L'ARMEE D'AFRIQUE

8 novembre 1942.

L’ Armée d'Afrique au moment du débarquement allié en Afrique du Nord, le 8 Novembre 1942 (opération Torch) compte environ 125 000 hommes, Européens, Légionaires, Sénégalais et Nord-africains que le commandement a réussi à entraîner militairement à la barbe des commissions allemandes et italiennes. Le tout est mal armé d'un matériel déjà périmé à la mobilisation de 1939. Des stocks importants de matériel sont dissimulés, pour une éventuelle mobilisation, mais là aussi désuets. Les équipements lourds sont démontés (chars compris) et répartis en divers endroits.

Au Maroc :

Division de Fez - gl Salbert : 4e Régiment de Tirailleurs Marocains (4e R.T.M.), à Taza et Boured ; 5e Régiment de Tirailleurs Marocains (5e R.T.M.), à Oujda et Guercif ; 11e Régiment de Tirailleurs Algériens (11e R.T.A.), à Fez et Gafsaï ; un bataillon du 3e Régiment Etranger d'Infanterie (3e R.E.I.), à Fez et Ksar-el-Souk ; un bataillon du 6e Régiment de Tirailleurs Sénégalais (6e R.T.S.), à Fez ; le 1er Régiment Etranger de Cavalerie (1er R.E.C.), à Fez, Oujda et Guercif ; 63e Régiment d'artillerie Africain (63e R.A.A.).
Division de Meknès - gl Dody : 7e Régiment de Tirailleurs Marocains (7e R.T.M.), à Meknès et Midelt ; 8e Régiment de Tirailleurs Marocains (8e R.T.M.), à Meknès et Ouezzan ; un ou deux bataillons du 3e Régiment Etranger d'Infanterie (3e R.E.I. ), à Hel Hajeb, Meknès et Kénitra ; 3e Régiment de Spahis Marocains (3e R.S.M.) ; 11e Groupe d'escadrons Autonome Portés de Chasseurs d'Afrique (11e G.A.C.A.) ; 64e Régiment d'artillerie Africain (64e R.A.A.).
Division de Casablanca - gl Béthouart : 1er Régiment de Tirailleurs Marocains (1er R.T.M.), à Port-Lyautey et Souk-el-Arba ; 6e Régiment de Tirailleurs Marocains (6e R.T.M.), à Casablanca, Kasbah Tadla et Mazagan ; le Régiment d'infanterie Coloniale du Maroc (R.I.C.M.), à Rabat, Casablanca et Mazagan ; un bataillon du 6e Régiment de Tirailleurs Sénégalais (6e R.T.S.), à Casablanca ; 1er Régiment de Chasseurs d'Afrique (1er R.C.A.) ; des éléments du 3e Régiment de Spahis Marocains (3e R.S.M.), à Rabat ; le Régiment d'artillerie Coloniale du Maroc (R.A.C.M.)
Division de Marrakech - gl Henry-Martin : 2e Régiment de Tirailleurs Marocains (2e R.T.M.), à Marrakech, Mogador et Agadir ; 2e Régiment Etranger d'Infanterie (2e R.E.I.), à Marrakech, Ouarzazat et Agadir ; un bataillon du 6e Régiment de Tirailleurs Sénégalais (6e RT.S.), à Marrakech ; 4e Régiment de Spahis Marocains (4e R.S.M.), à Marrakech et Tiznit ; Régiment d'artillerie Coloniale du Maroc (R.A.C.M.).
Batteries de défense côtière à Port-Lyautey, Batterie Ponsot (Mehdia) : 2 x 138mm Mle 1923 ; Batterie de Fedala : 3 x 100mm Mle 1897/1917, 1 x twin 13.2mm C.A.D. AA HMG, Batterie de Pont Blondin : 3 x 138 mm Mle 1910, 1 x single 13.2mm CAS AAA, Batterie d'Oukacha : 4 x 100mm Mle 1897/17, 2 x twin 13.2mm C.A.D. AA HMG , Batterie du poste d'entrée de rade : 2 x 75mm G, 2 x twin 13.2mm C.A.D. AA HMG, Batterie d'El Hank : 4 x 194mm Mle 1902, 4 x 138mm Mle 1910, 4 x 13.2mm C.A. AA HMG, Mazagan, Batterie : 2 x 75mm G, Mogador, Batterie : 2 x 75mm G, Safi, Batterie de la Railleuse : 4 x 130mm Mle 1924, Batterie du Port : 2 x 75 mm, 2 x 13.2mm C.A .AA HMG, Agadir, Batterie de Brougham : 4 x 100mm Mle 1897/1917.

Aviation : Groupe aérien mixte n°11, GC 1/15 à Rabat, GB 1/22 à Salé, GC 2/15 et GB 1/32à Casablanca, GB 2/32 à Meklnès, Aéronavale à Port-Liautey avec la 3e flotille de bombardement et la 1ère flotille de Chasse, et 2 appareils à Agadir.

Marine : Cuirassé Jean Bart, Contre-torpilleur Le Malin, Croiseur Primauguet, Contre-torpilleur Milan, Contre-torpilleur Albatros, Torpilleur L'Alcyon,Torpilleur Fougueux,Torpilleur Frondeur,Torpilleur Brestois,Torpilleur Boulonnais,Torpilleur Tempête,Torpilleur Simoun, Avisos et Patrouilleurs : La Gracieuse, La Grandière, Cdt Delage, La Servannaise, L'Algéroise, La Tapageuse, La Sablaise, Chasseur 2, Victoria et Estafette. Groupe des sous marins du Maroc : Sidi-Ferruch, Le Tonnant, Le Conquérant, La Sibylle, Amazone, Amphitrite, Antiope, La Psyché, Oréade, Méduse, Orphée.

En Algérie :

Alger : 13e Régiment de Tirailleurs sénégalais,

Oran, 2e Régiment de Tirailleurs Algériens, 2e Régiment de Chasseurs d'Afrique, 16e Régiment de Tirailleurs tunisiens, 2e Zouaves, 66e et 68e Régiments d'artillerie d'Afrique, deux batteries de cotes de la Marine, 15 batteries de D.C.A.. Plus loin, 25e Régiment de Chasseurs tunisiens.

Opération Torch

Les forces alliées sont réparties en trois groupes : voir en détail l'opération Torch sur wikipedia
- La Task Force Ouest, commandée par le gl Patton, comprend 35.000 hommes, transportés et appuyés par l'escadre du contre-amiral Hewitt (US), forte de deux cuirassés, un porte-avions auxiliaire, 4 porte-avions d'escorte, et plusieurs croiseurs et destroyers ;
- La Task Force Centre du gl Fredendall regroupe 39.000 soldats américains, trasnportés et escortés par la flotte du Commodore Toubridge (britannique) qui comprend 2 porte-avions d'escorte et plusieurs bâtiments plus petits ;
- La Task Force Est comprend 52 navires de guerre, 33.000 soldats aux ordres du gl Ryder et du contre-amiral Burroughs. Le contingent britannique formé par la 87e division est escorté par la Force H de l'amiral Syfret, qui comprend 3 cuirassés, 3 porte-avions auxiliaires ainsi qu'un grand nombre de croiseurs et de destroyers.

