DIEPPE 1943

 

 

photo archives Royal Air Force

  Le 2 février 1943 parait une double page sur les discours d'Adolf Hitler, de Goering et de Gobbells. C'est extrêmement rare, souvent seuls des extraits sont cités. Le vent de l'histoire serait il en train de tourner ?

Les bombardements alliés et les mitraillages se poursuivent. Le but est clair : briser le potentiel de guerre allemand et tout ce qui peut servir à l'occupant, empêcher son approvisionnement, gêner les déplacements de troupes. Les dégâts sont importants , maisons, installations portuaires, voies ferrées, ponts sont touchés. Le 9 avril, des locomotives sont mitraillées à Rouxmesnil-Bouteilles.

Les pertes civiles sont nombreuses, comme le 18 avril 1943 avec la mort de 20 personnes dans le quartier du Bout du Quai. L'objectif visé, un navire, briseur de blocus allemand, amarré dans le port est manqué (la presse n'a pas donné le lieu du bombardement mais dans la liste des victimes figurent leurs adresses). Les Allemands présents aux obsèques déposent des gerbes de fleurs monumentales. Un bombardement en juin fait de nouvelles victimes, la presse fait un compte-rendu des obsèques. Un autre bombardement le 27 juin écrase plusieurs habitations. Faut-il toutes ces destructions pour obtenir la Liberté. N'y aurait-ils pas d'autres moyens que ces bombardements massifs ? La population s'interroge et se tait.

Les Alliés ont déversé par avions des tracts par milliers alertant la population sur leurs objectifs militaires, usines, ports, noeuds de communications. Oui, mais où aller ?

 Les contraintes sont de plus en plus rigoureuses. Les horaires des commerces, de l'industrie et des administrations sont réduits : 8 h à 17 h 30 pour diminuer la consommation électrique. Les commerces alimentaires toutefois ouvrent de 7 h 30 à 18 h 30. Au delà de cet horaire mieux vaut ne plus circuler dans les rues. Les entreprises dans quelques mois seront contraintes de fermer 2 jours par semaine.

Le 31 mars, la vente des appareils radio est interdite (la fabrication a cessé le 1/1/43). Recensement général de la population, les mardi 16 et mercredi 17 février. Les autorités ne savent plus où sont les Français ? Les Dieppois seraient encore officiellement 12 000.

 
 

 

Val Ygot   

(photo J.D.)

  Dans la campagne proche de Dieppe, cachées le mieux possible, les Allemands ont entrepris la construction d'installations, encore mystérieuses, les bases de V1, une des armes de représailles (vergelltungswaffen) dont Hitler attend la victoire finale. Les cultivateurs habitant trop près de ces installations ont été priés fermement de déguerpir. Les Normands ne vont pas tarder à entendre rugir au dessus de leur tête ces engins de mort à la chevelure enflammée. La Résistance intérieure va s'intéresser de près à ces installations et bientôt les bases de lancement attirent les bombardiers alliés. Dès décembre 1943, la campagne normande va subir d'intenses bombardements de jour comme de nuit. L'opération Crossbow menée par plusieurs centaines de bombardiers de la Royal Air Force et de l'U.S. Air Force va déverser sur les bases de lancement et les installations de montage des milliers de tonnes de bombes. Ce que les Français ignorent encore, c'est que des Français pilotent certains des avions qui les survolent. Ces bombardements continueront bien après le débarquement au moment où l'activité des bases de lancement atteint un sommet. Les lancements de V1 ne s'arrêteront que lorsque les bases auront été conquises par l'infanterie alliée (110 sites auront été installés en Seine-Inférieure).

 A Dieppe, les travaux de ré-aménagement de l'abri Saint Pierre viennent de se terminer. Il peut désormais recevoir 2 000 personnes. Il dispose de l'électricité et d'une salle d'opération avec 18 lits d'hospitalisation. Les travaux sont inaugurés en présence de toutes les autorités. Le P.C. de la Défense Passive est transféré dans la cave de l'Orphelinat des Petits Flots, rue d'Ecosse.

23 mars 1943 : nouvelle disposition pour la relève des prisonniers. Il est demandé 250 000 hommes pour remplacer en Allemagne 50 000 prisonniers de guerre qui doivent rentrer. 250 000 autres prisonniers sont transformés en travailleurs libres, libres surtout d'être contraints de rester en Allemagne.

2 avril 1943 : délivrance par les employeurs d'un certificat de travail pour les hommes de 18 à 50 ans. Ce document est exigible à tout moment. Il est par ailleurs interdit de changer d'employeur sans un avis favorable des autorités.

 
 

 

(La Vigie de Dieppe)

Avril 1943 : les enfants de 6 à 14 ans de Dieppe et de Neuville sont évacués. Ils sont rassemblés dans leur école et prennent le train par groupe de 500, pour être emmenés hors de la zone interdite. Les départs vont s'échelonner sur plusieurs jours. Si beaucoup restent en Seine Inférieure dans les villages de l'intérieur, certains sont envoyés à Megève, à Issoire. Le départ des enfants entraîne la fermeture totale des écoles publiques et privées en octobre.

Les trains qui emmènent les enfants amènent des prisonniers en permission. Permission de quelques jours accordée à ceux qui passent du statut de prisonnier à celui de travailleur libre. Quelques uns ayant "oublié" de repartir en Allemagne, la mesure est suspendue.

Les Alliés qui, d'après la presse, perdent des milliers d'avions et de navires débarquent en Sicile le 13 juillet 1943. Le 3 septembre, l'Italie demande l'armistice.

Les travailleurs de l'Organisation Todt font les frais des querelles entre les organisations allemandes de travail. Un grand nombre d'entre eux quitte les chantiers du Mur de l'Atlantique pour l'Allemagne.

Les déplacement sont de plus en plus compliqués, circuler en ville devient même un casse-tête. Certaines rues sont interdites. D'autres interdites à certaines heures, comme les rues voisines des salles de spectacle interdites pendant les heures de spectacle. Salle d'où il est interdit de sortir avant la fin. La ville s'efforce de maintenir une activité aussi normale que possible avec l'organisation d' arbres de Noël pour les quelques enfants qui restent. Le retour des enfants évacués sera interdit dans quelques jours.

5 octobre 1943 : avis de réquisition des bicyclettes qui doivent être présentées à la mairie.

En novembre, la police municipale est étatisée et passe sous l'autorité directe du Préfet de Seine- Inférieure.

vers 1944