1860 : Liban.

Les chrétiens maronites de Damas (Syrie) sont exterminés dans la nuit avec la complicité du gouverneur turc de Syrie. Les massacres font entre 4 000 et 6 000 victimes. Les survivants prennent la route de l'exil notamment vers Beyrouth et Alexandrie. Napoléon III envoie un corps expéditionnaire français de 7 000 hommes commandé par le général Beaufort-d'Hautpoul pour assurer la protection des chrétiens en route vers le Liban. Ce corps expéditionnaire rembarquera en 1861.

1860 : Algérie

L’Armée que Napoléon III a su flatter va lui rendre un accueil sans pareil à l’occasion de son voyage en Algérie. Chaque régiment de cavalerie a délégué à Alger un escadron, colonel et étendard en tête. Chaque régiment d’infanterie est représenté par un détachement avec son drapeau. Tous les militaires sont en grande tenue. Les galons, barrettes et médailles étincellent au soleil.

1860 : Chine.

Les traités commerciaux sont de nouveau rompus. Une flotte de 61 bâtiments français et 77 britanniques partie de Hong-Kong emmène vers la côte chinoise un corps expéditionnaire de 21 000 hommes dont 8 000 Français (fantassins, artilleurs, sapeurs) du gl Cousin-de-Montauban. La troupe doit débarquer dans la baie de Tché-Fou, à l’est de Pékin. Une série de forts interdit l'accès au fleuve Pei-Ho. Pour ne pas risquer un nouvel échec, comme en 1859, le commandement décide un débarquement en force plus au nord à l'embouchure du fleuve Peh-Tang-Ha. En 3 semaines, le corps expéditionnaire franco-anglais s'empare de toutes les défenses des deux fleuves (5 forts, 2 camps retranchés et 518 pièces d'artillerie). Tien-Tsin, Tong-Thcéou tombent. La porte de Pékin est alors ouverte. Les brigades Jamin et Collineau avancent. A moins de 20 kilomètres de la ville, 60 000 Tartares de l’Armée chinoise se sont retranchés dans le village de Palikao. Le 21 septembre, le combat est engagé par les cavaliers tartares. Les troupes franco-britanniques se sont bien retranchées. Les charges échouent. A midi, le gl Collineau contre-attaque avec en tête le 2e Bataillon de Chasseurs à Pied et le 101e de Ligne. L'ennemi défait tente de se regrouper autour du pont de Palikao dont les Français s'emparent après un assaut furieux, avant de capturer le camp chinois. 50 000 cavaliers mongols sont massacrés.

Prise de Pékin le 13 octobre. Le pillage du Palais d’Été par les troupes françaises et anglaises constitue un modèle du genre. De fabuleuses richesses sont expédiées en France. Même l’Impératrice Eugénie aura sa part du butin. Ce pillage pourrait choquer, il est cependant une tradition dans toutes les armées du monde depuis la nuit des temps et ne sera partiellement aboli qu’en la deuxième partie du XX° siècle. Ne soyons pas trop sévère avec les pillards, d’origine souvent modeste. Ils perdent la tête devant les fabuleuses richesses accumulées par des siècles de civilisation chinoise. D’ailleurs regardez bien dans les souvenirs de famille, s’il n’y a pas un objet rapporté par un aïeul.  Le 25 octobre, un nouveau traité de paix est signé qui ne sera pas plus respecté que les autres.

1861 : Mexique.

Les démonstrations des marines européennes de 1838 et de 1853 ont été sans effet. Cette année 1861 verra le début de la folle aventure du Mexique pour contraindre ce pays à régler ses dettes, mettre un peu d’ordre dans un pays en pleine anarchie (240 coups d'état en 35 ans), protéger les ressortissants européens et surtout se constituer une vaste colonie européenne en Amérique face à la nation montante, les Etats-Unis. La période est propice, les Etats Unis se déchirent entre Nordistes et Sudistes et devraient marquer moins d'intérêt pour des pays qu'ils considèrent déjà comme leur "chasse gardée".

