La conquête de la Grande Kabylie qui résiste encore en Algérie sachève après larrivée de 35 000 hommes retour de Crimée. Le 19 mai 1957, 40 000 hommes de 3 divisions partent vers Tizi-Ouzou. Les Kabyles saccrochent. Tout le massif montagneux est encerclé et les Français progressent partout, rasant les villages, massacrant la population, pilonnant les oueds et les crêtes. A Icheriden, la résistance de 4 000 guerriers est finalement brisée. Une quatrième colonne rejoint les 3 autres pour soumettre le Djurdjura. En 6 semaines, cest terminé. Les Français ont perdus 1 500 tués et blessés. Quand aux Kabyles ?
La conquête de lAlgérie est terminée. Du moins le croit-on. Car pendant les 5 années qui vont suivre, des soulèvements épisodiques vont se produire. Cette conquête de lAlgérie aurait coûté à la France la vie de 2 600 à 10 000 hommes selon les sources. 189 000 Européens sont désormais installés en Algérie.
Les occidentaux veulent obtenir de la Chine un libre accès à ses ports. Une flotte de 32 corvettes et canonnières à vapeur transportant 4000 soldats est envoyée. Le 28 décembre 1857, prise de Canton. Lescadre de lamiral Charner, commandant des forces navales françaises des mers de Chine, sillustre au cours de la prise de Tché-Fou, du débarquement de Pétang et de la destruction des forts de Peï-Ho (20 mai 1858) et de Tien-Tsin. Puis la paix est signée, pour peu de temps.
Le décret impérail du 21 juillet 1857 institue les unités de Tirailleurs sénégalais (sous l'impulsion de Faidherbe). Ceux ci cessent des laptots (marins embarqués) et des supplétifs pour devenir des soldats réguliers des armées françaises.
Le 31 août , des forces franco-espagnoles (14 bâtiments et environ 2 000 hommes) arrivent dans la baie de Tourane (aujourd'hui Da Nang) sous le commandement du vice-amiral Rigault de Genouilly. Après un ultimatum d'une journée, les forts sont bombardés, et enlevés par les compagnies de marins. Les Annamites avaient prévu notre attaque et mis la région en état de défense. Genouilly a des effectifs trop faibles pour lui permettre d'atteindre la capitale Hué. De plus, la chaleur et les maladies (choléra, scorbut) déciment ses effectifs. L' amiral Genouilly laisse à Tourane juste des effectifs réduits et décide d'orienter ces efforts vers un autre point. Tourane sera entièrement évacué entre février et mars 1860.
Un nouvel affrontement à l'embouchure du Peï-Ho se solde par un désastre pour les Européens. Les pertes en hommes sont sévères et l'affront cinglant.
Dès le mois de mars, l'Autriche et le Piémont mobilisent leurs troupes. Bientôt l'Autriche, rejetant les offres de médiation des grandes puissances, déclare la guerre au Piémont, le 26 avril 1859. L'Armée autrichienne est forte de 100 000 hommes, divisés en 5 corps. Elle laisse échapper l'occasion d'entamer, avant l'arrivée des Français, l'Armée sarde (appelée aussi piémontaise) et ses 60 000 hommes dirigés par Victor-Emmanuel. Napoléon III engage la France aux cotés des Piémontais. L'Armée française (116 000 hommes) pénètre en Italie par deux voies opposées. Dans les premiers jours de mai : le IIIe et le IVe corps (Canrobert et Niel) arrivent par le Mont-Cenis et le Mont-Genèvre sur Turin ; le 1er et le IIe corps (Baraguay d'Hilliers et Mac-Mahon), ainsi que l'Empereur et la garde Impériale, débarquent à Gênes et se concentrent sur Alexandrie. Napoléon III est le commandant en chef. Un cinquième corps d'armée sera ensuite constitué.
Pour la Garde Impériale : un Régiment de marche des Zouaves, les 1er, 2e, 3e Régiments de Grenadiers de la Garde, le Bataillon de Chasseurs de la Garde, les 1er, 2e, 3e et 4e Voltigeurs. En cavalerie, les 1er et 2e Cuirassiers, les Dragons, les Lanciers, les Chasseurs à cheval et les Guides de la Garde.