Le contentieux persistant entre les Anglais et les Français amène le commandement allié à revêtir les fantassins anglais de tenues de G.I. et les navires anglais arborrent flamme anglaise et flamme américaine.

AFN carte
pour afficher en grand la carte passer la souris dessus

Le débarquement anglo-américain sur les plages de Casablanca, d' Oran et d'Alger va diviser les Français comme il divise l'armée.  Le résident général au Maroc le gl Noguès et l'amiral Michelier sont des partisans de la résistance à l'envahisseur. A Alger, les sentiments sont partagés. Certains généraux et amiraux sont d'avis de résister, ce sont les ordres de Vichy. Et Vichy, c'est Darlan qui par hasard est à Alger où il vient rendre visite à son fils malade. D'autres généraux sont d'avis d'aider les Américains à débarquer. Car tout les décideurs savent que les Alliés arrivent. Des tractations plus ou moins secrètes se sont déroulées à Alger avec des envoyés du Président Roosevelt et du gl Eisenhower. Un protocole "secret" a même été signé entre les Américains et les partisans de la reprise de la guerre par les Armées Françaises. Le 7 novembre, tout le monde sait que l'armada alliée approche, des observateurs ont compté les navires au large. Bien entendu, les points de débarquement sont encore inconnus.

8 novembre 1942, les premiers rangers américains mettent pied à terre sur le sol algérien, il est 01H00. L'opération est en retard. Derrière eux, deux imposantes task-forces approchent des côtes algériennes et une task-force approche des côtes marocaines. Pour ne pas envenimer les rapports déjà tendus entre Français et Anglais, les Américains vont débarquer les premiers. Selon les plages, ils tombent sur le vide ou sont accueillis par les tirs nourris de la défense.

A Alger, les troupes débarquées tombent sur le 13e Sénégalais qui tient le port et les assaillants sont repoussés. soir duA Castiglione, le débarquement ne rencontre aucune résistance. A Sidi-Ferruch, les commandos sont accueillis à bras ouverts par les défenseurs. A l'est d'Alger, 55 français mal armés résistent toute la journée à 500 assaillants avant de céder. L'aérodrome de Maison-Blanche est pris sans combat. L'aérodrome de Blida fait l'objet d'un arrangement. L'attaque directe du port d'Alger donne lieu à de violents affrontements, les HMS Malcolm et Broke sont pris pour cible par les batteries cotières et le Malcolm doit se retirer en flammes. Le Broke obtient le droit d'entrer et son commando débarque, pour se heurter au 13e Sénégalais. Le Broke de nouveau pris à partie par les batteries se retire pour couler quelques minutes plus tard. Les deux sous-marins français Marsouin et Caïman plutôt que de chercher le combat parviennent à s'enfuir et rejoignent Toulon. A Cap Matifou, les défenseurs résistent toute la journée pour finir par se rendre vers 16H30. Au Fort d'Estrée, les défenseurs résistent toute la journée et la nuit suivante et ne se rendent qu'au petit matin sur ordre du gl Koening. A El Biar, les Américains sont contenus et n'osent attaquer Fort l'Empereur où est établi le P.C. du gl Juin. Juin n'a nullement l'intention de résister énergiquement aux Alliés. Il ne demande qu'à s'entendre avec les Américians et les pourparlers commencent. Vers 18H20, un accord intervient pour que les Américains entrent à Alger le lendemain matin. La bataille pour Alger est terminée au soir du 8 novembre.

A Oran, la défense est prévenue de l'arrivée d'une task-force. Au large, le torpilleur Tramontane et les sous-marins Fresnel et Actéon ont rencontré par hasard la force d'invasion et ont prévenu Oran. Tout le monde a les yeux bien ouverts lorsque le HMS Walney (anglais) s'approche, arborant la bannière étoilée. Ce qui retient le tir des Français. Malheureuse initiative anglaise, une mitrailleuse ouvre le feu sur les navires français. Riposte immédiate des 138mm du contre-torpilleur Epervier. Les morts s'accumulent sur le pont du Walney. On tire de partout. Le HMS Hartland est en flammes. L'aviso Surprise voit son pont balayé par l'HMS Brilliant. La Tramontane est écrasé par le croiseur Aurora. La Tornade subit le même sort. Trois sous-marins s'enfuient, seul le Fresnel en réchappe, l'Argonaute et l'Actéon succombent. Les débarquements américains rencontrent plus de succès. A Mersa-bou-Zedjar, les chars de la 1ère D.B.US sont mis à terre sans problème. Aux Andalouses, le 25e Chasseurs tunisiens est parti tenir d'autres objectifs. A Arzew, les Rangers s'emparent du fort de la Pointe et pénètrent dans le port, capturant au passage trois cargos. La résistance est plus sensible à la base d'hydravions où les marins de la 5e Flotille résistent un moment. La batterie du 66e R.A.A. est prise sans problème avant que les assaillants tombent sur le 2e Tirailleurs algériens. Les Tirailleurs arrêtent le combat sous l'intervention de l'artillerie de cinq destroyers et les avions du Furious. La 1ère D.B.US a contourné Oran pour s'emparer de la base aérienne de Tafaraoui où la 4e flotille de bombardement s'apprête à décoller. Les défenseurs mal armés sont bien incapables de résister aux chars. Quelques isolés parviennent à gagner la montagne. Le groupement mixte de l'armée de l'air n°3 basé à la Sénia parvient à prendre l'air et attaque les blindés américains à Saint-Barbe-du-Tiélat puis Tafaraoui. Mais rien n'arrête les blindés qui continuent vers Brédéah et les usines d'alimentation en eau d'Oran. Les Américains sont un instant bloqués en divers points. Oran est coupé de l'extérieur. Par une ligne téléphonique enterrée, le gl Boissau appelle au secours la 2e Brigade motorisée de cavalerie (col Touzet du Vigier). Le 9e Chasseurs d'Afrique prend la route, rencontre les Américains aux Lauriers-Roses. Le reste de la Brigade se rassemble. Une bataille de chars se déroule à Saint-Lucien, 14 chars français sont détruits. La menace est de plus en plus pressante et le commandant de l'air en Algérie ordonne le repli de ses appareils sur le Maroc. On se bat partout. A la gare de La Sénia, une poignée de défenseurs tient jusqu'à épuisement des munitions. A Bouisseville, la batterie de D.C.A. 124 repousse les assaillants. Sur le Murdjadjo, une batterie (160e) est contrainte de se replier mais les autres prennent à partie les assaillants. Les artilleurs de la 160e reprennent leur emplacement. Dans le port, l'Epervier et le Typhon tentent de s'échapper. Pris sous le feu des croiseurs anglais, l'Epervier se jette à la côte, le Typhon rentre au port. L'Amirauté donne l'ordre de sabordage. Une vingtaine de navires de commerces et de guerre vont par le fond. Dans la nuit du 9 au 10 novembre, les Américains reprennent leur progression et font sauter le bouchon de la Sénia. Le 10 novembre, le gl Boissau envoie un émissaire aux Américains et donne l'ordre de cessez-le-feu à 11H21. Trois quarts d'heure avant que ne lui parviennent les ordres de l'amiral Darlan de mettre fin aux hostilités. 243 marins français, 94 soldats français et 10 aviateurs français ainsi que 276 Américains sont morts pour Oran.