Un corps de débarquement multinational est envoyé. En dehors des équipages des 3 escadres dont celle de France qui comprend 14 navires de guerre (amiral Jurien de la Gravière) , le corps expditionnaire est composé de troupes françaises (2 500 hommes), britanniques (700 hommes) et espagnoles (6 000 hommes venus de Cuba). Les Alliés débarquent à Vera-Cruz à la mi-janvier 1862 . Les Mexicains abandonnent le terrain, d’autant plus vite que le vomito-négro (une forme de la fièvre jaune) y règne. Les Anglais (commodore Dunlop et l'embassadeur Charles Wyke) rembarquent et restent dans leurs navires. Les Espagnols (général Prim) et les Français s’établissent à Tehuacan, Orizaba et Cordoba. Des renforts parviennent enfin, 2 000 hommes qui arrivent de France. L'entente n'est pas parfaite entre les 3 nations intervenantes. Chacune défendant ses propres intérêts. Des pourparlers se déroulent au Mexique et l'Europe n'en ai informé que des mois plus tard.

Napoléon III propose le trône du Mexique à Maximilien, un archiduc autrichien (frère de l'empereur François-Joseph) qu'il faut "caser". C'est un moyen aussi pour la France de se réconcilier avec l'Autriche qu'elle a vaincu en Italie. Les gouvernements anglais et espagnols n'y sont pas favorables et les soldats Anglais et les Espagnols quittent le Mexique, en avril 1862. La France se retrouve seule face à l’Armée mexicaine républicaine. Les Mexicains du Président Juarez ne vont pas se laisser déposséder de leur pays.

La préparation française est affligeante. Les vivres, munitions et renforts doivent traverser l’Atlantique (6 000 miles nautiques) au prix de gigantesques efforts de la marine. Une seule carte du territoire existe et c’est celle qu’a fourni l’Empereur. Le terrain et le climat sont difficiles. Dès que l’on quitte la côte, le climat devient très éprouvant pour des européens non habitués. Après l'arrivée de nouveaux renforts, ce sont 6 000 hommes qui quittent Vera-Cruz pour s’enfoncer à l’intérieur du pays.

La route est coupée par les montagnes peu franchissables excepté à quelques points de passages comme Las-Cumbres. C'est là que le général Zaragoza (républicain mexicain) décide de défendre l'accès à Puebla en massant 4 000 soldats et trois batteries de montagne. En face, arrivent 6 000 Français menés par le général Lorencez. Bloqués sur la route principale jusqu'àu soir, les Français forcent la passe en envoyant des zouaves et des chasseurs à pieds par des sentiers de montagne pour enlever d'assaut les batteries mexicaines. Les Français ne perdent que 2 tués et 32 blessés.

Les Français arrivent devant la ville de Puebla de Los Angeles le 5 mai 1862 au matin. D'emblée le général de Lorencez décide de faire porter l'attaque sur le fort de Guadalupe sans attendre les renforts du général Marquez (mexicain rallié) et sans préparation préalable d'artillerie suffisante. L'attaque est menée par deux bataillons de zouaves couverts par les fusiliers-marins à droite et des chasseurs à pied à gauche. L'infanterie de marine est tenue en réserve. De 11H00 à 12H00, l'action commence par un bombardement. Le général Zaragoza fait renforcer le général Negrete et lance sa cavalerie sur la gauche des Français.


Puebla

La supériorité numérique des Mexicains (gl Porfirio Diaz) déployés entre les deux forts stoppe l'assaut et les Français doivent à leur tour subir les assauts de la cavalerie ennemie. Un orage empire la situation et Lorencez suspend l'attaque. Les Français ont perdu près de 500 hommes et la moitié de leurs munitions d'artillerie employées au bombardement. Les vétérans de Magenta et de Solferino sont tombés dans les 3 assauts mal préparés. Les Républicains mexicains, ne comptent que 83 morts et 132 blessés. La victoire des Mexicains est encore fêtée aujourd’hui à Puebla. Les Français se replient vers Orizaba. En septembre 1862, les Français disposent de 28 000 hommes (les meilleurs régiments de l’armée). Les renforts ont mis 70 jours de mer pour arriver et c’est un amas d’hommes malades et inertes. La Marine a déjà perdu 1 200 hommes rien qu’en gardant le port de Vera-Cruz. Pendant de longs mois, aucune opération militaire n'est effectuée, chaque camp reste sur ses positions. Napoéon III rappelle de Lorencez et nomme le gl Forey.