Au Premier Corps d'armée : les 17e et 10e Bataillons de Chasseurs à pied, les 74e, 84e, 91e, 98e, 15e, 21e, 61e, 100e, 33e, 34e, 37e et 75e Régiments d'infanterie, le 1er Régiment de Zouaves et en cavalerie : les 1er, 2e et 3e Chasseurs d'Afrique et le 5e Hussards.
Au Deuxième Corps d'armée : Un régiment de marche des Tirailleurs Algériens, les 45e, 65e, 70e, 71e et 72e Régiments d'Infanterie, le 11e Bataillons de Chasseurs à pied, le 2e Zouaves, les 1er et 2e régiments Étrangers et en cavalerie : les 4e et 7e Chasseurs à cheval.
Au Troisième Corps d'armée : les 8e, 19e, 18e Bataillons de Chasseurs à pied, les 23e, 90e, 56e, 41e, 43e, 44e, 64e, 88e, 11e, 14e, 46e et 56e Régiments d'infanterie et en cavalerie : les 2e, 7e, 6e et 8e Hussards.
Au Quatrième Corps d'armée : les 5e et 6e Bataillons de Chasseurs à pied, les 30e, 49e, 6e, 8e, 52e, 73e, 85e, 86e, 2e, 53e, 55e et 75e Régiments d'infanterie et en cavalerie les 2e et 10e Chasseurs à cheval.
Au Cinquième Corps d'armée : le 3e Zouaves, le 14e Bataillon de Chasseurs à pied, les 75e, 89e, 93e, 99e, 18e, 26e, 80e, 82e Régiments d'infanterie et en cavalerie : les 6e et 8e Hussards.
Avec toutes les batteries d'artillerie divisionnaires, le Train, le Service de Santé, le Génie, etc...
Le commandant de l'Armée autrichienne (Giulay) pense que Napoléon III va reprendre la tactique de son oncle en 1796 et il retire ses troupes dirigées vers Turin, évacue définitivement Verceil le 19 mai, et pour se rapprocher du théâtre supposé des opérations futures, transporte son quartier général de Mortara à Garlasco. Il dégarnit en même temps sa droite et son centre (Novare, Mortara) pour porter le gros de ses forces à gauche. Il organise sur la rive droite du Pô, une reconnaissance offensive avec 2 divisions. Les premiers éléments français (division Forey) rencontrent ces deux divisions à Montebello. Il est 16H30, le gl Forey n'hésite pas à lancer ses hommes sur la position autrichienne, car pour lui, la retraite serait désastreuse. Combinant une attaque de front avec une attaque de flanc, il lance ses soldats contre les troupes autrichiennes massées autour de Montebello. Après des combats dans les rues, dans les jardins, dans les maisons, les Autrichiens sont acculés dans le cimetière qu'ils ont transformé en réduit. Ils y effectuent une ultime résistance, puis battent en retraite sur Casteggio. Loin de poursuivre l'ennemi, Forey, dont les troupes sont épuisées par cette lutte acharnée, regagne dans la nuit ses cantonnements de Voghera. Il a perdu 700 hommes pendant que les Autrichiens ont perdu 1 200 hommes.
Giulay suppose que l'Armée française se prépare à traverser le Pô à Plaisance. Pour maintenir Giulay dans son erreur, l'Empereur concentre les différents corps français sur sa droite, puis brusquement, en utilisant les routes et les chemins de fer d'Alexandrie à Verceil, il fait exécuter à tous ses corps une marche de flanc de plus de 100 kilomètres qui lui permet de déborder la droite autrichienne et de se porter sur Milan. Cette marche s'effectue à l'insu de l'ennemi du 21 au 31 mai. Le I° corps seul doit rester à Voghera pour continuer à donner le change aux Autrichiens. L'Armée sarde qui forme l' aile gauche reçoit pour mission de masquer le mouvement des troupes françaises en occupant Verceil, et en chassant de la rive gauche de la Sésia, la droite autrichienne qui occupe Palestro. Le 29 mai, Verceil est occupé. Le 30 mai, Victor-Emmanuel franchit la Sésia et se heurte aux Autrichiens à Palestro. L'action de l'Armée française se limite aux exploits des Zouaves du 3e Régiment qui campaient sur les bords de la Sésia. Masqués par les accidents de terrain, ils débouchent dans le flanc des Autrichiens. Rien ne les arrête, ni les fossés, ni les haies, ni les rizières. Un canal les sépare ensuite de l'ennemi , ils le franchissent, de l'eau jusqu'à la ceinture, se reforment sur la rive opposée, courent à une batterie et s'emparent de cinq canons. Sous cette attaque foudroyante, les Autrichiens reculent et bientôt s'enfuient vers Rivoltella et Robbio. Le reste du combat a été supporté par les Piémontais de Victor-Emmanuel.