Au Maroc, personne ne semble prévenu de l'arrivée de la Western Task-force (amiral Hewitt). Tout le monde est au courant des navires qui ont franchi de détroit de Gibraltar mais rien sur le Maroc. Seul le gl Béthouart semble croire en une intervention à Casablanca et évoque la possibilité d'une action contre le gouverneur général Nogues qu'il sait pro-vichyste, afin d'empêcher toute résistance aux Alliés. Il est averti du débarquement le 7 novembre et en prévient quelques amis. Il est arrêté sur ordre de Nogues. Dans la nuit du 7 au 8 novembre, les Américains arrivent.

A Safi, les torpilleurs Bernadou et Cole forcent l'entrée du port et mettent un commando à terre. Une batterie française est prise à partie par le cuirassé New-York et le croiseur Philadelphia qui l'empêchent de contrer le débarquement. La bataille fait rage entre Américains et un bataillon du 2e R.T.M. soutenu par la 104e batterie. Elle va durer jsuqu'au lendemain midi. A 08H00, le tir de l'artillerie navale se déchaine sur la Batterie de la Railleuse qui écrasée se tait vers 10H00. Le port de Safi tombe vers midi et les Américains commencent à débarquer leurs chars.

Conquérir Port-Liautey et sa base aérienne est un des objectifs prioritaire des hommes du gl Truscott. Le 1er R.T.M. (col Petit) et le 2e R.T.M. vont s'opposer à eux. La batterie 138 est prise puis la Kasbah de Port-Liautey. Une contre-attaque du 1er R.T.M. l'a reprend. Plus au nord, les chars du 7e Chasseurs d'Afrique bloque la tête de pont américaine où doivent débarquer 75 avions. Au delà de Fedalà, les consignes de Bethouart de ne pas résister sont appliquées et la 102e batterie laisse passer les troupes débarquées. Mais d'autres batteries ouvent le feu. La batterie de Pont-Blondin prend à partie 4 destroyers américains et le croiseur Brooklyn qui bien entendu ripostent. Encerclée par la terre, la batterie cesse le tir vers 10H00. La batterie de 100 de Fedala ouvre également le feu et tire sur toutes les lueurs qu'elle aperçoit en mer. Elle succombe vers 14H sous un assaut venu de terre.

Dès le lever du jour, les Américains ont lancé leur aviation embarquée (porte-avions Ranger) sur tous les aérodromes marocains. A Casablanca, les Français ont pris les devants et sont en l'air. Les appareils du Ranger se trouvent face aux GC 2/15. Bataille aérienne où les Français perdent sept pilotes et les Américains 5. Sur l'aérodrome de Rabat, les appareils du GC 2/5 bien camouflés sont indemnes et vont prendre l'air. A Salé, tous les appareils du GB 1/22 sont détruits au sol. Il n'est plus question d'aller bombarder les transports américains et on va se contenter de mitrailler les plages puis se disperser sur les terrains éloignés de Medjouna, Ra-el-Ma, Sidi-Rahal et Dar-el-Toubib. L'Aéronavale a eu tout le temps de mitrailler elle aussi les plages puis de revenir à la base, les appareils du Sangamon ayant été retardés dans leur catalpultage. Les appareils français sont en cours de réaprovisionnement lorsque les appareils américain arrivent. Un tiers des appareils français est détruit au premier passage. Les Américains reviennent trois fois au cours de la matinée avant que les derniers rescapés prennent l'air sur Meknès. La maitrise du ciel est désormais aux mains des Américains qui ont perdu dans l'affaire 44 appareils soit un tiers de leur aviation embarquée.

La bataille concerne aussi la Marine. A Casablanca, ce 8 novembre, sont rassemblés le cuirassé Jean-Bart, le croiseur Primauguet et 8 contre-torpilleurs et torpilleurs et des sous-marins (amiral Gervais de Lafond). A 08H00, un hydravion survole le port et est pris à partie par la D.C.A.. Il a été lancé par la flotte américaine et est destiné à régler les tirs de l'artillerie embarquée. A 08H04, les premiers obus s'abattent sur le port. Trois sous-marins sont coulés immédiatement. Les autres parviennent à appareiller. Dix cargos et paquebots sont coulés. Un contre-torpilleur et deux torpilleurs sont touchés. La batterie 194 riposte et encadre les navires américains. Le cuirassé Jean-Bart riposte avec ses 380mm et les obus encadrent la flotte américaine au moment où un 406mm du Machachussetts bloque la tourelle du Jean-Bart sans exploser. La flotille de Casablanca s'élance à l'attaque de l'armada alliée sans le Primauguet retardé. L'amiral a pris place à bord du Milan. Les avions du Ranger passent à l'attaque. Le Brestois, l'Albatros, le Milan sont touchés. Le Primauguet isolé sort du port et la flotille se porte à sa rencontre. Les tirs des croiseurs US et du Massachusetts commencent à porter. Le Fougueux est coulé, le Milan va à la côte, l'Albatros et le Primauguet sont sévèrement touchés par des 406mm. Vers midi, le Boulonnais encaisse 5 obus de 152mm. Il est achevé par un 406mm. Le Primauguet parvient à mouiller. Le Frondeur peine à rentrer au port où il va chavirer au cours de la nuit. Le Brestois va s'amarrer à la grande jetée. Il a 30° de gite. Pause dans la bataille qui reprend en début d'après-midi. L'Alcyon tente une sortie pour recueillir les survivants du Fougueux. L'amiral Hawitt envoie une nouvelle fois ses avions. C'est la fin pour l'Albatros et le Primauguet. La bataille va se rallumer le 9 novembre. Le Dallas qui tente de s'approcher est pris à partie par une batterie de 75mm mais met à terre un commando. Les hydravions du Savannah disperse la batterie. Sur la route de Fédala, une batterie de 90 résiste aux assauts terrestres américains mais doit se replier sous la protection du Commandant-Delage et de la Gracieuse. L'ordre de cessez le feu donné par Alger n'est pas encore arrivé au Maroc lorsque l'Augusta et quatre destroyers attaquent les deux petits navires français. C'est le Jean-Bart qui va surprendre l'Augusta. Les marins ont réussi à débloquer la tourelle de 380mm qui reprend son tir. L'Augusta et sa suite bien encadrés reculent. L'aéronavale américaine revient avec ses bombes de 1000 livres qui causent de gros dégats au cuirassé. Fin de la bataille lorsque Hewitt et Patton sont avisés du cessez le feu.

