Le drapeau national Bleu-Blanc-Rouge est adopté (15 février - 27 pluviôse an II). Il remplace les bannières existantes, nombreuses et variées. C'est d'abord dans la Marine qu'il est arboré puis dans toutes les armées. Si les trois couleurs sont de rigueur, il existera encore de multiples variantes de drapeaux pendant quelques années.
Au printemps, les effectifs des armées françaises dépassent le million dhommes répartis en 12 corps de bataille.
Reprise de loffensive dans le nord de la France. Trois armées regroupant plus de 220 000 hommes entrent en campagne entre la Mer du Nord et Namur. Défaite à Landrecies, mais victoire à Tourcoing, le 16 mai 1794 (29 floréal an II) par les soldats du gl Moreau. La route de la Belgique s'ouvre.
Le 26 juin (8 messidor an II), bataille à Fleurus. Aux 103 000 Autrichiens, Hanovriens, Hollandais et Anglais, les Français opposent 80 000 volontaires et réguliers dont 12 000 cavaliers (gl Jourdan). Les mouvements de l'ennemi sont surveillés par un ballon captif (première utilisation). L'artillerie prussienne à la première salve fait plusieurs milliers de victimes. Les autres Français ne bronchent pas. L'ennemi attaque sur toute la ligne, disposé en 9 colonnes. A plusieurs reprises, les Français contre-attaquent les colonnes ennemies. Repoussés, ils reviennent à la charge inlassablement. Un moment de flottement atteint les lignes françaises et la retraite est envisagée. Jourdan lance un vibrant "La mort ou la victoire !" Il n'est plus question de reculer. Au soir, les Coalisés ont perdu 10 000 hommes et battent en retraite. Les Français ont perdu 5 000 hommes. Les troupes françaises entrent à Ostende le 1er juillet. Le 5 elles entrent à Bruxelles. Le 15, elles prennent Landrecies, place forte hier encore tenue par l'ennemi. Après la prise du Quesnoy, c'est la prise de Condé-sur-l'Escaut, dernière place tenue par les Impériaux qui est libérée. Le 24 août, Valenciennes s'est rendu sans combat. Anvers, Liège, Cologne et Coblence sont conquises sur les pas des troupes en retraite. Le siège est mis devant Maastrich où se rendent rapidement 8 000 hommes. Avec la prise de Nimègue, les Français sont sur le Rhin.
Fleurus
L'Armée du Bas-Rhin comprend quatre divisions avec environ 38.000 hommes. Celle de Moselle également composée de quatre divisions comprend 36.000 hommes. Le 23 mai, les Prussiens lancent une attaque sur Kaiserslautern. Une division française doit se retirer rudement malmenée. L'Armée du Bas-Rhin doit se replier. Début juillet, l'Armée du Bas-Rhin devient Armée du Rhin. Le 2 juillet sur ordre des représentants en mission de la Convention une offensive des deux armées combinées échoue. Menacé des foudres de la République par les représentants en mission, les généraux Moreau et Michaud reprennent l'offensive le 12 juillet et parviennent à repousser les Prussiens qui se retirent sur Mayence et repassent le Rhin. L'Armée du Rhin est renforcée par des troupes venues des Alpes et de Vendée et ses effectifs passent à 50 000 hommes. Nouvel objectif : prendre Trêves, occupé le 8 août. Début septembre, les forces austro-prussiennes tentent une offensive qui s'arrête rapidement avec une victoire française à Sprimont. Kaiserslauterne est repris, Worms tombe le 18 octobre et le 2 novembre l'Armée française entre à Coblence. Le siège de Mayence commence, il durera deux ans. Fin décembre, bénéficiant de circonstances climatiques très difficiles, les troupes de Pichegru franchissent la Meuse sur la rivière gelée et marchent sur Breda.