Tandis que se livrent ces combats, l'Armée française continue son mouvement tournant, et le 31 mai, Napoléon III établit son quartier général à Novare. Giulay, revenu enfin de son erreur, se replie en toute hâte derrière le Tessin qu'il choisit comme ligne de défense. Reste donc aux Français à franchir le Tessin. Le 2 juin, la division Espinasse se porte sur San-Martino, la division Camou sur Turbigo où elle prend pied sur la rive gauche de la rivière. Le 3 juin, le reste du corps de Mac-Mahon franchit le Tessin à Turbigo et livre le combat de Robecchetto-sur-Magenta et tombe sur le flanc droit des Autrichiens en position derrière le Tessin et que le reste de l'armée allait attaquer de front par San -Martino. Deux colonnes forment le second corps d'armée français sous le commandement du gl Mac Mahon : l'une est sous les ordres directs de Mac-Mahon, l'autre sous les ordres du gl Espinasse. Les deux colonnes partent de Turbigo vers Magenta par deux itinéraires différents. Mac-Mahon passe par Boffalora, Espinasse par Marcallo. D'autres troupes françaises se disposent après Trecate sur le pont du Tessin dont seulement une partie a été détruite par les Autrichiens. Elles attendent que Mac-Mahon arrivent à Boffalora avant d'intervenir. Les troupes autrichiennes tardent à arriver de la Lomellina. Le général Clam-Gallas décide de disposer ses 20 000 à 25000 hommes en forme de triangle avec les sommets à Magenta, Boffalora et Marcallo. Mac-Mahon donne l'ordre d'assaillir Boffalora. Dès le premier coup de canon, les troupes françaises en alerte auprès du pont sur le Tessin se mettent en marche. A Boffalora, les Autrichiens réussissent à faire sauter le pont sur le Naviglio et ils défendent les quelques fermes dans les environs pour gagner du temps. Les combats sont acharnés autour du Pont-Neuf, le long de la ligne ferroviaire, à proximité du pont sur le Naviglio que les Autrichiens n'ont pas réussi à miner. Les Français avec des attaques répétées tentent d'enfoncer les Autrichiens.
Pendant que le III° corps d'armée français, parti le matin de Novare, tarde à arriver sur le champ de bataille, Espinasse cherche en vain, à rejoindre Mac-Mahon à Boffalora. Les plans sont changés : les deux colonnes marcheront séparément vers Magenta avec le clocher de l'église Saint-Martin comme point de repère. L'Armée autrichienne commence à arriver d'Abbiategrasso. Son entrée en ligne rend la situation difficile pour les Français. Les Autrichiens envoient à Vienne une dépêche pour annoncer leur victoire. A Pont-Neuf, la situation des Français apparaît en effet sans issue. Pendant trois quarts d'heure, 5 000 soldats français résistent à 50 000 Autrichiens. Les Français reprennent confiance grâce à l'avancée de Mac-Mahon de Boffalora qui pousse les Autrichiens à abandonner Pont-Vieux pour défendre Magenta. La bataille s'étend autour de la gare de Magenta. Les Autrichiens abandonnent leurs postes et se réfugient dans les maisons pour défendre le terrain pied à pied. La division Espinasse (le général vient d'être tué) et celle de Mac-Mahon attaquent par un mouvement en tenaille. Les Autrichiens barricadés dans le bourg réussissent néanmoins à contrôler les voies d'accès. Pourtant vers 19H00, les Autrichiens résignés constatent qu'ils ont perdu la bataille. Leur retraite est rapide. Sur le champ de bataille on compte environ 6 000 morts, dont 1 500 Français.