Une nouvelle colonne entame une marche de 163 kilomètres sur Puebla le 22 février 1863 et atteint la ville le 16 mars. Le siège débute immédiatement par une manœuvre d'encerclement.. Le 18, l'encerclement est effectif et le 22 une tentative de secours des Républicains mexicains sur Cholula est repoussée. Le 29, le premier assaut est lancé sur le fort San-Javier. Face à la résistance des Mexicains, il faudra 20 heures aux Français pour sortir victorieux d'une mêlée particulièrement confuse. Le 31, les Français s'emparent du couvent de Guadalupita. A partir de ce moment, la résistance mexicaine devient plus opiniâtre avec des barricades dans chaque quartier. Désormais, les Français doivent se battre maison par maison. En même temps il faut repousser les contre-offensives extérieures des Républicains mexicains .

Le 25 avril, après un échec pour prendre le couvent San-Inès, décision est prise de se maintenir sur ses positions et d'attendre un renfort d'artillerie pour réduire la ville par un bombardement. C'est à cette période qu'a lieu le combat de Camerone pour des Légionnaires protégeant un convoi de matériel de siège. Le 5 mai, le gl républicain mexicain Comonfort tente de briser le siège, mais échoue aussi bien à San-Pablo-del-Monte qu'à San-Lorenzo. Une autre tentative le 8 mai, avec 7 000 hommes est victorieusement repoussée par les Français. Le 16 mai, les assiégés demandent l'armistice. Le 17, les Républicains mexicains débandent leur troupe et la ville est occupée le 19. Les Français font 12 000 prisonniers dont 25 généraux. La route de Mexico est désormais ouverte. Le 7 juin 1863, les Français font leur entrée à Mexico que Juarez a évacué sans combat. Après avoir été élevé au maréchalat Forey est rappelé en France en juillet 1863 et invité à remettre son commandement à Bazaine. Mais apparemment vexé d'être rappelé si vite après avoir reçu le bâton, il fait traîner les choses et ne cède son poste à son subordonné qu'en septembre 1863. Bazaine prend le commndement.


L’entrée à Mexico

Puebla a été prise, mais Puebla n'est qu'une ville mexicaine et dans la campagne, la guérilla mexicaine et le banditisme se développent sur une grande échelle. Les Français sont attaqués dans tous leurs déplacements. Puisque les partisans de Juarez assassinent, pillent et incendient, les Français agissent de même. C'est une guerre atroce où les blessés sont achevés, où les prisonniers sont massacrés, où la population civile fait l'objet des pires sévices de la part des deux camps. Le colonel du Pin et ses hommes chargés par Bazaine de la répression vont se faire une triste réputation.

En 1864, il y a deux divisions complètes au Mexique, plus une brigade d'infanterie et une brigade de cavalerie : les 7e, 20e, 1er, 18e Chasseurs à pied, les 51e, 62e, 95e, 99e, 81e Régiments d'infanterie, les 3e, 1er et 2e Zouaves, le 2e Bataillon d'infanterie légère d'Afrique, un bataillon de Tirailleurs Algériens, un Régiment de la Légion, un Régiment de Marche de cavalerie (escadrons des 1er et 3e Chasseurs d'Afrique), un autre Régiment de Marche de cavalerie (2e Chasseurs d'Afrique et 5e Hussards), de l'artillerie, du Génie, du Train, de l'Intendance et des Administratifs. Les Français sont ainsi 35 000.