En Méditerranée, la Corse est entièrement conquise par les Anglais. La citadelle de Calvi est tombée le 21 août. Après la perte de Bastia trois mois plus tôt, l'espoir était mince de résister aux troupes anglaises et aux partisans de Paoli. De fait, l'île est entièrement sous domination anglaise.
A l'ouest des Pyrénées,
15.000 Français subissent en ce début d'année
les offensives des Espagnols, sans grosses pertes. Une contre-offensive
est prévue vers Pampelune et Irun pour début juillet.
Elle ne débutera que le 1er août. San Sebastian,
Hernani et Tolosa sont prises. Les représentants en mission
intiment l'ordre de reprendre l'offensive de l'Atlantique à
Roncevaux. L'offensive reprend donc le 16 octobre sans amener
de réels gains aux armées républicaines.
A l'est des Pyrénées, 48.000 Français sont
prêts. Les Espagnols disposent de 35.000 hommes au Boulu
et à Collioure. Le 30 avril, l'offensive française
commence par une manoeuvre de diversion qui tente d'attirer les
Espagnols dans la montagne. Grande attaque le 6 mai sur Collioure
et Port-Vendres. L'ennemi capitule le 29 mai. Le 18 septembre,
avec la libération de la ville de Bellegarde, tout le
territoire français est libéré. Le 17 novembre,
nouvelle attaque, les colonnes françaises progressent
et la retraite des troupes espagnoles se transforme en déroute.
Ils perdent 10.000 hommes, 8.000 prisonniers et 30 pièces
d'artillerie. La ville de Figueras capitule.
L'Armée d'Italie dispose
de trois divisions de 10 000 hommes. Le général
de brigade Bonaparte commande l'artillerie. Face à eux
35.000 Piémontais, 8.000 Autrichiens, 18.000 Napolitains.
L'attaque se déclenche le 6 avril 1794. A la mi-mai, le
col de Tende et les crêtes sont aux mains des Français
qui ont ainsi complètement dégagé le comté
de Nice.
Dans les Alpes environ 40.000 hommes attendent de progresser.
Le 23 avril, le col du Petit Saint Bernard est pris par les Français.
En mai, les Français reprennent les vallées de
la Tinée, de la Stura et de la Doire-Ripaire ainsi que
le col du Mont Cenis.
Fin mai, le Comité de Salut Public veut maintenant faire
envahir le Piémont, conjointement par les armées
d'Italie et des Alpes. Le 30 juin, la manoeuvre commence. Des
éléments français descendent le col de Tende
en direction du nord et repoussent les Piémontais. Le
7 août , occupation de Boves. Mais tout s'arrête
à la nouvelle du 9 thermidor (chute de Robespierre et
fin de la Terreur). L'Armée d'Italie prend ses quartiers
d'hiver.
En septembre 1794, le recrutement permet de rassembler 1 169 000 hommes sous les drapeaux. Jamais ce nombre navait encore été égalé en Europe.
Le premier combat naval contre les Anglais nest pas très glorieux. Le 1er juin 1794 (13 prairial an II), devant Brest, la flotte doit protéger l'accès d'un convoi de blé. Les autorités ont fait réparer des navires vieux de 15 ans, prenant l'eau au fond des ports. Une bonne couche de peinture sert à masquer leur âge. Des canons de fonte datant de Duquesne et de Tourville (d'avant 1700) ont été ressortis des arsenaux. Des équipages réquisitionnés sont à bord. Ils n'ont pas été entraînés. Des canonniers de l'armée de terre sont venus "en renfort" sans expérience du combat à la mer. C'est un noble rallié : Villaret de Joyeuse qui commande la flotte française
La flotte française est imposante, composée notamment des : Révolutionnaire (110 canons) , le Terrible (110 canons) , le Sans-Pareil (80 canons), la Montagne, l'Indomptable (74 canons), le Tyrannicide (74 canons), le Montagnard, le Patriote, la Convention, le Révolution, le 31-et-un-mai, le Juste, le Mercius, le Jemmapes, le Pelletier, le Marat, le Jacobin (74 canons), l'Impétueux, l'Eole, le Trajan, le Scipion, l'Alexandre, le Tourville. L'expérience des marins anglais et de leur amiral Howe font la différence. Les tirs anglais sont d'une extrême précision et d'une extrême rapidité visant à tuer les matelots français en priorité. Une seule bordée du Queen-Charlotte met hors de combat 300 marins français du Montagne.