Des sous-marins qui sont parvenus à appareiller, le Conquérant et le Sidi-Ferruch seront coulés peu après. L'Orphée revient à Casablanca, l'Antiope et l'Amazone rallient Dakar. La Méduse s'est échouée, le Tonnant se saborde à Cadix.

600 Français ont perdu la vie dans ces combats pour l’Honneur. La marine qui s'est opposée en bloc aux Alliés a perdu : 1 cuirassé, 2 croiseurs, 14 sous-marins et 30 autres navires. Des soldats et des marins sont morts pour un combat perdu d'avance. Les troupes françaises d'Afrique du Nord concluent un armistice avec les Alliés le 11 novembre et rentrent dans la guerre contre les Allemands et les Italiens.

La mobilisation générale des hommes de 19 ans à 45 ans est décrétée dans tous les territoires français, sous contrôle des Alliés. En Guyane et aux Antilles, ce ne sera effectif qu'en 1943. En Afrique du Nord : 26 000 Tunisiens, 73 000 Marocains, 134 000 Algériens d'origine musulmane (sous quels critères ont-ils été recensés les 105 000 appelés Arabes et Berbères alors qu'ils ne sont pas totalement Français ? ), 176 500 Européens sont mobilisés. 

La Marine commence la fusion entre les Forces Navales Françaises libres et l'ancienne marine de Vichy. Au mois d'août 1943, ce sera réellement effectif après bien des réticences. Ses personnels à cette date compteront 45 000 hommes armant 3 bâtiments de ligne (Richelieu, Jean-Bart, Lorraine), un porte-avions (Béarn), 9 croiseurs, 21 torpilleurs et contre-torpilleurs, 22 sous-marins et un nombre important de petits navires.  Mais bon nombre de ces navires vont devoir être modernisés, équipés d'une D.C.A., de systèmes de détection et partent vers les chantiers anglais et américains. Les Alliés vont livrer à la France, 140 navires construits en Angleterre, aux États-Unis, au Canada. 

 

9 novembre 1942. Tunisie.

Les premiers avions de la Luftwaffe atterrissent sur l'aérodrome d' El-Aouina et les premiers soldats de la Werhmatch débarquent à Tunis et Bizerte. En trois jours, la région est contrôlée par les forces de l'Axe. Le 13 novembre, venues de Libye (Tripolitaine), des troupes italiennes entrent au sud tunisien.

L'armée française du gl Barré et de l'Amiral Estéva compte un peu plus de 9 500 hommes.

- Vice-Amiral Derrien (A la Libération, Derrien sera condamné à la prison à vie) : 2 bataillons du 43e Régiment d'infanterie Coloniale (1 et 2/43e R.I.C.) ; 1 bataillon du 4e Régiment Mixte de Zouaves et de Tirailleurs (3/4e R.M.Z.T.) ; 1 escadron à cheval du 8e Régiment de la Garde ; 2e groupe (hippomobile) du 62e Régiment d'artillerie d'Afrique (2/62e R.A.A.) ; quelques unités de la Marine à terre dont un bataillon de Fusiliers-Marins.
- Colonel Bergeron : 2 bataillons du 4e Régiment Mixte de Zouaves et de Tirailleurs (1 et 2/4e R.M.Z.T.) ; 1 groupe d'escadrons à cheval du 4e Régiment de Chasseurs d'Afrique (2/4e R.C.A.) ; 1er escadron à cheval du 8e Régiment de la Garde ; 1er groupe (hippomobile ) du 62e Régiment d'artillerie d'Afrique (I/62e R.A.B.) ; un groupe de D.C.A. du I/412e Régiment d'artillerie ; une compagnie hippomobile du 34e Génie.
- Général Trémeau : deux compagnies du 2e bataillon du 4e Régiment de Tirailleurs Tunisiens (2/4e R.T.T.) ; deux compagnies du 3e bataillon du 4e Régiment de Tirailleurs Tunisiens (3/4e R.T.T.) ; 3e groupe d'escadrons à cheval du 4e Régiment de Chasseurs d'Afrique (3/4e R.C.A.) ; 1er groupe d'escadrons à cheval du 4e Régiment de Spahis Tunisiens (I/4e R.S..T) ; 123e et 134e batteries de D.C.A. du 2/412e Régiment d'artillerie ; une compagnie hippomobile du 26e Train.
- Lt-Col Nussard : 1er bataillon du 4e Régiment de Tirailleurs Tunisiens (I/4e R.T.T.) ; 2e groupe d'escadrons à cheval du 4e Régiment de Spahis Tunisiens (2/4e R.S.T.) ; Groupement Réservé N°1 (Tunis).

- Colonel Le Coulteux : 3e bataillon du 43e Régiment d'infanterie Coloniale (3/43e R.I.C.) ; 1er groupe d'escadrons mécaniques du 4e Régiment de Chasseurs d'Afrique (I/4e R.C.A.) ; 7e escadron de chars du 4e Régiment de Chasseurs d'Afrique (7/4e R.C.A.) ; 2e escadron moto du 8e Régiment de la Garde ; 3e groupe automoteur du 62e Régiment d'artillerie d'Afrique (moins la 9e batterie) ; une compagnie motorisée du 34e Génie ; 101e compagnie automobile du 26e Train.
- Colonel Lecourtier : deux compagnies du 2e bataillon du 4e Régiment de Tirailleurs Tunisiens (2/4e R.T.T.) ; deux compagnies du 3e bataillon du 4e Régiment de Tirailleurs Tunisiens (3/4e R.T.T.) ; 5e escadron moto du 8e Régiment de la Garde ; 9e batterie d'automoteurs du 62e Régiment d'artillerie d'Afrique (62e R.A.A.).

Ne pouvant s'opposer à un tel déferlement, Barrès manoeuvre et les Français se retirent de la plaine. Ils prennent position dans la montagne contrôlant les accès vers l'Algérie. Ils attendent les renforts promis par le gl Juin. Le 16 novembre,  les premiers combats se déroulent entre troupes allemandes et troupes françaises à Oued-Zarga, Mateur et sur la route Beja-Djebel-Abiod.  Le 18 novembre, le XIX° corps allemand attaque les Français à Medjez el-Bab pour prendre les routes menant en Algérie. A Medjez-el-Bab, une barricade a été construite par le Génie et les abords sont minés. En tout moins de 600 hommes (notamment 4e Chasseurs d'Afrique), bien déterminés, défendent cette position avec deux canons de 37mm, une pièce de D.C.A.. En arrière, des artilleurs américains et leurs pièces. Les Allemands attaquent. Ils sont repoussés et renoncent. Plus qu'un simple combat d'une série qui commence, c'est tout un symbole, l'Armée d'Afrique vient de remporter sa première victoire.

