LES COMBATS

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A l'ouest, du Tôt à Saint Sylvain jusqu'à Néville, face à Rommel et sa 7.Panzer-division qui viennent de prendre Fécamp sont positionnés les Écossais de la 51st Highland  A l'est et au sud face à von Hartlieb et sa 5.Panzer-division mais aussi à Crüwell et sa 2.Infanterie-Division motorisée se positionnent les Français.  Le général Ihler a installé son PC à Cailleville (sur la route de Doudeville). Les alpins de la 40ème D.I. sont devant Saint-Riquier-es-Plain, Pleine-Sève, Ermenouville, Houdetot, Saint-Pierre le Viger. Un groupement de dragons, de chasseurs alpins et d'auto mitrailleuses de cavalerie (colonel de Reboul) est devant Veules les Roses. Ces troupes n'ont plus beaucoup de munitions et manquent d'essence. 

Dans le port de Saint Valery, une maigre équipe de marins rassemble tous les moyens de transport. Le lieutenant de vaisseau Juin et le commandeur Elkins préparent l'embarquement des troupes. De Portsmouth, de Cherbourg, du Havre, des dizaines de navires rallient les approches de Saint Valery en Caux. Dans la poche, 65 000 hommes espèrent en un miracle comme à Dunkerque. 

Le miracle n'aura pas lieu. Le relief du terrain s'y oppose. A Dunkerque, de grandes plages de sable et de dunes, sans relief, ne présentent aucune difficulté pour atteindre la mer. A Saint Valery en Caux, la plage de galets fait 300 mètres surplombée de falaises de 70 mètres de hauteur. L'entrée du port  est très étroite et toujours en vue plongeante des falaises. Si un bateau important réussit à entrer, il occupe tout le port. Qui tient les falaises tient la plage et le port sous son feu. A Veules les Roses, c'est encore plus étroit, le port a été détruit par une tempête voilà des siècles, il ne reste que la plage surplombée des mêmes hauteurs de falaise.  Les contre-torpilleurs anglais HMS Ambuscade et HMS Boadicea qui tentent d'appuyer de leur feu les troupes encerclées sont touchés.  
7 kilomètres séparent Rommel de Crüwell  lorsque Rommel lance ses hommes dans l'après midi du 11 juin le long de la route Veulettes-Saint Valery.  Les Gordon, Royal Norfolk et Black Watch se sont fortifiés et  lui barrent  la route. Les combats sont violents et se terminent au corps à corps. Les Allemands arrivent à percer et installent une batterie de 105 sur la falaise qui surplombe la ville. Léger répit qui a permis à quelques centaines de combattants d'embarquer. Désormais, c'est terminé. Plus aucun soldat ne pourra partir de Saint Valéry. Quelques hommes se risquent à se laisser glisser le long des falaises au moyen de cordes. D'autres essaient de rejoindre Veules les Roses en passant sous la falaise. L'entassement dans Saint Valery devient inextricable. Des soldats perdus errent dans les rues. Le nombre de morts et de blessés s'accroît. L'entassement est tel qu'on ne peut mettre en batterie l'artillerie sauvée lors de la retraite. Les Allemands font leurs premiers prisonniers. 

A  19 heures, Rommel fait transmettre un ultimatum par ses premiers prisonniers parlant allemand. L'ultimatum est refusé. Des barricades sont construites dans les rues.  A 21 heures,  le bombardement de la ville reprend.  Toute la 7.Panzer-division tire sur la ville. A l'aube ce sont même les canons anti-chars et anti-aériens qui tirent à vue. Les barricades sont écrasées. 

Profitant de la nuit, Fortune fait détruire son artillerie. Un duel d'artillerie oppose les 88 Allemands aux navires anglais positionnés devant la plage. Les 105 de l'artillerie allemande tirent dans la foule des soldats qui tentent de s'abriter dans ce qui reste du village. Le Général Berniquet de la 2ème D.L.C. blessé va mettre 24 heures à mourir. Les chars allemands entrent lentement dans le quartier ouest de la ville. 

Devant Veules les Roses, le patrouilleur auxiliaire Cérons (Fr) est détruit par les 105 allemands alors qu'il couvre l'embarquement avec ses canons de 100mm. Ses 300 passagers sont transférés sur le Sauterne. L'équipage qui a tenté vainement de déséchouer le navire est fait prisonnier.

Le 12 juin dès l'aube, à 8 h30,  Ihler est capturé. Présenté à Rommel, il signe l'ordre de cessez le feu pour les troupes françaises. A 10h30, Fortune lâché par ses alliés capitule à son tour. Selon des historiens, Fortune  jugeait la reddition des Français prématurée. 

 L'ordre de cessez le feu n'atteint pas tous les points de résistance et les combats continuent. 

Dans la campagne, des éléments disposés en hérissons et dans l'ignorance des évènements de Saint Valery en Caux,  tentent toujours de ralentir les Panzerdivisionnen allemandes. A  Houdetot, des troupes françaises et écossaises (Alpins et Black Watch) résistent  pendant des heures à des forces bien supérieures en nombre. 

A 16h 30, les deux dernières compagnies qui combattent encore à Houdetot acceptent de déposer les armes. Ils ont tenus 6 heures de plus qu'à Saint Valery. 

Rommel retourne à son Quartier Général au château d'Auberville pendant que les prisonniers entament  la longue route qui va les conduire en Allemagne. Le service de la propagande allemande ne manque pas de tourner des scènes de ce rassemblement. 

Le 13 juin, des navires se présentent encore devant les plages.  Les Allemands les laissent approcher puis ouvrent le feu. Le Granville (Fr) et le Trainsferry (Gb) sont en flammes. 

Les flottilles franco-britanniques qui opéraient devant St Valery en Caux et Veules les Roses  pouvaient transporter 10 000 hommes. Moins d'un tiers soit environ  3 300 hommes ont pu le faire : 2 137 Anglais et 1 000 Français (selon Roskill : The War at Sea). Quelques hommes ont pu s'échapper par petits paquets qui errent dans la campagne. Certains réussiront à rejoindre l'Angleterre. Le futur commandant de la 51st Highland est de ceux là. 

40 000 hommes sont prisonniers dont 6 000 Écossais, (Rommel lui donne le chiffre de 46 000). Il y a parmi ces prisonniers 12 généraux (dont Ilher, Fortune, Chanoine, Gastey, Vauthier, Durand, ...).Un matériel conséquent est perdu : 58 chars, 56 canons, 368 mitrailleuses, 1 100 camions).  La capture des Français passe totalement inaperçue dans la population française. En regard du 1 800 000 prisonniers qui  gagnent à pied les stalags, ils ne sont que quelques milliers de plus et tant de Français sont sur les routes privés de toute information.

 Il n'en est pas de même en Grande Bretagne où la nouvelle du désastre provoque une grande émotion. 300 Écossais sont morts. Quand aux Français ? 

Rommel et von Hartlieb foncent vers le Havre qui ne sera pas défendu. Le lendemain les Allemands entrent à Paris déclaré "ville ouverte".

Les prisonniers sont encore sur les routes vers l'Allemagne et la Pologne occupée,  lorsque la France demande l'armistice. 

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