Au soir, la flotte française bat en retraite. Sept vaisseaux français se sont rendus, dix-neuf restent à flot, dont plusieurs démâtés, coques percées, désemparés, à la remorque des autres. Une légende va naître avec le-Vengeur-du-Peuple qui a tenu tête à 3 vaisseaux anglais (356 morts) avant de couler (400 marins sauvés par les Anglais). Le doute subsiste sur les conditions de la reddition du navire, les témoins sont d'avis différents. L'histoire retient que le-Vengeur-du-Peuple a coulé pavillon tricolore cloué au mat d'artimon. C'est la première fois que les trois couleurs étaient arborées. Mais quand le-Vengeur-du-Peuple coule, vers 18H30, tous ses blessés et ses mourants demeurent encore sur le pont et se sont ces pauvres gens, abandonnés de leurs chefs qui, probablement chantèrent la Marseillaise. La Convention, qui avait besoin de farder en victoire la défaite du 13 prairial lance à la tribunede l'assemblée leffet légendaire qui subsiste. 5 000 marins français sont morts, blessés ou prisonniers. Mais le convoi de blé est passé intact. Deux commandants de navire seront jetés en prisons, 6 seront cassés de leur grade.
Le Vengeur du Peuple
Malgré cette déconvenue la réorganisation de la Marine est en marche. Au besoin, c'est par la contrainte des représentants en missions que les arsenaux vont accomplir un travail considérable. Un manque d'ouvriers est évident, alors les représentants réquisitionnent des travailleurs issus de tous les corps de métiers. Une sérieuse épuration a lieu dans le corps des officiers. Tous les officiers nobles qui n'ont pas émigrés sont débarqués et repris individuellement suivant leurs mérites. Le recrutement des marins s'effectue désormais sans passe-droit par le biais de l'Inscription Maritime. Mais ce qui reste dramatique, ce sont les conditions de vie des équipages. Scorbut, fièvres, sont les maux dont souffrent les hommes. Rien n'a été tenté pour améliorer leur sort.
A l'occasion de la campagne de Hollande, il va survenir un événement unique, la prise d'une flotte de haute-mer par de la cavalerie et de l'infanterie. Le 23 janvier 1795 (4 pluviôse an III), la flotte hollandaise bloquée par les glaces est incapable de manuvrer. Le 9e Régiment de Hussards (lt-colonel Lahure) s'avance sur la glace qui résiste au poids des chevaux. Chaque cavalier a pris en croupe un soldats du 15e Régiment d'infanterie de ligne. 14 vaisseaux de haute-mer armés de 850 canons sont capturés ainsi que quelques navires marchands. C'est la victoire du Texel.
Les Français sont entrés à Amsterdam le 19 janvier, à Utrecht. Le 19 février 1795, les troupes de Mac-Donald achèvent la conquête des Provinces-Unies (les Pays-Bas) avec la victoire de Groningue.
Texel
La 5 avril 1795, par le traité de Bâle, les hostilités cessent entre la France et la Prusse. La France conserve la rive gauche du Rhin. Le 16 mai, la France reconnaît l'indépendance des Provinces-Unies et reçoit en dédommagement la Flandre hollandaise, Maastricht, Venlo et 100 millions de florins.
Le 7 juin, la ville de Luxembourg se rend aux Français (gl Hatry). Les Autrichiens sont partis en abandonnant 25 drapeaux, 450 pièces d'artillerie, 15 000 fusils et 12 400 prisonniers.