Le 7 juin , l'Armée française victorieuse entre dans Milan au milieu d'une population ivre de joie. Le 8, l'Armée autrichienne bat en retraite sur Mantoue, et son arrière garde qui couvre la retraite est battue au combat de Melegnano (Marignan).
Pendant ces opérations, deux opérations annexes se déroulent, au nord, les Chasseurs des Alpes commandés par Garibaldi, longent les Alpes par Romagnano, Sesto-Calende, Varèse, Côme, et quoique un moment en difficulté, inquiètent la retraite des Autrichiens. Au sud, le V° corps (Prince Jérôme Napoléon) franchit l'Apennin et le Pô, en avant de Parme, et vient menacer la gauche autrichienne. Le 19, les Autrichiens arrivés derrière la Chiese se décident à défendre le cours de cette rivière, en prenant position sur la ligne de hauteurs qui se développent au sud du lac de Garde. A peine ce projet semble-t-il arrêté qu'ils craignent d'être mal positionnés et ils abandonnent la ligne de la Chiese et le 20 passent le Mincio pour établir une autre ligne de défense. Les Franco-Piémontais avancent très lentement : 8 kilomètres par jour (on est loin de la vitesse de la Grande Armée ! ). L'Armée alliée après avoir franchi l'Adda, l'Oglio, la Chiese, s'établit le 23 juin sur l'autre rive de la rivière, les Sardes entre Lonato et Rivoltella, l'Armée française entre Lonato, Essenta et Carpenedolo. Le même jour, les Autrichiens, reconstitués en deux armées, désormais sous le commandement de l'Empereur François-Joseph, ont résolu de repasser le Mincio. Les deux armées campent la nuit du 23 au 24, à deux lieues de distance à peine.
Les Autrichiens disposent de 151 bataillons dinfanterie, 52 escadrons de cavalerie, 451 canons soit environ 100.000 hommes. Les Français-Piémontais ont 217 bataillons dinfanterie, 88 escadrons de cavalerie, 320 canons soit 118 600 hommes. Les souverains commandent en personne leurs troupes. L'Empereur François-Joseph pour les Autrichiens, l'Empereur Napoléon III pour les Français et le Roi Victor-Emmanuel II pour les Piémontais (ou Sardes).
Armée d'Italie
Le 24 juin, c'est la rencontre à Solférino. Dès 05H00, le canon tonne et la fusillade commence. Napoléon III arrive en toute hâte sur le terrain et donne ses ordres pour la mise en place d'une ligne qui embrasse prés de vingt kilomètres. Le corps de Baraguey-d'Hillier, est chargé de l'attaque principale sur Solferino. Mac-Mahon doit l'appuyer par un mouvement tournant sur Cavriana, dès que les corps de droite, Niel et Canrobert, se seront assez avancés dans la plaine pour protéger ce mouvement. Canrobert a comme devoir de s'opposer à un mouvement tournant de l'ennemi qui pourrait sortir de Mantoue. A 06H00, Napoléon III observe que le corps de Baraguey-d'Hillier lutte dans un terrain difficile contre des troupes qui se renouvellent sans cesse.
La division Ladmirault est spécialement chargée d'enlever la redoutable position qui a donné son nom a la bataille. C'est la clé du succès. Un quart d'heure et la première position est enlevée. Il en reste cinq a prendre avant d'être maître des hauteurs. Jusqu'à 12H30 c'est une mêlée sanglante. Les Français perdent beaucoup de monde. Les Autrichiens les fusillent bien à l'abri, il faut terminer l'attaque à la baïonnette. L' arrivée de la division Bazaine, vers 10H00, permet un dernier effort et à 12H30 les Français sont maîtres de la position. Le corps d'armée de Baraguey -'Hilliers a perdu plus de 4 000 hommes. Il faut envoyer du renfort à ce dernier. L'Empereur envoie l'Infanterie de la Garde qui quitte Castiglione et se dirige au plus vite vers le champ de bataille. La division de Grenadiers de la Garde prend position en avant de Cavrinana, tandis que la division de Voltigeurs de la Garde du gl Camou et le Bataillon de Chasseurs à pied de la Garde se portent sur la ligne des collines parallèlement au Mincio. La lutte est toujours chaude au pied des hauteurs de Solferino. Le gl Forey a pris de haute lutte un mamelon appelé le mont Fenile qu'il couronne aussitôt d'artillerie pour combattre les canons autrichiens. La brigade Dieu descend aussitôt de ce mamelon et chasse l'ennemi de crêtes en crêtes .Mais partout les habits blancs se multiplient et semblent sortir de terre. Une lutte terrible s'engage pour la possession d'un nouveau mamelon, le mont des Cyprés. Enfin il est emporté d'assaut. Sur le sommet, en signe de victoire, le colonel Auvergne fait flotter son mouchoir et son épée.