Vont arriver, 1 200 soldats belges pour la garde de l'Impératrice Charlotte (lieutenant-colonel Alfred Van der Smissen) et des hussards autrichiens pour la garde de l'Empereur Maximilien (général de Thun). Leur recrutement et les conditions de leur voyage sont toute une épopée. Très rapidement ces 2 unités de soldats de "parade", sans entrainement militaire, subissent de très lourdes pertes. Quand aux unités de soldats mexicians impériaux leur valeur au combat est très inégale. Le principal souci du commandement français sera qu'ils ne désertent pas.

Le 28 mai 1864 , l'Empereur du Mexique, son épouse et leur suite débarque à Vera-Cruz. Le 12 juin, le cortège arrive à Mexico sous les acclamations. Les rues sont jonchées de fleurs et barrées d'arc de triomphe. Tout à été organisé et payé par les caisses de l'Armée Française. Tout n'est qu'illusion. Tout n'est que tromperie. Tout n'est qu'indécision. Tout n'est qu'ambition personnelle. Tout repose sur des promesses qui ne seront pas tenues. Le grand drame demeurera la question financière : sur les droits de douane perçus par le Mexique, sur la contribution du Mexique aux frais engagés par la France, sur le remboursement des emprunts levés au nom du Mexique. Les relations entre Maximilien et Bazaine sont déplorables, voire hostiles. Bazaine règne sur l'Armée française et n'entend pas recevoir d'odres de l'Empereur du Mexique. Il supporte à peine les ordres venus de Paris et lorsque ces ordres arrivent à Mexico, ils datent de 6 semaines. Bazaine est censé former une Armée impériale mexicaine mais elle n'existera jmais.

La guerre s’éternise et l'on pense déjà au rapatriement du corps expéditionnaire français. Le 15 janvier 1866, Napoléon III annonce à Maximilien que les Français vont quitter le pays (la lettre arrive un mois après). Bazaine a reçu ses ordres et commence le repli des troupes. Napoléon III a promis de laisser au Mexique la Légion Etrangère, encore une promesse qui ne sera pas tenue.

Une intervention étrangère imprévue, celle des Etats-Unis, génére des problèmes supplémentaires à l'Armée Française. Napoléon n'entend pas se laisser entrainer dans une guerre avec les Etats-Unis. Malgré la guerre de sécession, les États-Unis (Nordistes) ont continué à envoyer vivres et munitions à l’Armée républicaine de Juarez pendant que les Français ont été très mal ravitaillés. Les armes franchissent le Rio Grande et alimentent la guérilla mexicaine. Les Nordistes vont même intervenir directement dans le conflit. La ville de Matamoros, sur le Rio Grande, est le principal point de passage de l'aide américaine aux Mexicains. La ville est gardée par le colonel Meija,  partisan des Français avec 2 000 hommes. Il est soutenu par la Marine française. En 1864, Meija est menacé par le gl républicain Negrete, qui est cependant dissuadé par le débarquement à Bagdad de 500 soldats français et 140 artilleurs, arrivés sur le Var, le Magellan et le Tactique. En 1865, la situation se complique encore plus. Les Nordistes concentrent 40 000 hommes sur la frontière. Le 28 septembre, le gl républicain Escobedo appuyé par 11 canons, semble-t-il servis par les soldats (réguliers ou mercenaires ?) des États-Unis arrive. L'amiral Cloué renforce la défense de la ville avec l'Adonis, le Magellan, le Tactique et le Tartare. Après le repli des Mexicains, l'amiral adresse une réclamation au général nordiste Wetzel, pour la présence des artilleurs des États-Unis et le secours aux blessés mexicains. En novembre, nouvelle tentative d'Escobedos sur Matamoros.  Bazaine envoie deux colonnes en renfort commandées par le colonel d'Ornano et le général Jeanningros ainsi que l'Allier pour débarquer 300 Autrichiens, 200 Impériaux mexicains avec 60 chevaux à Bagdad le 20 novembre. Tous est réuni pour une bataille. Les États-Unis qui viennent de voir le Nord l’emporter sur le Sud ne désirent toujours pas d’un voisin trop encombrant à la solde de la France et continuent leurs envois de vivres et munitions aux républicains mexicains. Le 4 janvier 1866, profitant du départ de l'Adonis, du Tartare et du Tisiphone, Escobedo appuyé de régiments noirs des États-Unis attaque la ville. Alors qu'Impériaux mexicains et les Autrichiens se replient sur les navires, les 30 marins de l'Antonia assurent leur couverture. Le général nordiste Wetzel envoie 150 hommes pour rétablir l'ordre en occupant le village tenant à sa merci les hommes rassemblés sur l'Antonia. Après une nouvelle protestation de l'amiral Cloué, le village est libéré le 25 janvier. En juin, une double colonne de 2 000 hommes part en renfort de Monterrey. Une moitié s'arrête en route pour cause de maladie, les 300 hommes de la seconde moitié sont attaqués le 15 juin à Camargo par 5 000 Républicains mexicains et mercenaires des États-Unis. Seuls 150 hommes parviennent à Matamoros où Meija, se voyant désormais dans l'impossibilité de tenir la ville, fait évacuer les 400 hommes qui lui restent par mer. Ils rejoignent Vera-Cruz.