En Espagne, renforcés par des troupes venues de Vendée, les Français (gl Dominique Pérignon) entrent à Rosas, prennent Vitoria, Bilbao. Les provinces de Guipuscoa, Biscaye, Alaya, sont occupées. Pampelune est à portée de canons. Le traité de paix de Bâle arrête l'Armée française.
Le ravitaillement, les transports, les fabrications sont de nouveau confiés à des entreprises privées. Le dénuement de la troupe est à son comble. Les autorités ont oublié de rappeler les célibataires entrant dans le cadre des instructions de 1793. Les effectifs fondent. Sur un effectif théorique de 1 100 000 hommes, plus de 600 000 ont disparus, déserteurs et insoumis. Pour la première fois depuis 3 ans, les Français sont en infériorité numérique
Le 23 mai (4 prairial an III), 3 000 cavaliers et 20 000 fantassins des troupes régulières interviennent à Paris dans le faubourg Saint Germain pour briser une révolte parisienne. Cest le début de multiples interventions de ce type pour réprimer des manifestations populaires. Le 5 octobre 1795, nouvelle intervention de larmée qui mitraille les sections royalistes devant léglise Saint-Roch à Paris, un jeune général fait donner lartillerie contre les insurgés faisant 200 à 300 morts. Bonaparte que nous avons vu à Toulon continue son ascension.
En Italie, en novembre, victoire de Loano où les Autrichiens sont repoussés.
En mars, une partie de d'escadre de Méditerranée de l'amiral Martin prend la mer en direction de la Corse. 15 navires français se heurtent à la flotte anglaise de l'amiral Notham. Les incidents se succèdent, collisions, détestable lenteur des mouvements. Les Français voient 2 navires capturés. La capture d'un navire anglais malmené par la tempête et l'échouage d'un autre à la cote, ne suffisent pas à atténuer la déception française. En juillet, une seconde sortie n'est pas plus heureuse. Malgré la fuite des 19 navires français devant les 24 Anglais, un navire est perdu (l'Alcyde dévasté par un incendie).
22 Juin 1795, de nouveau devant Groix, la flotte française ne peut éviter le combat et malgré un avantage numérique. Le Royal-Sovereign avec ses 100 canons, à lui seul a bloqué les Français. Quatre jours plus tard, nouvelle rencontre, nouveau désastre. 3 vaisseaux français sont capturés. Le Tigre qui se bat contre 5 vaisseaux anglais perd 450 hommes. Les Français ce jour la perdent 800 hommes contre 144 aux Anglais. Dès lors, la refonte totale de la Marine est a envisager.
8 juillet : Les ouvriers des manufactures et ateliers d'armement, des aciéries, des forges et usines de salpêtre sont exemptés de réquisition militaire.
14 juillet : La Marseillaise devient l'hymne national.
25 octobre : L'inscription maritime qui était en désuétude est remise en vigueur. Tout Français de 18 à 50 ans pratiquant la pêche ou la navigation sera répertorié et dès lors susceptible d'être réquisitionné.
Les troupes françaises (Championnet et Legrand) entrent en Allemagne en franchissant le Rhin sur un pont de bateaux. La garnison de Dusseldorf succombe, laissant 800 morts sur le terrain et 200 canons. Mais que vont faire les deux armées françaises de Pichegru et Jourdan, totalement démunies de tout, lorsque les deux armées autrichiennes qui se rassemblent vont attaquer ? Jourdan s'en inquiète et son rapport du 22 octobre à la Convention mentionne le dénuement de la troupe mais plus encore la famine qui règne dans les rangs. Certains soldats ne peuvent manger que tous les deux jours. Ce qui encore plus inquiétant, c'est le nombre de désertions qui affaiblissent les armées.
Le 21 novembre 1795, laissée sans soutien par Pichegru, la garnison de Manheim se rend aux Autrichiens. Sur tout le front les Français sont contraints au repli et ils repassent le Rhin.