Du mont Fenile d'où il embrasse tout le champ de bataille, Napoléon III vient de lancer les hauts shakos recouvert de toile cirée et les épaulettes jaunes de la division Camou. Aux soldats du gl Manèque qui défilent devant lui, il dit, en montrant du doigt la tour de Solferino, entourée de bataillons ennemis : "Allons mes voltigeurs, a la baïonnette, culbutez moi tout ça". Sac a terre, la colline est vite descendue au pas de course pour gagner sur l'élan l'escarpement d'où pleut une pluie de balles. La mêlée s'engage. Commandant Clinchant en tête, le Bataillon de Chasseurs à pied de la Garde arrive le premier sur lennemi. quatre canons encore attelés sont capturés. Un colonel autrichien est fait prisonnier. L'ennemi revient en force. Il faut s'abriter. Voici qu'arrivent les Voltigeurs de la Garde, baïonnettes auw canons. De furieux corps a corps à la baïonnette s'engagent dans les retranchements autour de la tour, les Autrichiens sont repoussés. La tour de Solferino est aux Français.
Maintenant, en marche sur Cavriana où se trouve le quartier général autrichien et dont la prise parachèvera la victoire qui se dessine. La Garde et le corps de Baraguey-d'Hillier vont trouver un précieux concours dans les troupes de Mac-Mahon. L'artillerie a cheval se met en batterie à droite et à gauche de la route de Solferino à Cavriana. Des troupes fraîches enlèvent le village de San-Cassiano et les pentes abruptes du mont Fontana, dernier contrefort qui sépare Cavriana de San -Cassiano, au sommet duquel les Autrichiens ont établi une forte redoute.
L'empereur François-Joseph se trouve toujours à Cavriana autour duquel il a groupé ses réserves. Conserver ou perdre ce village va décider de la journée. Afin de la conserver a tout prix, il ordonne à toutes ces forces disponibles de marcher sur Castiglione. Son avant-garde pousse une pointe, entraînée par le feld-maréchal prince Alexandre de Hesse qui marche à pied en avant de ses hommes, brandissant un grand drapeau jaune et noir. L'artillerie française déchaîne son tir. Déjà les Autrichiens atteignent le pied de la colline où sont nos canons. Les Turcos et les grenadiers du 70e de Ligne s'élancent et se trouvent face a face avec la colonne autrichienne qui exécute une terrible décharge. Les colonels des Turcos et du 70e de Ligne, Laure et Douay, sont tués. Un grand nombre d'officiers tombent blessés. Les Tirailleurs algériens hésitent puis tournent le dos et détalent, abandonnant la redoute où les Autrichiens pénètrent et achèvent les blessés. Mais bientôt les Turcos se ressaisissent et jurent de venger leur colonel. Arrêtés un instant devant son cadavre, ils trempent leurs mains dans le sang qui s'échappe de la blessure et les secouent du coté de l'ennemi. Un instant après, leur masse s'ébranle au milieu des 'You !You!'. Un géant marche en tête, agitant un fanion jaune sur lequel tous fixent farouchement les yeux. A son signal, tous se jettent à terre pour laisser passer une terrible volée de mitraille, puis ils se relèvent d'un bond et se précipitent de nouveau, grisés de poudre, de mouvement et de cris. En hurlant, ils atteignent pour la seconde fois le pied du mont Fontana. Mais ils ont affaire à d'aussi bons guerriers qu'eux : des Croates.