Entre-temps, Juin n'est pas restés inactif. Il a mis sur pied toutes les unités disponibles en Algérie. Mais d'Alger à Tunis il y a 750 kms. Le 14 novembre, un groupement d'antiques auto-mitrailleuses prend la route pour la frontière. Le 16 novembre, les Allemands qui tentent d'atterrir à Gabès sont pris à partie. Le 18, un train de troupes italiennes saute à Manharès. Sans attendre les Alliés, les troupes françaises ont repris le combat. Le gl Welvert à la tête d'une colonne de voitures blindées hors d'âge avance vers Gafsa. Par la voie ferrée à faible débit, par les routes de montagne, les Français montent en ligne, Division de marche d'Alger (gl Deligne), Brigade légère mécanique (gl duVigier). Ce sont les Britanniques de la 78e Division qui les premiers rejoignent les Français. Les Américains n'ont amené que quelques tanks-destroyers. Nous sommes déjà le 25 novembre et les Allemands ont continué à débarquer. Une ligne de défenses s'établit dans la montagne. Nos troupes sont dans un dénuement total. On enlève aux prisonniers italiens et allemands, leurs chaussures pour les distribuer aux Tirailleurs et aux Goumiers. Les lignes sont tenues avec des fusils-mitrailleurs modèle 1924, des canons de 65mm et 75mm de l'autre guerre. Le 2 décembre, les Français attaquent au col de Faïd. Ils font 117 prisonniers. Le 10 décembre, les Allemands contre-attaquent et sont repoussés par 4 bataillons français et la 1ère Brigade anglaise.

Le 26 décembre, les Alliés occupent une ligne de Sbeitla au djebel Chirich avec la 1ère Division marocaine et la I° Armée britannique (deux divisions), aucune nouvelle des Américains (sauf les 12 tanks-destroyers). Les Américains arriveront dans le courant janvier 1943 avec le II° Corps (gl Freedendall). Mais il n'y a encore aucun commandement unique. Eisenhower commande Américains et Britanniques, Giraud commande les Français. En face, 50 000 Allemands et 20 000 Italiens (gl von Armin). De Lybie arrive à marches-forcées l'Afrika-Korps de Rommel suivi mollement par la VIII° Armée de Montgomery.

En attendant l'arrivée de Rommel, von Armin attaque les Français dans le nord-tunisien le 20 janvier. Les Tirailleurs n'ont pas d'anti-chars. La percée est rapidement faite. Les Tirailleurs se replient dans le djebel. La division d'Alger est contournée. Submergée par les chars, la division se replie vers le sud poursuivie par les blindées allemands. Seul recours, la brigade blindée du gl Robinett qui dotée de Sherman monte au feu pour la première fois. C'est la surprise pour les Allemands qui perdent plusieurs de leurs blindés et se replient vers le nord.

Il faut réaliser une commandement unique, il est confié au général britannique Anderson. L'Armée française en Tunisie devient le XIX° Corps d'armée. Les Alliés se déploient de nouveau. V° Corps britannique au nord, face à Bizerte et Tunis ; XIX° Corps français au centre ; II° Corps américain au sud.

Très rapidement, l'Armée française en Tunisie va compter 76 000 hommes. C'est encore bien souvent avec des armes cachées en Afrique du Nord qu'ils combattent car les Alliés n'ont pas encore tellement confiance en cette armée vaincue en 1940.  Les 1er et 4e Régiments de Zouaves, 1er , 2e, 6e, 7e, 9e Régiments de Tirailleurs algériens, 1er Régiment de  Spahis algériens, 65e Régiment d'artillerie d'Afrique, 2e groupement de supplétifs  marocains, 3e Régiment Étranger, 1er Régiment Étranger de cavalerie, 1er Régiment  Étranger de marche, 1er Groupement de Tabors, 1er Régiment de marche d'artillerie marocaine,  15e Régiment de Tirailleurs sénégalais, des groupes des  62e,  66e, 68e d'artillerie d'Afrique, 5e, 12e, 9e Régiments de Chasseurs d'Afrique, 3e Moghaznis, 4e et 5e Tabors, vont rejoindre les survivants de Bir-Hakeim du gl Koenig, rejoints eux par la 2e Brigade de Français libres et le 1er Régiment de marche de Spahis marocains et la colonne Leclerc comprenant entre autres : 3 groupes nomades, 1 bataillon de Tirailleurs sénégalais, 4 sections d'artillerie coloniale.

1943 : Casablanca (Maroc).

Churchill et Roosevelt définisse la politique future envers l'Allemagne, validée par Staline et les autres alliés. Pas de paix séparée, CAPITULATION SANS CONDITION ! Voilà qui a le mérite d'être clair. Les chefs militaires et les combattants sont prévenus. Pas de marchandage. Même si la phrase n'est pas prononcée : pas de quartier.

14 février 1943 : Tunisie. La campagne de Tunisie en photo

Les forces italo-allemandes attaquent la I° Armée alliée comprenant le V° corps britannique, le XIX° corps français, et le II° corps américain pour percer en direction de Kasserine et Tébessa. Les Américains se replient après avoir subi des pertes. Mouvement qui déclenche un repli général des Alliés de 20 à 100 kms suivant les endroits. Dans le secteur français, le repli s'opère dans un ordre parfait. Par contre, dans la zone américaine règne un certain désordre qui menace les Français de Welvert.

20 février, les Allemands s'emparent de la passe de Kasserine et menace Tebessa. Les Américains envisagent de reculer une nouvelle fois. Juin est furieux menaçant de retirer les troupes françaises du commandement allié. Au besoin, elles défendront seules la route de Tebessa. Eisenhower retire son commandement à Freedendall.

17 février : France.

En métropole, devant le peu de succès de la relève, Vichy institue le Service du Travail Obligatoire (S.T.O.) en mobilisant les classes 1940, 1941, 1942 et 1943. Beaucoup de mobilisés potentiels rejoignent les maquis ou se cachent. En Allemagne des prisonniers de guerre sont reconvertis en travailleurs libres. Libres surtout d'être contraint de continuer à travailler en Allemagne.

22 février : Tunisie.

L'artillerie anglaise concentrée dans la région de Thala, les canons de Welvert et les escadrilles de bombardement concentrent leurs tirs sur les colonnes allemandes qui n'attaquent plus. Le 23 février, calme sur tout le front.

Dans le sud, Rommel a atteint la ligne Mareth et s'y retranche. Ironie de l'histoire, cette ligne de défenses construite par les Français en même temps que le ligne Maginot pour empêcher les Italiens de passer, va bloquer les Britanniques de la VIII° Armée.

