LES LIEUX

La partie de la Normandie où vont se dérouler des évènements tragiques du printemps 1940 c'est le Pays de Caux. Un plateau fertile qui se termine sur la mer par de hautes falaises taillées dans la craie.  La mer qui bat le pied des falaises leur arrache des pans entiers qui s'effondrent. Au fil du temps la terre recule, si bien que l'on peut apercevoir des vallées autrefois encaissées maintenant  suspendues sur le vide. Des vallées ont été creusées au fil des millénaires par des rivières parfois disparues. Ces vallées  abritent  un port creusé de mains d'hommes tels Le Tréport,  Dieppe,  Fécamp, Saint Valéry en Caux. Parfois la vallée est de moindre largeur et seuls des ports d'échouage ont pu être créés comme à Étretat, Yport, Veules les Roses. Lorsque la vallée n'est qu'une simple coupure (une valleuse), quelques maisons seulement ont pu être construites comme à Vaucottes mais quelquefois la valleuse est quasi-déserte comme à Vastérival.. 


La muraille des falaises


La plage et le chenal

Le meilleur moyen d'accès aux villes côtières reste de venir par les vallées. C'est par là qu'arrivent les routes et les voies ferrées venant de Paris, de Rouen. Il a fallu aux hommes effectuer parfois des travaux importants pour passer d'une vallée à l'autre. 

Le voyageur qui circule sur le plateau ne voit devant ses yeux qu'une plaine  plus ou moins plate, piquée de bouquets d'arbres.  Ces arbres cachent un village, un hameau, voire une ferme. 

Le Tréport, Dieppe, Saint Valéry, Fécamp sont tournées vers la mer. C'est de la mer que vient leur richesse. Ces villes ne regardent que très peu vers l'arrière pays qui pourtant leur fournit légumes et viandes. Doudeville, Yvetot sont des bourgs importants mais qu'ont-ils de commun avec les villes du bord de mer. Chacun chez soi. Quand à Rouen, la capitale normande, elle est bien loin. C'est le siège de l'autorité donc "méfiance". 

Car le Normand est méfiant, discret, même secret. On le dit aussi avare ou près de ses sous.  Il se cache derrière ses arbres ou au creux de ses vallées. Le horsain (celui qui n'est pas de la région) doit l'apprivoiser. Leurs ancêtres Vikings et Normands ont parcouru le monde, donné à l'Angleterre ses rois,  mais leurs descendants s'en soucient peu. Ils vivent dans la peur du lendemain (la peur de manquer). Le Normand cultive sa terre ou embarque à la pêche (parfois il pratique les deux activités). Il se soucie peu de ce qui se passe ailleurs. Il faudra  une guerre, celle de 1914 pour que le monde s'ouvre de nouveau à lui. Les Normands feront leur devoir et des milliers vont partir à la guerre pour disparaître dans la boue des tranchées ou sur les mers. Les monuments aux morts de nos villes et de nos villages nous rappellent leur sacrifice. Les combats n'ont jamais atteint la région et les civils n'ont  subi. aucun dommage.


La route de Saint Valéry

C'est avec un sourire narquois que le Normand accueille  les vacanciers des premiers congés payés qu'il baptise "les parisiens" quelque soit leur origine. Vont se développer autour des vieux villages quelques activités touristiques, mais rien de très important. C'est une région paisible qui vit au rythme des saisons.   


L'exode

La guerre qui commence le 3 septembre 1939 va bouleverser la quiétude de cette région.

Pendant la drôle de guerre rien ne se passe en dehors du départ de tous les hommes vers leur garnison puis vers l'est..

Mais au printemps de 1940, l' histoire rattrape la Normandie. L'invasion allemande jette sur les routes des milliers de réfugiés de Belgique, des Flandres, de Picardie fuyant les combats. Alors les Normands partent aussi sur les routes . C'est dans cette "pagaille" que vont se dérouler les combats de Saint Valery en Caux et Veules les Roses.

Les bombardements allemands puis ceux des alliés qui vont  lâcher des tonnes de bombes tout au long de la guerre sur les villes, les villages, les forêts et la campagne et  les combats de la Libération de la France à l'été 1944  font faire des milliers de victimes civiles.  Du 3 septembre 1939 au 8 mai 1945 : 50 000 civils Normands sont morts. (en Haute et Basse Normandie).

La région est ravagée. Elle mettra des années à s'en remettre. 

Les habitants de Saint Valery auraient été bien étonnés en 1939 si on leur avait dit que leur village entrerait dans l'histoire. 

Saint Valery modeste port de pêche est un abri apprécié entre Fécamp et Dieppe. Protégés des vents dominants, son avant port et son bassin à flot sont enserrés entre les falaises parmi les plus hautes de la région. D'un coté à l'autre de la vallée : un peu plus de 600 mètres. Qui se tient sur une des falaises domine le port. Plus à l'intérieur,  au bout du bassin, une autre partie du village abrite l'église paroissiale. 

Le commandement allié va diriger sur ce port les rescapés des  batailles des Flandres et de  la Somme, dans un ultime espoir, leur permettre d'embarquer pour rejoindre l'Angleterre. 

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