Les Voltigeurs et les Chasseurs a pied de la Garde impériale ont appuyé les Tirailleurs. Puis voici les Grenadiers du gl Mellinet. Les munitions s'épuisent. Les soldats se sont partagés les munitions. Après avoir traversé des champs de maïs, nos fantassins pénètrent dans Cavriana pêle-mêle avec des Chasseurs tyroliens qui s'enfuient. Parmi eux, l'Empereur François-Joseph que personne n'a reconnu. Le corps de Niel se déploie et s'avance vers Medole. Son flanc gauche est sérieusement menacé par la ferme Casa-Marino ou l'ennemi s'est retranché. Mac-Mahon la couvre du feu de ses batteries . Une vive canonnade s'engage. A peine Niel s'est il emparé de Medole qu'il est attaqué par les corps de Schwarzenberg, de Schaffgotsche et de Von Veigl. Avec 20 000 hommes, il lui faut tenir tête à 49 000 ennemis déterminés. Une charge de hussards et de chasseurs d 'Afrique va déblayer le terrain. Les cavaliers, s'élancent au milieu des vignes et des blés, sautent des fossés, franchissent des haies et des barrières, entrent dans les vergers et finalement atteignent les colonnes autrichiennes formées en carrés. La fusillade n'arrive pas à les arrêter. Derrière l'infanterie, ils se heurtent à des pièces en batterie qui les écrasent de mitraille. Puis la cavalerie hongroise accourt a la rescousse et les oblige à tourner bride en les sabrant. Le sacrifice n'a pas été inutile. Il a permis d' arrêter le mouvement des Autrichiens qui cherchent à tourner la division Vinoy. Le feu d'une batterie de 42 canons contribue avantageusement à contenir les efforts de l'ennemi.
La division Vinoy est dégagée, mais elle a encore à subir de face un nouvel assaut. La ferme de Casa-Nuova ou nos fantassins se sont retranchés est entouré par de nuées d'ennemis. Bientôt, c'est au tour de la division Renault et de la brigade Bataillé d'intervenir. Cette intervention est décisive .Avec ses sept bataillons, Renault entre dans Rebecco et s'en empare. Puis la brigade Bataillé, que Canrobert a formé lui même en échiquier, se jette en avant. Les bataillons passent entre les unités de la division Vinoy, tout en conservant sous le feu un ordre de marche remarquable.
Solférino
Malgré la vigueur de leur dernière attaque, les Autrichiens ne sont pas parvenus à entamer notre aile droite, et leur Feld-Zeugmeister Wimpffen ordonne la retraite. Niel a repris l'offensive et l'ennemi commence à battre en retraite sur tous les points. .De son coté, Victor-Emmanuel l'a forcé à repasser le Mincio, et ses troupes, combattant toute la journée, autour de San-Martino ont participé activement à la victoire. Les Piémontais ne peuvent empêcher les Autrichiens de retraiter en bon ordre.
A propos de Solferino, voila un commentaire du célèbre Suisse Henri Dunant, qui créera la Croix rouge, c'est un propos plutôt élogieux pour une armée : "Il y a réellement un élan et une bravoure toute spéciale chez ces intrépides sous-officiers de l'Armée française pour lesquels il n'existe pas d'obstacles, et qui, suivis de leurs soldats, se précipitent aux endroits les plus périlleux ou les plus exposés, comme s'ils couraient à une fête. C'est bien là sans doute ce qui constitue, en partie, la supériorité de l'Armée française sur les armées des autres grandes nations du monde." Cet observateur neutre nous allons en reparler.
Au soir de la bataille qui a duré 15 heures sous un soleil infernal, l Armée française compte 2 491 tués, 12 512 blessés, 2 292 disparus et prisonniers, Les Autrichiens ont 3 000 tués, 10 807 blessés et 8 368 disparus et prisonniers. Même Napoléon III est terrifié à la vision du champ de bataille où le typhus fait son apparition. L'Armée alliée franchit le Mincio le 1er juillet. Les Piémontais mettent le siège devant Peschiera. La flotte française, entrée dans l'Adriatique, menace Venise et Garibaldi se montre à Tirano. Une bataille décisive parait imminente quand une trêve, proposée par Napoléon III, amène un armistice qui est signée le 12 juillet à Villafranca.
