L'ARME DU TRAIN EN ALGERIE

1954 - 1968

Les "Opérations de sécurité et de maintien de l'ordre en Algérie" débutent le 1er Novembre 1954 à la suite des premiers attentats. A l'exception de quelques officiers supérieurs "éclairés", tout le monde est surpris par la première vague d'attentats, les politiques les premiers. Les effectifs du Train en Algérie comme ceux des autres armes sont ceux du temps de paix. Rien n'est préparé pour faire face aux opérations de guérilla dans le djebel et de terrorisme urbain qui vont suivre.

Le Train est présent en Algérie depuis 1830 et au 1er novembre 1954, l'État-Major Général d'Alger, pour ses transports dispose d'un Centre d'instruction (C.I.T.10) installé à Beni-Messous, d'une Compagnie Régionale de Transport (10ème C.R.T.) à Alger , de 3 Escadrons (E.T.) stationnés à Constantine (25ème), Alger (27ème) et Oran (28ème), d'une Compagnie de Circulation routière (C.C.R. 210) basée à Beni-Messous, d'un Groupe de Transport (G.T.520) basée à Beni-Messous, d'une Compagnie de Livraison par Air (2ème C.L.A.) basée à Sétif et de 3 Compagnies d'auto-sahariennes (1ère, 2ème et 3ème C.A.S.T.) basées dans les oasis de Laghouat, Ouargla et Colomb-Béchar. De trop faibles moyens pour un si vaste territoire alors que d'autres soldats français sont déjà engagés depuis des mois en Tunisie et au Maroc.

Très rapidement l'État-Major en Algérie demande des renforts de troupe. Ce sont d'abord des divisions complètes de métropole et d'Allemagne qui débarquent en Algérie avec leurs régiments de combat et leurs services. L'arrivée des grandes unités constituées ne suffit pas. L'État-Major en Algérie demande toujours plus d'hommes. Le Gouvernement décide par décret le rappel des réservistes et le renforcement des effectifs d'appelés. De nombreuses unités du Train sont constituées ou reconstituées en métropole. Les Centres d'instruction forment des Tringlots en quelques semaines et direction l'Afrique du Nord.

Les bateaux se succèdent le long des quais d'Alger ou d'Oran.

Le Train en Algérie voit ainsi croître considérablement ses effectifs. Les unités vont couvrir tout le territoire algérien pour être au plus près des unités opérationnelles. Le Train va devenir une Arme à majorité d'appelés. Les conducteurs ont 19/20 ans, leurs brigadiers et maréchaux des logis ont le même âge, les aspirants et sous-lieutenants ont 22/23 ans. Tous bien jeunes. Quelques visages plus âgés parmi ces Tringlots, les militaires professionnels. Des margis-chefs, adjudants et adjudants-chefs qui pourraient être le père de ces appelés. Au dessus d'eux, un corps d'officiers professionnels ou d'officiers de réserve en situation d'active, peu nombreux. Des adjudants, des aspirants, promus chefs de peloton commandent une bande de gamins métropolitains, Pieds-Noirs ou F.S.N.A. (Français de souche Nord-Africaine). Des brigadiers et des margis de 20 ans sont supposés encadrer des conducteurs de leur âge. Sur les routes, on trouve au volant, des appelés. Dans les ateliers, des appelés. Dans les bureaux, des appelés. A la radio, des appelés. Aux cuisines, des appelés. A l'infirmerie, des appelés. Ces soldats de circonstance sont avant tout : employé de commerce, menuisier, employé de banque, maçon, docker, boucher, employé de bureau, charcutier, cultivateur, mécanicien, instituteur, séminariste, étudiant ...etc, professions qu'ils attendent de reprendre le plus vite possible. L'appelé est de passage dans cette guerre d'où il espère s'en tirer sans trop de mal.

Ce que les historiens appellent l'Armée, c'est à dire les Généraux font partie d'un autre monde pour ces appelés. Monde que très peu d'appelés sont amenés à côtoyer.

En 1956, l'État-Major dispose en plus des unités déjà citées en 1954 de 22 compagnies de transport autonomes ou regroupées au sein de Groupes de Transport, de 6 Compagnies de Circulation Routière, de 2 compagnies muletières, d'une deuxième Compagnie Régionale.

Mais le Train en Algérie c'est aussi la création de 8 Bataillons de Marche dont les Tringlots vont crapahuter comme fantassins. Avec des rappelés, le Train constitue des bataillons de 700 hommes (sur le papier, car en réalité souvent moins) qui seront remplacés après le départ des rappelés par des appelés du contingent. Avec eux, les effectifs des bataillons passent à un millier d'hommes. Il est créé également un Bataillon de Protection chargé de l'ouverture des voies ferrées et de la protection des déplacements ferroviaires. Chacune des autres unités du Train va également constituer une section de harkis.A la fin de 1956, l'ensemble des bataillons de marche comprend 140 officiers, 660 sous-officiers et 4 100 hommes (8% des effectifs du Train)

Au 1er septembre 1956, 28 000 hommes servent en Algérie sous l'étendard du Train.

Au maximum de ses effectifs, le Train compte 9 000 véhicules et 750 motos.

Les besoins en hommes qualifiés sont considérables pour un tel parc. Conducteurs et dépanneurs doivent être capables d'opérer sur des itinéraires difficiles à toute heure et par tous les temps dans un climat d'insécurité total. Le Train doit pratiquer l'amalgame des jeunes métropolitains et des jeunes F.N.S.A. qui lui sont affectés. Le Centre d'instruction (C.I.T. 160) installé à Beni-Messous et les C.I.T métropolitains pourvoient à leur instruction. Les hommes vont ensuite diversifier leur formation et se spécialiser.