1er mars, la VIII° Armée britannique est au contact de la ligne Mareth. Le 6 mars, Rommel envoie, depuis la ligne Mareth, les 10., 15. et 21.panzerdivisionnen, en direction de Médenine. Mais Rommel doit se replier à la tombée de la nuit, après avoir perdu 1/3 de ses chars. Il a perdu 52 chars avant de renoncer. Malade, il est embarqué dans un avion, direction l'Allemagne. Von Armin prend le commandement. La VIII° armée a perdu seulement 130 hommes et aucun char. 

Le 20 mars, Montgomery passe à l'attaque droit sur la ligne Mareth. Il perd rapidement des blindés devant la 15.panzer et renonce. C'est le 25 mars par une manoeuvre de contournement que la ligne Mareth est débordée. Les forces italo-allemandes ne vont plus dès lors cesser de reculer, mais en bon ordre.

Le II° Corps américain, le IX° Corps britannique et le XIX° Corps français sont également passés à l'offensive. Le 13 avril, les Alliés se heurtent à un fort barrage allemand dans la plaine devant Kairouan. Mais le corps expéditionnaire italo-allemand est désormais encerclé par les forces venant de Lybie et celles venant d'Algérie. Von Armin a encore environ 200 000 hommes déterminés, bien armés.

Le général anglais Alexander a pris le commandement des troupes alliées et décide d'attaquer. Du 20 avril au 4 mai ,de violents combats se déroulent entre Medjez et Goubellat où les Italiens et les Allemands  résistent toujours. Le 5 mai, le XIX° corps français (gl Juin) s'avancent vers Pont-du-Faths et Ferryville. 300 canons anglais ont été rassemblés et le 6 mai, sous couvert de l'aviation, les Alliés partent à l'assaut. Les forces allemandes se replient sur Enfidaville, abandonnant en arrière des détachements italiens qui n'ont plus qu'à se rendre. A 09H00, le front allemand est crevé. Dans la brêche, s'engouffrent deux division britanniques. Au nord, les Américains entrent à Bizerte. Le 8, les Britanniques entrent à Tunis.

7 mai : Tunisie.

Les Français prennent Pont-du-Faths. Le 8 mai, les troupes  italo-allemandes se réfugient dans le cap Bon. Elles n'ont plus de carburant, les rares navires qui tentent de les ravitailler sont coulés.  Le 13 mai à 09H30 au Djebel Zaghouan, le cessez-le-feu est signé pour l'Afrique du Nord après la capture du gl Hans-Jürgen Von Arnim. L'Armée italo-allemande d'Afrique a cessé d'exister. Les rescapés des forces allemandes et italiennes en Afrique sont prisonniers. L' Afrika Korps a perdu 125 000 hommes, 250 000 sont prisonniers (180 000 Allemands dont 23 généraux). De longues colonnes de prisonniers vert-de -gris et de longues files de véhicules en ordre parfait gagnent l'ouest pour y être internés. Il n'y a plus un Allemand, il n'y a plus un Italien en armes en Afrique.

L'Armée française d'Afrique qui a largement participé aux combats a perdu 2 200 tués et 10 000 blessés et fait 58 000 prisonniers. Le 20 mai, les Alliés défilent dans Tunis. Pour la circonstance, chaque unité à délégué un détachement. Le plus remarqué est le détachement des Goumiers qui pour l'occasion avaient reçu des "godillots". Par manque d'habitude de les porter, ils avaient pendu leurs belles chaussures autour du cou.

L'Armée Française a regagné son honneur, les armes à la main.

Juillet 1943 : Sicile.

Les Alliés débarquent en Sicile mais les Français n'y participent qu'avec la présence du 4e Tabor marocain (890 hommes avec 126 mulets et 117 chevaux), aux ordres du cdt Verlet. Cette campagne coûte 28 morts et disparus ainsi que 54 blessés au 4e Tabor. L'efficacité de son action rejaillit sur toutes les unités de Goumiers et permet de tirer de précieuses leçons pour les futures opérations.

8 septembre : Sicile.

La résistance des troupes allemandes et italiennes a totalement cessé en Sicile.  Depuis plusieurs jours, des tractations se déroulent entre Alliés et Italiens. L'Italie signe l'armistice ce 8 septembre. Ce jour là, la VIII° armée britannique a débarqué sur les cotes de Calabre commençant une longue et coûteuse remontée de la botte italienne.

9 septembre : Italie.

L'Armée italienne se rend sans conditions et le nouveau chef du gouvernement italien, le général Badoglio demande l'appui des Alliés pour chasser les Allemands. Le 12 septembre, ce sont les Américains de la V° Armée qui débarquent à Salerne.

13 septembre : Corse.

Débarquement en Corse de troupes françaises venant d’Afrique du Nord (gl Martin). Elles ne reçoivent aucun soutien, ni matériel, ni moral des Alliés mais le soutien efficace des maquisards corses. Le Bataillon de choc (commandant Gambiez), le 1er Tirailleurs marocains,  le 4e Spahis marocains, le 69e d'artillerie d'Afrique, et le 2e groupe de Tabors viennent à bout de la résistance ennemie en 5 jours. Premier pas de la Libération de la France ! La marine participe à l'expédition de Corse avec le sous-marin Casabianca qui ravitaille les maquis, avec les croiseurs Montcalm et Jeanne-d'Arc, 7 torpilleurs et contre-torpilleurs et 2 autres sous-marins. Le 4 octobre,  l'île est totalement conquise. La Marine ne peut cependant empêcher le repli d'une partie des Allemands sur l'Italie. 

Novembre 1943.

L'amalgame s'est opéré, non sans mal, entre toutes les troupes françaises disparates. Les querelles de préséance opposant entre-eux les généraux français ne sont pas étrangères à ce contretemps. Cependant, on ne parlera plus que de l'Armée d'Afrique, volontaires, mobilisés, F.F.L. et survivants de l'ancienne armée d'Afrique confondus. Les Alliés vont fournir à ces hommes, armes individuelles, armes lourdes, avions, chars, habillement, nourriture, transmissions. Seuls les Goumiers combattront dans leur tenue traditionnelle.

Se préparent la 4e D.M.M., la 2e D.I.M., la 3e D.I.A., la 9e D.I.C., la 10e D.I.C., les 7e et 8e D.I.A. (dissoutes peu après), les 1ère, 2e, 3e (dissoute peu après) et 5e D.B.. Pour les armer il a fallu négocier avec les Américains, l'accord Pret-bail qui reporte après la guerre le paiement du matériel, de l'armement et de l'approvisionnement. Les navires de transport étant en nombre limité, ces approvisionnements arrivent au rythme de 25 000 tonnes par mois.

Cette armée est réorganisée sur le modèle américain. Quel changement avec l'ancienne armée française. Le matériel, les armes, vivres et munitions semblent inépuisables. Seule concession au modernisme, la « Royale Brêle force« , avec ses 2 500 mulets que l'on va retrouver partout en Italie où le terrain est montagneux et il le sera souvent. Par contre, les troupes qui vont rester en Afrique du Nord doivent se contenter du matériel restant. Les troupes françaises n'ont pas participé au débarquement et aux combats de Sicile (sauf le Tabor cité).

