord (Van Hecke) ne perd pas de temps, il obtient la mobilisation de ses jeunes et le rappel des anciens avec lesquels il constitue trois nouveaux groupements. Et l'entraînement militaire au 7e Chasseurs, avec l'armement, commence immédiatement. Le 15 décembre, les effectifs transférés à l'Armée fournissent 40 000 des 70 000 hommes qui vont être engagés en Tunisie contre lAfrika Korps au premier trimestre de 1943, puis ils participeront à la campagne d'Italie, au débarquement en Provence et à la campagne de France et d'Allemagne.
Vendanges au Chantier
de Jeunesse
Après l'invasion de la Zone Sud par la Werhmacht, la situation se détériorent rapidement pour les Chantiers. En effet, au cours de l'hiver 1942-43, les Allemands exigent l'envoi en Allemagne de 300.000 spécialistes et travailleurs français. Le gouvernement de Vichy crée donc le commissariat au S.T.O., service qui obtient très peu de résultats. Tant et si bien que les Allemands et les Vichystes passent à la contrainte et en avril-mai 1943 déclenchent dans les grandes villes des rafles de jeunes qui sont déportés en Allemagne.
Pour éviter ces procédés aveugles, Vichy décide d'appeler la classe 1942 pour le S.T.O. En Zone Sud, un tiers de cette classe est aux Chantiers et le gl de la Porte du Theil refuse de les livrer. Il les libère par anticipation et les renvoie chez eux avec une permission de 15 jours et une convocation pour le S.T.O. à la fin de ces 15 jours. Il peut difficilement leur conseiller de déserter à l'issue de leur permission, mais c'est évident. La moitié d'entre eux s'évaporent, les autres reviennent et sont dirigés vers les centres de rassemblement du S.T.O. En septembre 1943, Laval informe le gl de la Porte du Theil que les Allemands exigent l'envoi en Allemagne de la totalité des jeunes des Chantiers. Le général refuse. Le lendemain, à la demande de Laval, il rencontre seul le chargé d'affaires allemand et après un entretien orageux, il ne cède rien. L'Allemagne repousse sa demande au 1er janvier 1944.
Le 3 janvier 1944, le général se rend à Vichy pour une visite d'adieux. Le lendemain, il est arrêté par les Allemands et déporté en Allemagne. Certains cadres démissionnent, la majorité reste pour tenter de sauver les Chantiers, d'autres sont arrêtés et déportés par les Allemands. Dans les mois qui suivent, de nombreux cadres et jeunes rejoignent les maquis. Après les débarquements, très nombreux sont ceux qui rejoindront l'Armée française. Les C.D.J. seront dissous en trois étapes, en juin 1944 par les Allemands, le 5 juillet par le gouvernement d'Alger et le 13 décembre, par le gouvernement provisoire de la République. A la Libération, le fondateur des Chantiers de Jeunesse, le gl de la Porte du Theil, sera traduit devant la Haute-cour de justice mais obtient un non-lieu. 384 000 jeunes Français sont passés par les Chantiers. Il se révélera que l'état sanitaire des Chantiers fut excellent et que la nourriture fut toujours satisfaisante dans un pays en pleine restriction.
Les "Compagnons de France" lancent une expérience analogue d'éducation et de culture pour les garçons de quatorze à dix-neuf ans. Des cadres étant passés dans la Résistance, les Allemands exigent la dissolution du mouvement le 21 janvier 1944.
La Thaïlande attaque l'Indochine
Le 11 septembre 1940, le royaume de Siam (Thaïlande) profitant du désordre régnant en France adresse un mémorandum à Vichy : restitution immédiate du Laos et du Cambodge. Pour Vichy, il n'est pas question de céder à la menace. Les forces thaïlandaises comprennent 300 000 hommes, quelques avions et quelques navires. Les Français d'Indochine ont 50 000 soldats dont environ 38 000 Tirailleurs tonkinois et cambodgiens, quelques vieux avions (dont n'a pas voulu la métropole) et disposent du croiseur Lamotte-Piquet, des avisos Dumont d'Urville, Amiral Charner, Tahure, et Marne. Les accrochages terrestres sont de plus en plus fréquents. Le commandement d'Hanoï décide un grand coup. Le 16 janvier 1941 à 06H14, la flotte française ouvre le feu en baie de Koh Chang sur la flotte thaïlandaise. A 06H45, 40% de la flotte ennemie est détruite. Le 19 janvier, les avions français bombardent les aéroports du Siam. Les conseillers japonais du roi du Siam conseillent alors une trêve et des négociations son entamées. Un compromis est signé le 11 mars 1941. Le France cède les plus riches provinces du Laos et du Cambodge. Vichy a cédé faute de pouvoir envoyer des troupes face aux Japonais qui n'ont pas risqué un seul homme.