Devant la menace prussienne aux frontières où l Armée française ne peut plus aligner que des conscrits, les troupes françaises rentrent immédiatement en France. Seul un petit contingent reste à Rome pour protéger le Pape. L Armée française victorieuse défile dans Paris en tenue de combat, uniformes en loques, drapeaux noircis. Cest la deuxième fois quun défilé de la victoire se déroule ainsi (la première fois avait été après la Crimée). Ce sera la dernière, limpression est déplorable.
Le 10 novembre 1859, la paix est signée à Zurich entre l'Autriche, le Piémont et la France. Par un autre traité le 24 mars à Turin, la France cède au Piémont la Sardaigne mais reçoit Nice et la Savoie. Lunité Italienne se fera dans les années qui suivent, sans la France.
Cest au soir de la bataille de Solferino que le Suisse Henri Dunant, devant la détresse des blessés abandonnés sans soin sur le champ de bataille, va se dépenser sans compter auprès des grandes puissances pour définir un code de bonne conduite en temps de guerre. Le premier texte de ce qui sera appelé "Convention de Genève" est signé le 22 août 1864. Dautres textes suivront, toujours en vigueur. Puis à partir de 1863, Henri Dunant fonde la Croix Rouge internationale.
Avec Dunant, le comportement des troupes envers les blessés va insensiblement se modifier. Jusque là un blessé était un élément devenu inutile que lon abandonnait à son sort. Un blessé ne pouvait plus combattre et pourquoi perdre du temps avec lui. Par charité chrétienne, des médecins et infirmiers tentaient maladroitement de les remettre sur pieds. Napoléon Ier avait bien tenté de mettre en place un service de santé, mais y croyait-il lui même ? Profitant de limpulsion donnée par Dunant, des services de santé de plus en plus efficaces vont se mettre en place. Une véritable médecine et une véritable chirurgie de guerre vont commencer à être enseignés. Des structures vont se créer pour recueillir les blessés, les protéger, les soigner. Infirmeries de campagne, hôpitaux de campagne avec un personnel formé vont accompagner les troupes. A bord des navires, des structures semblables vont sinstaller de taille variable suivant la dimension des bateaux. L'emblème à Croix Rouge est sensée protéger ces personnels. Nous savons que ce ne sera pas toujours respectés. Mais depuis Dunant, un homme blessé nest plus un homme abandonné. Les armées des pays évolués se feront un devoir de mettre en uvre le maximum de moyens pour sauver leurs blessés.
Les jeunes médecins feront leur service militaire. Tout juste sortis des Centres Universitaires, les jeunes médecins feront leur tour de service comme les autres. Compte tenu de leur durée détudes, ils auront quelques années de plus que lensemble des conscrits. Et leur niveau élevé détudes les feront en grande majorité intégrer le corps des officiers. Pendant les premiers mois de leur service, on verra de jeunes aspirants prendre en compte, seul avec une équipe dinfirmiers, la santé de toute une unité de combat. Les périodes de réserve concerneront également le corps médical. De véritables périodes dinstruction permettront également à des infirmiers de se former. Ce sera pour quelques réticents au service des armes de faire leur devoir dans ce Service de Santé des Armées.
Genouilly après avoir quitté Tourane choisit Saigon, accessible aux navires importants. De plus, la région est le grenier à riz de Hué et de l'Armée annamite. Entre le 15 et le 17 février 1859, les forts de la ville sont pris .Mais les troupes françaises ne sont pas assez nombreuses pour occuper Saigon et ses environs. La troupe débarquée subit une épidémie de choléra et ne peut prendre la ville même de Saigon. La garnison, moins de 1 000 hommes ont à lutter contre les 12 000 Annamites du maréchal Nguyen-tri-phuong. Assiégée dans la forteresse de mars 1860 à février 1861 la garnison sera finalement sauvée par larrivée de la flotte française et de ses 3 500 hommes libérés de lopération de Chine.
Missions dexploration sur le fleuve Sénégal, vers lAdrar, vers le Fouta Djalon, vers Tombouctou, vers Mogador à travers la Mauritanie. Pour toutes ces missions une poignée de soldats venus de métropole encadre des troupes locales.