Le Richelieu à peine sorti des chantiers de Brooklyn rejoint la Royal Navy en Atlantique et Mer du Nord. Les croiseurs depuis Dakar, participent à la recherche des forceurs de blocus allemands.  Nous retrouverons le Fantasque et  le Terrible en appui du débarquement de Sicile. A partir de l'Égypte, des contre-torpilleurs interviennent en mer Égée. 

Novembre 1943 : Italie.

Si les Pouilles, la Campanie et Naples ont été libérées sans trop de problèmes, les Alliés vont se heurter ensuite à une forte résistance allemande. Le maréchal Kesselring à établi une forte ligne fortifiée dans la partie le plus étroite de l'Italie. La ligne Gustav va immobiliser les Alliés de longues semaines. Le gl Alexander (britannique) qui commande les troupes alliées en Italie arrête l'offensive le temps de réorganiser ses unités malmenées par la résistance allemande.

25 novembre 1943 : Italie.

L'État-major du Corps expéditionnaire français (C.E.F. ou Armée A) débarque en Italie (gl Juin). Les troupes de l'Armée d'Afrique commencent également à arriver constituant la 2e Division d'infanterie Marocaine (gl Dody), (elle deviendra Division d'infanterie Mécanisée) et la 3e Division d'infanterie algérienne (gl de Monsabert). Débarquent sur le sol italien : les 4e, 5e, 8e Régiments de Tirailleurs marocains, les 3e et 7e Régiments de Tirailleurs algériens, le 4e Régiment de Tirailleurs tunisiens, le 3e Régiment de Spahis marocains, le 3e Régiment de Spahis algériens de reconnaissance, le 7e Régiment de Chasseurs d'Afrique, les 63e et 67è Régiments d'artillerie d'Afrique, les 3e et 4e Groupements de Tabors marocains. Ces troupes sont d'abord sous-estimées par le haut commandement allié. Ne sont-elles pas les héritières de l'armée défaite en 1940 ! Et la réticence envers leur encadrement est encore plus flagrante. Les généraux sont les vaincus de 1940 ! Très vite, le courage dont font preuve les soldats de l'Armée d'Afrique va leur mériter le respect des généraux anglais et américains. L'expérience de la montagne des Tirailleurs, des Goumiers, des Spahis, va leur valoir de participer activement à la rupture du front allemand. 

Vont débarquer un peu plus tard, en février 1944 : la 4e Division d'infanterie de montagne qui deviendra la 4ème division d'infanterie marocaine (gl Sevez) composée des 1er, 2e et 6e Régiments de Tirailleurs marocains, du 4e Régiment de spahis marocains, des 69e et 64e Régiments d'artillerie d'Afrique, du 8e Régiment de Chasseurs d'Afrique, du Régiment d'artillerie coloniale du Levant, du 1er Groupe de Tabors marocains (G.T.M.), un bataillon du Génie, Train, Service de Santé.  La  1ère Division de Marche d'infanterie plus connue sous le nom de 1ère Division Française Libre (gl Brosset) composée de la 13e Demi-brigade de Légion Étrangère, des 4e, 5e, 11e, 22e Bataillons de marche nord-africains, des 21e et 24e Bataillons de marche de la Coloniale, un bataillon des survivants du Bataillon du Pacifique et d'évadés de France, un bataillon d'artillerie de Djibouti, une unité anti-chars de Fusiliers marins, des artilleurs des Antilles, des transmetteurs de Pondichéry débarque en avril 1944 . La 9e Division d'infanterie coloniale (gl Magnan) rejoindra les opérations en juin 1944 avec les 4e, 6e, 13e Régiments de Tirailleurs sénégalais, le Régiment d'infanterie du Maroc, le Régiment d'artillerie du Maroc, et le Régiment colonial de chasseurs de chars.

Le 1er décembre, les 5ème (col Joppe) et 8ème (col Molle) Régiments de Tirailleurs Marocains et un Tabor entrent en campagne remplaçant des troupes américaines épuisées. Sous le feu des très expérimentés Chasseurs de la 5ème Division Autrichienne, les troupes nord-africaines se comportent très bien. Le commandement allié (gl Alexander) décide d'accorder aux troupes françaises une relative autonomie. L'Armée de la France Libre est ainsi créée.

Le 8 décembre, la 2e Division marocaine relève sur le front la 34e Division américaine au sein de la V° armée américaine (VI° corps) et entre en campagne. Le 15 décembre, la V° armée attaque la ligne Reinhard.  La 2e Division marocaine s'empare du mont Castelnuovo et du col  San Michele. Dès lors, les Américains n'ont plus aucune réticence à employer l'Armée d'Afrique.

Ne nous trompons pas sur les termes Régiment Marocain, Algérien, Tunisien ou Colonial, ces  unités comportent certes un grand nombre d'Africains du nord mais aussi des Européens d'Afrique du Nord, d'Outre-mer et de métropole. Nous y trouvons aussi des Républicains espagnols, des  réfugiés yougoslaves et la multitude de nationalités propres à la Légion Étrangère. Un exemple avec la 4e Division marocaine qui compte 75% de Marocains dans l'infanterie mais 33% dans l'artillerie et 41% dans les services si bien que l'on arrive au presque équilibre entre les communautés nord-africain et européenne.

1944 

Au début de l'année 1944, les Français peuvent mettre en action (hors de la métropole) : 560 000 hommes dont 300 000 indigènes d'Afrique du Nord, d'Afrique Noire et d'Océanie (volontaires et appelés). Ils sont 100 000 en Italie.

3 janvier 1944: Italie.

Le Corps Expéditionnaire français prend position sur le flanc nord de la V° armée U.S. et le 12 janvier, la 3e Division algérienne et la 2e Division  marocaine attaquent sur Sant'Elia Fiumerapido.

La résistance des troupes allemandes et le mauvais temps font que l'avance des Alliés est extrêmement lente. Les parachutistes allemands notamment font subir aux Alliés des pertes très lourdes. Autour du Mont Cassin, les Alliés vont épuiser leurs divisions l'une après l'autre sans gain de terrain. Le mauvais temps contraint l'aviation alliée à rester au sol. Si bien que le 23 mars, Alexander suspend les attaques frontales en attendant le beau temps. Les  3e Division algérienne, 2e et 4e Divisions marocaines, 1ère Division française, sont à la veille de l'offensive,  en ligne sur la gauche des armées alliées sur le Garigliano, face au mont Faito. 16 divisions alliées sont prêtes à marcher sur les 7 divisions allemandes retranchées dans la ligne Gustav. Le 2° Corps U.S. est bloqué. Le gl de Monsabert lance ses tirailleurs dans la neige et la boue. Les 4ème et 8ème Régiments de Tirailleurs Marocains, les 3ème et 7ème Régiments de Tirailleurs Algériens, le 4ème Régiment de Tirailleurs Tunisiens, le 3ème Régiment de Spahis enlèvent les hauteurs et atteignent la ligne Gustav.