Le Train particpent à toutes les opérations de grande ampleur : Brumaire, Couronne, Courroie, Étincelle, Jumelles, Pierres Précieuses et d'opérations de ratissage plus limitées comme Aloès, Véronique, Violettes, Éventail, Zoulous, Pygmée, Arquebuse, Espérance, 459. Mais ce qui usent les hommes et le matériel se sont les opérations quotidiennes de liaison, de ravitaillement, de gardes statiques, de relations publiques. Le haut-commandement demande aux soldats d’administrer les communes, de liquider l’A.L.N., de détruire l‘infrastructure politique et militaire du F.L.N., de boucler les frontières, de construire des écoles et de faire la classe, de construire des dispensaires et de soigner les populations, de donner à manger à ceux qui ont faim, de creuser des puits, d’organiser des travaux publics, de surveiller les ponts, les mines, les voies ferrées, les installations pétrolières, les fermes, de résoudre les litiges, d’animer des fêtes, de protéger les jeunes femmes des E.M.S.I. (équipes médico-sociales itinérantes), d‘emmener les électeurs au bureau de vote, de livrer les suspects aux D.O.P. (détachements opérationnels de protection). Le soldat est de service 24h/24 et 7 jours sur 7. Combattant à certaines heures, il est également bâtisseur, manutentionnaire, cantonnier, bûcheron. Le Tringlot comme les autres est tout cela à la fois. Contrairement aux conflits précédents, il n'y a pas de lignes de front, pas de solution de repli. Tous les jours, il y a des risques. Tout déplacement est dangereux. Tout tour de garde est dangereux. Les armes chargées en permanence sont dangereuses. Plus que tout, c'est la routine et l'excès de confiance qui sont dangereux.

Et les années passent....

A la cessation des combats, le 19 mars 1962, il y a en Algérie : un Centre d'instruction (C.I.T. 160), 2 Groupes de Livraison par air (2ème et 3ème), 24 Groupes de Transport dont 2 Sahariens, 18 Compagnies de Circulation Routière dont une Saharienne, 3 Escadrons du Train (25ème, 27ème et 28ème), 21 Compagnies de Quartier Général dont 2 Sahariennes, 6 Bataillons de marche (les 2 autres bataillons ont été dissous ou transformés en G.T.), 1 Bataillon de Protection, 2 Bataillons de Soutien, 1 Compagnie Régionale de Transport autonome (10ème), 10 Compagnies de Transport dont 1 Saharienne, 2 Compagnies muletières et 11 Pelotons muletiers (renseignements donnés sous réserve).

Avec les années et le retrait progressif de l'Armée Française en Afrique du Nord, commencé en 1961, les unités vont être, soit dissoutes (leurs effectifs dispersés dans les autres unités), soit transférées en métropole ou en Allemagne.

Le retrait total va se dérouler sur 6 années. Les accords d'Evian autorise l'Armée Française à conserver 80 000 hommes jusqu'en juillet 1963 puis à les retirer tous jusqu'à la date butoir du 1er juillet 1964. Ce qui est fait aussi par le jeu des mutations, fin de campagne ou pour les appelés : la quille. Cependant après 1962, de nombreux appelés du contingent vont encore partir pour l'Algérie et rester jusqu'au dernier moment de la présence française. Les bases militaires de Mers el Kébir (Marine), Bou Sfer (aviation), Reggan (centre d'essais nucléaires) et Hammaguir (centre d'essais de fusées), font l'objet de dispositions spéciales et ne sont fermées, par anticipation, qu'en 1967.

Le 3ème Groupe Saharien de Transport sera l'une des dernières unités à quitter l'Afrique du Nord en juillet 1967 pour être dissous. Il comptait toujours dans ses rangs des appelés du contingent.

Le peloton de transport 503 est la dernière unité constituée du Train à rentrer en métropole le 31 janvier 1968.

    

GROUPE DE TRANSPORT 385

GROUPE DE TRANSPORT 510

GROUPE DE TRANSPORT 512

GROUPE DE TRANSPORT 514

GROUPE DE TRANSPORT 515

GROUPE DE TRANSPORT 516

GROUPE DE TRANSPORT 520

GROUPE DE TRANSPORT 529

GROUPE DE TRANSPORT 535

25ème ESCADRON DU TRAIN

26ème ESCADRON DU TRAIN (Tunisie)

27ème ESCADRON DU TRAIN

28ème ESCADRON DU TRAIN

CENTRE D'INSTRUCTION 160

GROUPE D'INSTRUCTION - BLIDA

504ème BATAILLON DU TRAIN

519ème BATAILLON DU TRAIN

584ème BATAILLON DU TRAIN

585ème BATAILLON DU TRAIN

587ème BATAILLON DU TRAIN

214ème COMPAGNIE DE CIRCULATION ROUTIERE

259ème COMPAGNIE DE CIRCULATION ROUTIERE

262ème COMPAGNIE DE CIRCULATION ROUTIERE

263ème COMPAGNIE DE CIRCULATION ROUTIERE

264ème COMPAGNIE DE CIRCULATION ROUTIERE

269ème COMPAGNIE DE CIRCULATION ROUTIERE

270ème COMPAGNIE DE CIRCULATION ROUTIERE

271ème COMPAGNIE DE CIRCULATION ROUTIERE 

2ème COMPAGNIE D'AUTO SAHARIENNE DE TRANSPORT

3ème COMPAGNIE D'AUTO SAHARIENNE DE TRANSPORT

3ème GROUPE SAHARIEN DE TRANSPORT

43ème GROUPE DE COMPAGNIES DE QUARTIER GENERAL

59ème COMPAGNIE DE QUARTIER GENERAL

132ème ESCADRON DE TRANSPORT (Maroc)

 

Cliquer pour agrandir

 

 

                                           

          Les unités du Train                         Tringlots en Algérie