Les partisans de Juarez se renforcent sans cesse alors que Napoléon III a décidé depuis longtemps de ne pas envoyer de renforts. Sur les frontières de l'est en France, la menace prussienne est de plus en plus vive et Napoléon III a besoin de ses meilleurs soldats. Il donne l'ordre de rapatriement de 500 soldats français par mois, nombre qui passe rapidement à 1 000 par mois. Enfin Napoléon III ordonne la rapatriement complet du corps expéditionnaire français pour la fin 1866. Le 28 décembre 1866, les forces françaises sont rassemblés dans Mexico-Cieudad. Bazaine emporte le dernier drapeau tricolore le 5 février 1867 et prend la route de Vera-Cruz. Les dernières unités partent les 7 et 8 février vers les gros transports qui les attendent. Les 27 000 hommes de l’Armée française ont terminé leur embarquement le 12 mars 1867 et rentrent en France.

Maximilien et ses partisans sont abandonnés à leur sort. Maximilien enfermé dans la ville de Querataro avec 5000 partisans (de moins en moins nombreux) se rend aux Républicains mexicains le 15 mai 1867. Jugé d'après des lois qu'il a lui-meme édicté, il est fusillé le 19 juin 1867. L'Impératrice Charlotte est alors en Europe où elle a tenté vainement d'obtenir des renforts de la Belgique, de l'Autriche, du Pape et de Napoléon III. Charlotte sombre dans la folie. Elle succombera 60 ans plus tard à Vienne le 19 janvier 1927. Napoléon III après la défaite de Sedan en 1870 sera déchu de ses titres, et mourra en exil le 8 janvier 1873. L'impératrice Eugénie, qui a poussé à la candidature de Maximilien mourra aussi en exil le 11 juillet 1920. Leur fils Eugène-Louis-Napoléon, meurt en Afrique du sud le 1er juin 1879 tué par les zoulous. Jurien de la Gravière est mort en mars 1892 après avoir commandé la flotte de Méditerranée pendant la guerre de 1870. Charles Ferdinand Latrille de Lorencez meurt en 1892. Rentré en France, Forey commande le 2ème corps d'armée à Lille puis le 3ème corps d'armée à Nancy. Frappé d'une congestion cérébrale en avril 1867, il meurt à Paris le 20 juin 1872. François Achille Bazaine, commandant en chef de l'armée du Rhin en 1870. Encerclé dans Metz avec 180 000 hommes, après plusieurs tentatives de percées, il se rend aux Prussiens avec son armée en octobre. Jugé en conseil de guerre en 1873, condamné à mort, puis gracié, il s'évade de la prision de l'ile Sainte Margueritte en 1874 pour mourir en 1888 à Madrid. Benito Juarez, premier président indien du Mexique, après sa victoire sur les Français et sur Maximilien conserve son poste de président, poursuit la mise en place de ses réformes. Meurt le 18 juin 1872 de mort naturelle, fait exceptionnel pour le Mexique de l’époque.