Le 11 mai à 23H00, 2 000 canons se mettent à pilonner les lignes allemandes. A 23H45, l'infanterie s'élance. Les Français sont chargés d'attaquer les positions de la 71e Division allemande sur le haut Garigliano. A leurs cotés, des Américains, des Polonais, des Anglais, des Canadiens, des Italiens, des Néo-Zélandais, des Australiens, des Indiens. On hurle dans toutes les langues et l'on prie tous les dieux.

Le Général Juin a fait diffuser son ordre du jour : "Combattants français de l'armée d'Italie, une grande bataille dont le sort peut hâter la victoire et la libération de notre Patrie s'engage aujourd'hui"... "la lutte sera implacable"... "Appelés à l'honneur d'y porter nos couleurs, nous vaincrons comme nous avons déjà vaincu en pensant à la France martyre qui nous attend et nous regarde. En avant".

Sur les contreforts de l’Ornito et du Faito, c’est un combat féroce. A 03H00,  le 12 mai, à la lueur des lance-flammes allemands, les Tirailleurs montent à l'assaut. Le 4e Régiment de Tirailleurs marocains enlève le mont Faito. Les deux sommets sont conquis, mais à quel prix ! Ailleurs, c'est l'échec. Nouvelle attaque dans la journée du 13 mai, les Tirailleurs Marocains montent à la charge au son des fifres. Sans couverture, sans capote, un morceau de toile de tente en sautoir, une boite de ration dans la poche, chargés de munitions qu'ils récoltent sur les morts, les Tirailleurs progressent. Les 2e D.I.M, 3e D.I.A.et 4e D.M.M. prennent les sommets du Girofano, du Cerasola, du Feuci, du Petrella, de l‘Arunci, du Belvédère. Ce que n'ont pu faire les troupes britanniques et américaines. La ligne Gustav est enfoncée. Le Monte Cassino autour duquel les Alliés piétinent depuis des mois est conquis. Les Allemands battent en retraite. La route de Rome s'ouvre aux alliés. Les 3è R.T.A., 4è R.T.T, 7è R.TA. ont beaucoup soufferts, les pertes sont importantes et certains hommes n'ont pas mangés depuis 5 jours et sont restés 3 jours sans boire.


Italie

Le 23 mai, les Alliés tentent un nouvel effort pour rompre les lignes allemandes. Hitler autorise le général Kesselring à  replier ses deux armées sur la ligne Gothique, puis il l'autorise à abandonner Rome. La capitale italienne ne sera pas défendue. En soirée du  4 juin, les premiers éléments de la V° armée américaine (88e Division) entrent dans Rome. Le 5 juin, toute la V° armée traverse Rome à la poursuite des Allemands en retraite. Au même moment, l'armada alliée est en route pour la Normandie. La prise de Rome le 5 juin 1944 marque la défaite allemande en Italie même si les combats vont durer encore de nombreux mois.

Le 11 juin, le Corps expéditionnaire français continue son avance. Les villes de Montefisacone, Valentano, sont conquises. L'Armée Française a l'honneur de défiler dans Rome le 15 juin. La poursuite continue vers le nord de l'Italie.

17 juin : Île d'Elbe.

Dans le cadre de l'opération Brassard, des éléments du Corps expéditionnaire français débarquent dans l'Île d'Elbe. Le noyau des forces (12 000 hommes) est fourni par la 9e Division coloniale (gl Magnan) appuyés par 220 navires de toutes tailles. L'île est puissamment défendue notamment par les 902. et 908.Festung Battalionen (gl Gall). Dans la nuit du 16 au 17 juin, un détachement de commandos d'Afrique (lt-col Bouvet) et le Bataillon de Choc (cdt Gambiez ) débarquent pour neutraliser les principales batteries, couper les communications et tenir certains carrefours. Un précédent débarquement ayant échoué, le vrai débarquement a lieu dans la calanque de Marina di Campo au matin du 17 juin, avec l'appui naval britannique. La résistance est partout énergique, mais en fin de journée, la côte nord est atteinte. Le lendemain 18 juin, le 2è groupement de Tabors marocains (col Latour), les 4è et 13è Régiments de Tirailleurs Sénégalais s'étendent vers l'Est. Porto Ferraio, la capitale, est occupée à la mi-journée et au soir du 18, l'île est virtuellement conquise. Le 19, le dernier lambeau de terrain tenu par les Allemands est conquis. Le gl Gall a réussi à s'échapper en sous-marin à l'aube du 19 juin. Les pertes, 201 tués, 51 disparus et 635 blessés dans les rangs français, 700 tués et 2 000 prisonniers du coté allemand, traduisent la férocité des combats. Depuis la côte, le continent est en vue et nos soldats vont empêcher tout trafic maritime ennemi. Quelques projectiles sont envoyés sur la péninsule italienne en direction des batteries côtières allemandes.

24 juin : Italie.

Les divisions françaises commencent à être relevées sur le  front italien. La 1ère Division motorisée quitte le théâtre d'opérations. Le reste du Corps expéditionnaire marche vers Sienne. C'est la 3e Division algérienne qui y arrive la première. Elle sera remplacée sur le front par la 4e Division marocaine. La 3e Division est envoyée au repos à Naples. L'offensive continue. Malgré la farouche résistance des Allemands, les Alliés progressent partout. 

Les forces allemandes défaites, bombardées, se replient en désordre sur des routes où s'enchevêtrent carcasses de chars, véhicules, armements de toutes sortes, morts et blessés. Le 3 juillet 44, à la suite d'une heureuse manoeuvre d'encerclement, le 3è Régiment de Tirailleurs algériens entre dans Sienne où les habitants les accueillent dans la joie et sous les ovations.
Le 22 juillet, la ville de Castelfiorentino est atteinte, Florence se profile à l'horizon. C'est là que, par ordre supérieur, les troupes alliées doivent cesser leur progression. C'est là aussi que par ordre du Général De Gaulle, cesse le commandement du Général Juin, qui sera mis sur une voie de garage avec le titre pompeux de chef d'État-Major Général de la Défense Nationale.

22 juillet : Italie.

La relève du Corps Expéditionnaire française s'opère par des divisions sud-africains et néo-zélandaises.  Le Corps expéditionnaire français avec 120 000 hommes a activement participé à la reconquête de l'Italie. L' Armée d'Afrique a perdu  7 000 de ses soldats tués, 4 200 sont disparus ou prisonniers, 30 000 ont été blessés.

Du général Kesselring Commandant en chef des armées de l'axe Rome-Berlin en Italie "Sans le Corps Expéditionnaire Français les alliés n'auraient jamais forcé le seuil de Cassino".


Sous l'Occupation



Suite 1944