Nous avons vu le sort des principaux protagonistes de cette pénible folie. L’histoire retient de cette aventure, l’héroïsme d’un détachement de la Légion Étrangère à Camerone le 30 avril 1863 (une défaite dont la date anniversaire deviendra la fête de la Légion). Elle oubliera le sacrifice des milliers d’anonymes (38 500) envoyés dans ce guêpier, 6 000 hommes ne reviennent pas (dont 2 000 marins), et des tonnes d’ armes et équipements sont brûlés. Le prestige de la France s'en trouve affaibli.

1861 : Indochine.

Un corps expéditionnaire (gl de Vassoigne) de 3 500 hommes des troupes de marine (régiment de marche d' Infanterie de Marine, 2e Bataillon de Chasseurs à pied, un détachement de Chasseurs d'Afrique, appuyés par un bataillon de Fusiliers marins, deux batteries d'artillerie et des troupes du génie débarquent de 55 navires de guerre (amiral Charber) dotés de 474 canons. Pour l'essentiel, ce sont les vainqueurs de Palikao. Il y a également 800 soldats espagnols. Le 24 et 25 février 1861, les principales lignes fortifiées de la défense annamite de Chi-Hoa et Ky-Hoa sont enlevées à la baïonnette. Les Franco-espagnols ont eu 15 tués et 80 blessés. Les Français poussent leur avantage, et refoule l'ennemi vers Bien-Hoa. Les canonnières pénètrent jusqu'à Tay-Nin. My-Tho, clé stratégique du delta du Mékong et du Cambodge est prise le 12 avril. Les centres de Ba-Ha, Bien-Hoa, Vinh-Long tombent. Le gouvernement d'Hué, gêné par l'arrêt des approvisionnements de riz du sud et par la grave révolte du catholique Ta-Van-Phong dans le delta du fleuve Rouge doit choisir entre ses adversaires. La cour de Hué se résigne à signer un traité avec la France le 5 juin 1862. Elle cède ainsi à la France les trois provinces orientales du sud : Bien-Hoa, Gia-Dinh, My-Tho ou Dinh-Tuong, ainsi que l'archipel de Poulo Condor . A la fin de 1861, les Français dénombrent déjà 347 morts de maladie.

1861 : Afrique de l’ouest.

Au Sénégal, la colonisation se poursuit, malgré des effectifs militaires réduits. Pour aller défendre l’un des forts construit les années précédentes, un corps expéditionnaire part de Saint-Louis-du-Sénégal. Il comprend : un bataillon de 450 Tirailleurs sénégalais, trois compagnies d’Infanterie de marine (250 soldats blancs), une batterie d’obusiers et ses servants, 25 Spahis à pied, et 250 marins noirs, également à pied. C’est une colonne très importante. Jamais encore de tels effectifs ne s’étaient déplacés en Afrique centrale. Cette colonne, d’abord transportée par navires à moteur termine sa marche d’approche à pied en portant tout son équipement, vivres et munitions. Les mulets sont réservés aux obusiers. Pour alléger le fardeau des hommes, ni tente, ni couverture. Après des jours de marche, les positions ennemies sont attaquées. Au soir du dernier combat, 180 blessés doivent être soignés, 67 morts attendent que les survivants les ensevelissent. En 1960, le tumulus se voyait encore.

Qui sont-ils ces soldats que le gouvernement envoie si loin de la mère patrie ? Des Tirailleurs sénégalais, des Tirailleurs algériens, quelques hommes du génie, des engagés des troupes de marine (la Coloniale), des Légionnaires, mais aussi des conscrits venus de France (des punis parfois pour des fautes vénielles), des petits délinquants à qui un juge a demandé de choisir : armée, marine ou prison, et des désignés d’office. Mais c’est souvent l’Infanterie de marine qui est à la peine. Comme le 21e Régiment d’Infanterie Coloniale (aujourd'hui 21e R.I.Ma.) qui participe à tous ces conflits, Crimée, Indochine, Mexique. Mais nous ignorons souvent le statut des hommes qui composent ces régiments. Nous retrouverons ces régiments dans la Grande Guerre.


1859



1862